La place et le rôle de la femme dans l'église locale |
I.
L'enjeu du débat |
||
1. Le lien de la tradition | 1. L'esprit de revendication | |
2. La Bible défigurée | 2. Les provocations | |
3. L'opportunisme |
1. Egalité et identité | 4. La domination et l'obéissance |
2. La supériorité et l'infériorité | 5. Droits et devoirs |
3. L'autorité et la soumission |
C. La restauration de la femme
1. Le règne de l'injustice | |
2. Changement de ton | |
3. Des textes symétriques | |
4. Des textes différenciateurs |
a. Le principe de la soumission |
b. Le signe de la soumission |
c. Les raisons de la soumission |
d. Les conséquences de la soumission |
a. Les veuves sans famille |
b. Les jeunes filles |
c. Les célibataires et les jeunes veuves |
d. Les chrétiennes mariées à des incroyants |
La
question des ministères féminins dans l'église est rarement abordée avec
la sérénité que mériterait un sujet aussi important. Beaucoup de docteurs
de la Parole semblent incapables de l'évoquer en faisant abstraction de
l'arrière plan féministe ou antiféministe, propre au milieu ecclésiastique
et culturel dont ils sont issus.
De
plus, pour certains d'entre eux, il est humainement impossible de rester
indifférents aux frustrations secrètes, voire aux revendications affichées
de leurs chères épouses. Personne ne songe à le leur reprocher, mais le
handicap exégétique subsiste, et la Bible a toutes les chances de devenir
l'alibi, plutôt que le solide fondement de la doctrine... Ce qui est beaucoup
moins excusable!
Pasteur
d'une église évangélique de province, je n'ai jamais été confronté à
cette délicate question, autrement que de façon académique. A défaut de me
conférer un quelconque crédit supplémentaire, cela me donne au moins le
recul nécessaire pour en parler, sans subir les pressions d'un quelconque
lobby ecclésiastique.
Tâche
ingrate, d'ailleurs, car en ne m'inscrivant pas d'entrée de jeu, dans le
parti des "pour" ou des "contre", je multiplie souvent le
risque de déplaire à tous, chacune des parties en présence ayant déjà des
convictions définitives. Or, ces opinions revêtent un caractère tellement
passionnel, qu'aucune argumentation biblique ne peut vraiment les ébranler.
Chaque
fois que j'ai participé à l'un ou l'autre séminaire sur ce sujet, j'ai été
navré de constater une absence quasi totale de dialogue entre les
interlocuteurs. Dans ces conditions, l'arbitrage de la Parole de Dieu que je
tentais de proposer, ne pouvait qu'être mal venu. Dès que cette médiation
ne se faisait pas partisane, et qu'elle se heurtait aux arguments des uns ou
des autres, elle ne rencontrait plus qu'un silence têtu.
Dès
lors, pourquoi m'obstiner au travers des pages qui suivent? Peut-être parce
que, dans le calme de la méditation personnelle, qui fait suite à l'orage
des débats publics, l'Esprit-Saint trouve souvent un terreau plus susceptible
de se laisser abreuver par la Parole de Dieu.
Sans
doute aussi, parce que je ne partage pas l'avis de plusieurs qui, voulant
apaiser les esprits, affirment que les deux points de vues peuvent se
justifier bibliquement. Si les deux thèses me paraissent contenir des vérités
complémentaires, je ne pense pas que la Bible dise des choses
contradictoires.
Mais, je ne prétends pas non plus, mettre un point final au débat.
J'aimerais seulement suggérer un avis, qui me semble équilibré et fondé.
Je l'espère susceptible aussi, de panser quelques-unes des trop nombreuses
blessures engendrées par cette douloureuse polémique.
N.B. Les parenthèses
contenant le signe = proposent une traduction littérale ou possible des passages bibliques
que je citerai.
Traditionnellement, dans nos milieux évangéliques,
la femme chrétienne est maintenue dans une totale dépendance de l'homme.
Et il faut bien l'admettre, quand on aborde la question des ministères
féminins dans l'église, beaucoup d'hommes commencent par dire ce que les
femmes ne peuvent pas y faire.
Aussi, les seules tâches qui s'offrent à leur zèle,
relèvent-elles du diaconat, pour ne pas dire des corvées de la communauté.
Les ministères de la Parole leur sont particulièrement fermés, sauf
aux enfants de l'école du dimanche et...
en terre de mission ! Cette dernière exception présente
d'ailleurs une connotation raciste qui n'échappera à personne.
Si la femme est inférieure à l'homme blanc, elle demeure supérieure
aux gosses et, curieusement, aux hommes de couleur.
Dès lors, comment s'étonner que les femmes
missionnaires en Europe, soient précisément les instigatrices de
revendications qui rejoignent leurs droits acquis sur tous les hommes évangélisés
en terre de mission ? Évidemment, cela implique un partage
"fraternel" de leurs privilèges avec les sœurs "évangélisées"...
Partage d'autant mieux venu que ces dernières se situent dans la
tradition des suffragettes ou des acquis de mai '68.
Comme
chacun s'en est rendu compte, les diverses opinions peuvent se regrouper
autour de deux pôles principaux. Les
uns font de l'Église une affaire d'hommes, où la femme ne peut trouver que
des rôles subalternes ou sporadiques.
Les autres prônent l'égalité de sexes et veulent abolir toute
distinction de fonctions ou de ministères, entre les hommes et les femmes.
S'il est vrai que les premiers cultivent avec
complaisance une tradition de "machos", les seconds répondent à ce
sexisme implicite, en puisant sans vergogne leur idéologie dans la tradition
du féminisme anglo-saxon. Les
positions de chacun étant fixées par deux traditions opposées, il ne faut
pas s'attendre à ce que la Bible puisse encore jouer un rôle déterminant.
Les deux camps vont s'en servir dans un duel
implacable, dont elle ne sortira pas grandie, puisque personne ne veut s'y
soumettre... Car aucun
n'est réellement prêt à remettre son point de vue en question, ni disposé
à retourner auprès de son église ou de sa femme en lui disant : Je me
suis toujours trompé ! Dès lors, comment parler encore "d'autorité
de la Bible", et de quel droit revendiquer le titre "d'évangélique" ?
Il est vrai que les "conservateurs" disposent de nombreux textes à l'appui de leur thèse. Mais que deviennent-ils après la lecture étriquée et restrictive dont ils sont l'objet ? Il est exact que la position des "féministes" relève d'un esprit plus conforme à l'amour de l'Évangile. Mais ils fondent leur opinion sur quelques textes rares dont l'interprétation alambiquée laisse pantois.
Et de fait, qu'ils soient d'un naturel courtois ou
vindicatif, les partisans des deux thèses opposées présentent souvent le même
défaut. Au lieu de rester
les humbles serviteurs de la Parole de Dieu, ils sélectionnent, utilisent et
parfois manipulent les textes de la Bible, dans l'intention de mieux démontrer
le bien fondé de leurs positions respectives.
Et cela avec une conscience d'autant meilleure, que chacun est persuadé
que sa "juste cause" est aussi celle du Seigneur !
Certes, les enseignements de la Bible peuvent êtres
différents dans la complémentarité, mais pas dans l'incompatibilité.
La Parole de Dieu ne peut dire à la fois une chose et son contraire.
En utilisant et retournant la Bible contre elle-même pour défendre
des opinions personnelles, ce débat ne concourt vraiment pas à glorifier le
Seigneur.
C'est ainsi que les premiers mettent l'accent sur les
passages qui rappellent l'autorité de l'homme sur la femme, justifiant ainsi
leur domination sur la femme, et son exclusion de toute charge quelque peu
valorisante. Les seconds préfèrent
les textes parlant des dons spirituels distribués à toute l'église, femmes comprises, bien sûr ! Mais ils oublient
que dans le corps, les membres n'ont ni la même fonction, ni la même
"gloire".
Les uns vont s'emparer d'une restriction (le
"silence" des femmes dans l'église),
pour en faire un postulat. Les
autres proclament la règle générale (les dons accessibles à tous les
croyants), mais ignorent les exceptions qu'elle pourrait présenter. Tous pratiquent donc la politique du tout ou rien.
Pas de place pour les nuances dans leur argumentation, pas plus que
dans leur interprétation.
Dans ces conditions, tout arbitrage visant une approche cohérente et harmonieuse du texte biblique risque d'être contesté à chaque intervention. J'en prends le risque.
Avant d'aborder le fond du débat, il me semble utile de rappeler que certains en sont exclus d'office.
L'esprit de revendication, surtout, rend tout chrétien,
homme ou femme, inapte au service divin.
Le fait que ces revendications soient justifiées ou non n'y change
rien. Pour s'en convaincre,
il suffit de relire dans la Bible tous les passages qui parlent des nombreuses
occasions où le peuple d'Israël tenta l'Éternel son Dieu par des
revendications qui, à vue humaine, semblaient parfaitement légitimes.
Cette regrettable disposition d'esprit disqualifie
surtout ceux et celles qui prétendent exercer leur autorité sur leurs frères
et sœurs dans l'église.
Je vois au moins quatre raisons à cela.
Dans l'Église comme ailleurs, avant de
"commander", il faut d'abord apprendre à obéir.
Jésus lui-même n'a pas échappé à cette règle, "ayant appris,
bien qu'il fût le Fils, l'obéissance
par ce qu'il a souffert". (Héb. 5.8)
De manière plus générale, tout croyant est appelé à devenir
"ambassadeur de Christ" auprès de ses frères, aussi bien qu'auprès
des autres hommes. On le
voit mal exercer son "ministère de réconciliation" dans un esprit
de revendication. L'absurde
a ses limites ! (2Cor. 5.18-20)
Ensuite, pour pouvoir s'exercer dans la liberté de
l'Esprit, il ne suffit pas qu'un ministère vienne de l'Esprit, il faut aussi
qu'il soit reconnu comme tel par l'église,
qui a le droit et le devoir de "contrôler" la pratique des dons
spirituels. (Act.
17.11; 1Cor. 14.28, 32; 1Thes. 5.19-21).
Ici encore, la pratique d'un don se révèle incompatible avec l'esprit
de revendication. Car par
nature, un don ne peut être imposé à l'église
par celui qui l'exerce.
Enfin et surtout, l'esprit de revendication se trouve
en totale contradiction avec le
principe du renoncement à ses droits.
Hors, ce principe spirituel est l'un des plus importants et des mieux
attestés de toute la Bible. Depuis
Abraham jusqu'à Paul, le fil
rouge de cette loi spirituelle traverse toute l'Écriture, laissant partout
des exemples remarquables : Moïse, Ruth, David et tant d'autres.
Abandonnant surtout à la contemplation et à l'imitation de notre foi
le merveilleux exemple de la "kénose" ou "dépouillement"
du Christ. (Phil.
2.4-11, 3.8-11, Mat. 16.24).
Je viens de dénoncer les dangers d'un esprit de
revendication dans l'église.
Mais, ces revendications sont souvent le fait de chrétiennes excédées
par les abus de pouvoir dont elles sont l'objet.
Dès lors, il ne pourrait être question de leur en faire porter seules
la responsabilité. Celle-ci
est à partager avec les responsables qui poussent certaines chrétiennes à pécher,
par une attitude dominatrice qui est tout aussi coupable et inacceptable.
(1Pi. 5.3).
Eux aussi s'attachent à leurs droits de "petits
chefs". Eux aussi défendent
ce qu'ils considèrent comme une chasse gardée.
Eux aussi sont indignes de leur rôle d'ambassadeurs de Christ.
Eux aussi devraient apprendre à se soumettre à la Parole de Dieu.
En conséquence, eux aussi se discréditent pour le ministère qu'ils
prétendent exercer.
Si certaines "féministes" et quelques alliés
masculins engagent le combat, c'est pour acquérir des droits qu'elles n'ont
pas. Si certains
"conservateurs" se battent, c'est pour conserver des droits acquis.
Il faut que les responsables masculins de l'Église
historique en général, et des églises évangéliques en particulier,
puissent faire preuve d'humilité et reconnaître que l'interprétation
transmise par la tradition ecclésiastique chrétienne leur convient très
bien. Il n'est pas pour déplaire à la gent masculine de nos
églises de penser que l'Écriture Sainte avalise complètement la domination
exercée sur les femmes depuis la nuit des temps.
En conséquence, il semble utopique de demander à
des théologiens "mâles" qu'ils se mettent à scier la branche sur
laquelle ils sont si confortablement installés...
A moins que quelques sœurs ne viennent les bousculer un tantinet et
que la crainte de tomber ne les contraigne à reconsidérer leur position.
Même si elles me paraissent maladroites et inacceptables dans leur
principe, force m'est de reconnaître que les revendications féminines ont eu
le mérite de secouer les responsables masculins dans leur coupable torpeur.
Et, si la communauté où je sers le Seigneur n'a pas
été atteinte par la vague féministe, je ne puis attendre son arrivée pour
réagir contre une théologie masculine opportuniste, qui porte atteinte à la
dignité des chrétiennes de nos églises.
Souvent très sommaire, cette théologie est d'autant plus pernicieuse,
qu'elle enferme nos mères, nos épouses et nos filles dans un sentiment
partagé de révolte et de culpabilité.
De révolte justifiée, parce qu'elles se sentent inféodées,
marginalisées et invalidées par
rapport aux ministères qu'elles pourraient exercer au bénéfice de la
communauté tout entière. Et
leur bon sens ne peut les laisser indifférentes devant un potentiel spirituel
pratiquement réduit de moitié dans chacune de nos églises du seul fait de
traditions manifestement obsolètes.
De culpabilité injustifiée, parce qu'elles se
mortifient à l'idée d'oser remettre en question, ne fut-ce que dans leur cœur,
une doctrine qui a toujours été assimilée à la Parole de Dieu Lui-même.
Selon le tempérament de chacune, la frustration des chrétiennes de
nos églises engendre une passivité résignée ou des revendications exacerbées.
Pour les responsables masculins, ces deux attitudes
servent souvent d'alibis à la nécessité de maintenir la domination des
"mâles".
Selon le cas en effet, ils considèrent que les
femmes sont incapables de vraies responsabilités ou sont fautrices de
troubles dans l'église. Le cercle infernal s'est mis en route, rythmé par le
tic-tac discordant de discussions qui ne servent plus qu'à ponctuer les
constats de désaccords.
Dans ces conditions, il est évident que les "cartons jaunes et rouges" que je viens de distribuer, n'ont qu'une valeur bien symbolique. Je n'ai pas l'intention d'arbitrer un match dont personne ne peut sortir vainqueur, surtout pas l'Église du Seigneur ! J'ai encore moins la prétention de dire aux uns : "vous avez tort !" et aux autres : "vous avez raison !" La seule proposition que j'aie à faire aux deux parties, c'est d'essayer d'oublier leurs préjugés réciproques pour se demander ensemble : "Qu'est-ce que Dieu pense de tout cela ?"
Comme je viens de le dire, il ne me paraît pas très opportun de continuer une discussion, où chacun des interlocuteurs oppose des textes bibliques à ceux proposés par l'adversaire. La Bible ne se contredit pas elle-même. Je ne conteste pas qu'il y ait une sorte de bipolarité dans ces textes, mais elle ne peut être discordante... Il faut donc envisager une approche qui permette l'intégration de ces deux pôles dans un concept harmonieux, plutôt que de conduire à une ségrégation spirituelle du texte biblique.
Il me semble d'ailleurs plus enrichissant d'envisager
la complémentarité des textes bibliques, plutôt que d'adopter une démarche
d'exclusion. La vérité
n'est pas toujours ceci ou cela, elle est souvent ceci et cela. Le raisonnement "binaire" des occidentaux ne rend
pas forcément justice à la logique des auteurs du texte sacré.
Dieu n'est pas un ordinateur !
Dans cette optique, il m'apparaît nécessaire
d'aller du général vers le particulier, en définissant d'abord les rapports
de l'homme et de la femme au sein de la nouvelle alliance.
En effet, cette relation doit être cernée, maîtrisée et acceptée
pour permettre une évaluation sereine de ses interférences sur les ministères
des croyants et des croyantes... Au
sein de l'église locale aussi
bien que dans les foyers, l'une n'étant jamais que la réunion des autres.
Cette démarche présente plusieurs avantages.
D'abord, elle réduit le risque d'opposer la Bible à elle-même, on l'a
déjà dit. Ensuite, elle
permet de dégager des lois et des principes généraux où peuvent s'inscrire
les prescriptions particulières et les exceptions éventuelles.
Car en faisant l'inverse, c'est-à-dire en généralisant certaines
particularités, les "conservateurs" versent dans un légalisme avoué
et les "féministes" dans un libéralisme camouflé. Enfin, une fois les principes bibliques dégagés du
texte, il devient possible de les actualiser et de les appliquer à la situation
propre à chaque église locale.
Finalement, au lieu d'aboutir à un climat de
revendication ou de compétition, cette démarche encourage une collaboration
dans le respect de la Parole de Dieu et dans l'estime réciproque. C'est du moins, ce que j'appelle de tous mes vœux !
