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Extrait de l’Union du mardi 01 Mars 2005.
• Département - Aisne
Nécrologie : le père Courtois
l'amoureux de Vauclair
Le père René
Courtois est décédé hier à l'âge de 82 ans. C’était un historien et un poète
amoureux de l'abbaye de Vauclair.
C'EST l'une des
plus éminentes personnalités du département qui a disparu hier à Laon après
plusieurs semaines d'hospitalisation. René Courtois, âgé de 82 ans, jésuite et
archéologue belge originaire de la province du Luxembourg, s'était
particulièrement investi pour la sauvegarde de l'abbaye de Vauclair.
Elle avait été fondée par Saint-Bernard près du Chemin des Dames en 1134.
Historien et
poète
Le père
Courtois, ordonné en 1955 dans la compagnie de Jésus, y était arrivé en 1966.
« Je suis au service de ce site. C'est ma patrie » disait-il.
Dès le premier
regard, il était devenu amoureux de cette abbaye en ruine, martyrisée par les
bombardements de la Première guerre mondiale et alors envahie par de hautes
herbes et des ronces.
Ermite, vivant
près de ces pierres, dans une petite cabane de béton, il y avait dirigé des
fouilles en y attirant plusieurs générations de bénévoles.
Le savoir du
père Courtois était toujours teinté de bonhomie. C'était une figure joviale,
presque méridionale. Son tempérament et sa simplicité séduisaient souvent ses
interlocuteurs venus de tous les horizons. Ce personnage avait d'ailleurs été choisi
par Amalia Escriva comme
personnage principal de son film « Vallis
Clara »,. Ce documentaire, diffusé par plusieurs
télévisions françaises et étrangères, racontait ce lien particulier entre cet
homme de Dieu, solitaire, et puis l'ancien lieu de prières dévasté, l'abbaye de
Vauclair.
Le père
Courtois était également un spécialiste reconnu du Chemin des Dames. Son livre
publié par Tallandier, dans la série des guides
Historia, faisait encore autorité.
Avec lui, les
affrontements sanglants étaient décrits avec soin sous l'angle des fantassins,
des premières victimes. Le passé devenait alors étrangement vivant. René
Courtois était un fabuleux conteur. ll
savait ainsi évoquer avec malice les variétés des centaines de plantes
médicinales du jardin de Vauclair.
Fleurs et
vieilles pierres
Chevalier de la
Légion d'honneur, chevalier des Arts et Lettres, officier des Palmes
académiques, il préférait malgré tout la méditation spirituelle aux honneurs.
Cet homme
érudit était aussi un poète extrêmement inspiré. Il était d'ailleurs amoureux
de l'œuvre d'Apollinaire et rappelait ainsi l'une de ses phrases résolument
optimiste : « Jamais les crépuscules ne vaincront les aurores ».
Ses propres
vers rappelaient sa foi et puis son respect teinté d'affection pour l'abbaye de
Vauclair, un lieu où il avait souligné vouloir être
inhumé. Il remarquait à ce propos « L'Aisne, cette terre n'était pas la
mienne. Je l'ai choisie. Amoureux d'elle, j'aurai passé la moitié de ma vie à
la faire connaître aux Axonais eux-mêmes. Et si Dieu
le veut, j'aimerais qu'elle soit la terre où je puisse. reposer
avec mes arbres et mes oiseaux du Val de l'Ailette. Parmi les fleurs et les
vieilles pierres de l'abbaye de Vauclair. Au cœur de
l'Aisne ».
Thierry de Lestang-Parade
© L'Union de Reims 2002-2005
Extrait de l’Union du mercredi 02 mars 2005.
• Département - Aisne
Deux
inhumations pour le père Courtois
Les obsèques du père René
Courtois, décédé dans sa quatre-vingt-deuxième année à la maison de cure Les
Tuileries à Laon lundi dernier, seront célébrées samedi à 10 h 30 par
Mgr Marcel Herriot, évêque de Soissons, en l'église Notre-Dame de la Visitation,
de Bruyères-et-Montbérault.
Un provincial belge jésuite participera également à ce temps fort de prières et
de recueillement. L'inhumation provisoire aura lieu dans un caveau de Bouconville-Vauclair, avant une inhumation définitive à
l'abbaye de Vauclair prévue au printemps.
L'obtention des autorisations nécessaires est en cours pour parvenir au choix
de cet endroit de sépulture qui correspond pleinement aux vœux du père
Courtois.
Un jésuite cultivé
René Dosière, député, a tenu hier à saluer cette
personnalité axonaise : «Le décès du père
Courtois est une grande perte pour le département de l'Aisne. Pendant quarante
ans et jusqu'à son dernier souffle de vie, ce jésuite cultivé et plein d'humour
a consacré toutes ses forces aux habitants, en particulier ceux qui vivent à
proximité du Chemin des Dames, dont il était un connaisseur averti. Cet homme
de Dieu aura, par sa manière de vivre, exprimé sa foi, faite de confiance en
l'homme.»
Yves Daudigny, président du conseil général, a tenu
également à s'exprimer : «Ma première réaction, c'est beaucoup d'émotion. C'est
une très grande perte pour le département sur le plan intellectuel et moral. Il
va manquer une grande personne sur le Chemin des Dames.»
Par ailleurs, une réflexion est en cours au conseil général concernant l'abbaye
de Vauclair. L'édifice religieux appartient à
l'office national des forêts et le site est géré par le comité départemental du
tourisme.
T. de L.
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