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CHAPITRE I

HISTORIQUE DE L'ABBAYE DE VAUCLAIR

 

A. SITUATION DU SITE

 

Vauclair (Vallis clara) est le nom que prit au XIIe siècle, après, l'implantation d'une abbaye cistercienne un site beaucoup plus ancien qui s'appelait auparavant Curtmemblein.  Aujourd'hui, il s'offre aux regards des visiteurs comme un bel ensemble de ruines enchâssées dans la forêt qui porte le même nom.

 

Situation géographique

 

Les ruines actuelles de Vauclair se trouvent sur le territoire de la commune de Bouconville-Vauclair, canton de Craonne, département de l'Aisne. A mi-chemin entre Reims et Soissons, Vauclair se situe à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Laon [i] .

 

Le site se trouve dans le Laonnois, au début de la vallée de l'Ailette, affluent de l'Oise. Près de là, la rivière se présente comme un gros ruisseau et coule parallèlement à l'Aisne qui s'en trouve séparée par un haut-relief célèbre : le Chemin des Dames. Ce sont très exactement les pentes nord des plateaux de Craonne et de Californie qui dominent la site de Vauclair.

 

Au point de vue géologique, les ruines de l'abbaye se trouvent sur une petite surface alluviale, dans le val de l'Ailette. Les coupes de terrain révèlent une succession de bancs de sable brun clair et gris-bleuté. Mais non loin du monastère proprement dit, dans l'ancienne enceinte monastique, on trouve aussi de larges poches argileuses fournissant une terre glaise grise apte à la production de la céramique. Le plateau ou "cuesta" du Chemin des Dames atteint une hauteur de 200 mètres., tandis que la vallée de l'Ailette se trouve à une altitude de 90 mètres. Des pentes raides qui dominent le site de Vauclair, on extrait depuis des siècles un calcaire lutétien qui sert à toutes les constructions de la région [ii].

 

Situation historique

 

Vauclair appartenait au Laonnois, ancienne dépendance épiscopale de la Province de l'Ile-de-France. Il n'est pas sans intérêt de relever que le site se trouve approximativement au centre du "triangle mystique" formé par les villes de Reims, Soissons et Laon, c'est-à-dire aux confins d'anciennes provinces aussi prestigieuses que la Champagne, l'Ile-de-France et la Picardie. La frontière entre la cité des Remi et celle des Suessiones passe à quelques kilomètres de Vauclair qui se trouvait en territoire rème [iii].

 

"Long dos d'âne disputé" et "arête vive du massacre" [iv],le Chemin des Dames le fut tout au long de l'histoire. Il s'agit de la voie qui court au sommet de la crête séparant le val de l'Ailette de la vallée de l'Aisne, en partant à l'ouest de la route Soissons-Laon (aujourd'hui Nationale 2) pour aboutir à l'ancienne route Reims-Laon (aujourd'hui Nationale 44).

 

 

César livra, dans ce secteur, la bataille de l'Aisne et y défit la coalition des Gaulois, en enlevant la place forte de Bibrax qui semble avoir été l'oppidum actuel de Saint-Erme. Dans les mêmes parages, les Francs ont vaincu Syragus, le dernier roi romain du nord de la Gaule. Brunehaut et Frédégonde s'affrontèrent en ces marches de l'Austrasie et de la Neustrie [v].

 

Mais sans doute, est-ce au XVIIIe siècle que l'ancien chemin de faîte prit le nom de Chemin des Dames, lorsqu'il fut restauré pour les filles de Louis XV qui empruntaient cette route afin de se rendre chez leur dame d'honneur, la duchesse de Narbonne qui résidait au château de La Bove, sur les hauteurs au nord de Vauclair [vi].

 

En 1814, Napoléon livra bataille sur le plateau de Craonne engageant un combat indécis, mais meurtrier, contre Blücher et les troupes russes [vii].