"A mauvaise question, mauvaise réponse !"
D'entrée de jeu, certaines questions coupent court à tout dialogue, car la
seule réponse possible, c'est "oui" ou "non".
En effet, le plus souvent, on demande :
- La femme peut-elle prêcher dans l'église ? Ou
enseigner ?
- Peut-on nommer une femme au poste d'ancien ?
Ou la consacrer comme pasteur ? Etc.
Confronté à ce genre de questions, le croyant ne
peut répondre qu'en faisant appel à des opinions déjà acquises. Convictions qu'il ne pourra que s'efforcer de justifier
dans tout débat ultérieur, et qui deviendront des positions définitives.
Je sais que la crainte de "perdre la face" n'est pas un réflexe
très spirituel. Pourtant, j'ai pu constater qu'elle est une des
motivations les plus fréquentes. Autant
en tenir compte, si l'on désire sincèrement ouvrir un dialogue.
Personnellement, je préfère les questions qui
contraignent l'interlocuteur à donner de vraies réponses, c'est-à-dire des réponses
qui sont les fruits d'une réflexion et d'un dialogue.
C'est ainsi que l'on peut demander :
- Quels doivent être les rapports entre hommes et
femmes ? Dans leurs foyers ? Au sein de l'église ?
- Quels sont les dons ouverts à tous les croyants ?
Y en a-t-il qui soient réservés aux hommes ? Aux femmes ?
- Ces rapports peuvent-ils avoir une influence sur le
ministère de certains hommes ? De certaines femmes ?
En préambule à ce qui va suivre, il me faut préciser dans quel sens j'emploierai certains mots clefs. Car bien que ces mots puissent avoir plusieurs significations en français, je les utiliserai volontairement dans un sens restreint pour éviter tout danger de contresens. Tout d'abord, je distinguerai l'égalité de l'identité car, dire que l'homme et la femme sont égaux, ce n'est pas dire qu'ils sont identiques.
L'égalité implique que l'homme et la femme ont la même
nature : la nature humaine. Nier
l'égalité de tous les êtres humains, c'est accepter le racisme.
Et le "sexisme" est effectivement une forme de racisme.
Se basant sur certaines "malédictions" de
Dieu (contre la femme, contre Cham ou contre les juifs...), les chrétiens des
siècles passés avaient conclu à l'infériorité des femmes, des Africains et
des juifs. Pendant des siècles,
nos ancêtres ont trouvé dans cette théologie, pour le moins simpliste, les
alibis nécessaires pour justifier l'aliénation des femmes, l'esclavage des
noirs et l'antisémitisme.
En acceptant d'appliquer ces idéologies honteuses,
les croyants se considéraient comme la main de Dieu, accomplissant ses justes
châtiments envers des sous-produits de la race humaine.
Cela m'amène à affirmer le deuxième aspect de l'égalité qui est la même
valeur de tous les êtres humains. Il
n'y en a aucun qui vaille plus que l'autre.
Si la Parole de Dieu n'a pas attendu la charte des
"Droits de l'homme" pour le déclarer, il est regrettable que
l'Humanisme ait précédé le christianisme pour l'affirmer !
Même la Science reconnaît maintenant, que l'Humanité ne forme qu'une
seule race, car tous les hommes sont issus d'un même couple primitif...
Ce que la Bible affirmait depuis toujours !
Dans leur sens biologique, on devrait donc parler de "variétés"
humaines, plutôt que de "races" humaines.
Par ailleurs, la Bible met tout le monde sur un pied
d'égalité en affirmant que tous les humains sont pécheurs et qu'il n'existe
aucun juste parmi eux, pas même un seul.
Les êtres humains présentent donc tous la même valeur morale ou
spirituelle aux yeux de Dieu. Mais
au-delà des ressemblances, l'égalité n'exclut pas les différences.
Personne ne songe à nier qu'un homme est différent d'une femme, un
africain d'un européen, un adulte d'un enfant, etc.
L'identité
par contre, c'est l'absence de différences. C'est
donc l'égalité, plus d'autres choses...
Ces autres choses, je les définis comme une absence de différences
morphologiques et fonctionnelles. Non
pas que "la fonction crée l'organe", mais la fonction implique la présence
de l'organe qui lui est nécessaire pour s'exprimer.
Tout cela relève un peu de l'évidence.
La morphologie de l'Africain est parfaitement adaptée aux climats équatoriaux,
tandis que celle de l'Esquimau lui permet de vivre sur la calotte glacière.
La morphologie de l'homme répond à celle de la femme, en vue de leurs rôles
respectifs dans la procréation, etc.
Les différences "morphologiques" peuvent
aussi concerner l'être intérieur. C'est
ainsi, par exemple, que la psychologie de l'homme et celle de la femme se complètent
en fonction de leurs rôles parentaux respectifs.
Mais, même s'ils sont parfaitement égaux, l'homme et la femme ne sont
pas interchangeables, au niveau de leurs fonctions dans le couple et la famille.
On s'interrogera plus loin sur la question de savoir
si la Bible envisage une différence de fonctions au niveau spirituel, et donc
dans l'église. Autrement dit, si la femme et l'homme sont différents
physiquement et psychologiquement, le sont-il aussi spirituellement ?
En résumé, et en simplifiant, on pourrait dire que
la notion d'égalité met l'accent sur ce que les gens "sont", donc
sur leur valeur. Tandis que
la notion d'identité des gens met l'accent sur ce qu'ils "font", donc
sur leur fonction.
2.
La supériorité et l'infériori
La supériorité
et l'infériorité relèvent de l'inégalité, c'est à dire d'une différence
de nature ou de valeur. En général,
le racisme repose sur l'idée qu'il existe des races différentes au sein de
l'espèce humaine. Au siècle
passé, les théories transformistes avaient encouragé l'idée que toutes les
races humaines n'étaient pas arrivées au même degré d'évolution.
Il y avait donc des races supérieures et inférieures par nature.
Le racisme avait trouvé l'alibi "scientifique" qui allait
justifier l'antisémitisme et la prétendue supériorité de la race
"aryenne".
Dans la plupart des sociétés, les hommes ont littéralement
plus de valeur que les femmes. Le
scandale subsiste encore en occident, au niveau des salaires...
et même des indemnités d'assurances !
Mais en comparant la valeur des êtres humains, c'est
plutôt à leurs qualités que l'on pense, à leur potentiel intellectuel et
moral. Naguère,
beaucoup d'hommes pensaient encore que les femmes étaient moins
intelligentes qu'eux et même plus dépravées.
Ces thèses misogynes ont fait long feu, depuis l'accès des femmes aux
études supérieures... Du
moins, je l'espère !
N.B. : Dans le langage courant, on parle aussi de supérieurs et d'inférieurs, dans le cadre d'une hiérarchie, d'un ordre établi. La Bible attestant l'existence d'un ordre créationnel, on pourrait parler de la supériorité de l'homme sur la femme, dans ce sens-là. Je m'en abstiendrai cependant, dans la mesure du possible, pour éviter toute confusion avec l'usage péjoratif que je viens de dénoncer et qui est une offense à la dignité féminine.
3. L'autorité et la soumission
L'autorité et la soumission n'impliquent aucune différence
de nature ou de valeur. Celui
qui se soumet est l'égal de celui qui exerce l'autorité. La différence vient de la vocation. Ces personnes n'ont pas la même fonction au sein de
l'organisme envisagé, ni la même place au sein de la structure correspondante.
La raison d'être de ce rapport d'autorité et de soumission vise
uniquement le bon fonctionnement et la coordination de l'ensemble.
Le remettre en question, c'est introduire le désordre, l'anarchie et le
chaos.
La responsabilité de fixer les objectifs et les
moyens de les atteindre revient à celui qui exerce l'autorité. Mais cela implique une concertation avec ceux qui
exercent la soumission, car ceux-ci doivent comprendre les objectifs pour
contribuer à les réaliser dans les meilleures conditions.
Dans une chaîne d'autorités, les objectifs du chef
deviennent les objectifs personnels de ceux qui lui sont soumis, qui les
transmettent à leur tour à ceux qui sont sous leur autorité... Et ainsi de suite.
Autrement dit, les objectifs de la tête deviennent ceux de tout le corps
qui s'y conforme au mieux pour coordonner toute son action.
Dès lors, on comprend qu'autorité et soumission riment avec loyauté et
collaboration.
Il est bon de remarquer que par nature, l'autorité
est légitime. Soit parce
qu'on l'a reçue d'une autorité supérieure reconnue de tous, soit parce
qu'elle est associée à la fonction assumée, soit pour les deux raisons à la
fois. L'autorité du mari sur
sa femme, par exemple, a été décidée par Dieu, car a priori cela aurait
aussi bien pu être l'inverse. Par
contre, l'autorité des parents sur les enfants est naturelle, car elle est liée
à la fonction parentale.
Enfin, l'autorité des anciens dans l'église est, à
la fois, liée à la fonction de "surveillant", à l'investissement
venant de Dieu, et à la reconnaissance de l'église.
Mais nous vivons dans un monde plein de revendications, d'injustices et
d'ambitions. L'exercice d'un
pouvoir est donc bien loin d'y être toujours légitime. Lorsqu'il y a conquête du pouvoir, fusse par des voies
légales, on ne parle plus "d'autorité", mais de
"domination".
N.B. : La légalité, c'est la conformité à la loi. La légitimité, c'est la conformité à la justice. On peut être légitimement dans l'illégalité. Juridiquement, c'est le cas de la légitime défense, par exemple. Bibliquement, c'est quand il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Par contre, on peut être légalement dans l'illégitimité. Juridiquement, c'est le cas des faux bilans, des taxes injustes... Et l'on sait que Hitler avait conquis le pouvoir en toute légalité ! Bibliquement, c'est le cas du divorce et de l'avortement… Ce qui ne nous autorise pas à condamner qui que ce soit !
4. La domination et l'obéissance
Le caractère illégitime de la domination implique
deux conséquences immédiates.
Tout d'abord, la seule réponse favorable que la
domination puisse engendrer, c'est l'obéissance.
Certainement pas la soumission, puisque par définition, la légitimité
de la domination n'est jamais reconnue par les subalternes.
En effet, l'obéissance implique la stricte observance des ordres reçus,
sans plus... L'obéissance ne
s'attache qu'à "la lettre" du commandement.
Elle exécute les directives, mais sans excès de zèle superflu.
Par contre, la soumission implique le partage des
objectifs, dans lesquels s'inscrivent les ordres reçus...
La soumission s'attache à l'esprit du commandement.
Elle dépasse la directive, pour discerner l'objectif qui le sous-tend.
On pourrait dire que celui qui obéit n'est qu'un exécutant.
Tandis que celui qui se soumet est un collaborateur.
Cette différence est parfaitement confirmée par la
comparaison de Col. 3.18 (Femmes, soyez soumises à votre mari...) et Col.
3.20 (Enfants, obéissez à
vos parents...). Ces deux
textes montrent bien l'égalité des statuts qu'implique la soumission, et la
différence des statuts qu'implique l'obéissance.
Cela nous amène au deuxième problème soulevé par
la domination. A savoir que, n'étant
pas reconnue, la domination doit s'imposer par la force. Elle engendre donc un système extrêmement contraignant de
pressions morales et parfois physiques. La
domination transforme toute relation en rapport de forces.
Elle introduit la "loi de la jungle" dans les relations
humaines. Manger ou être mangé !
Dominer ou être dominé ! C'est pourquoi je l'ai définie comme une
perversion de l'autorité instaurée par Dieu.
Bibliquement, la recherche du pouvoir est toujours le fruit du péché
car le seul détenteur légitime du pouvoir, c'est Dieu !
L'autorité vise donc le bien d'autrui, en conformité
avec le plan de Dieu. Elle se
manifeste par la sauvegarde de l'harmonie au sein de la création, et par le
maintien de l'ordre établi entre ses créatures.
Par contre, la domination vise un intérêt égoïste, au mépris du plan
de Dieu. Elle se manifeste par
l'imposition d'un pouvoir personnel aux autres créatures, sans vrai souci de la
création.
La domination est fondée sur la force. Elle a le pouvoir de contraindre. C'est pourquoi, elle s'inscrit dans le désordre du péché et de la chute. L'autorité est fondée sur la légitimité. Elle prolonge la volonté de Dieu, au travers des droits qu'Il accorde. C'est pourquoi, elle s'inscrit dans l'ordre naturel de la création.
Mais il n'est point de droits sans devoirs, ni de
devoirs sans droits ! Si l'autorité implique le droit de prendre des décisions,
elle impose aussi le devoir de donner l'exemple.
C'est pourquoi, l'apôtre Pierre exhorte les anciens à "faire
paître le troupeau de Dieu... non
par contrainte, mais volontairement... non
en le dominant (= en le tyrannisant), mais en devenant les modèles du
troupeau". (1Pi.
5.3)
L'exercice de l'autorité ne se limite donc pas au
droit de décider et de diriger dans le cadre de certaines responsabilités.
Il s'étend au devoir d'être un modèle, particulièrement dans le
domaine de ces responsabilités. D'un
autre côté, la pratique de la soumission ne se limite pas au devoir de
partager les objectifs d'un responsable. La
volonté de les mener à bonne fin, implique le droit d'intervenir pour suggérer
des modifications, chaque fois que c'est nécessaire.
On comprend que l'ordre établi par Dieu puisse paraître
injuste à ceux qui doivent s'y soumettre, si leurs droits ne sont pas reconnus,
ainsi que les devoirs de ceux qui exercent l'autorité.
Car, si celui qui exerce l'autorité ne satisfait pas à l'obligation d'être
un modèle, son autorité s'en trouve invalidée.
Et, si son autorité ne perd pas sa légalité, elle perd bien sa légitimité.
Autrement dit, son pouvoir devient domination ! Domination qui ne
peut qu'être mal perçue par ceux sur qui elle s'exerce.
D'un autre côté, il arrive que la soumission soit
pratiquée à contrecœur ou dans un esprit légaliste.
Parce qu'on y est obligé, parce qu'il faut bien ! Dans ce cas, la
soumission est vécue comme une contrainte et devient de la simple obéissance.
Là où l'esprit de collaboration a disparu, il ne faut pas s'étonner d'être
ravalé au rang des subalternes et de se voir refuser le droit d'interférer sur
les décisions à prendre. L'harmonie,
d'un rapport d'autorité et de soumission s'inscrit donc dans une double préoccupation :
le souci de chacun d'assumer ses devoirs personnels, tout en reconnaissant les
droits de l'autre.
D'un point de vue chrétien, l'idéal bien sûr, sera
de pouvoir renoncer à ses droits, tout en continuant à assurer ses devoirs,
pour encourager l'autre à assumer les siens...
C'est dans le sacrifice de sa propre vie que le disciple rejoint par la
foi, l'amour parfait de son Maître.
"Ayez un même
amour, une même âme, une seule pensée. Ne
faites rien par rivalité ou par vaine gloire, mais dans l'humilité, estimez
les autres supérieurs à vous-mêmes. Que
chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi
ceux des autres". (Phil.
2.3-4)
Je l'ai déjà dit et répété, les ministères féminins
dans l'église s'inscrivent nécessairement dans le cadre des relations entre
hommes et femmes. Sinon, il
faudrait envisager des églises composées exclusivement d'hommes ou de femmes.
Ce qui ne déplairait peut-être pas à quelques rares amazones...
Mais ne médisons pas ! La très grande majorité des chrétiennes désirent servir le Seigneur en totale collaboration avec les chrétiens. Et puisqu'il est question d'étudier les ministères des femmes en particulier, il me semble opportun de commencer par considérer ce que la Bible dit des femmes en général.
La Bible nous révèle que la création de la femme se situe dans une perspective bien particulière du plan divin
1°
Genèse 1 : 26-28
"Dieu dit :
Faisons l'homme (= Adam) à notre image selon notre ressemblance, pour
qu'ils dominent sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du
ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur les reptiles qui rampent sur la
terre.
Dieu créa
l'homme (=Adam) à son image :
Il le créa
à l'image de Dieu,
Homme et femme
(= mâle et femelle) il les créa.
Dieu les
bénit et Dieu leur dit : soyez féconds, multipliez-vous,
remplissez la terre et soumettez-la."
N.B. : Au
sens strict, le mot "homme" est un nom propre : "Adam",
" Le Glaiseux", "Le Glébeux".
Au sens générique, c'est un nom collectif : "L'Humain",
"L'Humanité"... Remarquez
bien le passage du singulier au pluriel, et inversement
2°
Genèse 2 : 18-24
"L'Éternel
dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Je lui ferai une aide qui sera son vis-à-vis...
L'homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et aux
animaux des champs. Mais pour
l'homme (= pour Adam), il ne trouva pas d'aide qui fût son vis-à-vis.
Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme qui
s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place.
