Les Brumes et les Saisons

Poésie

 

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La beauté véritable, ce sont des rayons
qui jaillissent des profondeurs sacrées de l'âme
et éclairent l'extérieur du corps,
comme la vie jaillit du fond du noyau
et donne à la fleur une couleur et son parfum

Khalil Gibran.

 

 

 

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*

 

C'est la bonne heure

C'est la bonne heure où la lampe s'allume :
Tout est si calme et consolant, ce soir,
Et le silence est tel, que l'on entendrait choir
Des plumes.

C'est la bonne heure où, doucement,
S'en vient la bien-aimée,
Comme la brise ou la fumée,
Tout doucement, tout lentement.

Elle ne dit rien d'abord - et je l'écoute ;
Et son âme, que j'entends toute,

Je la surprends luire et jaillir
Et je la baise sur ses yeux.

C'est la bonne heure où la lampe s'allume,
Où les aveux
De s'être aimés le jour durant,
Du fond du coeur profond mais transparent,
S'exhument.

Et l'on se dit les simples choses :
Le fruit qu'on a cueilli dans le jardin ;
La fleur qui s'est ouverte,

D'entre les mousses vertes ;
Et la pensée éclose en des émois soudains,
Au souvenir d'un mot de tendresse fanée
Surpris au fond d'un vieux tiroir,
Sur un billet de l'autre année.

EMILE VERHAEREN

 

*

 

Le rossignol

Comme un vol criard d'oiseaux en émoi,
Tous mes souvenirs s'abattent sur moi,
S'abattent parmi le feuillage jaune
De mon coeur mirant son tronc plié d'aune
Au tain violet de l'eau des Regrets,
Qui mélancoliquement coule auprès,
S'abattent, et puis la rumeur mauvaise
Qu'une brise moite en montant apaise,
S'éteint par degrés dans l'arbre, si bien
Qu'au bout d'un instant on n'entend plus rien,
Plus rien que la voix célébrant l'Absente,
Plus rien que la voix - ô si languissante! -
De l'oiseau qui fut mon Premier Amour,
Et qui chante encor comme au premier jour;
Et, dans la splendeur triste d'une lune
Se levant blafarde et solennelle, une
Nuit mélancolique et lourde d'été,
Pleine de silence et d'obscurité,
Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure
L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure.


Paul Verlaine (1844-1896)


*

 

C'est ici que je m'assieds entre mon frère le mont et ma soeur la mer.
Nous trois, nous sommes un dans notre solitude,
et l'amour qui nous attache ensemble est profond, puissant et étrange.

 

*


" L'aube de juin "


Le dernier rêve s'est enfui,

Une lune sans couleur

Trépasse au fond de la nuit.

Qu'ai-je fait de la douleur?

Le jour nouveau, il a lui !

Vite, levons-nous sans bruit !

Quelle est cette divine odeur?

Le dernier rossignol s'est tu

Turlututu !

Il est cinq heures du matin.

Un ange chante en latin.

Juin pendant que je dormais

S'est mis à la place de mai.

C'est lui qui vient de m'octroyer

Cette rose de pleurs noyée.

La terre a reçu le baptême.

Bonjour, mon beau soleil, je t'aime !

Un peu mouillé mais tout neuf,

Le voici qui sort de son œuf,

Rouge comme un coquelicot.

Cocorico !

Tant de gaîté, tant de rire,

La caille qui tirelire,

Le bœuf et le gros cheval

Qu'on mène chez le maréchal,

Comme un enfant à mon cou

Le baiser du vent sur ma joue,

Tant de clarté, tant de mystère,

Tant de beauté sur la terre,

Tant de gloire dans les cieux,

Que plein de larmes le vieux

Poète reste à quia

Alléluia !

Paul CLAUDEL

 

*

 

Beams



Elle voulut aller sur les flots de la mer,
Et comme un vent bénin soufflait une embellie,
Nous nous prêtâmes tous à sa belle folie,
Et nous voilà marchant par le chemin amer.

Le soleil luisait haut dans le ciel calme et lisse,
Et dans ses cheveux blonds c'étaient des rayons d'or,
Si bien que nous suivions son pas plus calme encor
Que le déroulement des vagues, ô délice!

Des oiseaux blancs volaient alentour mollement
Et des voiles au loin s'inclinaient toutes blanches.
Parfois de grands varechs filaient en longues branches,
Nos pieds glissaient d'un pur et large mouvement.

Elle se retourna, doucement inquiète
De ne nous croire pas pleinement rassurés,
Mais nous voyant joyeux d'être ses préférés,
Elle reprit sa route et portait haut la tête.


Douvres-Ostende, à bord de la "Comtesse-de-Flandre"
4 avril 1873 – Paul Verlaine

 

 


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