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LES AMIS DU GROUPE SOUCES

 

Ce site ne serait pas complet sans évoquer nos amis et plus particulièrement ceux qui nous ont quitté. Du plus humble au plus éminent, tous ont marqué Vauclair de leur empreinte et contribué à la richesse de la vie commune partagée et aux réalisations du Groupe Sources. Je me limiterai dans un premier temps à évoquer ceux que j'ai eu le bonheur de connaître et de rencontrer lors de mes passages à Vauclair. Pardon si je ne vous rend pas l'hommage mérité et m'attarde trop à l'image que je garde de vous dans mon cœur, sans souci de faire un "éloge funèbre" et évoque surtout des souvenirs probablement sans importance. Comme le dit le beau texte attribué à Péguy :

 

" L'amour ne disparaît jamais. La mort n'est rien. Je suis seulement passé dans la pièce d'à côté.

Je suis moi, vous êtes vous. Ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours.

Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné. Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait. N'employez pas un ton différent.

Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble, priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.

Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été, la vie signifie ce qu'elle a toujours signifié.  Elle est ce qu'elle a toujours été, le fil n'est pas coupé.

Pourquoi serais-je hors de votre pensée simplement parce que je suis hors de votre vue ?

Je vous attend, je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.

Vous voyez, tout est bien..."

 

Le Père René Courtois a terminé son chemin le 28 février 2005 dans l’après-midi, il nous a laissés tous un peu orphelins (beaucoup plutôt), ce qui est bien triste pour nous, mais devrait nous réjouir pour lui : après avoir eu la vie qu'il souhaitait et qui a tant apporté à ceux qui ont eu le bonheur de le fréquenter, le passage difficile des ses derniers jours sur terre est enfin clôturé.

Il nous a quittés paisiblement et son dernier voyage n'est pour lui ni une épreuve, ni une inquiétude, mais un aboutissement et la plus grande joie.

Il sera plus proche encore de nous qu'à Vauclair, puisque là où il est maintenant, par le coeur et la prière, nous aurons une ligne directe et il pourra veiller sur sa bande de vieux fouilleurs bien plus efficacement encore que de son abbaye.

Hommage de Jean-François Lapy au Père René Courtois à l’issue de l’assemblée générale de l’Association des Amis de Vauclair du 20 juin 2015 à l’occasion du 10e anniversaire de la mort du Père.

 

Le Père Anselme Dimier, moine de l'abbaye de Scourmont, érudit, découvreur du site de Vauclair, philosophe et fouilleur occasionnel. Il laissait des vêtements de travail à Vauclair et quel que soit la méthode de rangement de la valise  - pendue au plafond par une ficelle, par exemple-, durant l'hiver, les loirs y faisaient un nid. Il fouillait avec un enthousiasme et une énergie qui tenaient du miracle et, peut-être peu charitablement, on lui confiait souvent des carrés où il fallait confirmer qu'il n'y avait rien à trouver. Pilote téméraire d'une antédiluvienne 2CV avec laquelle il mettait Dieu et les plaques de ciment des baraquement de Vauclair à l'épreuve ; il faillit provoquer une guerre entre abbayes, lorsque le siège passager ayant lâché, son hilarité l'empêcha de venir en aide à sa passagère moniale qui avait perdu sa verticalité et très partiellement sa dignité dans l'incident. Je me souviens du philosophe, discourant, au bord de l'étang des moine, son maillot (trois fois trop grand) agité à la main, observant l'ignorance du père économe sur les différences entre humains et fournissant à tous le même maillot de bain, alors que tous sont différents : lorsqu'on met un humain face à un mur, pour certains c'est le nez qui touche le mur, pour d'autres les pieds, parfois le ventre. Plus sérieusement, le père Anselme, extrêmement érudit et spécialiste de l'art cistercien a publié de nombreux ouvrages dont le deux volumes de l'art cistercien (en France et hors de France) dans la belle collection du Zodiaque.

 

Bernard Ancien à la culture immense sous des apparences très simples, qui nous a fait tant découvrir dans le région, petit, maigre, roulant ses cigarettes, au premier abord peu impressionnant, il gagnait à être connu, son érudition était immense ; il avait un œil d'aigle et rien ne lui échappait, il découvrit la date du pigeonnier gravée dans la pierre et que nul autre que lui ne put lire sans jumelles ; son goût des promenades sur les tas de déblais de fouilles était notre terreur : le moindre tesson échappé à notre vigilance était inévitablement détecté, ramené et commenté sans arrière pensée. Je le vois toujours, en équilibre instable sur des murs branlants, commentant avec génie et simplicité les châteaux, chapelles et autres sites oubliés du Soissonais qu'il nous faisait découvrir, lors d'une visite annuelle organisée à la Toussaint.

