« Oh Arjuna! Satisfait de toi je t’ai montré ma forme suprême par mon propre pouvoir de yoga. Ma splendide forme universelle, infinie et primale n’a jamais été vue par quiconque avant toi. » (Bhagavad Gita, chapitre 11, verset 47)
La forme du Seigneur est remplie de lumière, elle imprègne tout et est infinie. L’œil physique ne peut pas la voir. A l‘aide d’atma yoga on peut la percevoir, la concevoir et la réaliser.
Qu’est-ce que l’atma yoga ? C’est l’union constante (yoga) du corps et de l’âme (atma) que les gens normaux, conscients du corps, ne sont pas capables de réaliser. L’atma yoga est la base de la pratique du Kriya. Celui qui pratique le Kriya avec sincérité, en fixant son attention à la glande pituitaire et à la fontanelle, peut devenir capable de la visualiser. Dans cet état, il n’y a pas trace de ‘je’ ni de ‘mon’, pas de conscience de l’ego.
Par la pratique du Kriya on acquiert des pouvoirs merveilleux et on peut ressentir la forme omniprésente, omnipotente et omnisciente de Dieu. La pratique régulière de la méditation permet de s’élever au dessus de l’état humain et d’entrer dans l’état divin.
Pour atteindre Dieu il faut en avoir le plus profond désir. Un jour, votre corps sera comme celui d’Hariharananda. Le corps physique vieillit et est périssable. A l’intérieur de votre corps physique se trouve le Sa impérissable, votre âme, votre vie. Cette vie est dans le corps grâce au souffle. Si le souffle n’est pas présent dans le corps, c’est un cadavre. Vous ne savez pas quand vous allez mourir. Vous êtes nés pour la réalisation de Dieu parce que vous êtes le pouvoir de Dieu. Dieu imprègne tout. Le souffle est votre vie. La seule chose dont vous avez besoin est le plus profond désir de la réalisation de Dieu. Le corps physique a une forme. A l’intérieur de la forme du corps, le père tout puissant sans forme demeure lui aussi. Il y a un autre corps, le corps causal, la cause de tout. Mais les gens s’occupent de toutes sortes d’autres choses à cause de maya, l’illusion cosmique. Lorsqu’ils sont jeunes, ils oublient Dieu et s’absorbent dans la recherche du plaisir. La dualité du plaisir et de la souffrance existe alors. La vie familiale comporte de nombreuses responsabilités et de dérivatifs qui leur font oublier Dieu.
Le Kriya Yoga enseigne que le souffle est votre vie. Par le contrôle du souffle vous développerez la maîtrise de soi. Pratiquez donc joyeusement le contrôle du souffle et le contrôle de vos pensées. Vous devriez rester concentrés sur l’âme, dans le plaisir et la souffrance, dans la joie et la peine. Soyez durs avec vous-même. Si quelqu’un fait votre éloge, restez à la fontanelle. Si quelqu’un dit du mal de vous, restez-y aussi. Pas d’allégresse ni de dépression.
Transformation
La transformation est possible. Ratnakar, un gredin, un meurtrier par excellence, fut transformé et devint le Sage Valmiki. Moïse qui était très extraverti dans le monde matériel changea en un rien de temps. Il quitta tout et se retira dans le désert, y médita et atteignit la réalisation de Dieu. Il n’est pas nécessaire de se retirer dans une forêt car il est également possible d’atteindre cet état par la pratique du Kriya Yoga. Le souffle est votre vie. Au sommet, dans la fontanelle, se trouve l’âme, le sa. Concentrez-y votre attention en permanence sur le père tout puissant qui y demeure. Le père tout puissant aide l’âme.
Amour, amour, amour, conservez cette attitude toute la journée, même lorsque vous travaillez. Le pouvoir de Dieu travaille à travers votre corps. Il faut cultiver le champ de votre corps dans la méditation et changer votre vie pour pouvoir faire l’expérience du vrai ‘je’.
Une Rare Opportunité
Vous pouvez vivre une vie normale sur le plan pratique : vous devez gagner de l’argent et vous nourrir. Dans le Kriya Yoga, vous faites votre travail, kri, tout en restant concentré sur Dieu, sa. Vous pouvez ressentir de nombreuses émotions négatives et positives et avoir des pensées variées, mais grâce au souffle Kriya, vous pouvez rester libre. Vous resterez calme ce qui est divinité. A chaque instant vous devez être au seuil de Dieu. C’est l’état de samadhi. C’est le Kriya Yoga. C’est une chance inouïe. Souvenez-vous du vrai ‘Vous’. Samadhi est le niveau suprême.
Lorsque vous ne faites qu’un avec le Seigneur tout puissant, priez-le: « Seigneur, accorde-moi la vigilance. Je T’effleurerai à chacun de mes souffles. Je T’observerai dans chacune de mes œuvres. Je veux m’incliner devant Toi un nombre de fois illimité. »
Je m’incline devant vous tous. Merci beaucoup.
haut de la pageLa connaissance de soi, c’est à dire la sagesse, est au-delà de la perception des sens et ne peut être atteinte que par la méditation profonde.
Le souffle est votre vie. Par le souffle, vous connaîtrez l’agitation ou le calme. Observez votre souffle et vous connaîtrez le calme.
Soyez toujours pur et parfait. Si vous restez au sommet, en Sa présence, alors vous êtes pur et parfait.
Lorsque vous vous mettez en quête et que, dans chaque pensée et chaque tendance, bonne ou mauvaise, vous recherchez votre Âme, alors tout vient d’elle.
La précipitation et l’inquiétude sont la cause d’un grand nombre de vos problèmes.
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L’accélération de l’évolution humaine
Le monde n’est plus cette immensité qu’on croyait autrefois qu’il était…
C’est vraiment un yoga complet qui apporte à l’être humain la plus
haute évolution naturelle par le développement simultané du corps, du
mental et de l’âme.
Passage d ‘une
Biographie de Paramahamsa HariHarananda
Par Paramahamsa Prajnanananda
Suite du Chapitre 4
BRAHMACHARI RENTRE A LA MAISON
“Tout le monde est plein de respect et d’égards envers les moines. Mais pourquoi lorsqu’un jeune garçon veut suivre la voie du renoncement, ses parents et en particulier sa mère, ne peuvent l’accepter?” Telle était la question d’un disciple âgé de 12 ans. Ceci est un phénomène très courant. Une mère souhaite voir ses enfants mariés et bien établis dans le monde matériel même si elle a elle-même des problèmes familiaux.
Un jour, Nabin Kali fut réveillée soudainement au milieu de la nuit par un mauvais rêve si pénible qu’elle se mit à pleurer. Haripada qui dormait de l’autre côté de la même chambre se réveilla et lui demanda pourquoi elle pleurait. Nabin Kali lui dit: “J’ai fait un rêve. Dans mon rêve Rabi était moine. Sa barbe et ses cheveux étaient longs; il dormait sur un lit dur et vivait une vie d’ascèse! Est-ce vrai?” Puis elle continua: “Je me souviens lorsque tu m’as dit juste après sa naissance qu’il était destiné à devenir moine et que, comme je m’étais mise à pleurer amèrement, tu m’avais consolée en disant que tu avais fait une erreur dans tes calculs astrologiques.”
“Pourquoi penses-tu à ça maintenant?” demanda Haripada avec sang froid et volonté.
“Il y a quatre ans que je ne l’ai pas vu. Chaque fois que je demande de ses nouvelles, que ce soit à toi ou à mes autres enfants, vous répondez qu’il va bien et qu’il est très occupé avec son travail. Bholanath et Bhupen m’ont lu des cartes postales venant de Rabi disant qu’il ne pouvait pas venir parcequ’il avait trop de travail. Il aura bientôt trente cinq ans. Aucun d’entre vous ne pense à lui, à sa vie ni à son mariage” répondit Nabin Kali en sanglotant.