L'Éternel Dieu forma (= bâtit) une femme de la côte qu'il avait prise à l'homme et il l'amena vers l'homme. Et l'homme dit : cette fois, c'est l'os de mes os, la chair de ma chair. C'est elle qu'on appellera femme (= icha), car elle a été prise de l'homme (= ich). C'est pourquoi, l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair."
1°
1 Corinthiens 11 : 3-12
"Je veux
cependant que vous le sachiez : Christ est le chef (= la tête) de tout
homme, l'homme est le chef de la femme, et Dieu est le chef de Christ...
L'homme ne doit pas se voiler la tête, puisqu'il est l'image et la
gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l'homme.
En effet, l'homme n'a pas été tiré de la femme, mais la femme a été
tirée de l'homme; et l'homme n'a pas été créé à cause de la femme, mais la
femme à cause de l'homme.
C'est pourquoi
la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une autorité (= une
marque de l'autorité dont elle dépend). Toutefois,
dans le Seigneur, la femme n'est pas sans l'homme, ni l'homme sans la femme.
Car de même que la femme a été tirée de l'homme, de même l'homme naît
par la femme, et tout vient de Dieu
2°
Éphésiens 5 : 21-33
"Soumettez-vous
(N.B. :
La soumission est le contraire de la rivalité !) les uns aux autres dans la crainte (= dans le frémissement) de Christ.
Femmes, soyez
soumises chacune à votre mari, comme au Seigneur.
Car le mari est le chef (= la tête) de la femme, comme Christ est le
chef (= la tête) de l'Église, qui
est son corps et dont il est le Sauveur. Comme
l'Église se soumet au Christ, les femmes doivent l'être en tout, chacune à
son mari.
Maris, aimez
chacun votre femme, comme Christ a aimé l'Église et s'est livré lui-même
pour elle... De même, les maris
doivent aimer leur femme comme leur propre corps.
Celui qui aime sa femme s'aime lui-même. Jamais personne, en effet, n'a haï sa propre chair.
Mais il la nourrit et en prend soin, comme le Christ le fait pour l'Église,
parce que nous sommes membres de son corps.
C'est pourquoi, l'homme quittera (= laissera) son père et sa mère pour
s'attacher (= se coller) à sa femme, et les deux deviendront une seule chair...
Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari (= frémisse du mari).
a.
"pas bon"
Jusque là, Dieu avait trouvé "bon" tout
le résultat de son œuvre créatrice. Mais
la solitude de l'homme Lui pose un problème, dont la femme apparaît comme la
solution idéale. Faut-il anticiper
la suite et conclure que sans la femme, l'homme demeure imparfait, incomplet ?
Il est clair, en tous cas, que la solitude n'est pas bonne pour lui.
b.
"une aide"
L'expression paraît dévalorisante à bien des
femmes. Pourtant, elle met
d'avantage l'accent sur l'insuffisance masculine que sur une hypothétique infériorité
féminine. En effet, le mot "ézer" se traduit aussi bien par "aide" que par
"secours". Et, si la
femme est un secours pour l'homme, c'est surtout parce que l'homme ne peut pas
se passer de cette aide ! D'ailleurs, en tant qu'aide de l'homme, la femme
se trouve en bonne compagnie, puisque Dieu Lui-même se présente comme le
secours de l'homme. L'exemple le
plus connu est celui du nom donné à l'un des fils de Moïse, "Eliézer",
qui signifie "Mon Dieu est une aide, un secours".
(Ex. 18.4)
Pour la femme, être "une aide" pour
l'homme implique déjà une vocation différente.
La femme existe pour aider l'homme qui a lui-même besoin de cet aide.
A ce propos, Paul explique sans ambages que la femme existe par l'homme
en ce qui concerne sa création, et
pour l'homme en ce qui concerne sa vocation...
L'application immédiate qu'il en tire, c'est que l'homme est le chef de
la femme.
Je reviendrai à cette idée plus loin, mais le thème
de la soumission de la femme apparaît déjà maintenant, avant la chute, et il
est important de le souligner. Car
cette soumission n'est pas une conséquence de la chute, à laquelle il faudrait
remédier. Elle est bel et bien une
composante de la vocation féminine, telle que Dieu l'a voulue.
Cette autorité de l'homme sur la femme, avant la
chute, se manifeste au moins de deux manières.
Tout d'abord, c'est à l'homme que Dieu confie l'initiative et la
responsabilité de fonder un nouveau foyer.
("Leaving before cleaving !")
D'autre part, Dieu accorde à l'homme le droit de donner un nom à
tous les animaux créés. Mais
l'homme n'y "trouvant pas d'aide qui soit son vis-à-vis", Dieu doit
lui en "bâtir" une sur mesure, en quelque sorte...
Et la première chose que l'homme fait, c'est de lui donner un nom, en
l'appelant "femme". Or,
partout dans la Bible, le fait de donner un nom à quelqu'un, est un acte
d'autorité. Autorité de Dieu sur
sa créature, des parents sur leur progéniture, etc.
N.B. : Changer
le nom de quelqu'un, (on peut penser à Abram-Abraham, Saraïe-Sarah, Jacob-Israël,
Daniel-Bechatzar, les fils d'Osée, et même Simon-Céphas) c'est exercer un
pouvoir encore plus grand... C'est
une véritable souveraineté ! Suzeraineté
de Dieu sur ses serviteurs, du maître
sur ses esclaves, etc. Il faudra
donc revenir sur ce point quand la femme se verra appeler "Ève" par
son mari, après la chute.
Mais avant la chute, le nom que l'homme donne
à son vis-à-vis est un nom générique.
En effet, en hébreu, "femme" (on
devrait dire "hommesse" en français) est le féminin de
"homme"... C'est
donc le rapport unissant l'homme "mâle et femelle", au sein du couple
humain, qui se trouve ici défini de manière générale ! Cette soumission
de l'une, répondant à l'autorité de l'autre, est donc à inclure dans l'ordre
créationnel. Car il n'est pas de communauté organisée possible sans l'établissement
d'un ordre... Fut-ce dans le couple !
Celui-ci
n'est pas le simple accouplement de deux êtres égaux vivant côte à côte.
Il est l'union organique de deux partenaires ayant été créés l'un
pour l'autre, dans une parfaite complémentarité.
Avec pertinence, en même temps qu'avec humour, on a fait remarquer que
l'homme ne pourra jamais regarder la femme comme "sa chose", puisqu'il
dormait quand Dieu l'a créée
c.
"son vis-à-vis"
L'expression est aussi rendue par "qui lui soit semblable".
Ce vocable implique une égalité, non seulement de
nature, mais aussi de valeur, entre l'homme et la femme.
Mais le fait que la femme soit "vis-à-vis" de l'homme, et non
"côte à côte", implique une différence non seulement de forme,
mais aussi de vocation, entre les deux. C'est
plus qu'une simple collaboration. Il
y a dialogue entre eux. Il y a réponse
mutuelle aux besoins de l'autre... Autrement
dit, "oui" à l'égalité de l'homme et la femme, "non" à
leur identité !
Cela implique que l'autorité et la soumission ne
peuvent absolument pas être assimilés à des concepts de supériorité et
d'infériorité. Car parler de supériorité
et d'infériorité présuppose une différence de nature ou de valeur, alors que
l'autorité et la soumission n'impliquent qu'une différence de vocation ou de
configuration, au sein d'une même structure ou d'un même organisme...
En l'occurrence le couple humain ! Cela est tellement vrai, que même
dans la vie quotidienne, il n'a échappé à personne qu'un subordonné peut
avoir plus de valeur que le chef auquel il se soumet pourtant, par motif de
conscience, afin d'éviter tout désordre dans l'entreprise
d.
"une aide comme un vis-à-vis"
(T.O.B.)
J'aime
assez l'expression retenue par la "T.O.B.". Elle peut signifier que l'aide de l'homme lui servira de vis-à-vis
ou que le vis-à-vis de l'homme lui servira d'aide.
Ce faisant, elle réunit la double vocation de la femme, qui concerne
aussi bien ce qu'elle doit être (un vis-à-vis pour l'homme), que ce qu'elle
doit faire (aider l'homme)... Mais
surtout, l'expression accentue avec opportunité la complémentarité dans la
différence, et la différence dans l'égalité de l'homme et la femme.
Car "l'humain" (ou l'homme, dans le sens générique)
est double en soi. Il est à la
fois mâle et femelle, les deux se faisant vis-à-vis. Or, il est important de discerner la vraie complémentarité
que Dieu a inscrite dans cet "homme-double", ou si l'on préfère,
dans le "couple humain". Car
si la dualité existe par nature, du fait même de la création, tout
antagonisme, toute concurrence, toute compétition doivent en être totalement
absents par vocation. Ce serait
l'autodestruction du couple.
Dès lors, l'ordonnance de l'un des partenaires à
l'autre, s'impose comme une nécessité vitale à la bonne coordination et donc
à la survie du couple humain... Couple,
"que Dieu a uni", non à posteriori mais à priori.
Car dès sa création, "l'humain" est déjà "mâle et
femelle" et appelé à faire "une seule chair". Cela
implique que le couple constitue une seule entité, un même organisme aux yeux
de son Créateur.
Refuser le besoin d'une seule tête pour cet
organisme qu'est le couple humain, c'est envisager sa mutation en un monstre bicéphale !
Mutation létale comme la plupart de celles qui surviennent dans la
nature. Car à la différence de l'incroyant, le chrétien ne croit
pas que l'ordre jaillit naturellement du chaos.
Au contraire, il est convaincu que refuser l'ordre de Dieu, c'est
retourner au chaos. Ce refus ne
peut donc venir de la Bible, mais seulement d'un monde en rébellion contre son
Créateur.
Dès lors, il n'est pas étonnant de trouver dans les
premières lignes de la Bible les trois éléments qui définissent la nature,
la vocation et la structure du couple humain, à savoir :
- la similitude de sa nature et de sa valeur,
- la différence de sa vocation et de sa
configuration,
- l'ordre de sa structure et de son organisation.
L'autorité de l'homme et la soumission de la femme
doivent donc se répondre mutuellement pour que "l'humain", autrement
dit le couple humain, fonctionne en harmonie.
L'ensemble relevant de ce qu'on a appelé "l'ordre créationnel"...
Le Créateur ayant établi des lois pour la bonne marche du couple, comme
pour le bon fonctionnement de tout le reste
de l'univers.
Au travers de cette "mécanique bien ordonnée
et bien huilée", Paul rappelle que la vocation du couple lui-même est de
témoigner de l'amour unissant Christ à l'Église...
L'homme figurant le Christ, et la femme son Église.
L'Église
se composant d'hommes aussi bien que de femmes, les frères feraient donc bien
de se souvenir de la vocation "féminine" qui leur échoit aussi bien
qu'aux sœurs, en tant qu'épouse de Jésus-Christ. L'égalité
en Christ ne manquant pas d'un certain humour !
Hélas, l'homme et la femme ne goûtèrent pas longtemps l'harmonie que Dieu avait établie entre eux. Le péché allait bientôt introduire le désordre au sein du couple humain, y compromettant la nature, la vocation et la structure que Dieu avait mises en place.
1. Responsabilité de la femme.
a.
Le récit
Le serpent était
le plus rusé de tous les animaux... Il
dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas
de tous les arbres du jardin ? La femme dit au serpent : Nous mangeons
du fruit des arbres du jardin. Mais
quant aux fruits de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous
n'en mangerez pas et vous n'y toucherez pas, sinon vous mourrez.
Alors le serpent dit : Vous ne mourrez pas du tout ! Mais Dieu
sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme
des dieux qui connaissent (ou : "comme Dieu qui connaît") le
bien et le mal.
La femme vit
que l'arbre était bon à manger, agréable à la vue et propre à donner du
discernement. Elle prit de son
fruit et en mangea. Elle en donna
aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea."
b. Commentaires
de Paul
1° 1 Timothée 2 : 13-14
"Car Adam a été formé le premier, Ève
ensuite; et ce n'est pas Adam qui a été séduit (= abusé, dupé), c'est la
femme qui, séduite (= égarée), s'est rendue coupable de transgression."
2° 1
Corinthiens 11 : 3
"...
de même que le serpent séduisit Ève par sa ruse, je crains que vos
pensées ne se corrompent et ne s'écartent de la simplicité (et de la pureté)
à l'égard de Christ.
3° Romains
5 : 12
"...
par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché
la mort, et... ainsi la mort a passé
sur tous les hommes, parce que tous ont péché..."
c.
Implications
Les implications de ces quelques passages paraissent
évidentes. Ève n'a pas assumé sa
vocation d'aide pour l'homme et elle a inversé les rapports établis par Dieu
au sein du couple. S'il est vrai
qu'elle s'est laissée séduire par le Malin, il est aussi vrai que c'est elle
qui a séduit Adam. Ce faisant,
elle échappait à l'autorité, et donc à la protection de Dieu.
La
séduction utilise les faiblesses de l'autre, au lieu de l'aider à les dépasser.
En ce qui concerne sa vocation, Ève ne s'est donc pas montrée une aide,
mais un piège pour Adam. La séduction
est aussi une façon illégale d'exercer un pouvoir que l'on ne possède pas de
droit. C'est une manière détournée
de prendre l'initiative. Hors, dans
ce cas précis, l'initiative de la suite à donner aux propos du serpent
appartenait à Adam, non à Ève. En
jouant le rôle d'Adam, Ève a inversé l'ordre des rapports au sein du couple,
en même temps qu'elle évinçait l'autorité de Dieu au profit du Malin.
a. Promesse
et sanction de Dieu
1° Genèse 3 : 15-16
"Je mettrai une inimitié entre toi (le
serpent) et la femme, entre ta descendance
(= ta semence) et sa descendance (= sa semence) : Celle-ci t'écrasera (=
te visera) la tête, et tu lui écraseras (= tu lui viseras)
le talon.
Il (Dieu)
dit à la femme : Je rendrai tes grossesses très pénibles (= Je
multiplierai ta souffrance et ta grossesse).
C'est avec peine que tu accoucheras.
Tes désirs (se porteront) vers
ton mari, mais il dominera sur toi"...
2° Genèse
3 : 20
"...L'homme donna à sa femme le nom d'Ève
("havva" vient de "haya"
= vivre) car elle est la mère de tous les vivants."
b.
Commentaires de Paul
1° Galates
4 : 4
"...
Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une
femme, né sous la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, pour que
nous recevions l'adoption."
2° 1 Timothée
2 : 15
"Elle
sera néanmoins sauvée en devenant mère (= par l'enfantement), si elle persévère
(= si on persévère) dans la foi, dans l'amour, dans la
sanctification, avec modestie."
c.
Implications
La sentence divine envers la femme s'est vérifiée
immédiatement et tout au long de l'Histoire de l'Humanité.
Ève ayant failli dans sa vocation spirituelle,
Dieu la sanctionne dans sa vocation temporelle en rendant ses grossesses pénibles.
Ayant perverti l'ordre créationnel au sein du couple, elle va
subir les conséquences de cette perversion.
Dorénavant, l'autorité de l'homme va s'appesantir sur elle sous sa
forme pervertie, c'est-à-dire la domination.
Par contre, cette maternité à
la fois douloureuse et féconde devient le symbole de l'accomplissement du salut
promis par Dieu à l'Humanité. Cette
maternité annonce l'enfant qui naîtra d'une femme et qui, lui-même,
"enfantera" d'une Humanité rachetée dans les souffrances de la
Croix.
N.B. : C'est
l'interprétation qui a ma préférence, pour le texte difficile et diversement
interprété de 1Tim. 2.15.
Mais malheureusement pour elle, la femme va être
la première victime du désordre qu'elle a introduit dans le couple, car elle
va perdre son statut d'égalité avec l'homme.
Dorénavant, l'inégalité va empoisonner la complémentarité des
partenaires et leur différence fera rimer supériorité avec infériorité.
La domination de l'homme deviendra la réponse effective ou préventive
aux manœuvres de séduction de la femme.
Il est remarquable qu'avant même la fin de la
sentence divine, l'homme aille asseoir sa domination sur la femme en lui
assignant un nom : "Ève" ! Cette fois, ce n'est plus le nom
générique choisi pour l'aide que Dieu lui a donnée, mais c'est le nom propre
que l'homme décide d'attribuer à la mère de ses enfants.
C'est l'amorce du fossé qui ne cessera de se creuser entre l'homme et la
femme.
N.B.
: En se laissant séduire, Adam s'est soumis à sa femme, et donc au
Malin, plutôt qu'à Dieu.
Il n'a donc pas assumé son rôle de "leader" au sein du
couple. Sa responsabilité et sa
culpabilité en sont d'autant plus grandes.
D'ailleurs, c'est à lui seul que Dieu reproche d'avoir mangé du fruit défendu.
Adam se voit condamné à retourner au sol dont Dieu l'avait tiré.
Sol dont il devra tirer avec peine le pain nécessaire à sa vie de
chaque jour... C'est bien son
péché, et non celui d'Ève, qui a entraîné la perte de l'humanité.
