CHAPITRE III
CARACTERES ET EVOLUTION DES
PAVEMENTS CERAMIQUES DU MOYEN AGE
(suite)
Comme les plus remarquables pavements mis au jour à Vauclair
appartiennent à la catégorie des
carreaux émaillés avec décor
incrusté, il nous a paru judicieux de tenter, de manière plus développée, un état
de la question en ce domaine.
Les pavements de carreaux émaillés incrustés vont se retrouver jusqu'au
XVIe siècle, principalement en France, en Angleterre et en Belgique. En
Hollande, ils semblent plus rares et n'apparaissent qu'à partir du XIVe siècle.
Si la technique demeure semblable, le style varie suivant les époques et
les régions. C'est pourquoi, nous présenterons un résumé de cette
évolution pour chaque siècle et dans chaque pays concerné.
1. Le XIIe siècle
Faut-il chercher en France l'origine des pavements émaillés avec décor
incrusté ? Le silence des sources, pour certaines régions, ne permet pas de
trancher la question. Du moins, dans l'état actuel de la recherche, les plus
anciens exemples connus sont-ils français. Ils apparaissent à la fin du XIIe
siècle, dans le sillage de l'immense essor architectural que la France a connu
à cette époque, surtout dans les Provinces royales.
Pour autant que l'on puisse s'appuyer sur une documentation aussi limitée,
il semble que les carrelages du XIIe siècle se présentent avec les dispositions
suivantes : les carreaux sont assemblés pour former des bandes longitudinales
plus ou moins larges, séparées par un alignement de carreaux - décorés ou de
ton uni - formant contraste. Les carreaux se présentent surtout avec des motifs
géométriques.
Les historiens d'art ne citent que deux exemples de ,pavements à décor
incrusté de la fin du XIIe siècle. Le premier a été découvert dans les fouilles
de l’église du monastère de Sainte-Colombe-lès-Sens (Yonne), en 1652. [i]
(Pl.. XXXVI : b)
On a relevé trois niveaux de
pavements.
Le plus moderne est un dallage de pierres.
Un peu en-dessous, se trouvait les fragments du pavement du XIIe
siècle, établi par l'abbé commanditaire Robert de la Ménardière. Il consistait
en carreaux de terre cuite émaillée. Il n'en reste que peu d'exemples et
encore, sont-ils fort usés. Le style est lourd et le niveau inférieur
consistait en une mosaïque faite de pièces assemblées.
Un second exemple de pavement datant de ].a fin du XIIe siècle ou du
début du XIIIe siècle, est celui de l'église de Saint-Pierre-sur-Dives
(Calvados). [ii]
Il s'agit d'un très beau pavement composé de carreaux incrustés en jaune sur un fond brun-noir, ou le contraire. Il est divisé en quatre parties par deux bandes de dalles en pierre-de-liais larges de 70 cm-, se courant en angle droit.
La partie principale de ce pavement est constituée par une rosace,
divisée par les deux bandes de liais (Pl. XXXVII). Elle est composée de
carreaux ornés de motifs divers tels qu'un aigle bicéphale, un griffon, un
léopard, des fleurons... Autour de la rosace, des carreaux décorés de motifs du
même genre que ceux de la rosace, sont disposés irrégulièrement.
Le procédé de fabrication [iii]
consiste en une couche de terre fine noircie posée sur une
argile rouge grossière, estampée, incrustée d'une terre jaunâtre et
couverte d’un émail transparent.
(retour à la référence en p.112)
En France, ce sont surtout les grandes provinces historiques -
Champagne, Ile-de-France, Normandie, Bourgogne - qui produisent des carreaux
incrustés.
Le XIIIe siècle semble bien marquer l'apogée dans la perfection
technique et stylistique des pavements émaillés avec décor. Les motifs, bien
proportionnés, sont exécutés avec finesse et sobriété. Les carreaux sont
souvent destinés à former des motifs par quatre ou par seize.
Le répertoire iconographique est très varié. Outre les motifs
géométriques, il comprend des motifs floraux, d’abord stylisés, puis de plus en
plus réalistes. La figuration humaine
apparaît surtout sous forme de
chevaliers en arme ou dans des scènes de vénerie. Les animaux qui y ont trait
sont aussi représentés : cerfs, sangliers, chiens ...
On retrouve une influence orientale dans certains motifs, par exemple
deux animaux affrontés séparés par une palmette. Les animaux fantastiques tels
que griffons et dragons, sont très fréquents. Quant aux motifs explicitement
religieux, ils existent incontestablement, mais sont rares. Ainsi, a-t-on
trouvé à Vauclair, un carreau représentant un ange. Dans la collection de
l'abbé Chevallier, on trouve également des carreaux à motifs religieux,
notamment une scène de la conversion de Saint-Hubert avec le cerf crucifère, un
évêque portant mitre et crosse sur son trône épiscopal, des anges, etc ... [iv]
La disposition des pavements du XIIIe siècle se présente encore par des grandes bandes longitudinales, divisées elles-mêmes en compartiments. (renvoi en page 97)
Voici quelques exemples de pavements du XIIIe siècle :
Pavement de
la de la Vierge de l'ancienne abbaye de Cunault (Maine-et-Loire) [v]
(Pl.
XXXVIII : a)
Ce pavement comprend au centre, une rosace formée de douze cercles
concentriques séparés par huit bandes de carreaux émaillés vert-noir.
Tous les
carreaux représentent en général, des entrelacs variés, dont le dessin est très
ferme.
Le premier
cercle en partant du centre de la rosace, est composé de huit carreaux et de
deux suets se répétnt quatre fois et alternés dans leur pose. L'un d'eux
représente un personnage nu tenant de la main droite une hache, séparé par une
sorte de colonnette d’un .monstre ailé. L'autre motif représente un personnage
vêtu d’une jacquette, la hache à la main, séparé par un arbuste d’un animal
ailé. Le dessin de ces deux carreaux est fruste et malhabile. [vi]
Pavement de
l'église Saint-Hyppolite de Vivoin (Sarthe) (Pl. XXXVIII : b)
Ce pavement
marque le passage du XIIe au XIIIe siècle par l'emploi simultané de deux
systèmes de pavage : la mosaïque et l'incrustation. Il s’étendait sur une
superficie de 109,43 mètres carrés.
Le choeur est divisé en neuf bandes séparées par des bordures de
carreaux verts. La partie supérieure comprend une rosace en forme d'étoiles à
dix branches dont le diamètre mesure 2,71 m. Elle est composée de petits
losanges. Entre les pointes de l’étoile, il y a des carreaux rouges décorés de
feuillages jaunes. (Pl.XXXIX : a)
Le sanctuaire est divisé en sept bandes dont la bande centrale est plus
large et pavée de carreaux-mosaïques. Le reste du pavement est composé de très
beaux carreaux incrustés, ornés de griffons, d'aigles bicéphales, de lis et de
feuillages. [vii]
(Pl.XXXIX
: b à i)
Pavement de
la salle du Trésor de l'ancienne cathédrale de Saint-Omer (Pas-de-Calais) (Pl.XL et XLI)
Le pavement date probablement du dernier tiers du XIIIe siècle. Il est
formé de compartiments carrés posés en pointe et comprenant chacun trente-six
carreaux. La bordure de chaque carré est noire et renferme seize carreaux
décorés ou composés de pièces de deux teintes, noires et jaunes, s'assemblant
comme les mosaïques.