 

Ce furent les terribles combats de 1917, avec L'offensive Nivelle, qui consacrèrent définitivement le Chemin des Dames comme haut-lieu historique à l'égal de Verdun et de la Somme. [viii].

A quand remonte l'occupation du site? Comme nous l'avons dit, le nom "Vauclair" renvoie au XIIe siècle et désigne la fondation de l'abbaye cistercienne en 1134. Son histoire sera résumée plus loin. Mais les Cisterciens n'étaient pas les premiers occupants du site. La Charte de fondation est explicite : il y avait déjà une paroisse ("altare" à cet endroit et elle portait le titre de Saint-Martin [ix]. Cette paroisse, liée à l'abbaye, subsista jusqu'à la Révolution française [x]. Rien ne prouve que cette église remonte à l'époque mérovingienne ou carolingienne. Cependant, les églises vouées à ce saint au XIe siècle sont souvent des lieux de culte dont l'origine remonte aux VIIe et VIIIe siècles, lors de l'évangélisation des campagnes. Souvent aussi, elles sont implantées dans un habitat gallo-romain antérieur.

 

Il n'y a encore aucune certitude quant à l'occupation mérovingienne ou carolingienne du site et les recherches n'ont pas encore mis au jour l'église antérieure aux Cisterciens.

 

Par contre, les fouilles révèlent l'occupation gauloise et gallo-romaine du site. Plusieurs fours de potier des Ier, et IIe siècles, des bas-fourneaux de fer et de bronze datant de la même époque, un puits recelant un magnifique chaudron en bronze du Ier siècle ont été découverts, en même temps que plusieurs sépultures avec mobilier de la Tène [xi].

 

Une centaine de documents préhistoriques, la plupart datant du néolithique, ont été relevés au cours des fouilles, sans qu'on ait pu découvrir un site préhistorique en place.

 

B. L'ABBAYE CISTERCIENNE DE VAUCLAIR

 

Fondation

 

En 1134, Saint Bernard venait de fonder l'abbaye d'Himmerod en Rhénanie, quand l'évêque de Laon, Barthélémy de Jur lui demanda un groupe de moines pour fonder un nouveau monastère dans le Laonnois. Barthélémy de Jur, figure célèbre du XIIe siècle, se distingua par la reconstruction de la cathédrale de Laon, après l'incendie de 1112, et par la fondation de nombreuses abbayes dans son diocèse [xii].

 

Le lieu choisi pour le nouvel établissement portait la nom de Curtmemblein. A cet endroit, dans la vallée de l'Ailette, une église était desservie par un prêtre du nom de Robert. Celle-ci fut cédée avec tous ses droits et dépendances à l'abbé de Clairvaux. Le 23 mai 1134, Saint Bernard envoya un premier groupe de moines avec à leur tête, l'écolâtre anglais, Henri Murdac, le premier abbé de Vauclair [xiii]. En 1138, celui-ci deviendra abbé de Fountains [xiv] et sera promu trois ans plus tard au siège épiscopal d'York.

 

On ne sait pas ce que furent les premières années de Vauclair. Les moines s'étaient installés près d'une église existante dans le val de l'Ailette. Mais assez vite, la communauté s'était enrichie par de nombreux dons de terres et de forêts, le nombre des moines s'accrut et des frères convers se joignirent à la communauté. Les premiers bâtiments en pierre ont dû surgir assez rapidement. Nous ne connaissons avec certitude, ni la période de construction, ni la date de consécration de la première église. A ce sujet, il n'existe aucun document direct. Toutefois, les premières constructions furent probablement achevées avant 1142, car à cette époque, Vauclair peut déjà essaimer et fonder une abbaye-fille. Les premiers bâtiments seraient donc l'oeuvre des deux premiers abbés, Henri Murdac et Christian.

 

En 1141, Barthélémy de Jur confirma la fondation de Vauclair [xv].