Si je parle de la femme plus que de l'homme, c'est seulement pour ne pas m'écarter du sujet, non pour minimiser la faute de l'homme. Je ne voudrais pas donner la pitoyable impression d'accabler Ève pour innocenter Adam.
C.
La restauration de la femme
Il est notoire que, depuis la nuit des temps, la femme a toujours vécu dans un statut d'infériorité par rapport à l'homme. Et ce, quelles que soient les époques, les sociétés ou les continents envisagés... A quelques rares exceptions près !
Dans l'Ancien Testament, la loi de Moïse
confirme la supériorité de l'homme sur la femme.
Non seulement dans leurs relations, mais aussi au niveau de leurs droits,
puisque la femme n'y jouit jamais de la majorité légale, religieuse ou
juridique. C'est ainsi par exemple
que la polygamie est permise, mais que la polyandrie est assimilée à l'adultère.
Seul l'homme se voit permettre la répudiation.
La stérilité est toujours attribuée à l'épouse et l'expose aux pires
humiliations. Etc.
Au temps de Jésus et des apôtres, la situation ne
s'est pas améliorée. La femme se
trouvait toujours sous la tutelle de son père, de son mari ou de son fils aîné.
Et si cela était vrai dans le judaïsme, ce l'était
encore bien plus dans le monde gréco-romain où le père exerçait un
despotisme absolu sur la cellule familiale, comparable à celui des intégristes
musulmans de notre époque, par exemple.
D'autre part, dans le monde gréco-romain, il faut
savoir que la notion de "pater familias" implique l'idée de
"puissance", bien plus que de "paternité".
En Grèce d'ailleurs, on entrait dans la famille aussi bien par adoption
que par naissance. Le père conservait un droit de vie ou de mort sur ses
enfants qu'il pouvait aussi bien vendre comme esclaves qu'offrir en sacrifice
aux dieux.
A Rome, chaque nouveau-né était soumis à la
reconnaissance du "pater". Selon
son bon plaisir, l'enfant était accueilli dans la famille ou abandonné à une
croisée de chemins. Dès lors, on
comprend que le mariage ne pouvait être autre chose qu'un contrat passé entre
les deux pères... Toute la vie de
famille tournait autour du culte des ancêtres.
Chaque mort devenait un dieu qui faisait le bonheur
ou le malheur des siens, selon l'hommage ou le dédain dont il était l'objet.
Seules les offrandes de ses descendants lui étaient agréables.
Il fallait donc multiplier les précautions pour s'assurer une postérité,
tout en initiant les étrangers au culte domestique.
Tous les aspects de la cérémonie du mariage tournaient autour de cette
nécessité. Il fallait initier la
jeune mariée au culte de sa nouvelle famille, pour qu'elle puisse engendrer la
postérité nécessaire au culte des ancêtres.
L'autre but du mariage était de fournir des citoyens
et des soldats à la communauté. Le
célibat était considéré comme un crime contre la famille, en même temps
qu'un crime contre la société. Platon
avait même suggéré qu'après 35 ans, les hommes célibataires doivent payer
une taxe annuelle ! Dans le monde antique, la finalité du mariage était
donc essentiellement patriotique et religieuse.
N.B. : Cela
explique peut-être pourquoi il pouvait paraître déshonorant à certains pères
de ne pas marier leur fille, une fois passé l'âge nubile.
(1Cor. 7.36)
A l'époque des apôtres, ces idées étaient
un peu affaiblies mais restaient sous-jacentes.
Ainsi dépourvu de tout charme domestique, on comprend que le mariage ait
souvent été considéré comme une corvée.
Le premier effet du mariage était de mettre la femme sous l'autorité
juridique du mari qui devenait son "maître".
A Rome, le mariage plaçait même littéralement l'épouse "sous la
puissance de son mari"...
N.B. : Ceci
peut expliquer l'étrange expression employée par Paul lorsqu'il parle d'une
"femme en puissance de mari" (Rom.
7.2). En fait, cette formule
juridique propre au droit romain est tout simplement synonyme de "femme
mariée" comme l'ont compris la plupart des traducteurs.
La femme sans dote était le plus souvent réduite
à dévorer ses affronts et sa douleur, car elle se trouvait à la merci du
despotisme de son mari qui, à tout moment, pouvait la répudier par ces
terribles paroles : "Dehors, femme !"
Si le droit romain accordait moins de protections aux
femmes que la juridiction grecque, les mœurs et la tradition populaire leur en
rendaient bien davantage.
Car les romains se faisaient une idée assez élevée du mariage
qu'ils considéraient comme "le mélange de deux vies".
Mais surtout, la dot apportée par la femme pouvait lui garantir certains
pouvoirs, liés à sa richesse. Comme
en témoigne cette sentence : "La femme sans dot est au pouvoir de son
mari. Les femmes dotées sont des
fléaux et des bourreaux pour leurs époux"...
Il n'y a vraiment rien de nouveau sous le soleil !
Ne bénéficiant d'aucune "capacité"
juridique reconnue, la femme mariée ne jouissait pratiquement d'aucun droit,
sauf dans sa maison où la femme était la maîtresse absolue.
C'est ainsi qu'à Rome, à l'instant de franchir le seuil de sa nouvelle
demeure, l'épouse adressait à son mari ces paroles sacramentelles :
"Là où toi tu es maître, moi je vais être maîtresse".
Même les intendants ne pouvaient supplanter son autorité sur le
personnel et les esclaves. C'était
elle qui administrait toutes les dépenses du ménage.
Et les poètes grecs ne manquaient pas de glorifier "la bonne épouse
qui est le salut de la maison"... Ce
qui n'est pas sans rappeler certains passages des Proverbes.
Le divorce était inconnu dans l'antiquité grecque.
Cependant, il devint de plus en plus fréquent à l'époque classique, la
dot demeurant la seule garantie de solidité du mariage.
Concernant le divorce, il existait deux procédures et deux mots différents,
selon que l'initiateur du divorce était le mari ou la femme.
Si c'était le mari, on parlait de "renvoi" ou de "répudiation".
Cette décision était abandonnée aux caprices du mari, et n'exigeait
aucune formalité, sinon parfois la présence de témoins.
Si c'était la femme, on parlait "d'abandon" ou de "délaissement",
mais la femme ne pouvait agir seule. Car
le divorce devait être prononcé par l'archonte, seulement sur requête écrite
et fondée sur de bonnes raisons. Cette
démarche était d'ailleurs l'objet de l'hostilité publique...
N.B. : Il
paraît intéressant de remarquer que Paul applique aux hommes le vocable réservé
aux femmes ( "aphièmi" = quitter, laisser), mettant ainsi l'accent
sur leur égalité... en même
temps qu'il dénonce le caractère illégitime du divorce.
(1Cor. 7.11-13)
Dans l'antiquité romaine, les femmes devaient
supporter sans se plaindre les frasques de leurs maris qui, le plus souvent, ne
les avaient épousées que pour des raisons d'intérêt matériel. De son côté, l'adultère des épouses était puni de mort.
Mais plus tard, quand les Romains commencèrent à négliger les cérémonies
des noces (la "coemption" ou bien la "confarréation"), le
divorce devint chose banale. L'incompatibilité
d'humeur était le prétexte le plus fréquemment allégué de part et d'autre.
La femme pouvait répudier son mari, aussi bien que
l'inverse, en prononçant cette simple formule : "Adieu, emporte ta
fortune, et rends-moi la mienne". Regrettant
l'abandon des anciennes lois, Sénèque disait même : "Maintenant, il
est des femmes qui ne comptent plus les années par les consuls, mais par leurs
maris". Ne dit-on pas la même
chose de certaines actrices aujourd'hui ?
En Palestine, la sécurité de la femme n'était pas mieux assurée au sein du couple, puisque les juifs pouvaient user, et même abuser, de la permissivité de la loi mosaïque en matière de divorce. En effet, cette loi permettait au mari de renvoyer sa femme s'il découvrait chez elle "quelque chose d'inconvenant" (= "la nudité d'une chose")... Expression énigmatique qui ouvrit la porte à de multiples interprétations rabbiniques, en même temps qu'à maints abus masculins. Rappelons que si le mari pouvait répudier sa femme, l'inverse n'était pas concevable, l'initiative d'une séparation n'appartenant qu'au mari. (Deut. 24.1 et Mat. 19.10)
Il
faudra attendre Jésus, pour voir la femme revalorisée. Le Seigneur s'est toujours attaché à rendre toute leur
dignité aux femmes qu'il côtoyait, leur parlant avec respect et affection,
quel que soit leur statut social et moral.
Sans doute est-ce l'une des raisons qui poussaient beaucoup de femmes à
le suivre avec les autres disciples. Faut-il
rappeler leur rôle de premières "évangélistes" puisqu'elles furent
les premières chargées du message de la "bonne nouvelle" de la résurrection !
A plusieurs reprises, il suscita des réactions
hostiles chez ses auditeurs masculins, et même chez ses propres disciples, en
leur rappelant que la femme n'est pas un bien de consommation mis à la
disposition de l'homme. Mais qu'au
contraire, elle est son vis-à-vis, son "alter ego", cette "moitié"
égale et complémentaire, indispensable à la constitution du couple humain,
tel que Dieu l'a voulu.
Après Jésus, Paul s'est appliqué à préciser le
statut et le rôle des chrétiennes, dans leurs foyers aussi bien que dans l'église. Son état de "célibataire endurci" lui a cependant
valu une réputation défavorable et beaucoup de commentateurs l'ont décrit
comme un personnage misogyne et phallocrate.
Cette attitude démagogique présente sans doute l'avantage de s'attirer
les bonnes grâces des dames en général, mais pas celles qui ont lu Paul avec
un peu plus d'attention. Car, quoi
qu'en pensent certains, l'apôtre Paul marche dans les voies de son Maître et
s'applique toujours à tenir des propos "égalitaires" quand il parle
des devoirs réciproques des hommes et des femmes.
Il me paraît impossible de bien comprendre les
textes du Nouveau Testament qui parlent de la femme si l'on néglige la finalité
strictement spirituelle des propos de Jésus ou des apôtres après lui.
Il est vrai qu'en s'étendant dans le monde, la foi chrétienne est appelée
à modifier la société. Mais elle le fait en transformant le cœur des hommes, non en
changeant les systèmes politiques ou les lois sociales.
Car, dans le cadre de cette "dispense",
le règne de Jésus se limite au domaine spirituel.
Il ne s'étend pas au domaine temporel.
Son but est de restaurer la relation perdue entre l'Homme et son Créateur.
La restauration de l'ordre mondial et cosmique est clairement associée
à la seconde venue du Seigneur.
Il est d'ailleurs notoire que Jésus a déçu tous
ses "partisans" lorsqu'ils ont compris qu'Il n'avait aucune ambition
politique. De même, l'apôtre Paul
recommande constamment de se soumettre aux autorités, aussi bien qu'aux lois
nationales quand elles ne s'opposent pas aux principes divins.
En fait, la logique de la foi, c'est que tous les systèmes politiques
sont bons si le cœur des hommes qui les appliquent est
bon. Et tous les systèmes sont
mauvais si les cœurs sont mauvais. Car
en recherchant la transformation de l'être intérieur, le christianisme
ne vise pas les conséquences du mal (les injustices), mais ambitionne de
neutraliser la cause du mal (le péché).
Dès lors, il ne faut pas s'étonner de ce qu'aucun
enseignement du Nouveau Testament ne s'en prenne directement aux systèmes en
place... Même pas aux injustices
sociales évidentes comme la pratique de l'esclavage ou l'assujettissement des
femmes ! La méconnaissance de
ce principe explique sans doute les interprétations contradictoires dont sont
l'objet les textes qui vont suivre. Pour
notre part, il ne nous faudra jamais perdre de vue la "bipolarité" de
tout cet enseignement.
D'une part, la libération intérieure offerte par la
foi chrétienne, aussi bien quant au péché qu'à ses conséquences.
D'autre part, le respect des structures sociales existantes dans
lesquelles la foi chrétienne est appelée à s'inscrire "en
douceur"... quitte à les
modifier progressivement et par l'intérieur.
Pour les esclaves et pour les femmes de l'antiquité, cela impliquait
qu'en Christ ils étaient égaux avec leur maître ou leur mari.
Mais socialement, ils étaient invités à se soumettre aux lois de leur
pays et, donc, à accepter avec patience leur statut d'infériorité ou de
tutelle. A charge pour leur maître
ou leur mari chrétien de les libérer de ce joug dans la mesure où les lois le
permettaient.
Tout ceci plaçait la femme chrétienne dans une
situation d'une complexité extrême. Spirituellement,
elle était libérée de la domination du mari, conséquence du péché, mais
devait lui rester soumise en conformité avec sa vocation "créationnelle".
Socialement, elle demeurait sous la tutelle juridique de son mari pour ne
pas contrevenir aux lois de son pays. En
privé, elle jouissait de la liberté et de l'égalité retrouvée en Christ.
Contexte dans lequel sa soumission s'inscrivait en réponse à la
protection et à l'amour de son mari.
En public, elle devait respecter les habitudes
sociales en vigueur pour ne pas devenir une pierre d'achoppement, par ses vêtements,
ses propos et sa tenue en général. Dans
l'assemblée, sa situation était particulièrement délicate, puisqu'elle
devait concilier sa liberté en Christ avec la soumission à son mari et la
contrainte des usages sociaux.
C'est dans cette optique que nous devons demeurer si
nous ne voulons pas nous égarer dans de lamentables contresens !
C'est aussi dans cette perspective que nous devrons "décanter"
les textes qui suivent pour les appliquer aux femmes de notre époque.
Car si l'on peut "évacuer" le politique (la tutelle de la
femme) et le social (la tenue de la femme), on a le devoir de conserver précieusement
le spirituel (l'égalité de la femme et sa soumission au mari). Telle sera, en tout cas, la règle de mon étude.
1°
Matthieu 19 : 4-6
"N'avez-vous
pas lu que le Créateur, au commencement, fit l'homme et la femme (= les fit mâle
et femelle) et qu'Il dit : C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa
mère et s'attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair.
Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni."
2°
1 Corinthiens 11 : 11-12
"Toutefois,
dans le Seigneur, la femme n'est pas sans l'homme, ni l'homme sans la femme.
Car de même que la femme a été tirée de l'homme, de même, l'homme naît
par la femme, et tout vient de Dieu."
3°
1 Corinthiens 7 : 2-5
"...
Que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari.
Que le mari rende à sa femme ce qu'il lui doit, et de même la femme à
son mari. La femme n'a pas autorité
sur son propre corps, mais c'est le mari. Et,
pareillement, le mari n'a pas autorité sur son propre corps, mais c'est la
femme. Ne vous privez pas l'un de
l'autre, si ce n'est momentanément d'un commun accord, afin d'avoir du temps
pour la prière. Puis retournez
ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence."
4°
1 Corinthiens 7 : 10-11
"...
Que la femme ne se sépare pas de son mari...
Et que le mari ne répudie pas (= n'abandonne pas) sa femme..."
5°
Matthieu 22 : 30
"Car
à la résurrection, les hommes ne prendront pas de femmes, ni les femmes des
maris (= ils ne se marient pas, ni ne se donnent en mariage), mais ils seront
comme les anges de Dieu dans le ciel."
6°
Galates 3 : 28
"Il
n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni
homme ni femme (= ni mâle ni femelle), car vous tous, vous êtes un en Christ-Jésus."
7° 1
Pierre 3 : 7
"...
Maris, vivez avec votre femme... Honorez-les
comme cohéritières de la grâce de la vie..."
Tous ces passages attestent bien le statut d'égalité
avec l'homme, dont la femme jouit dans le cadre de la nouvelle alliance.
Rien ne la distingue plus de l'homme, ni quant à sa nature, ni quant à
sa valeur. On peut donc parler
d'une authentique restauration de la femme, dans le statut qui était le sien
avant la chute. Et l'on peut dire
que "la foi chrétienne a fait sortir les femmes de l'enclôt du temple et
de derrière les grilles des synagogues où le judaïsme les avait cloîtrées".
Mais les femmes de la période néo-testamentaire
n'avaient pas attendu l'avènement du christianisme pour revendiquer leurs
droits ancestraux. Au sein de la
culture gréco-romaine, des signes de contestation commençaient à se
manifester et ouvraient la porte à des formes de "féminisme"
comparables à celles de notre époque : revendications égalitaires, port
de coiffures et de vêtements masculins, etc.
Comme dans l'Église d'aujourd'hui, les femmes de l'Église
primitive avaient parfois tendance à confondre leur "liberté en
Christ" avec les droits revendiqués par les féministes du monde païen.
Et de fait, les chrétiennes jouissaient d'une égalité avec l'homme
inhabituelle et, pour tout dire, exceptionnelle à cette époque.