Les motifs sont nombreux : arabesques, feuillages, animaux, aigles
bicéphales, deux têtes royales, deux cavaliers au galop. Certains carreaux
représentent des signes du Zodiaque. [viii]
Les carreaux incrustés qui, à l'origine, se trouvaient presqu'exclusivement dans les édifices religieux, se répandent aussi dans les édifices civils comme dans l'ancien château de Marguerite de Bourgogne à Tonnerre (Pl.XLII et XLIII).
Un pavement entourant l’âtre d'une cheminée était composé de carreaux
incrustés de dessins jaunes sur fond rouge, formant des motifs par assemblage.
La plupart étaient marqués aux armes de Bourgogne et d'Anjou, entourés de
rondes d'animaux fantastiques. Les bordures étaient ornées de rinceaux. [ix]
De même, on a retrouvé deux rosaces Provenant du château de Coucy
(Aisne). [x]
L'une est décorée de feuillages; l'autre, est formée de deux cercles
concentriques d'animaux fantastiques entourant au centre, un feuillage
fleurdelisé (Pl..XLIV
: a).
D'autres carreaux, trouvés dans les fouilles, devaient, servir de
bordures. Plusieurs sont taillés en losange et sont décorés de lis et d'aigles.
Les carreaux étaient
aussi utilisés pour faire des dalles funéraires [xi]
. L'abbaye de Jumièges (Seine-Maritime) en possédait au XIIIe siècle, mais
elles ne sont connues que par les dessins de la Collection Gaignières à la
Bibliothèque Bodléienne d'Oxford (Pl.XLIV : b). L'atelier de Molay (Calvados)
produisait également des dalles funéraires au XIVe siècle et on a conservé
celle d'un prêtre sous un dais, formée de trente carreaux, et celle d'un
chevalier, formée de dix-sept carreaux. Les dessins sont réalisés dans une
technique de "sgraffiato". Ils étaient gravés sur les carreaux
recouverts d'une mince couche d'engobe blanc. Ensuite, l’engobe était grattée
de sorte que les dessins apparaissent en jaune sur fond brun-rouge.
En Angleterre, la technique des décors incrustés apparaît vers 1230, en
provenance de la Normandie. A l'origine, elle était parfois combinée avec la
mosaïque en terre cuite. Cette technique était le plus souvent utilisée pour
les grands motifs circulaires. Les plus beaux exemples en sont les célèbres
carreaux du XIIIe siècle de l'abbaye de Chertsey (Surrey) [xii],
conservés au British Museum. [xiii]
Il s'agit d'une série de carreaux ronds, de 23 à 25,5 cm de diamètre,
datés entre 1250 et 1290. Ils sont dessinés par un artiste de haute classe et
incrustés avec un degré de technique encore jamais atteint.
Quarante-quatre carreaux illustrent l'histoire de Tristan et Yseult (PL. XLVIII
et XLIX)
et neuf carreaux constituent la "série de Richard Coeur de Lion" (Pl. XLV).
Parmi ces
derniers, deux représentent le massacre de Saladin par Richard en un combat singulier. Un autre carreau montre la
roi Richard tuant un lion. Les autres carreaux de cette série illustrent des
combats entre un homme et un lion , ou entre deux hommes.
Le style de la série de Richard est un peu différent de celui de la
série de Tristan, mais il est possible qu'ils soient de la même main. (retour au renvoi en
page 113)
Les grands carreaux ronds s'inséraient dans des encadrements ornés de
feuillages dont on a relevé trois types distincts. Le premier type
d'encadrement était formé de pièces de carreaux-mosaïques. On en a retrouvé
dans les fouilles, mais pas en place et on ne sait pas exactement a quelle
série il faut les attribuer. Certains contenaient des inscriptions relatives au
sujet peint. La plupart des lettres étaient inscrites séparément sur des
petites pièces mais certaines étaient incrustées par groupe sur des carreaux
rectangulaires et formaient les inscriptions suivantes : REX, LEO et RICA. Sur
d'autres, figuraient les noms de MARC, MORHAUT, MORGAN et une contraction de
TRISTAN.
Dans une autre forme d'encadrement, l'élément mosaïque était écarté, et
les carreaux ronds étaient insérés dans une structure formée de quatre grands
carreaux qui, ensembles, composaient un carreau de quarante cm. Un quart du
décor de volutes feuillagées et un quart de la bande circulaire, étaient inclus
sur chacune des pièces. Ce type est illustré à la Pl. XLVI : c et à la Pl. XLVI : d,
où la bande circulaire est décorée d'une paire de grotesques.
Dans la dernière phase, les dessins de Tristan étaient reproduits sur
des carreaux rectangulaires, d'environ 25,5 cm de côté. Ils
étaient probablement combinés avec une série de panneaux représentant un roi,
une reine et un archevêque et
une crucifixion sous des dais. Cette dernière série date probablement de 1290.
(Pl. XLIX
et L).
Outre les séries de Richard et de Tristan, on a trouvé également à Chertsey,
des carreaux-mosaïques incrustés, ornés de figures humaines (Pl. LI : a et b),
et des carreaux incrustés de forme carrée (Pl. LI : c). Ces carreaux datent
aussi du XIIIe siècle.
On a retrouvé des carreaux ronds de la série de Tristan, identiques à
ceux de Chertsey ou en étroite relation avec eux, à l’abbaye d'Hailes
(Gloucestershire) (Pl. LII : a et d), et à l’abbaye d'Halesowen
(Worcestershire).
A l'abbaye d'Halesowen, certains carreaux, représentant des moines et
des abbés,, sont insérés dans quatre grandes pièces de la même manière qu'à Chertsey
(Pl. LII: b).
Le carreau le plus important est celui où figure l'abbé, Nicholas, surmonté
d'une inscription indiquant qu'il est le donateur du pavement (Pl. LII : c).
L'abbé Nicholas est mort en 1298-1299, dernière limite de datation pour ce
pavement. Quelques carreaux d’Halesowen sont rectangulaires ce qui montre que,
comme à Chertsey, l'élément mosaïque fut abandonné à la fin du XIIIe siècle.[xiv]
Le pavement circulaire de l'abbaye de Jervaulx (Yorkshire), dont on a
conservé le dessin, [xv]
présentait une combinaison semblable d'éléments mosaïques et d'incrustation (Pl. LIII).
Quelques fragments de ce pavement sont conservés au British Museum.
[xvi]
De même, le pavement circulaire de la chapelle du roi du palais de Clarendon, près de Salisbury, était constitué de carreaux dont le style est très proche de ceux de Chertsey. Ils ont été découverts en 1937, en même, temps que le four dans lequel ils ont été cuits [xvii]. Ces carreaux datent d'environ 1244. (Pl. LIV et LV).
Les premiers
pavements composés uniquement de carreaux à décors incrustés, sans mosaïque,
furent probablement introduits en Angleterre dans les constructions royales
d'Henri III, vers le milieu du XIIIe siècle. Ils sont désignés sous le nom de
"Wessex School". Les grands centres de diffusion en sont d'une part,
Chertsey et Winchester, d'autre part, Clarendon et Salisbury. Un exemple de ce
type de pavements est celui de la chambre de la reine du palais de Clarendon
(Wiltshire). Il date de 1250-1252. (Pl. LVI et LVII)
Ce pavement est divisé en panneaux qui traversent toute la longueur de
la chambre. Le traitement de chaque panneau est différent et montre la grande
variété d'effets qu'on peut obtenir par différentes combinaisons de carreaux
unis et décorés. Le pavement ne comprend que six motifs différents : un dragon
ailé, un léopard, deux motifs géométriques et deux motifs végétaux.[xviii]
A la cathédrale de Salisbury, dédicacée en 1258, on trouve des carreaux
ornés des mêmes dessins qu’au palais de Clarendon, mais ne provenant vas de la
même fabrique.