 

 

Développement aux XIIe et XIIIe siècles [xvi]

 

L'abbaye de Vauclair prospéra donc rapidement et, comme on l'a dit, dès 1142, les moines étaient déjà assez nombreux pour que l'abbé Richard, un anglais lui aussi, fonde dans l'évêché de Troyes, le 7 ou 8 janvier 1142, une abbaye-fille . "Le Reclus". Un reclus, Hugues, y vivait d'où le nom que l'on donna a la nouvelle fondation [xvii].

 

En 1167, Vauclair essaime à nouveau et fonde une deuxième abbaye-fille sous l'abbé Rodolphe I. C'est le comte Henri de Champagne qui donna aux moines un terrain dans les environs d'Epernay. Cette abbaye fut aDDelée La Charmoye. [xviii]

 

Au XIIIe siècle, le domaine de l'abbaye s'accrut considérablement et le nombre des religieux augmenta à tel point que les premiers bâtiments devinrent insuffisants. Il fallut construire un nouveau monastère sur un plan plus vaste [xix]. On ne sait -cas de quel abbé émane cette idée. Toutefois, nous savons que le 6 avril 1257, sous l'abbatial de Gilles I (1256-1259), les moines commencèrent à célébrer l'office dans la nouvelle abbatiale. Cette dernière fut consacrée le 24 juin de la même année par l'évêque de Laon, Itier de Mauny (1249-1261) [xx].

 

En réalité, la nef de l'église resta inachevée et ce n'est qu'au XIVe siècle que l'abbé Martin Berthain ou son prédécesseur termina la construction [xxi] . L'église fut alors consacrée pour la seconde fois, le 17 juin 1540. Ce sont les ruines et les vestiges de cette deuxième abbaye qui subsistent à l'heure actuelle à Vauclair.

 

A la Révolution française, les églises furent démantelées mais les autres bâtiments monastiques restèrent relativement intacts jusqu'en 1917 [xxii]. On voyait encore, en partie conservés, les bâtiments autour du cloître, la porterie et le mur d'enceinte. Placés sous le feu de l'artillerie, lors des combats du Chemin des Dames en 1917, la plupart des bâtiments furent profondément mutilés.

 

Abandonnés comme zone rouge en 1918, les vestiges furent peu à peu envahis par la végétation et laissés à l'abandon. De plus, à maintes reprises, ils servirent de carrières de pierres [xxiii].

 

C. LA REDECOUVERTE ET LE SITE ARCHEOLOGIQUE

 

Dans la cadre de ses importantes recherches sur l'architecture cistercienne, le R.P. Anselme Dimier, fortement encouragé par Marcel Aubert, portait grand intérêt à l'abbaye de Vauclair. Pour en reconstituer le plan, une seule solution s'imposait : les fouilles archéologiques.

 

En 1965, il reçoit les autorisations officielles et son projet est appuyé par L'Office Départemental du Tourisme. Aussitôt, les premiers travaux de déboisement commencèrent et, à Pâques 1966, débutent les fouilles archéologiques proprement dites. Elles sont confiées au groupe "Sources", sous la direction du R.P. René Courtois. Ce groupe est constitué d'étudiants de toutes les Universités belges et de quelques Universités françaises.

 

Historique des découvertes

 

En 1966 [xxiv], les premières recherches portent sur l'emplacement des abbatiales. Les fondations de la première église cistercienne [xxv] et de l'angle nord-est du premier cloître sont mises au jour, ainsi que la cimetière monastique datant de cette époque. Une découverte inattendue : deux ensembles funéraires qui appartiennent à la période de la Tène III [xxvi].

 

En 1967 [xxvii], les investigations se fixent comme objectif les fondations de la seconde abbatiale du XIIIe siècle. Durant ces recherches, un premier four de potier gallo-romain est découvert [xxviii].