Haripada qui connaissait l’avenir de son fils depuis son enfance, grâce à ses connaissances astrologiques et par l’observation de son attitude, était prêt à accepter que Rabi devienne moine. Mais sa mère ne pouvait l’accepter. Elle décida de ne plus boire une goutte d’eau avant de voir son fils. La situation était vraiment difficile.
Rabi s’était rendu à Puri en 1937, après avoir quitté sa position professionnelle prestigieuse en invoquant une raison de santé. Puis il prolongea la situation et s’installa de façon permanente au Karar Ashram. Plus tard ses frères l’apprirent. Son troisième frère, Shailen, correspondait avec lui de temps à autre. Ses frères envoyaient de l’argent à leur frère cadet bien-aimé. Peu à peu beaucoup de gens furent mis au courant de sa vie à l’ashram sauf sa mère.
Il fallait maintenant résoudre le problème. Un télégramme fut envoyé au Karar Ashram demandant à Rabi de venir voir sa mère de façon urgente. Avec la permission de Swami Satyanandaji, Brahmachari décida d’aller rendre une courte visite à ses parents et à sa famille. Il s’embarqua dans le train en route vers son foyer. Lorsqu’il arriva à la gare d’Howrah, Rabinarayan fut pris de l’envie d’aller voir son bien-aimé Gourou, Sri Bijoy Krishna, qui habitait près de la gare. Il acheta quelques fleurs et quelques fruits et alla lui rendre visite.
Le jeune brahmachari, avec sa barbe et ses cheveux longs et noirs, ses lunettes, sa robe de soie blanche attira l’attention de tous. De nombreux disciples étaient rassemblés autour du gourou mais ne pouvaient le reconnaître dans son nouvel accoutrement. Rabinarayan passa une guirlande au cou de son gourou Shri Bijoy Krishna et se prosterna à ses pieds. Tous les fidèles et disciples admiraient la scène. Le gourou omniscient l’embrassa avec amour et lui donna sa bénédiction. Parmi les fidèles se trouvait la soeur de Rabinarayan. S’adressant à elle, Shri Binoy Krishna demanda: “Connais-tu ce moine?” Elle répondit par la négative. Puis Shri Bijoy Krishna poursuivit: “Si je demandais à ce moine de te prendre dans ses bras et de te donner l’accolade, il le ferait.” Elle fut déconcertée par ces paroles et examina Rabi qui la regardait également. Finalement Shri Bijoy Krishna annonça: “C’est ton frère Rabi. Ne le reconnais-tu pas?” Elle courut vers lui et l’embrassa les larmes aux yeux.
Pendant cette courte rencontre avec son gourou ils parlèrent de la vie monastique et de vérités spirituelles cachées. Il donna à Rabi sa bénédiction pour l’attainement du but de la vie et exprima sa complète satisfaction pour les réalisations de son disciple bien-aimé. Alors Rabinarayan reprit le train pour Habibpur puis Ranaghat, d’où il prit le bus jusqu’à sa ville natale. Très tôt le matin il arriva à sa demeure palatiale et frappa à la porte. Il faisait encore nuit. Haripada, son père alla ouvrir. Ne l’ayant pas reconnu, il appela sa femme et lui dit: “Viens voir, il y a un saddhu Baba (moine) à la porte. Peux tu t’occuper de lui?” Nabin Kali, sa mère bien-aimée, se présenta à la porte.
Elle le regarda et immédiatement les yeux et le coeur de la mère reconnurent le fils. Elle le serra dans ses bras et se mit à pleurer à chaudes larmes. Haripada revint pour voir ce qui se passait et comprit la situation. Il lui dit: “Il a fait un long voyage pour revenir à la maison. Laisse le rentrer et se reposer.”
La nouvelle de l’arrivée de Rabinarayan se répandit rapidement. Tout le monde dans le voisinage connaissait sa famille. De nombreux visiteurs vinrent le voir car ils avaient beaucoup entendu parler de lui. Il resta avec ses parents et sa famille pour quelques jours.
Un soir la maison était pleine d’invités et de parents. Tous les anciens, les frères, les soeurs, les beaux-frères s’étaient rassemblés pour persuader le jeune moine de revenir vivre dans le nid familial. Ils prièrent le jeune Brahmachari de se joindre à eux. Il s’assit en silence maintenant sa concentration intérieure. La discussion s’envenima et ils décidèrent à l’unanimité qu’ils n’accepteraient pas la position draconienne de leur frère.
L’un de ses beaux-frères n’hésita pas à utiliser un langage sévère. Il alla jusqu’à dire que Rabi était un fuyard et n’avait aucun respect pour la réputation familiale. Quelqu’un lui rappela ce qu’avait dit autrefois son Gourou, Bijoy Krishna, et qu’il ne respectait ni n’obéissait à son Gourou lequel avait conseillé qu’il se marie et poursuive ainsi sa pratique spirituelle. Quelqu’un d’autre risqua: “Les moines sont des parasites de la société.” Ils voulaient tous le voir marié, et au cas où il n’aurait pas envie de travailler, la famille était assez riche pour l’entretenir, lui et sa famille.
Pendant cette discussion animée, son père, Haripada, était resté assis à l’écart écoutant tous les arguments. Rabinarayan ne prononça pas un mot. Dans la Baghavad Gita le Seigneur dit: “Le silence est la meilleure politique.” Brahmachari Rabinarayan avait acquis l’habitude d’observer le silence intérieur et extérieur par la pratique régulière de la méditation. Ces critiques ne le touchaient pas et il restait détaché.
Les faibles, par leur mauvais choix des mots, font empirer les discussions et les rendent insupportables. Mais les gens intelligents sont très sélectifs dans leur utilisation du pouvoir de la parole. Finalement, pour conclure la discussion, Haripada, son père plein de sagesse prit la parole: “Vous êtes tous bien éduqués et compétents et vous occupez des positions élevées dans la société. Vous êtes tous mariés à l’exception de Rabi. Vous avez tous des enfants et jouissez du charme de la vie familiale. J’ai une suggestion.” Il resta pensif quelques instants tandis que tout le monde était suspendu à ses lèvres confiant dans sa faculté d’arriver à la bonne décision. Puis il continua: “Si l’un d’entre vous est prêt à renoncer à la vie de famille et à embrasser la vie de renoncement monastique, je lui promets que Rabi réintégrera la vie familiale et lui et moi prendrons la responsabilité de sa famille.”
Personne ne s’attendait à une telle remarque de la part d’un père dont le fils bien éduqué et élégant décidait de se faire moine. Haripada savait parfaitement bien que se faire moine n’était pas une décision saugrenue ou émotionnelle. Il s’agissait d’une vie de sacrifice, d’abandon, de maîtrise de soi et de discipline spirituelle. Ce n’était pas la voie de l’homme ordinaire. C’était comme marcher sur une épée à double tranchant ou sur des braises.
En Inde, il est communément admis que si un membre d’une famille accepte de mener une vie monastique et atteint la réalisation, sept générations passées et futures se trouvent libérées grâce à la pratique spirituelle de ce membre de leur famille.
Haripada rappela aussi à tous ses enfants: “Connaissez-vous tous notre tradition familiale? Toutes les quatre générations, un membre de notre famille renonce à tout et devient moine. Rabi est là pour accomplir cette très rare tradition.” Haripada avait un don d’observation particulier. Il remarqua que Rabi était dès l’enfance intérieurement détaché de la vie matérielle. Ayant observé sa sincérité et sa générosité en matière d’argent, il confia à Rabi la gestion de certains biens. Il avait ainsi une confiance inconditionnelle en Rabi et tout ce qu’il faisait.
Dans sa sagesse, non seulement son père apportait son support à Rabinarayan mais il alla jusqu’à exprimer son appréciation: “Je suis fier d’être ton père” dit-il, “Suis ton chemin. Continue ta pratique spirituelle avec diligence et détermination. Souviens-toi, c’est ton devoir de libérer les autres par la perfection de ta pratique.”