Certes, la victoire sur le péché, acquise par Jésus,
incluait la délivrance de la domination masculine qui faisait de la femme un
objet. Mais dans l'Église, cette
abolition de la loi du mâle va parfois trop loin et donne lieu à des exagérations.
Car délivrées de la domination de leur mari, certaines chrétiennes prétendent
aussi rejeter l'autorité que Dieu avait accordée à l'homme lors de la création.
A plusieurs reprises, les apôtres devront rappeler
que l'égalité en Christ ne permettait pas de gommer les différences qui
subsistent en Christ, telles qu'elles existaient avant la chute. Et que cette volonté d'identité avec l'homme risque d'entraîner
les femmes chrétiennes à refuser et à rejeter leur spécificité, leur
vocation "créationnelle".
Pour les chrétiennes, la tentation était grande de
s'identifier aux femmes émancipées du monde païen. En croyant se reconnaître en elles, les chrétiennes
confondaient la "libération spirituelle" avec "l'émancipation
charnelle"... Comme elles,
elles refusèrent toute soumission à un mari, elles rejetèrent le voile, signe
de cette sujétion, elles se firent couper les cheveux et s'habillèrent en
hommes.
Confronté à de telles attitudes, l'apôtre Paul va se trouver contraint de rappeler les principes spirituels qui doivent régir les rapports entre maris et femmes au sein de l'Église de Jésus-Christ. Car en Christ, et de par leur création, hommes et femmes n'ont pas la même vocation. Pour elles, assumer cette vocation en Christ fait aussi partie de la restauration de leur statut créationnel.
a.
Le principe de la soumission
Ce retour au statut qui était celui de la
femme lors de la création implique une restauration de l'ordre établi par Dieu
avant qu'il ne soit compromis par le désordre du péché.
La soumission de la femme s'inscrit donc dans son programme de
sanctification, en même temps qu'elle lui permet de dépasser la malédiction
afférente au péché d'Ève.
1°
1 Corinthiens 11 : 3
"Je
veux cependant que vous le sachiez : Christ est le chef (= la tête) de
tout homme, l'homme est le chef de la femme, et Dieu est le chef de
Christ."
Il existe donc un modèle naturel, établi par
le Créateur, définissant des rapports qui doivent s'inscrire dans l'ordre
suivant :
Dieu ð
Christ ð l'homme ð
la femme
C'est dans cette "hiérarchie" des
fonctions au sein du corps de Christ, l'Église, que la soumission de la femme
à son mari va se situer plus précisément.
N.B. : C'est
aussi le moment de se rappeler ce qu'on a dit de "l'autorité" et de
la "soumission" au début de cette étude.
2°
Éphésiens 5 : 21-29
"Soumettez-vous
les uns aux autres dans la crainte de Christ.
Femmes, soyez
soumises chacune à votre mari, comme au Seigneur.
Car le mari est le chef (= la tête) de la femme, comme Christ est le
chef (= la tête) de l'Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur.
Comme l'Église se soumet au Christ, les femmes doivent l'être en tout,
chacune à son mari. Maris, aimez chacun votre femme, comme le Christ a aimé l'Église
et s'est livré lui-même pour elle... De
même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps.
Celui qui aime sa femme, s'aime lui-même.
Jamais personne, en effet, n'a haï sa propre chair.
Mais il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l'Église."
3°
Tite 2 : 3-5
"...
Les femmes âgées... doivent
donner de bonnes instructions afin d'apprendre aux jeunes femmes à aimer leur
mari et leurs enfants... à être
soumises chacune à son propre mari, afin que la Parole de Dieu ne soit pas
calomniée (= blasphémée)."
4°
1 Pierre 3 : 1a
"...
Femmes, soyez soumises chacune à votre mari..."
5°
Colossiens 3 : 18
"Femmes,
soyez soumises chacune à votre mari, comme il convient dans le Seigneur."
6° Éphésiens
5 : 33
"Du
reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme
respecte son mari."
Tous
ces passages montrent à l'évidence qu'en Christ, la femme est libérée des
conséquences du péché (la domination de l'homme), mais elle retrouve sa
vocation "d'aide pour l'homme", vocation qui implique sa soumission.
Cette soumission s'inscrit dans celle que tout croyant doit à son
Seigneur. Seulement, en ce qui concerne la femme, cette soumission
passe par son mari... Tout comme
l'autorité du mari prolonge l'amour de Christ pour son épouse.
C'est
donc comme occupant des places différentes au sein d'une même chaîne d'amour
que l'homme et la femme doivent considérer leur rapport d'autorité et de
soumission. L'un n'a pas moins de
devoirs que l'autre, ni plus de droits... L'homme
a besoin de la femme, comme la femme de l'homme.
Ils sont deux maillons différents, à des places différentes, mais
devant présenter la même valeur, la même solidité, pour ne pas affaiblir la
chaîne d'amour établie par Dieu, entre Lui et l'Humanité.
Dieu ð Christ
ð l'homme
ð la
femme
En fait, à partir de Christ, il
faudrait considérer que cette chaîne d'amour se divise en autant de "chaînettes"
qu'il y a de familles chrétiennes. Le
père de famille étant le "chef" de chacune de ces chaînettes ou la
"tête" de chacun de ces "corps" familiaux, l'ensemble
formant l'Église.
Dieu
ð Christ
ð le père
ð la mère
ð les enfants
Quand on prend l'image du corps, la solidarité réciproque
apparaît comme encore plus nécessaire. La
tête ne peut rien commander, qui soit nuisible aux membres, sans se nuire à
elle-même. De même, les membres
ne peuvent se désolidariser de la tête, sans courir à leur propre perte. L'autorité
de l'une et la soumission des autres concourent à leur bien-être réciproque
ainsi qu'au bien-être de l'ensemble. Telle
est bien la volonté de Dieu pour la famille chrétienne.
Si
l'image de la chaîne met l'accent sur l'ordre créationnel, celle du corps met
les fonctions réciproques en évidence. C'est
ainsi que la notion d'autorité est indissociable de celle de protection.
Dans la Bible, aussi bien dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament, la
femme, "sexe plus faible", se trouve toujours sous l'autorité certes,
mais surtout sous la protection d'un homme :
- de son père, si elle n'est pas mariée,
- de son mari, si elle est mariée,
- de son fils aîné, si elle est veuve.
Il est d'ailleurs remarquable que Jésus Lui-même,
ait entériné cette structure familiale, alors qu'il agonisait sur la croix.
En effet, avant de quitter cette vie, Jésus, le fils aîné de Marie
prend soin de placer sa mère, veuve de Joseph, sous la protection de Jean, le
disciple qu'Il aimait. (Jean 19.26-27)
Mais peut-être est-ce le moment de rappeler le
statut de la femme dans le monde gréco-romain de l'époque néo-testamentaire ?
A cette époque, le statut de la femme athénienne était pratiquement celui de
la plupart des femmes en Grèce, à part les spartiates.
Le premier effet du mariage était de mettre la femme sous l'autorité
juridique du mari, qui devenait son "maître".
Juridiquement d'ailleurs, la femme était considérée comme une mineure,
pendant toute sa vie. A titre d'exemple, elle ne pouvait pas s'engager financièrement
pour une somme supérieure à la valeur de cinquante litres d'orge.
Au décès
du mari, elle avait son fils aîné pour maître ou son plus proche parent ou le
mari choisi par le défunt avant sa mort. Tout
semble indiquer que Jésus, et les apôtres après Lui, adoptent la structure
familiale de leur époque, et la donnent comme modèle à l'Église… en
partie, du moins. Il ne faudrait
pas en conclure, en effet, qu'ils approuvent aussi le statut d'infériorité qui
était celui de la femme dans cette structure...
Pas plus que la domination du "pater familias" d'ailleurs !
Nous l'avons longuement démontré plus haut, dans le
cadre de la nouvelle alliance, la "soumission" n'implique en rien
"l'infériorité". Si le
Nouveau Testament enseigne la soumission de la femme à son mari, il ne
l'enferme jamais dans une forme quelconque de minorité juridique, morale ou
spirituelle.
On verra maintenant comment la femme ne doit pas "passer au-dessus" de l'autorité dont elle dépend pour se placer directement sous l'autorité d'une tierce personne... Mais en contre partie, on peut s'attendre à ce qu'aucune autorité extérieure ne puisse imposer son pouvoir à une femme, sans l'approbation de l'autorité qui la protège. Cela risque de bouleverser les prérogatives que s'octroient certains anciens, pasteurs et autres responsables !
Pour
comprendre ce qui suit, il faut peut-être rappeler la façon de s'habiller
qu'avaient les femmes de l'antiquité grecque.
Leurs vêtements se composaient de trois pièces,
dont la première était facultative.
-
Le "chiton", sorte de chemise ou de tunique courte.
-
La robe ou tunique longue et plissée.
-
Le manteau qui faisait aussi office de châle quand la femme le relevait
sur l'arrière de la tête.
-
On peut y ajouter le "calyptra" qui était un voile transparent
que les femmes portaient souvent sur la tête pour se protéger du soleil et
qu'elles ramenaient sur le visage quand elles ne voulaient pas être reconnues.
Les vêtements étaient généralement de couleurs
unies et très sobres. Une honnête
citoyenne n'aurait pas voulu être confondue avec les courtisanes qui étaient
souvent originaires d'Asie Mineure et portaient des habits bariolés et couverts
de broderies dorées.
Les romaines portaient à peu près les mêmes vêtements
en y ajoutant de nombreuses variantes, selon les époques :
-
La tunique, vêtement de dessous en laine ou en lin.
-
La "stole" ou longue robe blanche.
-
La "palla", ample manteau qui enveloppe tout le corps ou :
-
La "ralla", manteau de gaze claire et légère.
-
Le "ricinium", pièce d'étoffe carrée qui se portait comme un
voile ou une écharpe, moitié sur la tête, moitié sur les épaules.
L'ancienne coutume défendait aux romaines de sortir
la figure découverte. Mais plus
tard, quand elles se voilaient une partie du visage, c'était plutôt pour éveiller
la curiosité des passants.
Chez les juives, le voile était une sorte de châle,
porté un peu comme le "tchador" des musulmanes aujourd'hui, soit
tombant de chaque côté du visage, soit ramené sur le bas de la figure.
En certaines circonstances (comme le mariage), et à certaines époques,
il semble que la femme ait aussi porté un voile plus ou moins transparent sur
le visage. Cela expliquerait que
Jacob n'a pas découvert la substitution d'épouse dont il fit les frais !
1° 1
Corinthiens 11 : 3-6
"Christ
est le chef de tout homme, l'homme est le chef de la femme... Tout homme qui prie ou prophétise la tête couverte déshonore
son chef. Toute femme, au
contraire, qui prie ou qui prophétise la tête non voilée
(= dévoilée) déshonore son chef : c'est comme si elle était rasée.
Car si une femme n'est pas voilée, qu'elle se coupe aussi les cheveux.
Or, s'il est honteux pour une femme d'avoir les cheveux coupés ou d'être
rasée, qu'elle se voile."
2°
1 Corinthiens 11 : 13-15
"Jugez-en
vous-mêmes : est-il convenable qu'une femme prie Dieu sans être voilée ?
La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour
l'homme de porter de longs cheveux, mais que c'est une gloire pour la femme d'en
porter. En effet, la chevelure lui
a été donnée en guise de voile (= de manteau)."
La clef de ces passages est dans la première
phrase… Paul se contente de prendre acte d'une hiérarchie établie par Dieu
Lui-même et il en tire simplement les conséquences qui s'imposent au bon sens
(... si l'on se rappelle qu'à
cette époque le port du voile signalait la dépendance d'une autorité).
L'homme, qui dépend directement de Christ, peut
s'adresser à Lui ou parler en son nom la tête nue.
Pour l'homme, se couvrir la tête signifierait qu'il accepte une autorité
étrangère entre le Christ et lui. Ce
serait déshonorer Christ ! La
femme, par contre, a reçu son mari comme autorité intermédiaire entre Christ
et elle. Hors, quand elle prie,
elle s'adresse directement à Dieu ou à Christ, en passant
"au-dessus" de son mari. De
même, quand elle prophétise elle parle au nom de Dieu en passant une fois
encore "au-dessus" de son mari.
N.B. : La
"prophétie" dont Paul parle ici consiste à énoncer un oracle de
Dieu de manière spontanée et sous l'impulsion directe de l'Esprit.
Il ne faut pas confondre cette pratique avec la prédication qui n'est
prophétique que dans le sens général de "parler de la part de
Dieu". Dans ces passages, Paul
utilise toujours le mot "prophétiser" dans son sens étroit.
Il faut bien admettre que, du fait de leur
caractère spontané, la prière et la prophétie ne se prêtent pas à
l'approbation préalable du mari comme c'est le cas pour d'autres "activités"
spirituelles. Lors de
l'enseignement public, par exemple, la femme est invitée à poser ses questions
à son mari à la maison, plutôt que de passer au-dessus de lui, en les posant
directement au "docteur" dans l'assemblée.
(1Cor. 14.35)
Mais concernant la prière et la prophétie, cela
n'est évidemment pas possible. Dès
lors, deux interprétations s'offrent à nous qui finissent cependant par se
rejoindre. Tout d'abord, on peut
regarder la prière et la prophétie comme deux "activités" qui échappent
à l'autorité du mari. Le port du
voile signifierait alors : "Ce
n'est pas parce que je parle directement à Dieu ou de sa part que je conteste
l'autorité de mon mari. En toute
autre circonstance, c'est bien lui le chef de notre foyer."
D'autre part, on peut aussi considérer les prières
ou les prophéties prononcées par l'épouse comme relevant de l'autorité
spirituelle du mari. Dans ce cas,
le port du voile signifierait : "Voici
ce que j'éprouve le besoin de dire à Dieu ou de sa part, mais je soumets ces
paroles à l'approbation de mon mari ! Car c'est lui qui est l'autorité
spirituelle que Dieu a placée entre moi et Christ."
Personnellement, je trouve cette dernière approche
plus conforme à la logique de ce que j'ai appelé une "chaîne d'autorité
spirituelle"... Mais je n'en
ferais pas un dogme ! Car en pratique, on imagine bien que cette
"soumission" soit toute de principe, le silence de l'époux tenant
lieu d'approbation. Sauf pour une
faute très grave, on voit mal un mari désapprouvant publiquement la prière ou
la prophétie de sa femme. Concernant
la femme et son mari, cette notion de "qui
ne dit mot consent", était déjà annoncée par tout le chapitre
trente des Nombres. Si une femme
prononçait un vœu et que le mari gardait le silence il était aussi engagé
par le vœu de sa femme. S'il désavouait
sa femme le jour même, le couple était délié de l'engagement contracté par
l'épouse.
Mais revenons à l'Église chrétienne primitive.
Pour la femme, refuser de porter le voile, c'était proclamer la
disqualification de son mari en tant que chef du foyer.
C'était déshonorer son mari, en contestant la validité de l'autorité
placée par Dieu entre le Christ et elle. A
première vue, ces dispositions peuvent laisser croire que Paul ratifie le
statut de minorité légale et morale qui était celui de la femme dans
l'antiquité. Mais, il n'en est
certainement rien puisque Paul est convaincu qu'en Christ, la femme est l'égale
de l'homme.
En fait, Paul semble plutôt se référer à la
vocation particulière de la femme lors de la création.
Celle-ci n'aiderait guère son mari en affichant publiquement ses
divergences d'opinion avec lui. Elle
risquerait au contraire de l'enfermer dans une prise de position publique et définitive,
alors qu'une discussion privée avec son mari lui permettrait de corriger d'éventuelles
erreurs, sans l'humilier publiquement.
N.B. : Il
faut noter que la logique de Paul ne s'inscrit pas dans la tradition juive de
l'Ancien Testament. Car comme ceux
d'aujourd'hui, les juifs d'alors se couvraient la tête d'un turban, d'un châle
de prière ou d'un calot pour prier ou lire la Torah. De plus, les "nazirs", comme Samson ou
Jean-Baptiste, ne se coupaient pas les cheveux en signe de dépendance totale
envers Dieu. L'enseignement de Paul
en la matière ne peut donc pas être qualifié de "judéo-chrétien"…
Encore que les gravures datant de la Réforme nous montrent nos ancêtres
calvinistes assistant au culte la tête couverte de larges chapeaux !
Pour
les hommes, l'habitude chrétienne de se découvrir en entrant dans une église
est donc relativement récente et a provoqué une inversion de la symbolique...
Interprétée comme un signe de respect envers Dieu, la pratique s'est étendue
et les hommes ont pris l'habitude de témoigner leur déférence en se découvrant
devant leurs supérieurs... et
devant les dames ! Ce qui
n'est pas le moindre des paradoxes.
Mais au-delà de toute cette symbolique, le rôle
premier du voile ne peut être complètement oublié.