 

En 1968 [xxix], on procède à la fouille des cloîtres qui aboutit à retrouver le tracé précis des galeries des deux monastères successifs. A cette occasion, un second four de potier gallo-romain est mis au jour xxviii. La même année, le Groupe "Sources" organise à Laon une première exposition sur les fouilles de Vauclair.

 

En 1969, c'est le début des recherches dans le secteur de la porterie monastique. On y découvre les fondations de l'ancienne église paroissiale, tenue par les moines et placée sous le patronage de Saint-Martin. Les chercheurs mettent également au jour une série de bas-fourneaux métallurgiques du Ier siècle. [xxx]

 

En 1970 [xxxi], et en 1971[xxxii] , les fouilles du secteur de la porterie se poursuivent de manière méthodique et exhaustive. Dans un bâtiment du XIIIe siècle, on découvre un pavement en place. Autre découverte : un troisième four de potier gallo-romain et le puit de la même époque, contenant un chaudron en bronze quasi intact.

 

En 1971 également, on ouvre à Vauclair même un bâtiment provisoire, embryon de musée in situ.

 

En 1972 [xxxiii], les fouilles se poursuivent toujours dans le secteur des bâtiments d'accueil et les chercheurs mettent au jour les fondations des hôtelleries monastiques. Un important mobilier archéologique est découvert dans une ancienne glacière de l'hôtellerie.

 

En 1973 [xxxiv], le Groupe "Sources" continue les recherches dans le secteur des hôtelleries monastiques. De nombreuses fondations d'époques diverses sont mises au jour, en même temps que de nouveaux documents archéologiques gallo-romains, dont un bas-fourneau bronzier et deux nouveaux fours de potier.

 

Dans le même secteur, un important trésor monétaire des XVIe et XVIIe siècles est découvert.  Ses 4.200 pièces ont été confiées au Cabinet des Médailles, à Paris.

 

La même année, des sondages entrepris dans un autre secteur, à l'est des lieux réguliers, aboutissent à la découvert d'un four-tuilier médiéval, remarquablement bien conservé.

 

En 1974 [xxxv], les fouilles ont abouti à l'achèvement du secteur de l'hôtellerie. Les principales découvertes ont été les bases d'anciens pressoirs situés le long de la façade ouest des Frères Convers.

 

D. DESCRIPTION DES VESTIGES

 

1. Plan type d'une abbaye cistercienne [xxxvi]

 

Lorsque l'on considère le plan d'une abbaye médiévale, on constate que l'église et le cloître forment un centre autour duquel s'organisent les autres bâtiments du monastères Cette disposition vaut pour tous les ordres et s'est maintenue jusqu'au début de notre siècle.

 

Les abbayes cisterciennes cependant, suivent toutes un plan identique rigoureusement déterminé., reflet de l'esprit de sobriété et d'unté de l'Ordre (fig. 1). Les dérogations à ce plan sont toujours causées par les dispositions du terrain ou sont dues à des modifications du XVIIe ou du XVIIIe siècle.

 

Le cloître est, comme on l'a dit, le centre de 1'abbaye cistercienne. Il est de forme carrée ou rectangulaire il est ouvert et entouré de quatre galeries couvertes destinées à la circulation des moines.

 

L'église abbatiale est située au nord du cloître avec le choeur toujours orienté vers l'Est (fig. 1, A).

 

L'aile orientale contigüe comporte du Nord au Sud, les bâtiments suivants : la sacristie (fig. 1, B) avec la chapelle de l'abbé et l'armarium c'est-à-dire une petite bibliothèque (fig. 1, C), la salle du chapitre (fig. 1, D), le parloir(fig. 1, F), un escalier qui mène au dortoir des moines (dormitorium) (fig. 1,E), et une salle plus grande appelée la salle des moines (scriptorium) (fig. 1, G). Le dortoir des moines occupe tout l'étage de cette aile.

 

Dans l'aile sud, se trouvent le chauffoir (fig. 1, H), le réfectoire perpendiculaire au cloître (fig. 1,I), et la cuisine (fig 1, J).