Après cet incident, Rabinarayan resta encore quelques jours avec sa famille. Après avoir entendu les encouragements de son père Haripada et observé les dispositions et le comportement divins du jeune Brahmachari Rabinarayan, les autres membres de la famille changèrent d’attitude. Quelques jours plus tard le père rappela à son fils Brahmachari: “Sannyasi Thakur! Ne perd pas de temps ici inutilement. Retourne à l’Ashram, reprends ta pratique spirituelle sincère et atteins le but de la vie.”
Alors le jeune Brahmachari Rabinarayan demanda les bénédictions de sa mère, de son père et des autres membres de la famille et reprit le chemin de Puri. Il promit de rendre visite à ses parents de temps en temps comme ils le lui avaient demandé.
Chapitre 7 : Le Mental et la Libération
Om same vasatu jihvagre vina pustaka dharini
murari vallabha devi sarva sukla sarasvati
sarasvati mahabhage vidye kamala locane
visvarupe visalaksi vidyam dehi namostute
Om santih santih santih
“Oh Divine Mère! Je t’en prie reste toujours fermement établie sur ma langue. Lorsque je médite sur toi je vois l’instrument de musique et les livres que tu tiens à la main. Que tout ce qui sort de ma bouche et tout ce que je dis sois doux comme la musique qui sort de ton instrument. Je m’incline devant toi. Oh déesse de l’érudition, donne nous la connaissance.”
La Corde Qui Ressemble A Un Serpent
Je suis né dans un village où il n’y avait pas d’électricité. Lorsque j’avais six ou sept ans, je rentrais un jour à la maison par un chemin sombre sans lampe de poche. Arrivant à proximité de ma maison, je crus voir un serpent et me mis à courir vers la maison en criant: “Un serpent, un serpent.” Le serviteur de notre famille sortit avec sa lampe de poche pour voir où était le serpent. Lorsqu’il fut dehors il se rendit compte qu’il ne s’agissait pas d’un serpent mais d’un morceau de corde. Dans les villages, les maisons sont faites de chaume arrimé avec des cordes. Chaque année on répare et change les cordes. Un morceau de corde avait donc dû tomber au sol et je l’avais pris pour un serpent. Il avait pour moi l’apparence d’un serpent. Maintenant je pose la question: où était ce serpent? Je me suis mis à courir en criant, croyant qu’il s’agissait d’un serpent. Bien que ce ne fut qu’une corde, elle m’inspira la peur du serpent. Mais avec la lumière le serpent imaginaire disparut. C’est le problème humain.
Nous devrions vivre dans la lumière, non pas la lumière électrique ou la lumière du soleil, mais cette lumière qui nous permet de comprendre qui nous sommes et les problèmes de nos vies. Quelle est cette lumière et d’où vient-elle? Cette lumière est déjà au dedans de nous. C’est la lumière de l’âme ou atmajyoti. Pour celui qui va à cette lumière, les problèmes de la vie disparaissent.
Le Mental/Singe
Lors du discours que j’ai fait en Juillet dernier à Vienne à l’occasion de Gurupurnima, une mère européenne me demanda: “Pourriez vous s’il vous plaît nous parler d’Hanuman?” Je lui demandais: “Savez vous à quoi ressemble Hanuman?” Elle me dit: “A un singe.” Je répondis: “Il y a un singe dans chaque être humain et ce singe est le mental.”
Je vis un serpent dans la corde à cause du mental. Le mental, comme un singe, est toujours agité. Le singe saute d’une branche à l’autre. Le mental humain saute aussi d’une branche à l’autre. Dans la mythologie Indienne, Hanuman est le fils du Vent. Le mental et le souffle sont en corrélation. Le mental est né du souffle. Lorsque le souffle est calme, le mental est calme et tranquille, le jeu du mental cesse. Lorsque le souffle est agité, le mental est turbulent.
Le mental est un flot de pensées, un état de confusion et d’incertitude. C’est la faculté de douter, l’incapacité de décider. Le mental est agité et dynamique et ne peut pas prendre de décision. Avant de m’aventurer davantage dans le mental, je veux parler du corps et de l’âme. Le mental est entre les deux. Nous sommes tous une combinaison de ces trois éléments.
La Nature de L’Âme
L’âme est la source suprême d’énergie dans le corps. De même que dans une maison il y a un tableau électrique qui commande tout le circuit, dans notre corps/maison il y a aussi un tableau électrique, l’âme. Elle est la source d’énergie pour toutes les prises de courant de ce corps comme les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, les mains et les pieds. L’âme est elle-même branchée sur une autre source d’énergie exactement comme le tableau électrique d’une maison est raccordé à un générateur ou à une centrale.
L’énergie suprême à laquelle l’âme est raccordée est Dieu. Il n’y a jamais de coupure. L’âme est libre pour toujours et ne vit dans le corps que pour une courte période. Lorsque l’âme quitte le corps, le corps est mort et inutile. Ce n’est que par la présence de l’âme dans le corps que le cerveau fonctionne, que les sens sont actifs et que le mental pense. Les écritures upanisadic la qualifie de sat, cit, ananda: existence, conscience et béatitude. Elle est immortelle, éternelle et pure béatitude.
Le mental qui est entre le corps et l’âme nous empêche de la voir de cette façon. Le mental situé entre le corps et l’âme peut être extraverti et s’orienter vers le corps et les sens , ou il peut s’orienter au dedans vers la source. Lorsque le mental est plus près de l’âme, il nous donne une perception plus claire.
Identification Avec Le Corps - La Conscience Corporelle Du Mental
Dès l’enfance nous avons entendu nos parents qui disaient en jouant avec nous: “Mon enfant, mon garçon, ma fille.” A force de répétition la pensée s’imposa: “ Je suis un garçon, je suis une fille.” Cette idée d’être un garçon ou une fille est imposée au mental de l’enfant.
Il y a longtemps, en Inde, une reine pleine de sagesse berçait ses enfants en chantant:
siddhosi, buddhosi, niranjanosi
samsara bandha parivarjitosi
“Vous êtes purs, vous êtes parfaits, ce monde est un rêve. Réveillez vous et réalisez le.”
Elle leur chantait cette chanson dès leur plus tendre enfance, en conséquence de quoi, encore très jeunes ils renonçaient au monde et se faisaient moines. Le roi qui avait besoin d’un successeur en était mécontent. La reine accepta alors d’élever son plus jeune fils d’une manière différente pour en faire un prince destiné à devenir roi.
Je n’entrerai pas davantage dans les détails de l’histoire, ce que je voulais dire étant que si nous sommes élevés avec l’idée que “je suis le corps, je suis un homme, je suis une femme, je suis grand, je suis petit, je suis malade, je suis en bonne santé”, nous identifions ces attributs avec le soi. Le mental, ainsi identifié avec le corps, s’attache aux objets extérieurs et essaye de trouver le bonheur. Mais bonheur et malheur sont comme deux jumeaux qui vont de paire. Le mental attaché au corps et vivant dans ce monde de conscience corporelle devient une source de problèmes.
Les Trois État D’Existence
Examinons de près ces trois états. Chaque jour nous passons de l’état d’éveil à l’état de rêve et de sommeil profond. Nous avons trois corps ou sphères d’existence. L’un est le corps grossier, le deuxième est le corps astral et le troisième est le corps causal.
Dans l’état d’éveil, le corps, le mental et le système sensoriel sont tous trois actifs. Dans l’état de rêve, le corps grossier n’est pas actif; le corps astral et le corps causal sont actifs. Le corps astral qui est un corps subtil sur un plan subtil est responsable des rêves dont nous faisons l’expérience. Le rêve peut être un rêve de souffrance ou de plaisir.