Bien qu'ici Paul semble plutôt mettre l'accent sur le port des cheveux
longs. Le fait d'utiliser ses
cheveux comme un voile naturel est associé à la pudeur naturelle de la femme
qui réserve le bénéfice de ses charmes à son seul mari. En devenant la gloire de son mari, la femme renonce
ostensiblement à séduire tout autre homme que le sien.
Telle est bien la fonction du voile dans toutes les sociétés où il fût
imposé aux femmes mariées. Certes,
on pourrait y voir une approbation de la jalousie masculine ou de l'instinct de
propriété des mâles... et l'on
ne peut encourager ni l'une ni l'autre.
Le nouveau Testament a préféré en faire une
manifestation de pudeur de la part des femmes chrétiennes.
En particulier dans l'église
où il serait vraiment mal venu qu'une femme fasse usage de ses charmes naturels
pour donner plus de poids à ses paroles. La
séduction étant, comme on l'a montré plus haut, un moyen détourné d'exercer
l'autorité. Il faut donc que l'extérieur
de la femme (la pudeur du voile) soit en harmonie avec l'intérieur de son cœur
(l'esprit de soumission).
Il serait d'ailleurs tout aussi déplacé qu'un homme
cherche à imposer sa volonté par la force, fut-ce par la contrainte morale.
Car en Christ, l'homme n'a pas plus le droit de dominer que la femme n'a
celui de séduire. Chacun doit donc
satisfaire à sa vocation dans un esprit d'amour et de service réciproque.
(Gal. 5.13)
Enfin, certains ont vu dans le voile un signe de
l'alliance entre l'époux et l'épouse et, par extension, entre le Christ et l'église. Sans être formellement attestée, cette image attire précisément
notre attention sur le caractère aléatoire de toute symbolique.
En effet, un symbole n'a de sens que lorsqu'il est compris.
Autrement dit, un symbole s'intègre toujours dans une culture, voire une
civilisation bien déterminée. En
dehors de celle-ci, il perd toute signification.
C'est comme s'il était nul et non avenu puisqu'il se vide de tout
contenu.
Concernant le port du voile, on est légitimement en
droit de s'interroger sur sa nécessité là où il ne symbolise pas la
soumission de l'épouse à son mari. Et
de fait, lorsque l'on impose cette pratique en dehors de son contexte culturel,
il est l'objet de divers contresens. C'est
ce que l'on peut noter dans diverses communautés chrétiennes où les femmes
pensent devoir se couvrir la tête par respect pour Dieu. Peut-être s'empresseraient-elles de l'arracher si elles en
connaissaient la véritable signification ! D'autant plus qu'en certaines
circonstances on peut constater un détournement des usages.
C'est ainsi que dans l'antiquité, certaines
coquettes se voilaient le visage non par pudeur, mais pour accroître leur séduction
en s'entourant d'une aura de mystère. De
même, à notre époque, il arrive que le port de cheveux longs et pendants
comme un voile soit perçu comme faisant très "mauvais genre", et
comme une manifestation d'impudeur plutôt que de pudeur.
Inversement, il semble bien que l'habitude pour les hommes de se découvrir
en présence d'une dame était à l'origine un signe d'autorité et non de
respect ou de galanterie !
Il me semble donc que tout dogmatisme en la matière
se place en porte-à-faux par rapport à l'enseignement du Nouveau Testament.
Aussi bien pour condamner celles qui ne portent pas de voile, que pour dénoncer
celles qui en portent un. Car
l'essentiel n'est pas le port ostentatoire d'un symbole devenu aléatoire, mais
la réalité spirituelle qui est vécue dans les foyers et dans l'église
locale. Ce qui importe, c'est
l'acceptation du principe de la soumission par les chrétiennes et leur
disponibilité pour l'extérioriser chaque fois que l'opportunité s'en présente.
Personnellement, il ne me paraît pas primordial de
le faire par un voile qui a perdu toute signification symbolique dans notre société.
Cela ne m'empêche pas de comprendre le souci d'authenticité que peuvent
avoir les croyants qui veulent conserver ce symbolisme dans l'église.
Je m'interroge cependant sur l'authenticité d'une
pratique qui n'est pas l'expression spontanée du vécu des croyantes, mais le
fruit d'un dogme qui leur est imposé !
Si ce n'est par motif de conscience, pour ne pas offenser des frères
plus faibles dans la foi, le voile ne me semble donc pas pouvoir être plus
imposable aux femmes que la circoncision aux hommes.
N.B. : Dans tout le chapitre cinq de Matthieu, Jésus s'emploie à élever l'ordonnance légale au niveau du principe spirituel. Par ailleurs, Jésus est mort pour nous affranchir de la Loi et notamment de la circoncision. (Gal. 5.1) Le voile serait-il la seule survivance légale de la nouvelle alliance ? Certes non ! Il me semble qu'ici encore, il nous faut faire preuve de maturité en dégageant le principe spirituel (la soumission de la femme) de son contexte historique (le port du voile) pour l'appliquer à notre époque avec un maximum de discernement.
c.
Les raisons de la soumission
Plusieurs motifs sont déjà ressortis des
passages étudiés jusqu'ici. Explications
qui doivent obligatoirement être tempérées par le contexte pour ne pas dévaloriser
l'image de la femme chrétienne.
1°
Genèse 2 : 18
"L'Éternel
Dieu dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Je lui ferai une aide qui sera son vis-à-vis."
La femme a été créée pour être "une
aide" pour l'homme. Cela
n'exclut pas le dialogue ni même la discussion.
Cela n'implique pas l'absence d'initiatives ou de responsabilités
importantes. Cela n'interdit pas
des rapports d'égal à égal pour se fixer ensemble des objectifs et les moyens
de les atteindre. Cela signifie
seulement qu'en cas de divergence, l'opinion du mari l'emportera sur celle de la
femme. Cela ne signifie d'ailleurs
pas qu'elle soit la meilleure. Simplement,
Dieu a tranché pour éviter des conflits qui s'éterniseraient en paralysant
toute action au sein du couple. Le
conflit étant, dans tous les cas, la plus mauvaise solution.
2°
1 Corinthiens 11 : 7-12
"L'homme
ne doit pas se voiler la tête puisqu'il est l'image et la gloire de Dieu,
tandis que la femme est la gloire de l'homme.
En effet, l'homme n'a pas été tiré de la femme, mais la femme a été
tirée de l'homme. Et l'homme n'a
pas été créé à cause de la femme, mais la femme à cause de l'homme. C'est pourquoi, la femme, à cause des anges, doit avoir sur
la tête une marque de l'autorité dont elle dépend (= la femme doit avoir un
pouvoir sur la tête à cause des messagers).
Toutefois, dans le Seigneur, la femme n'est pas sans l'homme, ni l'homme
sans la femme. Car de même que la
femme a été tirée de l'homme, de même l'homme naît par la femme, et tout
vient de Dieu."
Si la femme existe pour glorifier l'homme,
celui-ci n'est pas une finalité en lui-même, car il n'existe que pour
glorifier Dieu. Dans cette
perspective, la femme n'est pas un simple "faire valoir" pour l'homme,
puisqu'en finalité c'est Dieu qu'elle est appelée à glorifier au travers de
son mari. Tirée de l'homme, la
femme a été créée pour l'homme. Faut-il
en conclure qu'elle n'existe que par lui, que pour lui ?
La formule paraît dure si l'on oublie le degré d'inachèvement de
l'homme créé dans sa solitude. Imperfection
qui avait mis en évidence son besoin d'une "vis-à-vis semblable à
lui".
Dès lors, la femme ne doit pas être prise comme la
"boniche" de l'homme, mais son indispensable "alter ego",
celle qui vient s'unir à lui pour former cette entité physique, morale et
spirituelle qu'est le couple humain. Aux
yeux de Dieu, comme à ceux de Paul d'ailleurs, l'un ne va pas sans l'autre :
"l'humain" n'existe pleinement que sous sa forme "mâle et
femelle". Si la femme est
soumise à l'homme, c'est donc dans un lien d'interdépendance totalement réciproque.
3°
1 Corinthiens 11 :10
"C'est
pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de
l'autorité dont elle dépend."
Voilà une raison qui n'a pas fini de faire
couler de l'encre ! Certains y
voient une allusion à Gen. 6.4, "époque
où il y avait des géants sur la terre après que les fils de Dieu furent venus
vers les filles des hommes, et qu'elles leur eurent donné des enfants"...
Loin
d'éclairer le mystère, l'explication en ajoute un autre.
Et même si l'on assume le caractère plutôt prosaïque de l'argument,
on ne peut oublier que Jésus présente les anges comme asexués (Luc 20.36).
Dès lors, pourquoi les femmes devraient-elles voiler leurs charmes à
ceux qu'on assimile un peu trop vite aux "fils" de Dieu ?
Pour moi, le "c'est
pourquoi" qui commence la phrase la rattache à ce qui précède et
sous-entend l'idée suivante : Dieu n'a pas été créé à cause des
anges, mais les anges à cause de Dieu. Autrement
dit, le couple humain qui est appelé à symboliser la soumission de l'Église
envers Christ ne peut constituer une incitation à l'insoumission des anges
envers Dieu.
S'agissant des anges, ce ne sont pas les cheveux qui
leur ont été donnés en guise de voile naturel (et donc en signe de
soumission), mais bien les ailes... Car
dans la vision d'Esaïe 6.2, les séraphins avaient six ailes, dont deux pour se
couvrir la face devant la gloire de Dieu. Et
les passages de Es. 14.12-14 et Ez. 28.14-17 nous révèlent que
certains anges n'ont pas craint de relever la tête pour se rebeller contre
l'autorité divine.
Or, n'oublions pas que c'est le prince de ces anges déchus,
Satan lui-même, qui vint tenter Ève en Eden.
Une chrétienne affichant une attitude insoumise ne constitue pas
seulement une incitation à l'insoumission pour les anges fidèles, elle risque
aussi, même involontairement, de "faire un appel du pied" aux anges déchus...
Ce qui ouvre la porte à tous les dangers !
N.B. : L'interprétation
qui suggère que les anges déchus (ou démons) puissent succomber physiquement
à la séduction féminine en prenant possession de corps humains (via les
possessions démoniaques) me paraît relever de phantasmes aussi graveleux que
moyenâgeux… Elle présuppose, en effet, une libido particulièrement active
et triviale chez des êtres célestes que Jésus nous présente comme asexués.
4°
1 Corinthiens 11 : 14-15
"La
nature elle-même ne nous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour l'homme
de porter de longs cheveux, mais que c'est une gloire pour la femme d'en porter ?
En effet, la chevelure lui a été donnée en guise de voile."
On l'a déjà dit, les cheveux sont le voile
naturel que la femme à reçu de son Créateur, comme instrument de sa pudeur.
Ainsi voilée, la femme met volontairement en oubli le pouvoir de ses
attraits. Appâts qu'elle pourrait
être tentée d'utiliser comme un puissant bras de levier, pour imposer sa
volonté aux hommes en général et à son mari en particulier.
C'est un peu comme si la femme voilée disait : "Je
renonce à séduire qui que ce soit !
Je ne veux pas réitérer le péché d'Ève, notre mère"...
5°
1 Timothée 4 : 7
"Mais
repousse les fables profanes, contes de vieilles femmes."
6°
2 Timothée 3 : 6-7
"Il
en est parmi eux qui s'introduisent dans les maisons et qui captivent certaines
femmes (= "petites femmes", dans le sens péjoratif de "femmes
de petite vertu") chargées de péchés et agitées par des passions variées.
Elles apprennent toujours, sans pouvoir jamais arriver à la connaissance
de la vérité."
Voilà des passages qui paraissent bien peu
flatteurs pour les chrétiennes ! Versets qui ont servi d'arguments, pour
justifier un pseudo-enseignement de Paul, sur l'infériorité des femmes.
En fait, c'est plutôt certaines traductions, et l'usage qu'en font
certains chrétiens, qu'il faut condamner.
Car, par leur manipulation indigne de la Parole de Dieu, ils se rangent
précisément au rang des hommes que Paul condamne dans ce passage !
En réalité, l'expression "contes
de vieilles femmes", sous la plume de Paul, n'est pas plus péjorative
que l'expression "histoires de bonnes
femmes", telle que nous l'employons aujourd'hui.
Certes, l'étymologie de l'expression est misogyne de toute évidence...
Mais pas son usage dans le langage courant.
Les femmes l'utilisent, d'ailleurs, aussi bien que les hommes.
Il est donc très vraisemblable que Paul l'utilise sans aucune arrière
pensée... d'autant
moins qu'au chapitre suivant, il encourage sans ambiguïté la piété
filiale qui est due aux veuves.
Le deuxième passage qui parle des "femmes de petite vertu" ne se démarque pas spécialement
du contexte. Dans celui-ci, Paul dénonce
les hommes sans scrupules qui utilisent l'Évangile à des fins personnelles.
Il ne fait donc aucune ségrégation en englobant hommes et femmes dans
une même critique.
N.B. : Mais
rassurons nos sœurs : "l'esprit
faible et borné" que Louis Second (version 1910) s'était senti
autorisé d'ajouter au texte original n'est pas plus l'apanage des femmes que le
fait "d'apprendre sans jamais connaître"...
Les hommes s'y entendent aussi très bien !
Sur ce point précis, Paul écarte d'ailleurs tout quiproquo, en
choisissant l'exemple de deux hommes dans l'ancienne alliance.
Toutefois, dans nos traductions, ces qualificatifs dévalorisants appliqués
à des femmes illustrent bien la misogynie dont les chrétiennes furent victimes
au cours des siècles et pour laquelle nous devons leur demander pardon
aujourd'hui !
Par contre, on donne parfois une dernière
raison à la soumission des femmes qui relève plus de la psychologie que de
l'exégèse... Encore qu'on puisse
la rattacher à 1Tim. 2.14, déjà cité.
Ce passage affirme que "ce
n'est pas Adam qui a été séduit, c'est la femme qui, séduite, s'est rendue
coupable de transgression".
En général, on considère que la femme a une
conduite plus intuitive que l'homme… L'intuition étant une perception des
personnes ou des événements qui résulte de la synthèse inconsciente des
informations perçues à la fois par la raison et les émotions.
Face aux circonstances de la vie quotidienne, cette démarche présente
l'immense avantage d'aboutir à des conclusions quasi instantanées et généralement
exactes.
Pour sa part, l'homme fonctionnerait selon un
processus plus analytique dissociant davantage l'intellect des émotions.
Si cette démarche présente plus de fiabilité au niveau des résultats,
elle est infiniment plus lente. Et
de fait, à en croire le témoignage de la plupart des couples, il est notoire
que les femmes savent tout de suite ce que les hommes mettent longtemps à découvrir !
Par contre, les filles d'Ève paraissent plus
susceptibles de se laisser séduire que les hommes.
Car en globalisant le message et la manière de le présenter, elles
peuvent se laisser séduire par une habile présentation ou par la personnalité
de l'orateur et risquent de ne pas discerner les pièges dissimulés dans le
contenu du message lui-même.
Je signale cette "explication" à titre indicatif (elle tiendrait à de légères différences au niveau des hémisphères cérébrales) et chacun la prendra pour ce qu'elle vaut. D'autant plus qu'il n'y pas de règles sans exceptions. J'insiste cependant sur le fait que cette différence, si elle devait être prouvée un jour, ne dévaloriserait personne, mais mettrait davantage l'accent sur la nécessaire complémentarité de l'homme et de la femme.
d.
Les conséquences de la soumission
S'il est vrai que les chrétiennes sont, avec les chrétiens,
"ministres d'une nouvelle alliance,
non de la lettre mais de l'Esprit", tout ce qui vient d'être dit du
voile et des cheveux longs peut s'inscrire dans le contexte de la tenue des
femmes en général... "Car la lettre tue, mais l'Esprit fait vivre." (2Cor.
3.6)
En ce qui concerne la tenue des chrétiennes, le
principe général qui semble se dégager des textes du Nouveau Testament, c'est
que la tenue et l'attitude extérieures de la femme doivent refléter sa nature
et ses convictions intérieures... Bien
sûr, on pourrait en dire autant pour les hommes ! Le caractère universel
de ce principe, non seulement spirituel mais tout simplement moral, fait qu'on
le retrouve dans la littérature classique, aussi bien que dans l'Ancien et le
Nouveau Testament.
C'est ainsi que Caton l'Ancien (quand il ne songeait
pas à "détruire Carthage") défendait l'austérité morale des lois
romaines. Il s'indignait particulièrement
du luxe de son époque et de la libéralisation des mœurs : "La
parure des femmes, ce n'est pas l'or, les bijoux, les robes brodées ou la
pourpre, mais la pudeur, l'amour du mari et des enfants, la soumission et la
modestie". Et s'adressant
directement aux femmes, il ajoutait : "Quelle
mouche vous pique de courir les rues, de parler à des hommes que vous ne
connaissez pas ? Ne pouvez-vous adresser vos réclamations à vos maris,
chez vous ? Seriez-vous, par hasard, moins aimables dans le particulier
qu'en public, et pour vos maris que pour les étrangers ?"