La pavement original est encore en place dans la salle du chapitre
d’Henry III à Westminster. Il a été placé entre 1253 et 1258. [xix]
La salle, de forme octogonale, est traversée par des bandes de carreaux
incrustés (Pl.
LVIII : a). Les motifs sont complets sur un seul carreau ou forment un
dessin par assemblage de quatre (Pl. LIX). Certains carreaux sont ornés de
figures humaines et notamment une reine et un ménestrel (Pl. LVIII : b
et c). Le style de ces carreaux est très proche de celui de Chertsey et de
Clarendon.
Techniquement, les premiers carreaux incrustés anglais sont très
soignés. Les motifs, souvent complexes, sont bien dessinés, et les bords ne
présentent aucune bavure. Ces carreaux offrent beaucoup d'analogies avec les
exemples français de la même époque, non seulement du point de vue de la
technique, mais aussi pour le style et l'iconographie. Ainsi, dans la choeur de
la cathédrale de Canterbury, se trouve un pavement en mosaïque dans lequel
figurent des carreaux ronds incrustés, ornés des signes du zodiaque et des
représentations des mois et des saisons (Pl. LX et LXI). Ces carreaux sont très proches
des carreaux français de Saint-Omer (cfr supra p. 47). Vu les relations du
clergé des deux églises, ils sont peut-être l'oeuvre des mêmes artisans.[xx]
Belgique
Comme en France, les carreaux à décor incrusté apparaissent en Belgique, au début du XIIIe siècle. Le développement de cette industrie suit le mouvement français. si de nombreux carreaux incrustés sont conservés dans les musées, on n'a guère retrouvé chez nous des ensembles de pavements aussi importants qu'en France et en Angleterre.
Le répertoire iconographique est le même que celui des carreaux
français et anglais, le rendu des motifs semble, parfois plus fruste, du moins
au XIIIe siècle. La technique utilisée
est également semblable.
Une partie du pavement de la crypte de la Vierge de, l’abbaye de
Saint-Bavon à Gand est pavée de carreaux incrustés : rosaces et fleurs de lis (Pl. XXI).
Dans la pavement de la Heilige Kruisverhofingkerk, Doopkapel à Wenduyne
(Flandre-Occidentale), apparaissent quelques carreaux incrustés de motifs
géométriques et floraux (Pl. LXII).
A l’église abbatiale de Floreffe (Namur), certaines zones des chapelles
du croisillon nord sont pavées de carreaux incrustés (Pl. LXIII).
Ce pavement est fort usé, mais on distingue encore quelques motifs dont
le dessin est assez grossier : des motifs géométriques, une fleur à cinq
pétales, une fleur de lis, un coq et un lion.
Un pavement similaire se trouve dans la salle du chapitre de l'abbaye de Floreffe. Il n'est pas d'origine, mais a été placé à cet endroit en 1960 et provient de l'ancienne sacristie.
Il est conservé sur environ
deux mètres carrés et est composé de carreaux de 12,5 à 13 cm de côté. Parmi
les motifs, on relève un cerf, un centaure (?) et des motifs géométriques
(damiers, losanges). La majorité des carreaux sont jaunes et rouges; quelques
uns sont verts ou bruns. Dans la sacristie, ce pavement était disposé en
diagonale par rapport au mur. [xxi]
Il existe de nombreux exemples de carreaux incrustés du XIIIe siècle en Belgique, qui ont été retrouvés dans des fouilles et qui sont conservés dans des musées. Nous en citons quelques exemples :
- carreaux provenant de -la cathédrale Saint-Lambert à Liège, conservés au Musée Curtius : léopards, anneaux, croix fleuronnées; (Pl. LXIV)
- carreaux provenant de la collégiale Saint-Vincent à Soignies (Hainaut), conservés au Musée Vieux Cinetière : sonneur de trompe, aigle, lion, arabesque; (Pl. LXV et LXVI)
- carreaux provenant de l'ancienne église Saint-Jean-Baptiste des Maisieaux à Nivelles, conservés au Musée archéologique de cette ville [xxii] : sonneur de trompe, acrobate, lion, aigle, étoile à six pointes, fleuron. (Pl. LXVII).
Tous ces carreaux offrent de grandes analogies entre-eux dans la rendu des motifs, notamment les figures humaines, les lions et les aigles.
Il
ne semble pas que la fabrication des pavements émaillés avec décors incrustés se
soit implantée dans ce pays avant le XIVe siècle. Sans doute, on rencontre en
Hollande, des carreaux incrustés du XIIIe siècle mais ils ne paraissent pas
avoir été fabriqués sur place. Ils sont probablement d'importation française ou
belge. De tels carreaux sont conservés notamment au Musée Boynans-Van Beuningen
à. Rotterdam. [xxiii]
Par exemple, un carreau
décoré d’un motif héraldique entouré de deux arcs de cercle dans lesquels est
inscrit le mot "MODERATE" ; dans chacun des angles du carreau, figure
une fleur de lis. (Pl.
LXVIII)
3. Le XIVe siècle
Les carreaux incrustés français du XIVe siècle sont souvent dans la même ligne que ceux du XIIIe siècle. D’une générale, si les motifs sont plus variés, leur tracé devient aussi plus confus. Le trait est plus sec, plus grêle, moins assuré. Les dispositions des carrelages sont également semblables.
Du point de vue iconographique, les motifs géométriques persistent
mais, de même que pour les profils architecturaux, les entrelacs se font plus
complexes. La flore décorative devient plus naturaliste. Les personnages,
animaux fantastiques et scènes de chasse se multiplient.
A titre d'exemple, nous décrivons ici quelques pavements du XIVe
siècle.
Pavement de
l’église de Vincelles (Yonne). (Pl. LXIX)
Dans cette église, se trouvaient les débris d'un pavement très abîmé.
La grande zone centrale représente des entrelacs noirs ou verts très foncés qui
se détachent sur le fond rouge-brun du carrelage. Deux autres divisions de part
et d'autre de la bande centrale, forment de larges bordures où la teinte noire
domine. Les carreaux à motifs sont agencés par quatre ou par seize; ils sont
ornés de rosaces, de fleurs de lis, d'animaux fantastiques, d’oiseaux affrontés. [xxiv]
Des
carreaux semblables à ceux de Vincelles, ont été retrouvés à l'abbatiale de
Vezelay (Yonne). (Pl. LXX) [xxv]
Pavement
de la chapelle abbatiale de l'ancienne abbaye de Breteuil-sur-Noye (Oise) [xxvi].
(Pl. LXXI)
Ce
pavement est divisé en panneaux et est formé d’une alternance de carreaux
émaillés unis et de carreaux incrustés, de forme carrée ou de losange. Les
carreaux unis ont une teinte vert foncé et les motifs sont réalisés en jaune
sur fond rouge. La plupart des carreaux sont ornés de fleurs de lis ou de
rosaces. Certains ont un décor de fuseaux et on a retrouvé également une
composition formée de douze personnages se donnant la main. Les bordures
séparant les panneaux, étaient formées de carreaux rectangulaires rouges
incrustés de motifs jaunes. [xxvii]
Au prieuré de Saint-Nicolas-de-Marle (Oise), on a retrouvé une
série de carreaux dont les motifs ressemblaient à ceux deBreteuil. Le- prieuré
dépendait d'ailleurs de cette abbaye [xxviii].