De 1962 à 1983, il fut président de la Société Historique de Soissons (SAHS) qui a publié sa biographie comme suit :

Né à Soissons le 4 mai 1906, décédé à Soissons le 3 février 1987.

Par ses racines soissonnaises, ses dons naturels, sa passion de chercheur, Bernard Ancien a profondément marqué la Société archéologique et historique de Soissons. Il y entra en 1938, en assura le secrétariat de 1949 à 1962, date à laquelle il accéda à la présidence jusqu’en 1984. Il a joué avec un art consommé des différentes palettes de l’histoire locale : architecture, archéologie, histoire proprement dite. Les sorties qu’il dirigeait dans la campagne soissonnaise restent un modèle du genre. Facilement disert, ouvert, il donna à l’histoire anecdotique et événementielle ses lettres de noblesse. Les articles qu’il consacra à l’histoire de son cher soissonnais ont jalonné sa vie comme autant de bornes de la connaissance.

 On lui doit quelques ouvrages :

• Soissons (édition Colmar)

• Soissons gallo-romain (Musée de Soissons)

• Abbaye Saint-Jean-des-Vignes

• La vallée de la Crise et Septmonts.

 Monsieur Bernard Ancien a vu ses talents et son travail récompensés par de nombreuses distinctions : il était notamment officier des Palmes académiques et chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres. Dans l’éloge funèbre qu’elle écrivit, Madame Geneviève Cordonnier disait de lui "vivant comme un ascète, le seul amour de sa vie, c’était l’histoire de AUGUSTA SUESSIONUM au cours de siècles". Ses publications relativement modestes n’ont pas été à la hauteur des nombreuses recherches qu’il a entreprises et qui constituent un fond d’archive important conservé à la mairie de Soissons.  Ce fond contient des dossiers de notes, croquis, archives de presse, concernant les villages du Soissonnais, les principaux monuments, les rues de Soissons, les familles de notables etc. Cet ensemble représente environ 70 liasses et il faut ajouter plus de 1 100 ouvrages et brochures diverses concernant l’histoire, l’architecture, l’archéologie régionale et nationale

 

Le très dynamique Nino Mascitti, toujours prêt à nous rendre service, ami du précédent qu'il transportait dans sa Mercedes et si différent de lui, homme entier, sculpté dans la pierre, la main sur le cœur, il avait des idées bien établies, mais se rangeait toujours à l'avis de Bernard Ancien en matière d'histoire et d'archéologie : je me souviens de discussions homériques sur une espèce de râpe à fromage à l'aspect presque médiéval, qui se révéla, après consultation de Bernard, être une râpe à tabac 14-18, je me souviens également de l'inauguration du musée de la pierre dans sa carrière où il voulut nous offrir le champagne avant la messe d'ouverture des cérémonies.

 

Le Colonel Boutin du 21 RIMA (la devise du 21ème RIMa est « Croche et tiens »), grand seigneur que le jeune Lieutenant belge admirait, il nous a toujours fourni l'appui Log nécessaire pour l'alimentation en eau (sans lui nous aurions été encore plus sales !)ou en électricité pour les sons et lumière, aux temps héroïques où le site n'était raccordé à rien et éclairé au carbure ; je pensais à lui quand la "tonne" d'eau arrivait, tirée par  Roger Marc dont le tracteur faisait le même bruit que l'inénarrable motocyclette FN 500cc-soupapes latérales- de Jean Bareel.

 

Cyrille Laseux, humble et irremplaçable serviteur de Vauclair, dont la gentillesse et l'humour a éclairé nos jours à l'abbaye. Je n'ai jamais manqué de te rendre visite lors de mes retours à Vauclair et d'y boire une "goutte" et Folette n'aimait pas que je m'en aille. Tu assurais l’entretien du site avec Roger Marc, lui aussi irremplaçable ami de l’abbaye.

 

Marcel Buvry notre père nourricier qui a alimenté tant d'années, pour une bouchée de pain,  les carnivores fouilleurs de Vauclair et ne m'a jamais permis de rentrer chez moi sans être généreusement pourvu de saucisson à l'ail ; je me souviendrai toujours de l'ami fidèle avec son fourgon Citroën HY et son éternelle gitane maïs, pardonne moi, Marcel, mais je me suis toujours demandé si tu l'enlevais pour dormir. De temps en temps, je bois encore un "tchaud canon" en pensant à toi.

 

(Enfin), comment ne pas penser à Maurice BRUAUX, sans qui le site de Vauclair serait resté pendant encore bien des années une ruine engloutie dans la forêt, merveilleux – mais aussi combien dangereux terrain de jeux pour les enfants de la vallée de l'Ailette parmi lesquels le petit Maurice né à Chermizy.

Avec une énergie et une faculté de persuasion qu' il fait partager à tous ceux qu'il rencontre, il convainc le conseil général du département de l'Aisne de créer un office départemental du tourisme afin de valoriser les richesses de ce département tellement méconnu. Il en assurera la direction pendant plus de vingt – cinq ans.