De l’état de rêve, nous entrons dans l’état de sommeil profond apprécié de tous. Que se passe-t’il pendant le sommeil? Lorsque vous vous endormez, tout d’abord votre conscience se sépare du corps, des sens et du mental, puis vous entrez dans un lieu où il n’y a rien. Dans le sommeil profond, vous êtes dans un état de béatitude et de bonheur complet grâce auquel le corps, le mental et les sens se trouvent revitalisés. Mais ce bonheur ne découle pas d’un savoir mais de l’ignorance et ne dure que le temps du sommeil. Pourquoi dis-je que c’est le bonheur de l’ignorance? Parceque, au réveil, vous dites: “J’ai bien dormi. Je ne me suis rendu compte de rien.” Cette affirmation que vous ne vous êtes rendu compte de rien reflète votre ignorance de l’endroit où vous étiez et de ce qui s’est passé. Cela vient du fait que pendant le sommeil profond il n’y a plus de monde.
Le Monde Est Une Projection Du Mental
Le monde tout entier n’est rien d’autre que la projection de notre mental. La façon dont je vous regarde, dont je vous comprend ou regarde les objets du monde et établit une relation avec ces objets constitue mon monde. Mon monde est différent de votre monde. Le monde d’un mari est différent du monde de sa femme.
Toute personne est le centre de son propre monde ou création. De même que Dieu a créé tout le cosmos, nous avons créé notre monde. Le monde de chacun est différent mais il y a des similarités entre nos mondes grâce auxquelles nous nous aimons les uns les autres. Mais il n’y a pas de similarité complète ou universelle même entre les mondes de maris et femmes. Dans le cas contraire, il y aurait une identification complète, pas d’incompréhension et seulement l’amour pur. Mais ce n’est pas le cas.
Le Jeu Du Mental
Dans l’état d’éveil, le mental joue avec le monde extérieur. Dans l’état de rêve il joue avec toute notre expérience personnelle du monde. Dans l’état de sommeil profond le mental joue avec l’ignorance.
Dans ces trois états le mental joue. Dans l’état d’éveil et de rêve il y a bonheur et malheur. Dans l’état de sommeil profond nous jouissons d’une certaine sérénité, mais elle disparaît dès le réveil où nous nous retrouvons empêtré dans le monde, son malheur et ses tensions.
Qu’est-ce Que Le Bonheur?
Le bonheur consiste à être dans son état naturel et libre de tout ce qui est artificiel. Supposez qu’en mangeant un petit morceau se coince entre vos dents. Que faites vous? Votre langue essaye de vous en débarrasser. Si vous n’y arrivez pas vous allez prendre un cure dents et le décoincer. Pourquoi? Bien que vos dents soient bien plus grosses et bien plus fortes votre langue n’essaye jamais de se débarrasser d’elles mais éprouve désespérément le besoin de se débarrasser d’un morceau de nourriture molle coincé entre les dents, si petit soit-il. Pourquoi? Parce que la présence ce cette particule de nourriture entre vos dents n’est pas naturelle et que la présence de vos dents dans la bouche est naturelle. Nous ne voulons rien que ce qui est naturel dans nos vies. Le malheur et l’agitation ne sont pas naturels et nous voulons donc nous en débarrasser. De même la maladie n’est pas naturelle et nous essayons de la surmonter. L’ignorance dans la vie n’est pas naturelle et la connaissance est naturelle. Nous cherchons donc à nous libérer de l’ignorance et à en savoir plus. Si quelqu’un vous ment vous n’appréciez pas car le mensonge n’est pas naturel mais la vérité est naturelle. En résumé nous aimons ce qui est naturel et détestons ce qui ne l’est pas. La mort n’est pas naturelle. Nous sommes tristes lorsque quelqu’un meurt. L’immortalité est naturelle. Nous cherchons à nous libérer de tout ce qui n’est pas naturel comme la maladie, le malheur, le mensonge, l’ignorance et l’inexactitude et nous aimons l’immortalité, la vérité et la connaissance.
Où Est Le Bonheur?
Vous allez maintenant me demander: où est le bonheur? N’y a-t’il pas de bonheur dans le monde extérieur? Prenons par exemple un chocolat qui peut fournir 10 unités de bonheur. 10 chocolats devraient donc donner 100 unités de bonheur. Mais ça ne marche pas comme ça. J’ai enseigné l’économie pendant près de 11 ans et il y a une loi de diminution marginale de l’utilité. Le deuxième chocolat donne moins de bonheur que le premier. Pourquoi? S’il y avait du bonheur dans le chocolat, il devrait toujours être le même. Mais ce n’est pas le cas. Maintenant, supposons que vous recevez la mauvaise nouvelle qu’une personne qui vous est proche est décédée. Est-ce que le même chocolat qui vous avait procuré du bonheur la première fois peut vous rendre heureux dans cette nouvelle situation? Le bonheur n’est donc pas au dehors, dans le chocolat. C’est un état de calme mental. Lorsque le mental est absorbé dans un état particulier et est concentré, à ce moment précis on peut ressentir le bonheur. Nous avons vu que le mental est agité lorsqu’il va vers l’extérieur et est naturellement calme dans l’état de sommeil. On peut s’en rendre compte dans notre expérience journalière. Que se passe-t’il pendant le sommeil? Le mental est au repos. Les sens ne sont pas actifs et le souffle est rythmique. Lorsque ces trois éléments sont réunis vous pouvez atteindre un état semblable au sommeil tout en restant conscients. C’est la méditation. C’est un effort conscient pour atteindre un état supérieur au sommeil profond, un état au delà de l’état d’éveil, de rêve et de sommeil profond: le quatrième état connu sous le nom de turiya. Pour atteindre cet état. la première étape est d’arriver à l’état complètement clair, sans pensée et sans mental. On peut faire un effort conscient pour essayer d’atteindre cet état de méditation, de concentration et de souffle rythmique. Celui qui arrive à cet état semblable au sommeil tout en restant conscient jouit d’une plus grande liberté et d’un plus grand amour.
La Cause De L’Asservissement Ou De La Libération.
Dans les écritures yogic il est écrit:
manah eva manusyanam karanam bandha moksayoh
bandhaya visayasangi muktyaih nirvisayam manah
(Visnupurana 6-7-28)
Le mental est la cause de l’asservissement et de la libération. Lorsque le mental est attaché au monde extérieur limité des objets des sens, le mental est asservi et lorsque le mental en est détaché et attaché à l’infini, le mental est libéré. Mais le mental n’est pas un objet. Comment le mental peut-il être attaché à quelque chose? Tout au cours de la vie, à cause de nos attirances et de nos répulsions et du mental qui pense que le bonheur est dans tel ou tel objet, nous allons deci-delà, d’une personne à l’autre, d’un travail à un autre, d’une situation à une autre, à la recherche du bonheur. Le mental agit de cette façon parce qu’il n’a pas appris à aller au dedans, vers la véritable source du bonheur.
Qui est asservi? Celui qui se croit asservi est asservi; celui qui se croit libéré est libéré. J’ai déjà dit que que nous étions tous une combinaison du corps, du mental et de l’âme. Nous sommes tous l’âme vivant avec le mental dans ce corps. Lorsqu’on est conscient de “Qui suis-je?”, “D’où viens-je?”, “Combien de temps dois-je rester ici?”, “Quel est mon rôle?”, on peut travailler d’une façon plus saine, dans le détachement et la compassion, et on sait qu’on n’est pas le corps mais l’âme. C’est l’âme qui donne son pouvoir au mental. Le mental n’est pas complètement inerte comme le corps. Il est à moitié inerte et à moitié actif, vibrant dans le champ magnétique du monde. On doit réaliser que “Je ne suis pas le mental, je suis le régulateur du mental. Je peux éduquer le mental.” Lorsque le mental est éduqué, le problème du monde disparaît. Entraînez votre mental à savoir que vous êtes pure conscience. La plupart des gens ne savent pas comment se servir du mental. Bien dressé, le singe/mental deviendra calme et tranquille comme Hanuman assis aux pieds de Rama.
Om Brahmarpanamastu
Om tat sat Om1. Dans une situation critique, lorsque le mental est très agité, que peut-on faire pour ramener le mental à son état normal?