(Pl. LXXII)
pavement de
l’ancienne Trésorerie de la cathédrale d'Amiens (Somme) [xxix].
Le pavement est divisé en cinq compartiments divers, séparés par une rangée de carreaux rouges monochromes émaillés.
Le premier compartiment est orné de bandes de carreaux rouges et jaunes
disposés en zigs-zags, à l'intérieur desquelles se trouvent quatre carreaux à
motifs variés : géométriques, végétaux, dragons. (Pl. LXXIII :
a, b, c, d, e)
Le, deuxième compartiment est formé de carreaux rouges posés en pointe
et encadrant un assemblage de quatre carreaux décorés.
Une partie du troisième compartiment était composée de carreaux rouges
et de carreaux à motifs géométriques posés en échiquier; l'autre partie est
pavée de carreaux formant des motifs par assemblage. (Pl. LXXIII :
b et d)
La bande centrale du quatrième compartiment est formée d'un assemblage
de quatre carreaux et de part et d'autre, se trouvent des carreaux à motif
végétal. (Pl.
LXXIII : c et e)
Sur la cinquième bande, des carreaux où figurent un dragon et des
carreaux à motif géométrique sont posés en échiquier (Pl. LXXIII :
a et b). Les dragons sont disposés de manière à paraître se poursuivre les
uns les autres.
Les carreaux anglais du XIVe siècle dérivent en grande partie de la
"Wessex School", mais ils n'ont plus la même qualité artistique qu'au
XIIIe siècle. Certains dessins sont modifiés. Le feuillage naturaliste se
répand. L'héraldique est aussi introduite dans le répertoire des motifs et
devient très populaire.
Deux grands courants dérivent de la branche Westminster-Chertsey de la
"Wessex School" : l'un dans le Warwickshire et par exemple, la
fabrique de Stoke à Coventry; l'autre à Nottingham, l'industrie la plus
importante des Midlands.
A Coventry,
les restes d'un four ont été mis au jour en 1911 [xxx].
Les carreaux retrouvés sur le site reproduisaient les thèmes décoratifs des carreaux de Chertsey
tels que des arabesques de feuillages, mais ces motifs étaient agrandis et
reproduits sur quatre, neuf ou seize carreaux. Ces pavements étaient aussi
ornés de feuillages naturalistes et de motifs héraldiques. Les dessins des
carreaux provenant de cette fabrique n'ont pas été publiés au moment de la
fouille et très peu d'exemplaires de ce type sont conservés.
A Nottingham, une industrie de carreaux s'établit vers le milieu du
XIVe siècle, quarante ou cinquante ans après la fabrique de Stoke. Elle devant
rapidement le centre le plus important des Midlands. La pluspart des carreaux
de ce type reproduisaient des motifs héraldiques ou pseudo-héraldiques mais
aussi d'autres motifs comme un cerf ou un alphabet (Pl. LXXIV).
Des carreaux de ce genre ont été découverts au prieuré de Beauvale
(Nottinghamshire) (Pl. LXXIV : d et e), à l'abbaye de Dale
(Derbyshire) (Pl. LXXIV : b) et au prieuré de Lenton
(Nottinghamshire) (Pl. LXXIV : f).
Au milieu du
XIVe siècle, une industrie de production en masse, contemporaine de celle de
Nottingham apparaît dans les Chilterns : la fabrique de Penn [xxxi].
Elle se caractérise par l'utilisation d’une nouvelle technique : le dessin est
imprimé a la surface du carreau avec une matrice plongée dans l'argile blanche.
Cette technique était bonne mais sans grand mérite artistique. Certains motifs
dérivent des modèles de la Wessex School et plus particulièrement de la branche
Chertsey-Westminster. Toutefois, ils présentent des grandes différences avec
leurs modèles. A l'abbaye de Burnham (Buckinghamshire), une scène de chasse (Pl. LXXV : b)
dérive d'un motif de Westminster et un lion passant (Pl. LXXV : d)
est basé sur un modèle de la "Wessex School". L'exemplaire figurant un quart de dessin (Pl. LXXV : e)
utilise le même principe qu'à l'abbaye d'Hailes; il est décoré d'une tête de
lion interprétée d'après un dessin de Chertsey. Les motifs héraldiques, si
fréquents dans les Midlands sont presqu'absents dans le répertoire des carreaux
des Chilterns. On n'en a retrouvé que très peu d'exemples (Pl. LXXV : c).
La plupart des dessins de Penn sont des motifs composés par assemblage où
l'élément décoratif de base est le cercle (Pl. LXXV : a). On trouve des
carreaux de ce type dans les constructions royales de Westminster et de
Windsor, à l'abbaye de Notley et à Chertsey, où les carreaux offrent une très
grande différence de qualité avec les carreaux du XIIIe siècle. La fabrique de
Penn disparaît avant la fin du XIVe siècle.
Il existe plusieurs autres groupes de carreaux sans lien avec un lieu
de fabrication déterminé, mais tous sont de pauvre qualité.
Dans la région de Londres, on trouve des carreaux décorés de motifs dérivés de Penn, mais dont la technique diffère. Le dessin est incrusté plus profondément dans le carreau. Les carreaux eux-mêmes sont d’une qualité inférieure , ils sont minces, légèrement déformés et l'argile est mal mélangée (Pl. LXXVI : a, b, c, d). L’industrie de Penn cesse au moment où celle de Londres commence. Peut-être, les artisans de Penn émigrèrent-ils à Londres.
Il existait une autre industrie
dans l'East Kent où les dessins étaient basés sur les exemples de la
"Wessex School.". Le centre de cette industrie était probablement
situé à Tyler Hill, Canterbury. Ces carreaux ont des affinités avec les
exemples de Penn par la répétition des motifs. On en a retrouvé par exemple, à l'église
de Teynham (Kent). (Pl. LXXVI : a)
Certains carreaux anglais
présentaient un décor gravé. La technique de "sgraffiato" utilisée
est semblable à celle des dalles funéraires en carreaux céramiques que l'on
trouve en France au XIIIe et au XIVe siècle. Une frise murale de carreaux gravés a été trouvée à Tring (Hertfordshire).
Ils sont décorés de scènes de l'enfance du Christ. Ces carreaux datent du début
du XIVe siècle. Huit d'entre-eux sont conservés au British Museum et deux au
Victoria and Albert Museum. (Pl. LXXVII)
En Belgique, le répertoire des motifs s'élargit au XIVe siècle, tout en
restant fidèle à certains types. On rencontre, outre les motifs géométriques,
de plus en plus de décors floraux stylisés. Egalement, des figures humaines,
des animaux (aigles, coqs, lions, sangliers, cerfs, chiens ... ), des animaux
fantastiques, des scènes de chasse.
Le pavement découvert dans les fouilles du Petit-Séminaire à
Saint-Trond, daterait du début du XIVe siècle. [xxxii]
Il est composé d'une alternance de carreaux unis et de carreaux à
motifs, notamment un personnage, une fleur de lis, un coq, un sanglier (Pl. LXXVIII
: a). Ces carreaux sont très -proches de ceux de l’abbaye de Floreffe (Pl. LXIII).
A l'emplacement de l'ancienne abbaye Saint-Sauveur d'Eename, on a retrouvé des carreaux à motifs floraux et géométriques datant du XIVe siècle (Pl. LXXVIII : b).