 

L'aile ouest est réservé aux frères convers et se compose d'un réfectoire (fig. 1, K), du grand cellier (fig. 1, M) et, à l'étage, du dortoir des convers. Dans les grandes abbayes, un espace était réservé entre le cloître et le bâtiment des convers, la "ruelle des convers" (fig. 1, N).

 

Le cimetière se trouve au nord et à l'est de l'église et est divisé en parties réservées respectivement aux moines, aux frères convers, et à certains laïques. Les abbés étaient enterrés dans la salle du chapitre ou dans le cloître.

 

A l'ouest de cet ensemble de bâtiments, on trouve généralement l'hôtellerie et le bâtiment de la -porterie qui forme donc l'accès à l'abbaye. Souvent, il y a là aussi une chapelle ou une église paroissiale.

L'abbaye comprend aussi des ateliers ou des constructions nécessaires à sa vie économique. Plus tard certains monastères construisent un colombier, symbole de la puissance qu'ils détenaient à cette époque.

 

Un mur d'enceinte entoure tous les bâtiments séparant l'abbaye du monde extérieur.

 

Outre ce domaine, le monastère possède une série de terres exploitées par les moines et surtout par les frères convers.

 

2. Plan de l'abbaye de vauclair (PLAN A)

 

a) Le cloître et les lieux réguliers

 

Le cloître [xxxvii] (PLAN A, 1)

 

Il est situé au sud de l'église abbatiale. Par les fouilles, nous connaissons le tracé exact du cloître XIIe siècle et du cloître XIIIe siècle. Ce dernier a été construit au milieu du XIIIe siècle et se présente comme un carré de 36 x 36 m. Récemment, il a été recouvert de gravier et son tracé apparait clairement aux yeux du visiteur.

 

Le bâtiment des moines [xxxviii]

 

Le bâtiment des moines forme l'aile orientale du cloître. Il mesure 69 x 22 m et est constitué des éléments suivants :

 

1)   -La sacristie : construite contre le bras du transept sud de l'église abbatiale; actuellement, elle est encore voûtée d'ogives. (PLAN A, 2)

      -L'armarium : précède la sacristie; c'était le local où l'on rangeait les manuscrits liturgiques et ceux qui servaient à la lecture des moines. (PLAN A, 3)

      -La chapelle de l'abbé : à l'est, le bâtiment des convers fait une saillie qui forme une petite salle; de celle-ci, il ne subsiste que deux murs, au nord et à l'ouest. (PLAN A, 4)

 

2)   La salle du chapitre (PLAN A, 5)

Située à côté de la sacristie, la salle du chapitre est un des bâtiments les plus importants de l'abbaye. Sa remarquable façade côté ouest, comporte un portail en tiers-point à trois voussures reposant sur des colonnettes aux chapiteaux sculptés et de part et d'autre, une fenêtre à arcade en plein-cintre. A l'Est, le bâtiment est percé de trois grandes fenêtres en tiers-point, refaites au XIVe siècle. En 1914, cette salle était encore couverte de six voûtes d'ogives reposant au centre sur deux colonnes trapues aux chapiteaux très simples et, le long des murs, sur des culots côtelés.

 

3) Entre la salle du chapitre et la salle des moines :

- premier passage (PLAN A, 6) : à droite de la salle du chapitre, on trouve une petite salle qui pouvait servir de parloir ;

- escalier (PLAN A, 7) : sous une porte sculptée, datant du XIVe siècle, on peut voir l'emplacement de l'escalier qui menait au dortoir des moines, situé au premier étage de ce bâtiment ;

- le petit réduit qui se trouve sous l'emplacement de l'ancien escalier., servait de prison; on peut remarquer la trace des barreaux à la fenêtre; (PLAN A,8)

- à droite de ce petit réduit, second passage dont la fonction n'est pas déterminée avec précision. (PLAN A,9)

 

4) La salle des moines (PLAN A, 10)

L'ancienne salle des moines est située à l'extrémité sud de l'aile des moines. Son plan est strictement semblable à celui de la salle du chapitre. C'est là que les moines se livraient à l'étude.