Tout d’abord pensez: “Puis-je résoudre le problème en m’agitant?” L’agitation ne fera que créer davantage de problèmes. Éloignez vous de la situation et si c’est possible simplement asseyez vous et méditez. Observez vos pensées ou pratiquez le souffle profond. Si vous méditez régulièrement, cette agitation ne viendra pas.
2. Dans cet état qu’on appelle état d’éveil, tout paraît réel. Comment puis-je alors dire que c’est une projection du mental?
Il y a trente ans vous étiez un jeune célibataire, content de votre travail, un étudiant brillant. Mais vous n’étiez pas marié, vous n’étiez pas père. Où se trouvaient ces choses à cette époque? Tout cela est dans votre mental. Supposons qu’il y a quarante femmes dans cette salle. Pouvez vous dire laquelle est votre femme? Comment pouvez vous le dire? Parce que c’est dans votre mental. Dans nos activités journalières nous avons en commun certaines de nos projections. En dehors de ces projections communes nous avons aussi nos propres projections. Avez vous déjà mangé de la calebasse amère? Est-ce que vous aimez ça? Non. Pourquoi? Parce que c’est amère. Mais moi j’aime ça. Ma projection sur ce fruit est: “c’est très bon” . La projection de la plupart des gens est: “c’est un fruit amère”, mais ma projection est que j’aime ça. Ainsi nous projetons sur ce monde ce que nous aimons et ce que nous n’aimons pas, le raga et le dvesa. Ce que nous aimons et ce que nous n’aimons pas varie d’une personne à l’autre. Le monde entier est d’une façon subtile la projection du mental de chacun, bien qu’il y ait des projections communes. Approfondissez, vous comprendrez.
Om tat sat Om
Par Paramahamsa Prajnanananda
Lorsqu’on prétend être autre chose que ce qu’on est, ce mensonge fait naître la peur. Si vous mentez et le cachez, vous aurez toujours peur que ce mensonge soit découvert.
Le mensonge peut avoir l’apparence de la vérité mais un jour ou l’autre la vérité fait surface. C’est pourquoi lorsqu’on laisse le mensonge s’insinuer dans nos vies, on vit dans la peur.
Le Chacal Bleu
Il y a longtemps, avant l’invention des appareils ménagers modernes, le blanchisseur lavait le linge de tous les gens du village et les rapportait le soir même. Il utilisait un produit bleu (qui rendait les blancs plus éclatants) dans lequel il plongeait les vêtements blancs pour qu’ils gardent leur blancheur plus longtemps. Il conservait cette solution bleue dans une grande bassine. Un soir un chacal passait derrière la maison du blanchisseur et tomba dans la bassine. Il réussit à s’en extirper mais il était tout bleu et avait l’air bizarre. Les chacals sont des animaux très rusés. Une idée lui vint aussitôt. Il se dit : « Maintenant, personne ne peut plus me reconnaître. Je vais changer de voix et me faire passer pour le Seigneur des animaux. Je peux prétendre être un grand personnage. » Il s’en retourna dans la forêt et se mit à marcher d’une façon majestueuse. Tous les animaux se demandaient qui était ce nouvel animal que personne n’avait jamais vu. Même le lion, le roi des forêts entendit parler de ce nouvel animal. Il réunit ses ministres pour décider de ce qu’il devait faire à son sujet.
Ils décidèrent d’envoyer un espion pour s’informer. L’espion alla voir le chacal et lui demanda qui il était. « Je suis venu du ciel » répondit le chacal. « Je suis venu ici pour apporter une vie nouvelle à tous le animaux ici-bas. Je suis leur Seigneur et s’ils ne croient pas en moi ils auront des difficultés car je suis l’envoyé de Dieu. » Lorsque le lion reçut la nouvelle, il prit peur. Il pensa qu’il valait mieux se faire l’ami de ce nouvel animal et ainsi continuer à faire régner la paix au royaume des animaux. Il envoya donc un message au chacal disant qu’il acceptait sa souveraineté et le chacal se mit à vivre en grande pompe, au moins pour le moment.
Mais, on ne peut pas cacher la vérité. On peut faire semblant, mais la vérité refera surface. Jésus disait : « Ce qui est dans votre cœur se manifestera, vous ne pouvez pas le cacher. » Au bout d’un moment quelques chacals se mirent à penser : « Cet animal nous ressemble beaucoup. Il a simplement une autre couleur. Il a une manière différente de s’exprimer, il parle avec beaucoup d’autorité, mais en fait, sa voix est celle d’un chacal. »
Ils formèrent un petit groupe qui mit au point un plan pour exposer au grand jour qu’il ne s’agissait que d’un chacal. Les chacals ont un besoin irrésistible de hurler lorsque le soir descend. Le plan consistait à venir un soir rendre visite à ce nouveau roi et à se mettre à hurler. S’il était vraiment un chacal, il ne pourrait pas résister, se joindrait aux hurlements et serait ainsi découvert. Sinon, ils pourraient dire qu’ils étaient simplement venus lui rendre leurs respects. Ils exécutèrent le plan: le chacal ne put se maîtriser et se joignit aux hurlements. Inutile de dire ce qui en résulta.
La peur s’insinue lorsqu’on fait semblant d’être ce qu’on n’est pas. Si vous êtes honnête, la peur n’existe pas.
Prenons un autre exemple. Supposons qu’une personne se maquille et qu’une autre ne se maquille pas. Laquelle des deux va devoir faire attention tandis que l’autre n’aura aucun soucis à se faire ? Celle qui se maquille craint que son maquillage ne s’estompe. Un jour Baba me mit dans cette situation. Le 26 Mars 1995 je contractais la varicelle et lorsque je rentrai en Inde le 10 Avril j’avais sur le visage des marques noires causées par la varicelle. Le 25 Avril, Baba décida d’initier quelques uns d’entre nous à la vie monastique. J’avais les cheveux courts et les marques étaient bien visibles lorsque nous retournâmes le 27 Mai en Occident pour l’anniversaire de Baba qu’on devait célébrer à Hambourg. Cinq minutes avant d’entrer dans la salle de conférence, Baba vint vers moi avec une crème de fond rose et me demanda de l’utiliser pour couvrir mes marques noires. Je résistais, mais Baba ne voulait rien savoir. Je dus donc m’incliner et utiliser le maquillage ce jour-là. Pendant toute la conférence, je me sentais si gêné. Même lorsque sans y penser je me servais de mon mouchoir pour m’essuyer la figure, il était couvert de maquillage. Lorsqu’on ment ou qu’on vit dans le mensonge, on vit dans la peur.
Non seulement celui qui ment ou qui vit d’une façon mensongère vit lui-même dans la peur mais aussi ceux qui le croient. Par exemple, dans l’histoire du chacal, le chacal vit dans la peur d’être découvert et les autres animaux ont peur du chacal parce qu’ils le voient comme un être supernaturel envoyé pour régner sur eux.
Dans la Vie Spirituelle
Dans la vie religieuse comme dans la vie politique certains dirigeants créent la peur chez les autres pour affermir leur position. Les chefs religieux essayent d’établir leur autorité en proclamant qu’ils sont les envoyés de Dieu et que les gens devraient les écouter. Ceux qui vivent dans le mensonge vivent dans la peur et ceux qui les croient vivent dans la peur. Ils se demandent : « Et s’il avait des pouvoirs surnaturels ? » S’il y a le moindre élément de peur, alors il ne s’agit pas de vie spirituelle. Dans la vie spirituelle il ne devrait pas y avoir de peur: personne n’a peur de sa propre mère. Si j’ai fait quelque chose de mal, ma mère va me le dire mais elle m’aimera toujours. Je peux avoir peur des conséquences mais pas d’elle. Là où il y a de la peur, il n’y a pas d’amour. C’est comme la lumière et l’obscurité : elles ne peuvent pas coexister. Chacun devrait se demander si ses relations sont fondées sur la peur et, si elles le sont, c’est qu’il y a du mensonge et il faut corriger la situation.