Un fragment de pavement dans la crypte de l'église Notre-Dame à Huy est
composé de carreaux émaillés unis rouges, bruns et jaunes et de carreaux à
motifs : lions, fleurs de lis, fleurs à cinq pétales. (Pl. LXXIX)
Les carreaux trouvés en 1902. dans la Chapelle des Comtes de l'église Notre-Dame à Courtrai (Fl. occid.), sont d'une facture beaucoup plus soignée que les exemples précédemment cités. (Pl. LXXX)
Ils auraient été commandés par Philippe le Hardi à Melchior Broederlam,
en 1378.
Ils sont ornés d'un chevalier, d'un guerrier, d'un centaure et d'un
dragon. [xxxiii]
De même, les carreaux retrouvés à la chapelle de la Leugemeete à Gand, sont ornés de motifs très bien dessinés. (Pl. LXXXI et LXXXII : a)
Sur un de ces carreaux, figurent deux animaux fantastiques affrontés,
de part et d'autre d'une fleur de lys à longue tige. Un carreau assez semblable
fut trouvé à l'infirmerie du Grand-Béguinage à Louvain. [xxxiv]
(Pl.
LXXXII : b)
De nombreux carreaux incrustés sont conservés au Steenmuseum à Gand et au Gruuthusemusaum à Bruges, mais ils ne sont pas datés avec précision. Nous avons relevé quelques exemples qui nous paraissent appartenir plutôt au XIVe siècle
à Gand : un cavalier (Pl. LXXXIII : a)
à Bruges : - un personnage, et un aigle (Pl.
LXXXIII : b)
- une croix
latine et un aigle (PL. LXXXIV
: a)
- un décor
végétal formant un motif par assemblage de quatre (Pl. LXXXIV :
b).
A Tournai, à
Liège et dans les environs d'Andenne, on a retrouvé de nombreux carreaux
incrustés, mais on n'a aucune certitude quant à. la chronologie de ces
carreaux. D'après les auteurs, ils datent du XIVe ou du XVe siècle . [xxxv]
C'est surtout aux XIVe et XVe siècles, que les carreaux avec décors incrustés se répandent en Hollande.
Cependant, à cette époque, on utilisait aussi des carreaux sans décor, ou de très petits carreaux, de six cm de côté, jaunes verts, noirs et bruns, recouverts d'émail de plomb.
Les carreaux incrustés sont d'influence française et belge. Ils sont techniquement bien conçus et les motifs sont biens dessinés et bien équilibrés.
Un centre important d'industrie
de carreaux se trouvait à Utrecht. Aux environs, on a retrouvé de nombreux
carreaux, notamment les fragments d'un pavement d’une maison près de l’église
Saint-Jean, à Utrecht. [xxxvi]
Il en existait aussi à l'abbaye de Godesburcht, près d'Utrecht. [xxxvii] (Pl. LXXXV : a et b)
A l'abbaye cistercienne de
Mariëndaal, les fouilles de 1956 ont permis la découverte de nombreux carreaux
du XIVe et du XVe siècle [xxxviii]
. Parmi ceux-ci figure un carreau avec le portrait
d'un moine ou d'un abbé. (Pl. LXXXV : c)
Le fait qu'on ait découvert un grand nombre de carreaux dans la région
de Gouda, semble indiquer qu'il y avait là également, un centre de fabrication.
Ces carreaux sont conservés actuellement au Pijpen- en Aardewerk museum
"De Moriaen". [xxxix]
4.Le XVe siècle.
A la fin du XIVe et au début du XVe siècle, on perçoit un changement
dans le style des carreaux incrustes. Les dessins deviennent mous, les formes lourdes
et épaisses. L'ensemble s'affadit. Le noir disparaît et les tons verts clairs
dominent dans les bordures. Les carreaux se couvrent d'une profusion
d'inscriptions, de chiffres et d'armoiries. Les personnages représentés
deviennent très maniérés. Les représentations de monstres et de scènes de
chasse se multiplient.
La salle capitulaire de la cathédrale de Bayeux (Calvados) présentait
un pavement au centre duquel se trouvait un "labyrinthe" en carreaux
émaillés.[xl]
Ce pavement était composé de huit bandes d'inégales largeurs séparées
par des bordures de quatre-feuilles ou de fleurs de lys. (Pl. LXXXVI)
Sur certains de ces carreaux, conservés au musée des Arts Décoratifs à
Paris, figurent des scènes de chasse, de tournoi, de chevalerie.
Ces carreaux ont été exécutés à l'atelier de Molay.
Le pavement du jubé de Notre-Dame de l'Epine (Marne), offrait une grande
simplicité. (Pl. LXXXVII)
Il représente une ancienne disposition et comprend seulement quatre
variétés de carreaux ayant treize cm de côté. Les carreaux sont agencés quatre
par quatre, posés en pointe et
en échiquier, et alternés avec des carreaux monochromes rouges et verts.
Parmi les motifs, on relève l'utilisation des pampres de vigne, motif
très naturaliste. [xli]
Dans les fouilles de la chapelle abbatiale de Vauluisant (Yonne) [xlii],
on a retrouvé des carreaux identiques à ceux du pavement d'une maison à
Courgenay (domaine de l'abbaye) [xliii].
Ce pavement comportait une grande variété de motifs, mais par ce fait
même, l'agencement n’était pas heureux.
Les carreaux s'assemblent par quatre et sont entourés de carreaux unis
verts et jaunes. Les bordures sont de carreaux à motifs. (Pl.
LXXXVIII et LXXXIX)
L'hôtel du Chancelier Rolin, à Dijon (Côte d'Or) était pavé de carreaux
incrustés ayant tous la même dimension (13,5 cm de côté) (Pl. XC : a)
Chaque carreau comporte une bande circulaire où est écrit le mot
"seule" avec une étoile à six rayons. L'assemblage de quatre carreaux
forme les lettres N et G entrelacées avec une branche de chêne.
[xliv]
Des carreaux identiques se trouvaient dans une des salles de l'hospice
de Beaune fondé par le chancelier Rolin en 1447. Ce pavement est
l'oeuvre du potier Danisot Jeot d'après les dessins de Jehannin Fouquerel [xlv].
(Pl.
XC : b)
Un groupe de quatre carreaux, provenant du château des Ducs de
Bourgogne à Brazey-en-Plaine (Côte-d'Or), porte l'inscription "VIVE LABEUR
GRA(N)T PAINE". Ils sont conservés au musée de Moulins (Allier). [xlvi]
(Pl. XC : c)
Une industrie des Midlands, dont le centre semble être Coventry [xlvii]
et qui date de la seconde moitié du XVe siècle, fabriquait des carreaux d'un genre
différent. Ils représentent surtout des motifs héraldiques ou
pseudo-héraldiques et des grands dessins composites décorés de bandes
circulaires et de feuillages naturalistes.
Un autre type de carreaux est représenté par l’école de Malvern, située
dans le bassin du Severn (Warwickshire) [xlviii]. Cette région ne fut apparemment pas affectée par les productions de
masse des XIVe et XVe siècles, et on y retrouve la tradition de Wessex. Ces
carreaux sont bien fabriqués, plus grands et plus épais que la plupart des
carreaux. La décoration est exécutée avec netteté par une incrustation peu
profonde. Les motifs occupent une grande partie de la surface des carreaux. Ils
sont souvent trop compliqués pour être utilisés individuellement, mais ils
formaient de beaux ensembles en relation avec les caractéristiques de
l'architecture dans laquelle ils étaient insérés. Ils comportaient beaucoup
d'inscriptions très lisibles et étaient souvent datés.