Pour être juste, il faut avouer qu'il était sans
doute un peu (beaucoup !) misogyne...
Car il mettait ainsi les hommes en garde : "Pour
n'avoir su chez vous tenir vos femmes en bride, vous êtes réduits à trembler
devant leurs attroupements... Prenez
garde ! Il y a une île, dont j'ai oublié le nom, d'où les femmes confinées
ont radicalement extirpé tout le sexe masculin."
Dans l'Ancien Testament, Salomon nous a laissé des
pensées pleines de sagesse, sur les bienfaits d'une femme vertueuse dans son
foyer. (Proverbes 12.4, 19.14,
31.10-31, 18.22) Mais dans le Nouveau Testament, les apôtres ne sont pas en
reste, aussi bien Paul que Pierre.
1°
1 Timothée 2 : 9-10
"De
même aussi, que les femmes, vêtues d'une manière décente, avec pudeur et
modestie, se parent, non pas de tresses ou d'or ou de perles ou de toilettes
somptueuses, mais d'œuvres bonnes, comme il convient à des femmes qui font
profession de piété."
2°
Tite 2 : 3-5
"Les
femmes âgées doivent aussi avoir l'extérieur qui convient à la sainteté, n'être
ni médisante (= "diviseuses"), ni asservies aux excès de vin.
Elles doivent donner de bonnes instructions (= être de bons docteurs, de
bonnes enseignantes), afin d'apprendre aux jeunes femmes à aimer leur mari et
leurs enfants, à être sensées, chastes, occupées aux soins domestiques,
bonnes, soumises chacune à son mari, afin que la parole de Dieu ne soit pas
calomniée (= blasphémée)."
3°
1 Pierre 3 : 3-6
"N'ayez
pas pour parure ce qui est extérieur : cheveux tressés, ornements d'or,
manteaux élégants, mais la parure cachée du cœur, la parure personnelle
inaltérable d'un esprit doux et tranquille.
Voilà qui est d'un grand prix devant Dieu.
Ainsi se paraient autrefois les saintes femmes, qui espéraient en Dieu,
soumises à leur mari, telle Sara qui obéissait à Abraham et l'appelait son
Seigneur. C'est d'elle que vous êtes
devenues les descendantes, si vous faites le bien, sans vous laisser troubler
par aucune crainte."
Certes,
à première vue, on pourrait soupçonner Paul d'avoir trop bien étudié
Tite-Live rapportant les discours de Caton, et d'en avoir gardé la phobie des
Amazones. On pourrait aussi
reprocher à Pierre de n'avoir pu se dégager du carcan de l'ancienne alliance,
puisant ses exemples parmi des femmes vivant encore sous la condamnation du péché
et donc sous la domination de leur mari.
Mais, dépassant cette première "mauvaise"
impression, il faut bien admettre que, pour l'essentiel, leur souci est
ailleurs. Si deux apôtres
demandent ainsi à l'Église du Seigneur de refléter en son sein les
"bonnes manières" de leur époque, c'est très certainement parce que
le respect des règles les plus élémentaires du savoir-vivre fait intégralement
partie du témoignage chrétien.
Personnellement, j'estime que les chrétiennes et les
chrétiens peuvent suivre la mode de leur époque, dans la mesure de la bienséance.
Mais il ne leur appartient pas de lancer des modes nouvelles.
Ce n'est pas leur rôle, et ce ne devrait pas être leur préoccupation !
Et, dans le fond, c'est un peu la même chose que les deux apôtres écrivent...
En Christ, la femme a retrouvé l'égalité avec l'homme, mais cela ne
peut pas lui faire oublier sa vocation naturelle, ni la pousser à révolutionner
la société dans laquelle elle vit.
Il me semble que c'est à ce dernier danger que Paul
fait allusion lorsqu'il met les femmes en garde contre le danger de voir la
Parole de Dieu calomniée à cause de leur conduite.
La liberté des chrétiennes ne peut devenir une pierre d'achoppement par
rapport aux us et coutumes de la société dans laquelle elles évoluent.
D'une manière plus générale, la parole de Paul
adressée aux frères peut tout aussi bien s'adresser aux sœurs : "Frères ! (Sœurs !) Vous avez été appelés à la
liberté. Seulement, ne faites pas
de cette liberté un prétexte pour (vivre selon) la chair, mais par amour,
soyez serviteurs (= esclaves) les uns des autres." (Gal.
5.13)
Pour sa part, Pierre me semble encourager les chrétiennes
à ne pas craindre de perdre cette liberté en acceptant de se soumettre à leur
mari; mais de faire plutôt confiance au Seigneur pour la défense de leurs
droits. En Christ, les femmes
jouissent de droits nouveaux, mais les revendiquer n'est sans doute pas le
meilleur moyen d'en bénéficier. En
suivant l'exemple de Sara, les chrétiennes deviendront des "filles de
foi" et lutteront bien plus efficacement contre l'inertie des traditions
religieuses… Ce principe étant d'ailleurs valable pour tous les chrétiens : "Que votre douceur soit connue de tous les hommes...
Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses...
faites connaître à Dieu vos demandes." (Phil. 4.5-6)
Si j'ai
cité Caton l'Ancien, c'est pour montrer que les chrétiennes de l'antiquité
ont rencontré un contexte social finalement très proche du nôtre.
Comme aujourd'hui, elles étaient partagées entre les traditions
religieuses et les mouvements d'émancipation.
Qu'elles soient juives ou païennes, les religions, aussi bien que les
lois de cette époque, encourageaient l'assujettissement des femmes aux hommes.
En prônant la liberté des femmes en même temps que
leur soumission, le christianisme paraissait encourager aussi bien les esprits
progressistes que les mentalités rétrogrades.
Les successeurs des apôtres ont pris l'option la plus facile, et la
moins spirituelle, en maintenant les chrétiennes dans le statut des non chrétiennes,
victimes d'un monde soumis au péché.
Manquant ainsi à leur devoir de protecteurs, les chrétiens n'ont jamais pu exercer leur autorité autrement que sous sa forme pervertie : la domination. Le pire, c'est que les textes même qui affranchissaient les femmes de la domination des hommes pour les placer sous leur autorité spirituelle sont devenus les alibis du joug masculin. Ainsi privée de la moitié de son potentiel vital, il ne faut pas s'étonner de ce que l'Église ait vu son autorité discréditée tout au long des siècles, et jusqu'à ce jour, y compris dans les églises évangéliques.
Quand Jésus et les apôtres s'adressent aux
"frères", aux "croyants", aux "chrétiens" ou aux
"saints" en rapport avec la foi, il semble évident que ces
expressions englobent aussi les sœurs, les croyantes, les chrétiennes ou les
saintes ! Par ailleurs, quand
le Nouveau Testament parle du rôle spécifique de l'homme ou de la femme, c'est
toujours dans le cadre de leur vocation particulière au sein de la famille,
dans leurs relations d'époux et d'épouse ou dans leur mission de père et de mère
auprès de leurs enfants.
Si leurs obligations parentales et familiales interfèrent au niveau de l'église locale, c'est parce que cette dernière est constituée de foyers et de familles chrétiennes. Évidemment, ce qui est vrai au sein de la famille à la maison demeure valable pour la famille au sein de l'assemblée… Une église en bonne santé étant, pour l'essentiel, constituée de couples et de familles en bonne santé !
Mais,
quand on considère la pratique des ministères strictement ecclésiastiques, il
faut bien admettre que rien dans les textes n'autorise une distinction entre
hommes et femmes... Si ce n'est
quelques restrictions très précises, sources de bien des discussions… Je
vais y venir.
Parlant des ministères, des services et de
l'exercice des dons en général, les apôtres s'adressent à la communauté
tout entière. À priori, rien ne
s'oppose donc à ce que les chrétiennes aient accès à toutes les vocations,
sans exceptions... Moyennant le
respect des principes généraux qui gèrent les relations entre hommes et
femmes.
Dès lors, la question n'est plus de savoir s'il
existe des ministères interdits aux femmes dans l'église puisqu'elles ont accès
à toutes les activités. Le vrai
problème sera de déterminer les ministères qui peuvent être limités par la
soumission qu'elles doivent à leur mari. Mais
de toutes façons, tous les ministères, qu'ils soient féminins ou masculins,
sont toujours l'objet de certaines restrictions puisqu'ils sont régis par une déontologie
souvent très précise.
Sans préjuger des textes qui vont suivre, mais se
basant sur ceux qui précèdent, on peut déjà pressentir quels seront les
points de friction. Si la femme
doit être soumise à son mari, elle devra le rester dans la pratique de son
sacerdoce au sein de l'église.
Cela lui ferme déjà la porte de tous les ministères où elle serait
appelée à exercer une autorité sur son mari...
Ou sur le mari des autres, bien sûr !
N.B. : J'ai
déjà signalé que la "chaîne d'autorité spirituelle" mise en place
par le Seigneur dans les foyers chrétiens (et donc dans l'assemblée qui
rassemble ces foyers) implique le respect d'une certaine déontologie.
Son premier effet, c'est d'interdire à quiconque d'exercer une autorité
directe sur une femme. Il faut
toujours passer par l'autorité dont elle dépend : son père, son mari ou
son fils aîné. D'où le rôle de
protecteur, associé à celui d'autorité.
Dans ces conditions, on voit mal une femme soumise à son mari, imposer
son autorité au mari de la voisine... Le
sujet est trop grave pour verser dans la bouffonnerie.
La
soumission de l'épouse apparaît alors comme la réponse naturelle à
"l'autorité-protection" de son mari... Dans la mesure où ce dernier, chrétien ou non, ne lui
demande rien qui soit contraire à la foi. Car
en toutes circonstances, la règle d'or c'est d'obéir à Dieu plutôt qu'aux
hommes, comme Pierre l'a confessé devant le Sanhédrin.
(Act. 4.19)
Par
ailleurs, les possibilités qui s'offrent aux femmes célibataires et aux veuves
sont les mêmes que pour les femmes mariées.
En effet, j'ai montré plus haut que la foi chrétienne les libère de la
tutelle respective de leur père ou de leur fils aîné, mais pas de leur
autorité et de leur protection. Rappelons
que cette tutelle impliquait l'infériorité de la femme par rapport à l'homme,
et donc son statut de "mineur" sur le plan légal et juridique.
Par contre, l'égalité retrouvée en Christ n'exclut pas la soumission
spirituelle.
En général, tout le monde est d'accord pour
dire que l'autorité, c'est le droit de décider.
L'autorité est donc indissociable du fait que celui ou celle qui prend
une décision doit aussi en assumer la responsabilité. Droit légitime et reconnu, mais droit qui n'exclut ni la
consultation ni l'acceptation des conseils.
Si bien que, d'une certaine manière, on pourrait aussi définir
l'autorité comme le droit de choisir ses conseillers.
N.B. : Dans
cette optique, les États-Unis d'Amérique nous offrent en la personne de leur
président un bon exemple de ce qu'est la notion biblique d'autorité.
Car tous les politologues s'accordent pour affirmer que les meilleurs présidents
sont ceux qui savent le mieux choisir leurs conseillers.
Cependant, bonnes ou mauvaises, toutes les décisions qui sont prises
ensemble sont assumées par le président tout seul, car c'est lui qui détient
l'autorité, le pouvoir de décider et donc la responsabilité...
Responsabilité souvent lourde à porter comme l'Histoire l'a prouvé.
En conséquence, celui qui détient l'autorité
gagne à s'entourer de conseillers aussi avisés que possible. Appliqué au couple, ce principe correspond parfaitement aux
vocations respectives de l'homme et de la femme. Étendue à l'Église, cette règle démontre bien que ne pas
exercer l'autorité ne signifie pas l'interdiction de participer aux décisions.
Se priver du conseil des femmes, c'est nier leur vocation originelle.
A
contrario, si les choses ont mal tourné en Eden, c'est peut-être parce que Ève
s'est révélée une mauvaise conseillère, mais c'est sûrement parce que Adam
n'a pas assumé ses responsabilités en prenant la décision qui s'imposait.
Mais en principe, dans le couple et donc dans l'église locale, les décisions
doivent être prises ensemble. Les
femmes apportant leurs conseils, les hommes prenant les décisions et les
assumant !
Les structures mises en place devraient prévoir ce
processus pour que tout se passe dans l'harmonie générale et l'équité envers
chacun. Si un collège d'anciens
trouve normal de faire appel à des consultants pour certains problèmes spécifiques,
pourquoi se priver du service des "consultantes" que le Seigneur a
donné à la communauté en les personnes de chrétiennes avisées ? Telle
devrait être, me semble-t-il, l'application des concepts d'autorité et de
soumission qui ont été développés plus haut.
Il est d'ailleurs significatif que la plupart des chrétiennes
n'ont ni le goût ni le désir d'exercer une autorité dans l'église.
Par contre, toutes souffrent terriblement de n'être pas entendues.
En général, leur vœu le plus cher serait d'être consultées et non de
diriger l'assemblée. Hors, ce désir
légitime parce que biblique ne rencontre pratiquement aucun écho chez les
dirigeants d'églises... Ou alors,
on nie toute distinction entre hommes et femmes pour verser dans la confusion,
voire le chaos.
Faisons maintenant un pas de plus pour nous demander
quelles sont les décisions qui impliquent l'exercice d'une autorité dans
l'assemblée. Et en question
subsidiaire, il faudra s'interroger sur les personnes auxquelles revient
l'exercice de cette autorité. De
toute évidence, le Chef incontesté de l'Église chrétienne c'est Christ, Parole incarnée, tel
qu'Il est révélé dans la Bible, Parole
écrite.
Les ministères qui consistent à transmettre cette
Parole à l'Église et à veiller sur sa bonne application dans l'assemblée,
seront donc, par définition, des ministères d'autorité.
Hors, ces ministères relèvent tous de la vocation des anciens !
C'est ce qui ressort de n'importe quel texte néo-testamentaire, traitant
des anciens. En effet, tel qu'il y
est défini, leur rôle consiste à "diriger", "enseigner",
"exhorter", "réfuter", "surveiller", "présider"...
Autant de ministères dont l'exercice requiert une incontestable autorité,
l'autorité de bergers faisant paître le troupeau de Dieu : "Faites
paître le troupeau de Dieu qui est avec vous...
De même, jeunes gens, soyez soumis aux anciens"...
(1Pi. 5.2 et 5)
C'est pourquoi, les croyants sont exhortés à se
soumettre aux bergers (certains préfèrent parler des "chiens du
Berger") que Dieu a placés à la tête de ses troupeaux : "Obéissez
à vos conducteurs (= gouverneurs) et soyez-leur soumis.
Car ils veillent au bien de vos âmes, dont ils devront rendre compte.
Faites en sorte qu'ils puissent le faire avec joie et non en gémissant,
ce qui ne serait pas à votre avantage".
(Héb. 13.17)
On aura remarqué qu'à la soumission des uns répond
la responsabilité des autres, gage incontestable de leur autorité spirituelle.
Dès lors, il paraît évident qu'une chrétienne ne pourra pas exercer
dans l'assemblée une fonction qui se trouve exactement à l'antipode de sa
vocation. Du moins dans le cadre d'un ministère impliquant l'exercice
d'une autorité sur les hommes. Bien
évidemment, un tel ministère leur reste ouvert, si l'autorité se limite aux
autres femmes et aux enfants.
C'est à la lumière de cette double évidence qu'il
nous faut maintenant considérer les passages de l'Écriture qui précisent les
modalités de la restriction dont les femmes sont l'objet.
Et l'on ne sera pas étonné de découvrir que ce sont surtout les ministères
de la Parole qui font l'objet de plusieurs réserves.
N.B. : Dieu reste souverain par rapport aux lois qu'Il établit. L'Histoire du peuple d'Israël (c'est moins évident pour celle de l'Église) propose plusieurs exceptions à ce qui vient d'être démontré. Le plus souvent, c'est la défection des hommes qui semble avoir "contraint" le Seigneur à faire appel à des femmes fidèles pour accomplir des tâches qui sortent habituellement de leurs attributions. Tout ce que l'on peut faire c'est remercier le Seigneur pour ces femmes fidèles... Et encourager les hommes à en tirer les leçons qui s'imposent ! Il me semble toutefois que faire une règle d'une exception procède d'une herméneutique plutôt douteuse. Surtout lorsque la règle générale est clairement attestée par des textes nombreux et sans ambiguïtés. Malheureusement, c'est souvent le cas pour le sujet qui nous occupe.
2. Les ministères de soumission
Rappelons que si tous les ministères sont
ouverts aux femmes, elles ne peuvent pas les exercer tous au "profit"
des hommes de l'assemblée. C'est
dans cette optique, qu'il faut comprendre les textes qui suivent.
1°
Actes 2 : 17
"...
Vos fils et vos filles prophétiseront..."
2°
1 Corinthiens 11 : 5, 6 et 17
"Toute
femme qui prie ou prophétise la tête non voilée déshonore son chef...