 

5)   Le dormitorium

Il est connu par des documents photographiques d'avant 1914. Depuis la première guerre mondiale, il n'en reste que trois morceaux de mur. Il occupait tout l'étage de l'aile orientale

 

L'aile sud [xxxix]

 

Dans le plan habituel d'un monastère cistercien, on trouve le long de la galerie sud, l'aile du réfectoire perpendiculaire à la galerie du cloître. Cette aile comporte normalement le chauffoir, le réfectoire et la cuisine. Les fouilles ont révélé qu'au XIIe siècle, il y avait là un grand bâtiment servant probablement de cuisine et qui fut peut-être en usage jusqu'à la Révolution française.

 

Le bâtiment des frères convers (XIIIe siècle) [xl]

 

Le grand bâtiment à l'ouest du cloître était réservé aux frères convers. Il mesure 68 x 15 m et présente beaucoup d'analogies avec le bâtiment des moines. On peut donc en déduire qu'il a vraisemblablement été construit à la même époque. Dans la partie nord, se trouve le grand cellier ou magasin d'approvisionnement de l'abbaye (PLAN A, 11). Il est divisé en deux nefs de sept travées, voûtées d'ogives, retombant sur une rangée de six colonnes trapues aux chapiteaux très simples.

En traversant un passage, on arrive au Sud, dans le réfectoire des convers (PLAN A 12). Celui-ci est divisé en six travées reposant sur cinq colonnes dont les chapiteaux sont plus ornés que ceux du cellier. L'étage supérieur était occupé entièrement par le dortoir des convers divisé en deux nefs de quatorze travées. Dans la dixième travée à partir du Nord. un escalier descendait directement dans l'espace appelé "ruelle des convers" (PLAN A, 13).

 

b)   Les églises abbatiales

 

L'église du XIIe siècle [xli] (PLAN A, 14)

 

Par les fouilles, nous connaissons le tracé exact de la première église cistercienne, construite probablement peu après la fondation en 1134. Le plan très rigoureux de cette église est du type bernardin. Elle comprend un chevet plat et un petit choeur. Le transept est pourvu de chaque côté d'une petite chapelle. La nef est étroite et compte neuf travées indiquées par la base de huit piliers. La longueur totale de l'église était de 53 m. Le transept mesure, du nord au sud, 25 m, la nef, 17 m et le choeur, 8,5 m.

 

L'église du XIIIe siècle [xlii] (PLAN A, 15)

 

De ce vaste édifice, il ne reste que des vestiges au ras du sol, notamment des départs de colonnes et la base d'une chapelle rayonnante. Le plan est du type des grands édifices de l'architecture cistercienne. Il se compose d'une abside semi-circulaire pourvue d'un déambulatoire et de cinq chapelles rayonnantes polygonales, un grand transept divisé en trois nefs et une triple nef fermée à hauteur de la troisième travée par une façade. Le choeur a une largeur totale de 30 m, le transept mesure 48 m de long et 23 m de large et la nef mesure 15 m de long et 27 m de large.

Lorsque l'on considère l'ampleur du choeur et du transept et la largeur de la nef, on peut aisément se rendre compte que le projet initial n'a pas été réalisé. La construction a été interrompue à hauteur de la deuxième travée. L'édifice sera achevé au XIVe siècle.

 

c) Les bâtiments d l'entrée

 

La porterie [xliii] (PLAN A, 16)

 

A l'entrée, de part et d'autre de la voie d'accès à l'abbaye, on peut voir les ruines du bâtiment de la porterie, datant du XVIe siècle.  Les fouilles récentes ont mis au jour les tracés des bâtiments du XIIe siècle qui étaient beaucoup plus grands.