L'église conventuelle de Great Malvern (Worcestershire), était très
riche en carreaux du XVe siècle [xlix].
(Pl. XCI)
Autour du Maître-autel, des carreaux étaient disposés en pavement mural
sur la partie basse des murs. Des carreaux rectangulaires sont ornés de motifs
architecturaux gothiques et entre ceux-ci, s’inséraient des carreaux armoriés,
le monogramme du Christ et le symbôle sacré du pélican. L'inscription
"anno re h vi xxxvi" indique que ce pavement a été réalisé la
trente-sixième année du règne de Henry VI, soit en 1457-58. (Pl. XCI : f)
Une autre partie du pavement mural date de 1453.
Parmi. les nombreux carreaux qui pavaient le sol de cette église, le
Victoria and Albert Museum possède des exemples avec le nom "Maria"
en monogramme sous une couronne (Pl. XCI : a). Une autre porte l’inscription
"Pax Cri(sti) nos sit sem(per) ame(n)", avec un écu portant les
attributs de la Passion. Sur un autre carreau encore, un motif circulaire
feuillagé rappelle les vitraux de l'époque. (Pl. XCI : c)
A la cathédrale de Gloucester, se trouve le pavement en place de l’abbé Sebroke, devant le Maître-autel. [l] (Pl. XCII)
Il est composé de rangées de carrés formés alternativement, de quatre
et de neuf carreaux décorés groupés, posés en pointe et encadrés de carreaux
noirs unis. A certains endroits du pavement, s'insèrent des grands carrés
formés d'un assemblage de seize carreaux décorés. Les carreaux forment des
rosaces avec inscriptions, feuillages gothiques et écus armoriés (Pl. XCII : a)
Un autre carreau faisait partie d'une composition dont les motifs sont
du style des vitraux du début de XIVe siècle, quoique le carreau date
probablement du XVe siècle. [li]
(Pl.
XCII : b)
La
Production de l'école de Malvern n'était pas locale, mais était distribuée à
travers le bassin de Severn et
le long de la côte de South Wals, dans le Stropshire et le Warwickshire Avon.
Ainsi, au British Museum est conservé le pavement de la maison de William
Canynges à Bristol.[lii]
(Pl. XCIII,
XCIV, XCV, XCVI et XCVII)
Ce pavement ressemble à celui de l’abbé Sebroke à Gloucester, par l’emploi.
de motifs semblables, et par la disposition des carreaux : ils sont disposés en
pointe, par groupe de quatre et de seize carreaux décorés, entourés de carreaux
émaillés unis noirs. (Pl. XCIII) Il y a neuf motifs différents formés
de seize carreaux, qui composent des dessins circulaires : rondes d'animaux
fantastiques, feuillages naturalistes, inscriptions, motifs héraldiques, (Pl. XCIV).
Les motifs formés par assemblage de quatre carreaux comportent vingt dessins
différents : rosaces et motifs héraldiques..(Pl. XCV et XCVI).
Les carreaux, en argile rouge, sont incrustés de motifs blancs. La
glaçure qui les recouvre, n’a pas un ton uniforme. Elle peut être jaune pâle,
jaune verdâtre, brun-pâle ou même, vert foncé.
Ce pavement a été découvert en 1820. Il a dû être mis en place, dans la
maison de William Canynges, entre 1455
et 1467.
Les grandes analogies entre les trois pavements que nous venons de
décrire, indique une origine commune qui est probablement Malvern.
Les carreaux incrustés belges et hollandais du XVe siècle présentent
les mêmes caractéristiques que les carreaux français et anglais de la même
époque. Comme ailleurs, les carreaux se couvrent d'armoiries et d’inscriptions.
Aux Musées Royaux d'Art et d'Histoire, est conservé un carreau portant
les armes de Bourgogne, entourées de l'inscription: "DIE TIJT IS CORT -
DIE DOOD -IS SNEL - WACHT U VAN SONDEN - S0 DOE DIE WEL" (Pl. XCVIII :
b). Un carreau identique a été découvert à Wavre-Sainte-Catherine (Anvers) [liii]
. (Pl.
XCVIII : a)
A Anvers (Musée Mayer van den Bergh), en Hollande [liv], et, en
Angleterre (Guildhall Museum) [lv],
on a retrouvé trois carreaux identiques. Ils portent l'inscription suivante
"ALLE DINC HEEFT SIYNEN TIJT" (Pl. XCIX et C).
Parmi les carreaux incrustés qui ont été retrouvés à Ecaussines-Lalaing
(Hainaut), se trouvent des carreaux à inscription, formant des motifs
circulaires (Pl.
CI), des carreaux à motifs héraldiques, et la représentation de Saint
Georges terrassant le dragon (Pl. CII). Ces carreaux datent probablement de
la fin du XVe siècle. Une représentation semblable de Saint-Georges figure sur
un carreau tournaisien du XVe siècle [lvi]
et sur un carreau provenant de l’hôpital Saint-Jean à Damme (Pl.
CIII : a). D'autres carreaux de Damme sont ornés d'un personnage, d'un
sanglier et d'une fleur de lis. (Pl. CIII : b et CIV)..
Le Musée Gruuthuse
à Bruges, possède deux carreaux à motifs héraldiques identiques à ceux
d'Ecaussines-Lalaing (Pl. CV).
A la
cathédrale Saint-Sauveur à Bruges, se trouvait un carreau décoré de la Vierge
(Pl. CVI). Un carreau identique a été retrouvé à l'église de Cheriton
(Hampshire)et à Leeuwaarden en Hollande [lvii].
(Pl. CVII :
a et b). Ces carreaux ont probablement été fabriqués à Bruges.
5. Le XVIe siècle
Incontestablement, les carreaux du XVIe siècle sont mieux dessinés qu’au XVe siècle et les détails sont plus soignés. Les blasons deviennent rares. Les carreaux à décor incrusté vont se prolonger durant le XVIe siècle et parfois, jusqu'au début du XVIIe siècle.
La chapelle du Calvaire de l'église Saint-Nicolas de Troyes comportait
un pavement divisé en compartiments. (Pl. CVIII).
Les compartiments sont formés de quatre carreaux, évidés aux angles
intérieurs pour recevoir un autre carreau circulaire, décorés de rinceaux (Pl. CVIII : b
et c). Les bordures sont faites en grecques (Pl. CVIII : e et f). Les disques de
la Première bordure, formant l'encadrement de ce pavement, sont ornés des armes
du donateur. Ceux de la seconde bordure sont composés alternativement des
monogrammes IHS et XPS, entourés d'une couronne d'épines et portent la date : 1552.
Les dessins des autres carreaux circulaires garnissant ce pavement,
représentent les attributs de la Passion. [lviii]
A l'église de Courceaux (Yonne), dans les croisillons nord du transept
se trouvait un pavement datant de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe
siècle (Pl.
CX).
Les carreaux sont disposés de manière à former une grande croix. Les
dessins des carreaux incrustés sont jaunes sur fond rouge. On distingue cinq
motifs différents dans ce pavement
: des arabesques de feuillages, des étoiles à six pointes, des carreaux emblématiques
où figurent des trophées de faucilles entourant une gerbe et des ustensiles de
moissonneurs un carreau avec des armes et une devise, un carreau orné d'un
griffon.
