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A Bonneuil-en-Valois, près de Villers-Cotterêts [i]

 

De très nombreux visiteurs ont découvert

un remarquable musée de la pierre

 

VILLERS-COTTERETS. – Si à Montgobert, un musée de bois, unique en France, attire depuis plusieurs années, de nombreux visiteurs vivement intéressés, à Bonneuil-en-Valois, à quelques kilomètres de Villers-Cotterêts, un musée privé célèbre la pierre, "qui est la meilleure expression de l'architecture".

 

C'est dans une carrière qu'il exploite depuis 1956, que M. Nino Mascitti "le meunier de Largny-sur-Automne" a installé progressivement ce petit musée, qui fait l'admiration de nombreux groupes, associations, écoles et amis, et qui n'est pas l'ami de M. Mascitti ?

Avec une verve intarissable, il vous conte comment lui est venue sa passion pour l'art en général au cours de nombreux travaux faits à Vauclair, Lieu Restauré ; Septmonts ; Villers-Cotterêts (parc du Château) dans l'Oise et actuellement à Coucy-le-Château, le plus souvent dans le cadre de la lutte pour le sauvetage des chefs-d'œuvre en péril…

Entrons dans cette carrière et suivons le guide. Des kilomètres de couloirs, de rues maintenant portant les noms de personnalités locales ou régionales témoignent du travail fait depuis dix-sept ans.

C'est à l'entrée de cette carrière après une curieuse porte pivotante en pierre "truffée" d'armes ou outils préhistoriques que sont accumulés et rangés intelligemment de vestiges trouvés au cours d'innombrables fouilles.

A coté du socle de pierre qui supporta place de la Gare, la statue d'Alexandre Dumas, des lourds battants de cloches de cathédrales, des pierres de toutes sortes, des outils, des armes, des restes d'animaux préhistoriques comme d'énormes dents de mammouths font le régal des connaisseurs.

Le tout dans un cadre agréablement décoré par l'artiste cotterésien Pierre Ouaille avec sur les murs de très belles et grandes peintures retraçant la vie des anciens carriers de la région : Bonneuil-en Valois, cathédrale de Senlis, Saint-Jean-des-Vignes de Soissons, etc. ; avec des sculptures, rappelant des personnages mythologiques de la naissance de Rome sous le regard impassible "pour une fois" de Nino Mascitti, dont le buste a été récemment sculpté en taille directe par Bartholety-Daillon, un artiste de renommée internationale pour qui ont posé les plus grandes personnalités mondiales.

La chaleur n'a naturellement aucune prise sur ce musée creusé dans la pierre, mais si la température était trop basse, on pourrait se réchauffer autour d'un joyeux feu de bois que l'on allume dans une vaste cheminée bien dans le style du décor.

Et puis, rien ne vous empêche de vous enfoncer dans la carrière, avec un guide naturellement car seul vous risqueriez de vous perdre dans le dédale des couloirs. Vous pourrez alors apprécier le travail des ouvriers extrayant la pierre, avec des moyens modernes maintenant… Des blocs de plusieurs tonnes sont découpés chaque jour, et débités ou non, seront utilisés un peu partout… La demande est grande, la pierre étant d'excellente qualité, "cette pierre, qui comme l'a écrit un de ses admirateurs et connaisseurs est l'essence de la terre, substantifique moelle de la construction, que dis-je de l'art de construire".

Ce musée que nombreux ont été ceux qui ont eu le plaisir de le visiter ne figure sur aucun guide touristique et pourtant son intérêt est indéniable. Dans quelques années peut-être, il sera ouvert à tous, et sera l'un des lieux de curiosité d'une région pourtant déjà riche dans ce domaine.

Les efforts de M. Mascitti, tant ici, qu'au Moulin de Largny, en faveur de la sauvegarde des chefs-d'œuvre en péril, ont été récompensés récemment, lors d'une réception organisée par M. Duhamel, alors ministre des Affaires culturelles.

L'Aisne ne peut les ignorer alors à quand une petite fête officielle au Moulin de Largny qui contribue grandement au charme du paysage ?

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[i] Article  publié le 20 août 1973 dans l'Union (Aisne-matin)