 

Dans ce secteur, un carrelage en place du XIIIe siècle a été découvert.

 

L'église paroissiale Saint-Martin [xliv] (PLAN A, 17)

 

A gauche de l'entrée, se trouvent les fondations de l'ancienne église paroissiale Saint-Martin, desservie par les moines jusqu'à la Révolution française. C'était une petite église gothique à abside arrondie avec de puissants contreforts.

 

Le colombier [xlv] (PLAN A, 18)

 

Au-delà de la porterie, à gauche, se dresse une tour octogonale en ruines. Ce sont les restes de, l'ancien colombier de l'abbaye, datant du XVIIIe siècle.

 

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[i] Administrativement,, le site de Vauclair fait partie de la forêt domaniale de Vauclair, gérée par l'Office National des Forêts. Carte Michelin 56 (région Paris-Reims), Paris, 1969 : fragment (CARTE A).

(Note du Webmestre : dans le document original, les notes sont de bas de page, pour ce site internet elles ont été transformées en notes de fin de chapitre, leur numérotation ne correspond donc plus à celle du document original.)

[ii] A.FIETTE, Le département de l'Aisne : étude géographique et économique, Paris, 1960, P. 31-65.

Carte des sols du département de l'Aisne. Craonne n° 1-2 (CARTE B)

[iii] A.FIETTE, op. cit., p. 18.

[iv] L.ARAGON, Le roman inachevé, Gallimard, Paris, 1966, p. 57.

[v] R.G.NOBECOURT, Les fantassins du Chemin des Dames, Paris, 1965, p. 32.

A.JOANNE, Géographie du département de l'Aisne, Paris, 1899, p. 10.

[vi] N.LE LONG, Histoire ecclésiastique et civile du diocèse de Laon, Châlons, 1783, p. 253.

[vii] R.G.NOBECOURT, op. cit., p. 33-37.

[viii] Grand Larousse Encyclopédique, t.II, Paris, 1960, p 947.

[ix] Cartulaire de l'abbaye de Vauclair (XIIe siècle), Paris, Bibliothèque nationale, ms lat. 11073, f.1.

[x] Carte de Cassini du XVIIIe siècle : fragment (CARTE C, Archives du "Groupe Sources").

[xi] Divers aspects de l'occupation de la Tène et de la période gallo-romaine ont déjà été publiés :

-M.E.LITT, Deux fours de potier gallo-belges à l'abbaye de Vauclair (Aisne), dans Revue du Nord, LI, Lille, 1969, no CCII.

-C.STAS, Un ensemble funéraire de la Tène III dans le site de l'abbaye de Vauclair (Aisne), dans Revue du nord, LIII, Lille, 1971, n° CCXI.

[xii] R.de LASTEYRIE, L'architecture en France à 1'époque gothique, t I, Paris, 1926-1927, p.41.

[xiii] J.GAREL, Les fondations monastiques et les abbayes du département de l'Aisne, Editions Elta., 1970, p. 20.

[xiv] Abbaye fondée par Saint Bernard, dans le diocèse d'York, en 35.

[xv] Cartulaire de l'abbaye de Vauclair (XIIe siècle), Paris Bibliothèque Nationale, ms lat. 11073, f. 1
N.LE LONG, op. cit., p. 252.

[xvi] N.LE LONG, op. cit., p. 253.
I.F.M.LEQUEUX, Antiquités religieuses du diocèse de Soissons et de Laon, Paris, 1859, p. 153-157.

[xvii] Abbaye du Reclus, dans la vallée du Petit-Morin, en Champagne, diocèse de Reims.

[xviii] Abbaye de la Charmoye, près des sources de Surmelin, en Champagne, diocèse de Reims.

[xix] M.AUBERT et (Mme de MAILLE), L'architecture cistercienne en France, t. I, Paris, 1947, p. 80.