Autour de la croix, des carreaux unis jaunes et rouges sont posés en
échiquier et les bordures sont constituées de carreaux monochromes verts. [lix]
Le château de Louise de Clermont à Tonnerre (Yonne), possédait au
premier étage, les restes d'un pavement du XVIe siècle (Pl. CIX).
Il renferme neuf variétés de carreaux d'une exécution soignée. Les
bordures sont décorées de grecques. Tous les carreaux, posés en pointe,
s’assemblent par quatre; ils sont séparés par d'autres carreaux monochromes
verts, offrant la même disposition.
A l’église Saint-Nicolas de Troyes, il y avait des carreaux absolument
identiques à ceux-ci. [lx]
A la maison des musiciens à Reims , le pavement d’une chambre XVIe
siècle, était composé de compartiments, chacun de seize carreaux formant
rosace, décorés d'arabesques. Les bordures étaient décorées d'entrelacs et les
motifs étaient incrustés en jaune sur fond rouge (Pl. CXI). [lxi]
On a retrouvé un pavement du début du XVIIe siècle, à la ferme de
Franqueville (Calvados). Il était composé de carreaux émaillés rouges et verts,
incrustés de dessins jaunes.(Pl. CXII) [lxii]
Au milieu du XVIe siècle, les carreaux à
glaçure plombifère vont être remplacés en France, par les carreaux faïencés,
sous l'influence de l'Italie. Ainsi, dans la chapelle située au nord de la nef
de la cathédrale de Langres (Haute-Marne), des carreaux faïencés représentaient
des figures entières, des bustes de personnages, des attributs divers et des
rinceaux très délicats, dans des couleurs vives. Il y avait également des
pavements faïencés aux château d'Ecouen (Seine-et-Oise), de Blois
(Loir-et-Cher), de Polisy (Aube).
Dans certaines localités, on continuait à utiliser des pavements à
décor incrusté, mais comme imitation des décorations grecques et romaines, et
on cherchait à rappeler les dispositions des mosaïques primitives. Par exemple,
au château d’Ancy-le-Franc (Yonne), (Pl. CXIII et CXIV). [lxiii]
Au XVIe
siècle, en Angleterre, on retrouve les dessins de l'école de Malvern dans le
Warwickshire, mais modifiés les artisans locaux. Des types plus décadents
apparaissent à Coventry, à l'abbaye de Stoneleigh, et à Wormleighton. Ils sont
repris dans des formes toujours plus affadies, dans le Leicestershire et le Buckinghamshire. Un site de production de carreaux fut trouvé à Little
Bricckhill (Buckincghamshire) [lxiv].
Les carreaux, conservés au British Museum, datent du début du XVIe siècle, par
exemole, quatre carreaux de ce type provenant du prieuré de Dunstable
(Bedfordshire) (Pl. CXV : a). Ils forment un motif par assemblage. Le dessin est gravé
dans l’argile rouge, le reste de la surface est recouvert d'un engobe blanc.
Par contre, d'excellents carreaux incrustés de la même période ont été
trouvés à l’abbaye d'Hailes (Gloucestershire).
Ils furent spécialement dessinés pour Anthony Melton, abbé d'Hailes de 1509 à 1527. Un des carreaux porte le nom de l’abbé "Melton", ses
initiales et un rébus : un tonneau pour son nom, et une crosse et une mitre
pour sa fonction. Sur un autre carreau, figurent deux oiseaux très bien
dessinés. (Pl. CXV : b)
Un autre groupe de carreaux incrustés fut découvert dans les fouilles
de Blackfriars (Gloucester). Ils sont ornés de dessins héraldiques et ont été,
commandés pour le prieuré de Llanthony (Gloucestershire), au milieu du XVIe
siècle.
La production anglaise des carreaux incrustés s'est terminée vers le
milieu du XVIe siècle.
Des carreaux hollandais, portant la date de 1556, indiquent que la technique d'incrustation persiste jusqu'au XVIe
siècle, dans ce pays (Pl. CXVI). [lxv]
En Belgique, on peut citer l'ancien pavement de la salle du Trésor de l'église Saint-Sulpice à Diest (Pl. CXVII).
Ce pavement est formé de carreaux décorés de sujets divers, encadrés
chacun d'un double anneau. Les motifs sont très variés et représentent entre
autres des bustes de femmes, des guerriers, des bouffons, des aigles bicéphales,
un ours jouant du tambour, des mains unies, des écussons ... Les carreaux sont
exécutés dans une technique très soignée [lxvi].
La technique des carreaux incrustés va être rapidement supplantée par
les carreaux à émail stannifère. Ceux-ci sont fabriqués à Anvers dès le XVe
siècle, comme le prouve un acte de 1442, où il est fait mention dans la Gilde
de Saint-Luc à Anvers., de deux catégories de céramistes : les -potiers
("pottenbakkers") et les faïenciers ("geleiers") [lxvii].
Cette industrie va surtout prospérer au XVIe siècle, avec l’arrivée de
majolistes italiens, notamment Guido di Savino (dit Guido Andries) [lxviii].
Ces émigrés ont à leur actif le pavement de l'abbaye des Dames Nobles à
Herckenrode (Limbourg) (Pl. CXVIII : a) et le pavement du château The
Vyne, en Angleterre (Hampshire, 1520) (Pl. CXVIII : b).
Un autre exemple de ce type de pavement est celui de l'église
Notre-Dame de Brou. près de Bourg-en-Bresse (Ain), datant de 1526 (Pl. CXIX
et CXX). [lxix]
Vers le milieu du XVIe siècle, un style flamand va se créer, inspiré de
Cornelis Bos, Cornelis Floris et Pieter Coecke Van Aalst. Ce style, qui persistera
jusqu'à la fin du XVIIe siècle, sera peu à peu supplanté par la croissance de
l'industrie de faïence hollandaise.
[i] E.AME, op. cit., t.II, p. 9.
[ii]
E.AME, op. cit., t.I, p. 127-129.
A.RAME, Etude sur les carrelages émaillés, dans Annales Archéologiques, XII, l851, p.281.
[iii] E.VIOLLET-LE-DUC, Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, t.II, Paris, 1875, p.267-269.
[iv]
A.CHEVALLIER,
Etudes sur les carreaux vernissés du Moyen Age, dans Almanach
Matot-Braine, 1899, p.166-171.
Idem, 1900, p.293-298.
Idem, 1901, p.264-272.
[v] abbaye bénédictine fondée dans la seconde moitié du XIe siècle.
[vi]
E.AME, op. cit., t.I, p. 136-137.
[vii] E.AME, 0p. cit., t.I, p. 130-132.
[viii]
L.DESCHAMPS
DE PAS. Essai- sur le pavage des églises antérieurement au XVe-siècle, dans
Annales archéologiques, XI, 1851, p. 233-241.
[ix]
E.AME, op. cit., t.II, p. 37-38.
[x] H.MONCEAUX, Les carrelages historiés du Moyen Age et de la Renaissance, dans Revue des arts décoratifs, Paris, l885, 11, p. 34-3b.
[xi] E.AME, op. cit., t.I, p. 109-111.
H.DE MORANT, Les carreaux de pavage du Moyen Age, dans Archeologia, 1971, 38, p. 66-73.
[xii]
abbaye
bénédictine, dans l'ancien diocèse de Winchester, aujourd'hui dans celui du
Southwark, au comté de Surrey ; fondée en 666.
[xiii]
J.S.GARDNER et E.EAMES, A Tile Kiln at
Chertsey Abbey, dans Journal of the British Archaeological Association,
XVII, 1954, p. 25-41.