Dans notre vie spirituelle, la première nécessité est le contrôle de la parole. Beaucoup de grands maîtres spirituels ont observé de longues périodes de silence. Ils sont restés des années sans parler. Certains allèrent même jusqu'à cesser de parler pendant une vie entière. Je ne dis pas que vous devriez cesser de parler mais qu’il faut se discipliner au niveau de la parole. On gâche de l’énergie par tous les organes des sens. De tous les organes des sens, ceux par lesquels nous gâchons le plus d’énergie sont les yeux et la bouche. Si vous regardez beaucoup, la vue tombe. Si vous passez beaucoup de temps devant la télévision ou l’ordinateur vos yeux vont s’affaiblir. Si vous êtes entourés de musique et de discussions bruyantes, vous verrez que la qualité de votre audition s’affaiblira. Nous dépensons aussi beaucoup d’énergie en paroles. La bouche ou la langue contrôlent deux organes des sens. L’organe de la parole et les organes génitaux. Ceux qui maîtrisent leur langue peuvent facilement calmer et modérer ces deux organes.
Prenons l’habitude d’observer une période de silence quotidienne. C’est ce que l’on fait parfois à l’occasion d’une retraite où l’on observe le silence pendant deux, trois ou quatre jours. Au début, on peut ressentir une certaine agitation parce que la langue ressent le besoin de parler. Mais ceux qui s’y tiennent en ressentent le bénéfice au bout d’un certain temps.
Le Mahatma Gandhi observait le silence un jour par semaine. Bien qu’il fut un leader très populaire et qu’il travaillait jour et nuit, il observait le silence un jour par semaine. Si c’est possible d’en trouver le temps, c’est une très bonne de chose de respecter un jour de silence au milieu de nos activités quotidiennes.
L’introduction d’une discipline dans nos vies demande de la détermination. Il faut faire preuve de volonté et adopter l’attitude : « Je garderai le silence à tout prix. » Au début cela s’avérera sans doute un peu difficile. Mais plus tard vous constaterez que tout le monde adapte son comportement en conséquence. Essayez d’observer une ou deux heures de silence par jour.
Les grands peintres ou les grands poètes par exemple sont en majeure partie des contemplatifs. Ils s’isolent dans le silence où ils trouvent de nouvelles idées.
Le silence est yoga et si vous voulez être un yogi vous devez savoir rester silencieux. Il y a un dicton selon lequel, lorsqu’on parle, la langue fait des lapsus et on commet des erreurs. Pour éviter les lapsus il faut rester conscient de la personne avec qui vous parlez, du sujet dont vous parlez, du temps pendant lequel vous parlez, de la manière dont vous parlez et du lieu où vous parlez.
Ceux qui sont intelligents parlent peu.
Je me souviens qu’un jour, lorsque Baba venait juste d’arriver en Occident, quelqu’un l’appela au téléphone pour fixer un rendez-vous et lui demanda quels étaient ses honoraires pour un rendez-vous d’une demi-heure. Baba lui dit qu’il n’était pas nécessaire de payer et qu’il pouvait simplement venir. L’homme le remercia et raccrocha. Mais il ne se présenta pas au rendez-vous. Baba demanda alors à son hôte pourquoi cet homme n’était pas venu. L’hôte demanda à Baba ce qu’il avait dit et Baba répondit qu’il avait dit à l’homme de venir et qu’il n’avait pas à se soucier d’argent. L’hôte répondit alors : « Vous avez fait une erreur. Comme vous avez dit qu’il n’y avait rien à payer, l’homme en déduit que vous n’aviez rien à offrir. Si vous aviez dit que vous demandiez beaucoup d’argent, l’homme aurait pensé que vous aviez vraiment de la valeur. » C’est la façon de penser Occidentale. Sans argent, vous n’avez pas de valeur.
Quelle est donc la bonne façon d’utiliser sa langue ? Supposons que vous vouliez écrire quelque chose au tableau. Il faut d’abord l’essuyer. Lorsque vous l’essuyez, il doit être suffisamment propre pour pouvoir écrire quelque chose de lisible. De même, pour parler intelligemment, essayez de savoir garder le silence. Celui qui connaît l’art de vivre dans le silence est celui qui réussit le mieux. Les gens ordinaires réagissent à la moindre chose. S’il manque un peu de sel dans la nourriture, la langue réagit. Si quelque chose n’est pas fait comme il faut, le mental réagit. En général, les gens vivent en réaction. Les gens croient qu’ils sont fatigués de travailler. Mais leur fatigue vient en grande partie de leur réaction. L’action vous rend actif ; la réaction vous rend réactif et vous fatigue. Si vous mettez tout votre cœur dans votre travail, si vous travaillez avec amour, si vous travaillez avec dédication, si vous travaillez avec dévotion, même si vous travaillez pendant des heures et des heures, vous ne sentirez pas la fatigue. Lorsqu’il y a quelque chose que vous n’aimez pas et que vous ne supportez pas l’environnement, vous serez facilement fatigué et irrité. Donc pour apprendre à vivre et à parler comme il faut, commencez par essuyer le tableau c’est à dire à vivre dans le silence.
Nous devrions tous observer chaque jour une période de silence. Il est possible de rester en silence pendant une heure ou deux quotidiennement. Même lorsqu’on vit en famille et qu’on est chez soi, on devrait prendre la décision de s’y tenir. Faites-le savoir aux membres de votre famille de telle sorte qu’il soit possible de garder le silence. Vous pouvez même essayer de rester en silence une demi-journée ou une journée entière. Lorsque vous allez à une retraite, essayez de rester silencieux tout le temps. C’est une occasion de voir ce que c’est que de ne pas parler.
Lorsque j’avais onze ou douze ans, personne ne m’avait jamais parlé de silence. Mais après avoir lu la vie de Gandhi, je décidais de ne pas manger et de ne pas parler le dimanche. Ce n’était pas facile. Mes frères essayaient de me tenter et de m’inciter à manger et à parler. C’était un test. C’était un test de volonté et je réussis. J’observais cette pratique du silence pendant une quinzaine d’années. Au début, mes parents s’inquiétaient parce que j’étais très maigre, mais ils l’acceptèrent. Lorsqu’on est vraiment décidé et qu’on arrive à convaincre les autres qu’il y a une bonne raison de faire ce que l’on fait, les autres l’acceptent.
Nous devrions essayer de transformer notre vie avec amour. Observez le silence quotidiennement une heure ou deux. Observez le silence une demi-journée ou une journée entière chaque semaine. Observez le silence à l’occasion de retraites. Vous pouvez porter un badge qui dit : « Je garde le silence » et personne ne vous adressera la parole. Le mot silence, mauna, vient de mental, mana. Si vous voulez discipliner et maîtriser le mental, le silence est un bon outil. La pratique du kechari mudra, la langue roulée en arrière, aide à maîtriser la langue. Grâce à cela, on conserve beaucoup d’énergie dans le corps et le mental. Un des principes yogiques est que « Ceux qui contrôlent leur langue, ceux qui disent la vérité, sont ancrés dans la vérité. Tout ce qui sort de la bouche devient vrai. C’est un siddhi (un accomplissement) yogique. » Lorsqu’ils disent « Que Dieu vous bénisse » vous recevez la bénédiction. Lorsqu’ils disent « Sois guéri », vous êtes guéri. Utilisez votre langue pour la vérité. Observez le silence quotidiennement.
On donne à ceux qui observent le silence et maîtrisent leur langue le nom de muni. Mana, mauna et muni se ressemblent. Muni signifie la personne méditative, contemplative, intelligente.
Dorénavant, parlez moins. Parlez lorsque vous avez besoin de poser une question et parlez à voix douce de telle sorte que seule la personne à qui vous vous adressez puisse entendre et pas les autres. Vous pouvez embellir votre vie en y introduisant la maîtrise de soi. La prochaine fois, nous verrons comment le silence aide dans la vie de tous les jours. Le silence peut accroître votre force physique et mentale, vous aider à réussir votre vie quotidienne et vous permettre de résoudre les problèmes de la vie, d’en surmonter les difficultés.