[xx] Cartulaire de l'abbaye de Vauclair II (XIIIe siècle), Paris, Bibliothèque Nationale, ms lat. 11704 f. 34 v°.

[xxi] N.LE LONG, op. cit., p. 253.

[xxii] Une gravure d'Edouard Pingret représente les ruines de l'église abbatiale en 1821 (cfr. E.PINGRET, Monuments, établissements et sites les plus remarquables du département de l'Aisne, Paris, 1822, pl 4 .

[xxiii] M.A.DIMIER, Vauclair, abbaye cistercienne, dans Archeologia, Paris., 1967, n° 14, p. 43.

[xxiv] R. COURTOIS, Rapports annuels des campagnes de fouilles du "Groupe Sources" à l'abbaye de Vauclair (Aisne), 1966.
(Conformément à la législation en usage en France, le directeur du chantier de fouilles doit remettre chaque année un rapport circonstancié, avec plans et photos, au Directeur de la circonscription archéologique et au Conseil Supérieur d'Archéologie.  Ces rapports sont accessibles au siège du Conseil Supérieur de l'Archéologie.)

[xxv] R.COURTOIS et GROUPE "SOURCES", La première église (XIIe siècle) de l'abbaye de Vauclair (Aisne), dans Archéologie Médiévale, Caen, 1972, n° II, p. 103-125.

[xxvi] C. STAS, op. cit.

[xxvii] R.COURTOIS, Rapports annuels des campagnes de fouilles du "Groupe Sources" à l'abbaye de Vauclair (Aisne), 1967.

[xxviii] M.E.LITT, op. cit.

[xxix] R.COURTOIS, Rapports annuels des campagnes de fouilles du "Groupe Sources" à l'abbaye de Vauclair (Aisne), 1968 .

[xxx] Idem, 1969.

[xxxi] Idem, 1970

[xxxii] Idem, 1971

[xxxiii] Idem, 1972

[xxxiv]  Idem, 1973

[xxxv] Idem, 1974

[xxxvi] M.A.DIMIER et J.PORCHER, L'art cistercien, (La nuit des temps, n° 16), La Pierre-qui-Vire, 1962, p. 45.

M.AUBERT et (Mme de MAILLE), op. cit., p. 107-131.

[xxxvii] R.COURTOIS, Rapports annuels des campagnes de fouilles du "Groupe Sources" à 1'abbaye de Vauclair (Aisne), 1966 et 1968.

[xxxviii] M.A.DIMIER, Abbayes d'Occident. Vauclair, une abbaye cistercienne, dans Archeologia, XIV, 1967, p 45.

M.CH.LALEMAN, Archeologische studie over het gebouwencomplex van de abdij Vauclair, Mémoire de licence présenté à l'Université de Gand en 1973, p. 103-106.

[xxxix] R. COURTOIS, Rapports annuels des campagnes de fouilles du "Groupe Sources" à l'abbaye de Vauclair (Aisne), 1968.

[xl] GROUPE "SOURCES", Vauclair (brochure touristique), Soissons, 1972, p. 23.

M.CH.LALEMAN, op. cit., p. 161-173.

[xli] R.COURTOIS et "GROUPE SOURCES", La première église cistercienne (XIIe siècle) de l'abbaye de Vauclair (Aisne), dans Arcliéologie Médiévale, Caen, 1972, n° II, p. 103-125.

M.A.DIMIER, Actualité : Aisne - Vauclair, dans Bulletin Monumental, CXXX, Paris, 1972, p. 145-146.

[xlii] R.COURTOIS, Rapports annuels des campagnes de fouilles du "Groupe Sources" à l'abbaye de Vauclair, 1967.

[xliii] R.COURTOIS, Rapports annuels des campagnes de fouilles du "Groupe Sources" à l'abbaye de Vauclair (Aisne), 1969-1973.

[xliv] Idem, 1969.

[xlv] GROUPE SOURCES, Vauclair (brochure touristique, soissons, 1972, p. 21.