Bien sûr,  parmi ses premiers projets et un de ceux qui lui tiendra le plus à cœur : faire renaître l'abbaye de Vauclair. Il prend aussitôt contact avec le Père Dimier et à Pâques 1966, la première équipe du groupe Sources est accueillie spartiatement certes mais avec beaucoup de chaleur humaine.

Dans les premières années, à la fin de fouilles, il n'est pas rare de le voir venir en famille passer une soirée et parfois même de se mettre aux fourneaux. Plus tard, quand son emploi du temps de plus en plus lourd le lui permet, il "déboule" en coup de vent  accompagné de Roland pour s'assurer que le groupe ne manque de rien.

Dès qu'un projet prend forme, il met tout en œuvre pour trouver les moyens de sa mise en œuvre notamment auprès du Conseil Général : parmi les réalisations les plus importantes : le musée, le jardin des plantes, la mise en valeur et l'entretien du site  après les fouilles.

Il y a  aussi les "travaux d'office" méconnus du grand public et qui ne font  pas toujours l'unanimité des fouilleurs… dans un premier temps du moins ! Dans la cuisine d'abord où en arrivant un jour, le Père Courtois a  la surprise de découvrir l'arrivée de l'eau courante, l'installation de l'électricité ou encore  l'isolement interne des parois…sans oublier la "salle de bains des filles… " ! Plus récemment, l'aménagement du bureau – bibliothèque, pose moins de problèmes de doctrine…Il faut dire qu'avec tous ces livres entassés dans tous les coins !

Tous ces gestes furent toujours accomplis avec beaucoup de gentillesse, de cordialité, de discrétion aussi mêlée de pudeur.

Dans la mémoire de chacune et chacun, Monsieur Bruaux , comme l'appelaient les fouilleurs avec un sentiment de respect mêlé de cordialité, laisse le souvenir vivace d'un homme d'action, d'enthousiasme et de cœur.

 

Henri de Benoist, ancien maire de Bouconville-Vauclair et président fondateur de l'association des amis de VAUCLAIR

 Article de L’ARDENNAIS du 3 novembre 2023 :

Homme de convictions et respecté de tous, Henri de Benoist vient de décéder à quelques jours de son 84e anniversaire

Durant toute sa vie, Henri de Benoist n’aura eu qu’une préoccupation  : « Pousser les choses pour donner de l’activité aux gens du territoire », comme il le confiait dans nos colonnes en novembre 2020.

Né à la ferme de la Bove en 1939, Henri de Benoist prend la tête de la ferme familiale après des études d’ingénieur agronome à Paris. A la tête de son exploitation, il contribue à créer le service d’aménagement rural aboutissant par exemple à la création des premiers transports scolaires mais aussi du collège de Corbeny.

Maire de Bouconville-Vauclair de 1968 à 2020, l’homme croit beaucoup au développement de son territoire par le tourisme. II est d’ailleurs à l’origine de la création du lac de l’Ailette à Chamouille, avec le Syndicat de la Bièvre et de l’Ailette.

Si ce projet n’a pas toujours fait l’unanimité à ses débuts, sa transformation en Center parcs en 2007 a contribué à donner raison à Henri de Benoist, l’Aisne et en particulier le Chemin des Dames peuvent être aussi une région touristique.

Le Chemin des Dames a également été au cœur de ses préoccupation, en particulier la Caverne du Dragon, l’abbaye de Vauclair. Henri de Benoist souhaitait relancer le tourisme historique convaincu qu’il était essentiel d’inscrire ces lieux dans la mémoire et qu’ils pourraient contribuer au développement économique du territoire.

L’homme a mené de front plusieurs vies, en plus de ses activités d’élu, il était exploitant agricole mais aussi président du syndicat agricole, administrateur du Crédit agricole, président de la caisse régionale, et également secrétaire général des céréaliers avant d’en prendre la présidence nationale, il a également été président de l’Union des syndicats agricoles de l’Aisne.

Humaniste, respectueux des autres, intelligent, rarement un homme a autant fait l’unanimité que l’on soit de droite ou de gauche. Henri de Benoist était un homme respecté qui s’est toujours mis au service de son territoire.

Hommage d’un ancien fouilleur du Groupe Sources :

Très triste nouvelle. Vauclair perd un soutien depuis toujours, un protecteur discret mais attentif,  et un grand monsieur que nous apprécions beaucoup. Entre lui et le père Courtois il y avait un respect réciproque. J’ai eu le bonheur d’une longue conversation avec lui lors d’un des derniers événements à Vauclair, et il m’a répété l’affection qu’il portait au Groupe Sources. Il a même prêté son caveau familial à Bouconville pour y inhumer le père avant l’inhumation définitive à Vauclair.

Bernard

 

 

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