La vie est un don de Dieu. Dieu nous a donné un corps humain. Dieu nous a donné dix organes des sens, des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, un nez pour sentir, une langue pour goûter, la peau pour toucher, une bouche pour parler, des mains pour donner et recevoir, des organes génitaux pour procréer et éprouver le plaisir, des pieds pour se mouvoir et un anus pour l’excrétion. Nous avons aussi quatre instruments internes, le mental pour penser, l’intellect pour décider, la mémoire pour se souvenir et l’ego pour penser ‘Je suis’. Ces quatorze instruments doivent être utilisés à bon escient. Nous devrions nous servir de chaque organe des sens avec modération et maîtrise de soi. Contrôlez votre langue. Gardez le silence. Parlez moins. Parlez lentement. Dites la vérité. Parlez avec amour. N’emcombrez pas votre vie d’ego. Apportez-y la modération et disciplinez-vous vous-même. Nous devrions penser, parler et travailler avec amour, dans la conscience divine.
Calmement, restez silencieux et priez, « Oh Dieu ! Aide-moi à comprendre ma vie. Je vais me discipliner moi-même. Je vais réguler et modérer ma vie.
OmTroisième partie
J’ai appris de ma pratique personnelle et de ma fréquentation
de saints et de sages que pour avoir une évolution spirituelle rapide
on doit se sentir seul avec Dieu et les maîtres.
Être seul c’est sentir qu’ils sont avec vous. Restez-en donc
conscients. Lorsqu’on vit et qu’on est en relation avec les autres il y
a une tendance à oublier Dieu et les maîtres. Mais l’impression d’être
seul tourne naturellement notre attention vers Dieu et les maîtres.
C’est s’engager dans une véritable relation, une relation avec le Soi,
une relation avec Dieu, une relation avec les maîtres. Pour entrer dans
cette relation il faut faire très attention à ses fréquentations parce
que nous vivons dans un monde ou règne un mélange de vérité et
d’illusion. L’illusion est si forte qu’elle cache la vérité. Lorsqu’on
vit dans le monde matériel on est forcé de côtoyer les gens du monde
qui ne ressentent pas nécessairement le besoin de spiritualité. Ils ne
vivent que pour les plaisirs. Lorsqu’on vit et qu’on travaille avec les
autres, on a certaines responsabilités. Même dans les organisations
spirituelles on a des responsabilités. On se trouve en contact avec
beaucoup de gens et on doit affronter des situations qu’on n’aime pas
forcément. Vous vous demandez peut-être pourquoi on ne peut pas
simplement s’asseoir pour méditer et ne pas avoir à faire face à ces
difficultés. Elles font partie de vos responsabilités et vous devez les
assumer. C’est là que la sensation de solitude est d’un grand secours.
Bien que vous soyez physiquement entouré d’un grand nombre de gens,
pensez que vous êtes seul avec votre Soi, que vous êtes toujours avec
votre maître, toujours avec Dieu. Cela réduit l’influence de
l’entourage.
Les gens demandent souvent comment on peut être équilibré lorsqu’on a du mal à vivre dans une société où les autres ne sont pas spirituels et ont des point de vue complètement opposés aux nôtres. Ils disent qu’ils ne veulent pas travailler. Mais ce n’est pas viable. L’enseignement du Kriya Yoga est plus pratique. Je leur rappelle que ce n’est que huit à dix heures par jour qu’ils travaillent avec des gens dépourvus d’inclination spirituelle et que par conséquent ce n’est que pendant cette période qu’il est difficile de rester dans la conscience divine. Pendant les quatorze heures qui restent, ils peuvent rester seuls. Profitez donc de ces heures précieuses en grande partie solitaires pour penser uniquement à Dieu, aux maîtres et au Soi. Ne gémissez pas sur les autres et vos huit à dix heures de travail. L’erreur qu’on fait est de vouloir immédiatement trouver son équilibre pendant les heures de travail et d’oublier les quatorze ou seize précieuses heures qui restent. Lorsque vous donnez davantage d’importance à la contemplation, à la méditation et à la réalisation que vous êtes seuls, vous êtes alors dans le vrai. Lorsque vous sentez « Je suis seul », vous ressentez alors immédiatement que vous êtes avec Dieu. Il n’y a plus de doute que Dieu et les maîtres sont toujours avec vous.
La question qui se pose est à quel point sommes-nous avec Dieu et les maîtres? L’impression d’être avec eux augmente avec l’impression d’être seul. Lorsque votre travail est terminé, associez-vous avec des gens qui inspirent en vous le désir d’être spirituel. Faites des choses qui réveillent davantage de conscience divine dans votre vie. Si vous prenez soin de ces heures, les bénédictions de Dieu et des maîtres prendront soin du reste. Alors vous commencez à sentir que la vie spirituelle est très naturelle. La vie naturelle est spirituelle. La vie naturelle est divine parce que notre vie n’est pas notre vie : c’est la vie de Dieu. A tout moment, Dieu peut la reprendre. Vous ne savez pas comment vivre en ce monde. Vous ne savez pas combien de temps vous allez vivre en ce monde, mais la vérité est que vous vivez en Dieu pour toujours. Lorsque vous en êtes conscient, vous êtes éternel. De toute éternité, vous êtes l’enfant de Dieu. L’âme est immortelle. Pour réaliser l’immortalité et la vraie nature de l’âme gardez à l’esprit : « Je suis un disciple. » Lorsque vous êtes conscient d’être un disciple cette conscience s’amplifie jusqu'à pouvoir dire : « Je suis un devot. » Un disciple est celui dont la vie est associée à Dieu. Un devot est celui qui a totalement consacré sa vie à Dieu et aux maîtres. Dans cet état on est conscient que c’est le pouvoir de Dieu qui fait tout. Le devot réalise que « Je suis l’âme, je suis l’enfant de Dieu » est la vérité. Soyez conscient et contemplez profondément intérieurement. Posez-vous la question : « Qui suis-je ? Où suis-je ? »
En premier lieu on réalise : « J’agis.» La seconde étape est : « J’agis grâce au pouvoir de Dieu. » C’est ce qu’on appelle être un disciple. La troisième est : « Dieu agit à travers moi son devot. Je suis un devot. » Enfin : « C’est Dieu qui fait tout. Je n’ai rien. Je ne sais rien : tout appartient à Dieu. Il agit. Je suis l’enfant de Dieu. Je suis Dieu sous forme humaine. Lui et moi sommes un. Je suis atma-brahma. So’ham. Tattvamasi – Tu es cela. » C’est votre véritable identité.
Fermez les yeux et contemplez au dedans. Qui suis-je ? Demandez-vous pourquoi, bien que vous ayez un certain désir de Dieu, il n’est pas plus fort. Comment faire naître le plus profond désir de Dieu ? Il s’approfondit lorsque votre vie évolue entre l’état de disciple et celui de devotee, entre shishya et bhakta. Un devot de Gurudev est un disciple, Un disciple de Dieu est un devot. Pour réaliser que vous êtes un enfant de Dieu, il faut réaliser que vous êtes un devot de Dieu. Pour réaliser que vous êtes un devot de Dieu, vous devez être conscient d’être un disciple de votre maître, d’être un disciple de Gurudev. Pour réaliser que vous êtes un disciple de Gurudev, recherchez la solitude. L’isolement est le prix de la liberté. L’isolement est le prix de la grandeur. Réduisez vos relations avec les autres au minimum. La réduction des relations au minimum entraîne un accroissement maximum de la conscience. Restez conscient que vous êtes seul et sentez que les maîtres sont avec vous, que Dieu est avec vous.