L.HABERLY,
Medieval English Pavingtiles, Oxford, 1937, p.12-15.
[xiv]. J.R.HOLLIDAY, Hales
Owen Abbey, dans Transactions of the Birmingham and Midland
institute, l871, p.49-72.
[xv] Le dessin a été oublié, dans H.SHAW, Specimens of Tile Pavement, Londres, Pl.VII-XII.
[xvi]
E.EAMES et G.K.BEAULAH, The 13th-century_Tile
Mosaic Pavement in the Yorkshire Cistercian houses dans Citeaux in de Nederlanden,
VII, 1956, p. 264.
[xvii]
E.EAMES, A Thirteenth-Century Tile Kiln Site at
North Grange,Meaux, Beverley, Yorkshire, dans Medieval Archaeology,
V, 1961, p.139.
[xviii]
E.EAMES, A Thirteenth-Century Tile pavement
from the King’s Chapel, Clarendon Palace, dans Journal of the British
_Archaeological Association, XXVI, 1963, p. 40-50.
[xix]
P.B.CLAYTON, The Inlaid Tiles of Westminster Abbey,
dans Archaeological Journal, LXIX, 1912, p. 36-73.
[xx]
A.LANE, A Guide to the Collection of Tiles.
Victoria and Albert Museum, Londres, 1960, p. 28-29.
[xxi]
L.F.GENICOT,
Les constructions médiévales, dans (Exposition) Floreffe / 850 ans
d’histoire, Foreffe, 1973, p.34-35.
L.F.GENICOT, Les bâtiments monastiques dans les constructions médiévales de l’ancienne abbaye de Foreffe, Centre d’histoire de l'architecture et du bâtiment, Publication no3, Louvain, 1973, p. 97.
[xxii]
J.HELBIG, Le pavement de l'ancienne église
Saint-Jean-Baptiste des Maisieaux à Nivelles, dans Annales de la Soc. Archéol.
et Folkl. de Nivelles et du Brabant Wallon, XIII,1942, p.107-109.
[xxiii]
Y.KOK, De hollande tegels, dans Heemschutserie, 67, Amsterdam, 1947,
p.
7-9.
[xxiv]
E.AME, op. cit., t. II, p. 49-50.
[xxv] Idem, p.155.
[xxvi] abbaye bénédictine fondée antérieurement au XIe siècle..
[xxvii]
E.AME, op. cit., t.I, p. 151-154.
[xxviii] C.BAZIN, Carrelages anciens, dans Annales archéologiques, X, Paris, 1850, p. 18-25.
[xxix]
E.AME, op. cit., t-I, p. 156-157.
[xxx]
J.S.GARDNER et E.EAMES, A Tile Kiln at Chertsey
abbey, dans Journal of the British Archaeological Association, XVII,
1954, p.31-32.
[xxxi]
E.EAMES, Medieval Tiles. A Handbook, Londres, 1968,
p.16-20.
L.HABERLY,
op. cit., p.65-66.
[xxxii]
W., Sint-Truiden, dans Ons Heem, XV, 5-6, 1961, p-157.
[xxxiii]
A.G.PAUWELS et E.J.VAN HOONACKER, Keramiek van
de Midel-eeuwen tot heden, Kortrijk, 1970, cat. 537.
[xxxiv]
E.REUSENS, Eléments d'Archéologie Chrétienne, t. II, Louvain,
1886,p. 188.
A.MATTHYS, Les apports de la céramique, dans L'infirmerie du Grand-B6guinage à Louvain. Notice historique et archéologique préparatoire à la restauration, dans Bulletin de la commission royale des monuments et des sites, 1965-1966, p. 83-85.
[xxxv]
F.COURTOIS,
La fabrication des carreaux en terre cuite à Andenne au Moyen Age, dans
Namurcum, XXX, 1956, p. 43-49.
R.BORREMANS et W.LASSANCE, Recherches
archéologiques sur la céramique d'Andenne au Moyen Age, dans Archeologica
Belgica, XXXII, Bruxelles, 1954, p. 5-7.
E.SOIL DE MORIANE, Potiers et faïenciers
tournaisiens, Tournai, 1886, p. 72-73.
VOISIN, Bulletin de la Société Historique et
Littéraire de Tournai, IV, 1856, p. 188.
[xxxvi]
C.H.DE JONGE, Nederlandse tegels, Amsterdam, 1971, p.5.
[xxxvii] A.BERENDSEN, 0p.
cit., p.47.
[xxxviii]
C.H.DE JONGE, op. Cit., p. 5.
[xxxix]
Y.KOK, op. cit., p.10.
[xl] H.DE MORANT, op. cit., p.68.
[xli]
E.DE
BARTHELEMY, Notices sur quelques carrelages historiés, dans Bulletin
Monumental, VIII, 1852, p.200-211.
[xlii] abbaye cistercienne fondée en 1127
[xliii]
.E.AME, op. cit., t.II, p. 58-63.
[xliv]
E.AME, op. cit., t.I, p. 159-160.
[xlv] G.FONTAINE, op. cit., p.16.
[xlvi]
H.DE MORANT, op. cit., P. 70-71.
[xlvii] EAMES, Medieval
Tiles. A Handbook, London, 1968, p.22.
[xlviii]
A.LANE, op. Cit., p.31-35.
[xlix]
A.LANE, op. Cit., p.32.
[l]
L.HABERLY, op. cit., p. 41-42.
[li]
A.LANE, op. cit., p. 31.
[lii]
E.Eames, The Canynges Pavement, dans
Journal of the British Archeoloigical Association, XIV, 1951, p.
33-46.
[liii]
W., Oude vloertegels ondekt te
St.-Katelijne-Waver dans Ons Heem, XV, 5-6, 1961, p. 151.
[liv] C.H.DE JONGE, Oud-nederlandsche majolica en Delftsche
aardewerk, Amsterdam, 1947, p. 9.
[lv]
J.B.WARD-PERKINS, Late Medieval Flemish Inlaid
Tiles in England, dans The Antiquaries Journal, XVII, 1937, p.
442-443
[lvi].J.HELBIG, op. Cit., p.224.
[lvii]
L.HABERLY, op. cit., p. 19.
J.B.WARD-PERKINS, op. cit., p. 443.
[lviii]
L.LECLERT, op. cit., p. 29.
[lix] E.AME,
op. cit., t.II, p. 87.
[lx]
Idem, t.II, p. 94-95.
[lxi]
Idem, t.I, p. 166-167.
[lxii]
Idem, t.I, p. 168.
[lxiii]
E.AME, op. cit., t.I, p. 104-106.
[lxiv]
E.EAMES, Medieval Tiles. A Handbook, Londres, 1968, p. 24.
[lxv]
Y.KOK, op. cit., p. 12.
[lxvi]
G.V.D.LINDEN, Geglazuurde aarden vloertegels te
Diest, dans Ons Heem, XV, 5-6, 1961, p. 155-156.
J.HELBIG, op. cit.,
p. 224.
[lxvii] Idem,
p. 228.
[lxviii]
H.LEEMANS, Antwerps Plateel, dans (Exposition)
Van antwerps plateel tot delfste keramiek “Het Sterckshof”, Provinciaal Museum
voor Kunstambachten Durne-Antwerpen, mei-juli 1962, Deurne, 1962, p. 5-7.
[lxix]
J.CHOMPRET,
Essai sur le pavage de Brou et la céramique flamande du XVIe siècle, dans
Jaarboek van antwerpens oudheidkundige kring, XIII, 1937, p. 43-71.