En permanence, Dieu et les maîtres sont avec vous. A chaque instant vous êtes un disciple et un devot. A chaque instant vous êtes branchés sur les maîtres, sur Dieu. Si, à chaque instant, vous en êtes continuellement conscient, alors la bénédiction des maîtres vous apporteront la réalisation de la Vérité. Réalisez cette vérité que, grâce à ses bénédictions, vous êtes un enfant de Dieu. C’est ça la méditation. La méditation c’est être conscient qu’à chaque instant vous êtes un disciple. La méditation c’est la conscience constante d’être un devot. La méditation c’est réaliser à chaque instant que « Je suis un enfant de Dieu » ce qui n’est rien d’autre que la réalisation de l’Absolu. Essayez encore de plus en plus fort d’avoir le plus grand désir de Dieu. Contemplez de plus en plus. Soyez alerte. L’attention constante apporte la conscience de la vérité. Chit-satta, « Je suis conscient de mon existence éternelle en Dieu. Je suis conscient de l’éternelle existence de Dieu en moi. Je suis le père, le père est en moi. » C’est la vie divine. Cette vie n’est pas la votre, c’est la vie de Dieu.
Merci à tous. Que Dieu vous bénisse. Mon amour le plus profond à chacun d’entre vous.
Om AmenSutra 35
visayavati va pravrttirutpanna manasah sthitinibandhini
Siginification mot à mot
visayavati – des sens, objet des sens
va – ou, d’un autre côté
pravrttih – attachement, activité, relation
utpanna – né, apparaissant
manasah – du mental
sthiti – fermeté
nibandhini- utile, qui engage
Traduction
La fermeté du mental s’établit aussi au niveau des activités des sens supérieurs.
Commentaires de Shri Lahiri Mahasaya
Lorsque les sens, grâce à l’élévation du mental, acquièrent une connaissance supérieure et perçoivent l’odeur du divin, le gôut du divin, etc…, le mental atteint un état paisible.
Interprétation Métaphorique
Lorsque le chercheur s’absorbe dans la conscience supérieure, le souffle devient lent et faible. En même temps, le souffle se trouve naturellement retenu. Cet état, renforcé par les techniques spéciales du souffle telles que les maîtres nous les enseignent, aide le chercheur à purifier et apaiser son mental.
Pravitti signifie attachement mais a aussi une connotation spéciale et métaphorique. Pravitti, c’est à dire prakrista vritti est un état d’être particulier ou un art de percevoir particulier où le mental se tourne lentement vers Dieu au fur et à mesure qu’il se tranquillise et où le chercheur perçoit sa propre présence en tout. On perçoit alors la divinité partout. C’est alors qu’on dit visayavati c’est à dire que même dans les objets des sens on ressent l’amour et la divinité. Dès lors, les objets des sens, au lieu d’être la cause de l’attachement et de la distraction, deviennent un moyen d’atteindre le calme et la paix.
Dans cet état, de nombreux yogis ressentent le goût de la divinité, un goût exceptionnellement sucré et frais, sans prendre aucune nourriture ou peuvent sentir des odeurs merveilleuses sans aucune substance aromatique. On peut également entendre des sons mélodieux sans l’aide d’aucun instrument, ce qu’on appelle anahata nada, le son de l’immobilité.
Lorsque ce genre d’expériences naissent en soi, on atteint l’état de fermeté, de calme mental, qu’on appelle cittasya sthiti nibandhini c’est à dire que le mental est pétrifié. Il n’y a plus la moindre trace d’agitation.
L’utilisation de va dans plusieurs sutras est une merveilleuse expression d’emphase.
Oh chercheur ! Dieu t’as donné plusieurs organes des sens et les objets des sens correspondants. Ces organes des sens et ces objets des sens n’on pas pour but ta destruction ni ta perte. En dépit de l’agitation du mental, ne perd pas espoir. Va de l’avant. Pratique le contrôle du souffle. Apprend à ressentir et a reconnaître la présence de Dieu en tout et l’existence de tout en Dieu. Pratique ce que les maîtres enseignent. Prie sincèrement du fond du cœur. Ne perd pas de temps. Rien ne peut remplacer le travail acharné ni l’effort sincère. Lentement mais sûrement le succès t’enveloppera. Grâce à la pratique, l’attirance des objets extérieurs disparaîtra.
La Bhagavad Gita, Chapitre 17, Verset 16 et 17.
Vesrset 16
manahprasadah saumyatvam
maunam atmavinigrahah
bhavasamSuddhir ity etat
tapo manasam ucyate
Traduction
La tranquillité d’esprit, la gentillesse, le silence, la maîtrise de soi et la pureté parfaite des sentiments intérieurs, c’est ce qu’on appelle les austérités mentales.
Interprétation Métaphorique
Les gens essayent toujours de contrôler leur mental sans savoir comment s’y prendre. Les pensées naissent dans le lobe droit du cerveau et on parle avec le gauche. Pour contrôler parfaitement ses paroles et les rendre pures, il faut faire très attention à ses pensées. C’est par la pureté intérieure qu’on atteint le contrôle de la parole et du mental. Tout le monde devrait apprendre à contrôler son souffle, à pratiquer et à mener une vie spirituelle. La sérénité mentale et la paix intérieure en découleront.
On devrait être toujours content. Le contentement est un état de paix et de joie. Le contentement est une ouverture d’esprit. On se doit d’essayer, par la méditation profonde et une vie de conscience divine, d’être libre de toute qualité négative. On se doit de mener une vie de simplicité, de silence et de maîtrise de soi et ainsi avancer vers Dieu.
Le mental humain ordinaire pousse constamment à l’agitation.
Au lieu d’être un humble et bon serviteur, il devient un mauvais maître
et crée toutes sortes de problèmes. Mais lorsque les gens comprennent
que c’est par le contrôle du souffle qu’on peut contrôler le mental, il
deviennent capables de se maîtriser, de se contrôler et finalement
d’atteindre la réalisation du Soi. Lorsque l’agitation surviendra, ils
sauront comment retrouver la régularité du souffle et garder leur
langue à sa place pour calmer la pensée et contrôler
leurs paroles.
Dans cet état, ils seront libérés de tous leurs travers. Les cinq organes des sens venus de Dieu ne pourront plus les déranger. Par la pratique de la technique du Kriya Yoga, les gens peuvent atteindre un état d’introversion extrême, libre de toute tendance. Dans cet état, les gens peuvent méditer sur Dieu dans la paix et la joie sans fin.
Lorsqu’on parle de pureté intérieure de pensée et d’esprit, on parle d’une disposition naturelle à la bonté et à la divinité dans le silence et la maîtrise de soi manasa tapasya – la méditation silencieuse avec la langue élancée vers Dieu.
Verset 17
sraddhaya pa.ra.ya taptam
tapas tat trividham naraih
aphalakanksibhir yuktaih
sattvikam paricaksate
Traduction
Cette pénitence pratiquée à trois niveaux (le corps, la parole et le mental) avec la plus grande foi par les yogis qui n’attendent rien en retour est qualifiée de sattvic (spirituelle, bonne.)
Interprétation Métaphorique
Dans les trois versets précédents, le Seigneur parle en détail de la triple austérité (triple culte) : le culte rendu avec le corps, le culte rendu par la parole et le culte rendu mentalement. Tout chercheur sincère doit s’efforcer de maintenir la pureté de son corps, de son mental, de ses paroles et de ses actions en suivant les instructions contenues dans les versets précédents. Dans ce verset-ci, le Seigneur décrit comment on doit pratiquer cette pénitence : avec une foi suprême, sans rien en attendre, en union constante avec le Soi.
Si l’on médite très profondément en maîtrisant son corps, ses paroles et son mental, sans espérer obtenir quelque chose en retour comme les siddhis inférieurs (succès matériels), et si l’on fixe son attention à la fontanelle tout en pratiquant le souffle extrêmement lent et en marchant sur les pas du maître, on se libère progressivement de toute agitation matérielle et on entre dans le véritable état de vie spirituelle divine. On se libère des formes et des formalités et on se maintient dans l’état sans forme. Par la méditation profonde, on perçoit la lumière d’un blanc de lait recouvrant le monde entier et on atteint lentement le niveau de la réalisation.
C’est la véritable méditation désintéressée et spirituelle (sattvic tapasya).