S'il est honteux pour une femme d'avoir les cheveux coupés...
qu'elle se voile... En
faisant cette recommandation, ce que je ne loue pas, c'est que vous vous
assemblez, non pour devenir meilleurs, mais pour devenir pires."
Première constatation : quoi qu'en disent
certains esprits chagrins, les femmes peuvent prier et prophétiser, non
seulement en privé, mais aussi dans l'assemblée...
A charge pour les grincheux d'imposer le port du voile à ces chrétiennes !
Car de toute évidence, le contexte de ce passage nous oblige de l'appliquer aux
assemblées chrétiennes. D'ailleurs,
"Si quelqu'un se plaît à contester,
nous n'avons pas cette coutume, ni les églises de Dieu".
(1Cor. 11.16)
3°
1 Corinthiens 14 : 32-36
"Les
esprits des prophètes sont soumis aux prophètes.
Car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix.
Comme dans toutes les églises des saints, que les femmes se taisent
(= fassent silence) dans les assemblées (= églises), car il ne leur est
pas permis d'y parler (ou : "d'y
interpeller"). Mais qu'elles
soient soumises, comme le dit aussi la loi.
Si elles veulent s'instruire sur quelque point, qu'elles interrogent leur
propre mari à la maison, car il est malséant à une femme de parler dans l'église.
Est-ce de chez vous que la parole de Dieu est sortie ? Ou est-ce à
vous seuls qu'elle est parvenue ?"
Ce texte est-il le fait d'une inconséquence de
l'apôtre Paul ? Est-il la
preuve que ma lecture du texte précédent est trop laxiste ? Ou n'est-il qu'en contradiction apparente avec le précédent ?
Je préfère opter pour la dernière hypothèse, mais pas pour le plaisir
d'avoir raison ! Voici pourquoi.
Il faut tout d'abord remarquer que le contexte de ce
passage est tout entier consacré au bon déroulement de certains charismes
"verbaux", tels que la prophétie, la glossolalie et l'interprétation
des langues. Autant de paroles
"inspirées" qui se manifestent de manière spontanée dans l'église
mais souvent dans le désordre ce que Paul n'apprécie guère.
Pour
nous, il est intéressant de noter que ces dons correspondent précisément à
ce qui est permis aux femmes puisque dans le passage précédent Paul en
trouvait l'exercice tout à fait licite dans l'assemblée. Il leur demandait seulement de le faire en portant le voile,
en signe de soumission à leur mari. Il
semble donc, qu'en ce qui concerne ces dons, les femmes soient soumises au même
régime que les hommes, en respectant simplement les règles du bon usage édictées
par l'apôtre.
C'est ce qui ressort de la suite du passage, dans 1
Cor. 14.37-39 : "Si
quelqu'un croit être prophète ou inspiré, qu'il reconnaisse que ce que je
vous ai écrit est un commandement du Seigneur.
Et si quelqu'un l'ignore, c'est qu'il est ignoré (de Dieu)." (ou
: "Si quelqu'un l'ignore, qu'on l'ignore.") "Ainsi donc frères,
aspirez à prophétiser, n'empêchez pas de parler en langues.
Mais que tout se fasse avec bienséance et avec ordre."
Mais revenons aux versets
32-36...
Soudain, au milieu de son développement, Paul ouvre
une parenthèse au sujet de l'enseignement.
Ministère d'autorité, mais aussi ministère de la Parole qui, par
nature, n'est pas spontané. Comme
je l'ai déjà expliqué, même voilée, il aurait été malséant qu'une femme
mariée passe au-dessus de son mari pour interroger le docteur de la Parole ou
pour exprimer son opinion au sein de l'assemblée.
Paul lui demande donc de manifester sa soumission en gardant le silence,
se réservant d'interroger son mari, ou de partager ses idées avec lui, une
fois rentrée à la maison.
Cette recommandation spirituelle est aussi un conseil
avisé. Surtout si l'on considère
l'obligation de réserve et de pudeur que la tradition prescrivait aux femmes
dans l'antiquité. La modestie leur
imposait de ne pas se faire remarquer dans une assemblée, surtout en prenant la
parole en public. Ce n'est donc pas
de manière absolue que Paul demande aux femmes de se taire dans l'église.
Et ses propos se situent parfaitement dans la logique de ce qui a été
dit plus haut !
Concernant l'allusion à la loi sur laquelle Paul
s'appuie pour réclamer la soumission des chrétiennes, je ne partage pas
l'opinion de ceux qui se réfèrent à la domination de l'homme sur la femme,
sanction prononcée par Dieu en Gen. 3.16.
J'ai expressément démontré qu'en Christ cette domination a été
abolie, comme une perversion de l'autorité.
Personnellement, je préfère y voir une référence au chapitre trente
des Nombres, exposant la nécessité de l'approbation du mari, quant à la
parole donnée par une femme... Approbation
du mari, transposée ici à l'opinion de la femme en matière de foi.
Car en matière d'enseignement, l'autorité n'est pas
seulement engagée au niveau de la délivrance de l'enseignement. Elle l'est aussi au niveau de l'écoute de cet enseignement.
L'écoute de la doctrine d'une église, en effet, implique l'exercice
d'un discernement spirituel auquel la femme participe, mais qui relève
finalement de l'autorité du mari.
N.B. : Certains
commentateurs, dans le but louable de rendre la parole aux chrétiennes de nos
églises, font de ce passage une tirade de nature
"historico-culturelle". Les
femmes de l'antiquité étant supposées peu instruites, Paul leur demanderait
simplement de mettre fin à leur babillage intempestif au sein des assemblées
et notamment pendant l'enseignement de la Parole.
Cette recommandation deviendrait évidemment hors de propos à notre époque
puisque les femmes y sont beaucoup plus évoluées !
En fait, cette explication ne résout rien, sauf dans le cadre d'une théologie
libérale qui nie à priori le caractère divin du rapport d'autorité et de
soumission dans le couple. Mais,
même en oubliant le mauvais sort fait au passage, j'avoue que cette façon de
valoriser les chrétiennes d'aujourd'hui en dévalorisant celle de l'église
primitive me met très mal à l'aise. Je
n'ai vraiment pas l'impression que l'image de la femme en sorte grandie !
4°
1 Timothée 2 : 11-15
"Que
la femme s'instruise (le verbe a la même racine que
"disciple") en silence (=
paisiblement, tranquillement), avec une entière soumission.
Je ne permets pas (= je ne confie pas) à la femme d'enseigner (le
verbe a la même racine que "maître"),
ni de prendre de l'autorité sur l'homme (= ni de faire la loi au mari), mais
qu'elle demeure dans le silence (= qu'elle reste tranquille, coite).
Car Adam a été formé le premier, Ève ensuite; et ce n'est pas Adam
qui a été séduit (= abusé, dupé), c'est la femme qui, séduite (= égarée),
s'est rendue coupable de transgression. Elle
sera néanmoins sauvée en devenant mère (= par l'enfantement, l'engendrement),
si elle persévère (littéralement =
si on persévèrent)
dans la foi, dans l'amour, dans la sanctification, avec modestie.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que voici un
texte bien difficile ! Cependant, pour l'essentiel, il recoupe tout à fait
le passage précédent, concernant l'attitude des femmes face à l'enseignement.
D'une part, les chrétiennes sont invitées à
s'instruire sans se faire remarquer. Bien
que le silence ne leur soit pas imposé au sens littéral du mot, l'invitation
à rester "coites" le contient implicitement.
Encore une fois, cette recommandation leur interdit d'interpeller le maître
pour lui demander une explication ou lui soumettre une idée comme les disciples
avaient l'habitude de le faire. Car
à cette époque, l'enseignement se faisait essentiellement selon la méthode
des questions et des réponses. D'ailleurs,
pour les femmes comme pour les hommes, l'écoute attentive de l'instruction
implique le désir de devenir les disciples du Seigneur...
Avec peut-être ce petit "plus" qu'est la modestie, vertu féminine
particulièrement appréciée chez les chrétiennes.
D'autre part, ce qui est nouveau par rapport au
passage précédent, c'est "l'interdiction" d'enseigner adressée aux
chrétiennes... Bien qu'ici encore
l'interdiction ne présente pas un caractère absolu puisqu'elle concerne les
hommes. Mais, en matière
d'enseignement, il n'existe que deux rôles possibles : ou l'on est le maître
et l'on enseigne... ou l'on est le
disciple et l'on s'instruit. On se
retrouve donc confronté au cadre spirituel défini plus haut et auquel Paul
reste fidèle en toute conséquence.
L'enseignement impliquant l'exercice d'une autorité,
Paul ne le confie pas aux femmes car elles se trouveraient en situation de
dicter à leur mari (et à ceux des autres) ce qu'il y a lieu de faire ou de ne
pas faire, en matière de foi... Ce
qui dépasserait largement les limites de leur vocation de "conseillères".
La pratique de l'enseignement n'est donc pas compatible avec la règle de
la soumission des femmes. C'est donc bien par respect des principes divins que Paul établit
cette réserve. Mais cela ne l'empêche
pas d'encourager les femmes à enseigner quand il s'agit des autres femmes ou
des enfants. (Tite 2.4-5)
Cela dit, la fin de ce texte demeure sujette à
discussion.
Pour commencer, Paul se réfère clairement au péché
d'Adam et Ève pour justifier le fait que les femmes ne puissent ni "être la
maîtresse" de leur mari ni "faire la loi" à leur mari,
mais qu'elles doivent "rester coites".
Apparemment, sa logique est la suivante.
Si la femme s'est laissée égarer par les arguties du serpent, elle a
montré qu'elle n'était pas capable d'exercer le discernement indispensable à
tout bon enseignant pour dégager les principes généraux, les lois qui gèrent
le monde. Ce faisant, elle a montré
qu'elle n'était pas compétente pour distinguer le vrai du faux.
Elle s'est donc disqualifiée pour toute démarche qui vise la définition
de la doctrine chrétienne.
Ce qui est plus gênant, c'est qu'en appliquant cette
constatation aux chrétiennes de son époque, Paul fait de cette incompétence
un atavisme propre aux femmes en général.
Cela encouragerait (mais je le signale sous toutes réserves !) les
conclusions de certains psychologues qui distinguent l'intelligence intuitive
des femmes, de l'intelligence analytique des hommes comme deux formes
d'intelligences complémentaires... Autrement
dit, les femmes seraient plus douées pour la mise en œuvre que pour les belles
théories !
C'est peut-être aussi ce que montre la fin du
passage. Car le rapport que Paul établit
entre une femme en particulier (Ève) et toutes les femmes en général est sans
doute la clef du dernier verset. En
effet, la dernière phrase est construite sur le même modèle. Paul commence sa phrase par "elle
sera sauvée" au singulier, puis il continue par "si on persévèrent dans la foi",
au pluriel... Ce qui pose
d'ailleurs quelques sérieux problèmes de syntaxe aux traducteurs !
L'explication que j'ai retenue parmi une douzaine me
semble la meilleure parce que la plus sobre...
Mais rien ne prouve qu'elle soit la bonne. Cela n'interfère d'ailleurs pas beaucoup sur le débat.
Le début de la phrase semble bien se rattacher à la culpabilité de la
transgression d'Ève. Dieu l'avait condamnée à "enfanter dans la
douleur", en même temps qu'Il condamnait le serpent à se voir "écraser
la tête" par la postérité de la femme.
Or, Paul enchaîne sur cet arrière plan biblique en affirmant que la
femme "sera sauvée par
l'enfantement".
Quel peut être cet enfantement qui sauve de la
condamnation du "péché originel" ? Je ne trahirai sans doute
pas la pensée de Paul si j'affirme avec lui que : "lorsque
les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, né sous
la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi".
(Gal. 4.4).
Dans la suite du chapitre (Gal. 4.21-31), Paul nous propose d'ailleurs
une double allégorie de l'ancienne et de la nouvelle alliance qui confirme
cette idée tout en lui conférant une autre dimension.
On peut donc considérer que Paul opère une
"translation d'idées" ou un "glissement typologique",
partant de Ève pour arriver à Marie ou, si l'on préfère, partant de
l'ancienne alliance pour arriver à la nouvelle alliance.
Dès lors, la logique de la phrase retrouve une cohérence toute
paulinienne... Car, de la même
manière que toutes les femmes de l'ancienne alliance furent englobées dans la
condamnation qui avait sanctionné la transgression d'Ève, les femmes de la
nouvelle alliance ont été pareillement intégrées à la bénédiction engendrée
par le Fils de Marie. Pourvu bien sûr
que, comme tout chrétien digne de ce nom, "elles
persévèrent dans la foi, dans l'amour, dans la sanctification, avec
modestie".
S'agissant plus particulièrement des femmes, il est intéressant de rappeler que, sauvées du péché, elles se trouvent aussi libérées de la domination masculine. Pour ma part, j'estime que cette autre interprétation du passage est inclue dans celle que j'ai retenue. Elle n'en est qu'une dimension particulière.
A plusieurs reprises, j'ai répété que tous
les ministères sont ouverts aux femmes, pourvus qu'ils ne deviennent pas
l'occasion d'exercer une autorité sur le mari.
Je pense avoir montré que ce principe spirituel est largement fondé et
cohérent avec l'ensemble de la révélation biblique.
J'ai reconnu qu'il existe d'incontestables
"contre-exemples" dans l'Histoire d'Israël… On peut penser à
Myriam, Déborah, à Yaël, à Esther et à d'autres femmes de tête, sans
oublier les "aïeules" de Jésus : Thamar, Ruth, Bath-Shéba… Mais
rien n'indique qu'elles avaient joué leur rôle en exerçant une autorité
quelconque sur des hommes, sinon leur pouvoir de séduction… Sciemment pour Yaël,
Thamar et Esther; ou inconsciemment pour Ruth et Bath-Shéba… Bien que pour
cette dernière, ce ne soit pas très évident !
Myriam, pour sa part, fut frappée de lèpre pour s'être prétendue l'égale
de son frère Moïse; quant à Déborah, elle ne connut la notoriété qu'à
corps défendant.
De même, le Nouveau Testament ne manque pas de
femmes merveilleuses : Marie bien sûr, et les femmes qui accompagnaient Jésus.
Puis Dorcas, Lydie, Phœbé, Priscille… Mais ici encore, rien ne prouve
qu'elles aient exercé une quelconque autorité sur leur mari ou sur les hommes
de l'Église. Dorcas, Lydie et Phœbé
accomplirent un travail diaconal remarquable; quant à Priscille, elle se montra
la fidèle collaboratrice de son mari Aquillas.
Même dans les rares cas où ils dénoncent des
carences masculines évidentes (je songe à Déborah) ces exemples n'invalident
donc pas les principes divins… Ce qui est logique, finalement : car en
occupant la place de son mari, une femme empêche ce dernier de tenir son rôle,
plutôt qu'elle ne l'aide à le faire. Il
est vrai, toutefois, que Dieu reste Maître souverain des lois qu'Il a établies
dans l'univers, et s'Il devait les suspendre en l'une ou l'autre occasion, nous
ne pourrions que nous soumettre à sa sainte volonté.
b.
Les charges et la pratique des dons
Mais avant d'examiner les textes qui pourraient
justifier les exceptions à la règle, je voudrais apporter une précision
concernant l'exercice des "charges" et la pratique des
"dons" dans l'église locale. En
effet, le fait que quelqu'un soit investi d'une charge précise dans l'assemblée
n'empêche pas qu'il exerce un don indépendant de cette charge.
C'est ainsi que l'on voit Etienne et Philippe, deux diacres de l'église
de Jérusalem, exercer avec fruit leurs dons d'évangéliste.
Le fait qu'il furent très officiellement investis dans leur charge de
diacre ne les a pas empêchés d'exercer un ministère d'évangéliste.
(Actes 6, 7 et 8)
A mon avis, rien ne s'oppose formellement à ce que
des femmes exercent des ministères de la Parole, pourvu qu'elles ne prennent
pas autorité sur l'homme. On a déjà
vu qu'elles pouvaient prophétiser dans l'église.
Par contre à Césarée, bien que l'évangéliste Philippe ait eu quatre
filles qui prophétisaient, Dieu envoie le prophète Agabus depuis la Judée
pour révéler à Paul sa mission. (Act.
21.8-14)
A côté de la prière et de la prophétie, il existe
bien d'autres ministères de la Parole qu'une chrétienne pourrait exercer en
public sans prendre d'ascendant sur les hommes.
On songe à l'évangélisation bien sûr, mais aussi à l'édification ou
à l'exhortation... En fait, tout réside
dans l'attitude et la manière adoptée par la femme. Car ces ministères peuvent s'exercer avec pudeur et modestie
ou avec autorité et arrogance... Sans
doute est-ce là un bon moyen de discerner si les dons viennent ou non de
l'Esprit !
Comme on l'a vu, l'enseignement pose plus de problème.
En effet, la définition de la doctrine que l'église devra suivre relève
clairement de l'exercice d'une autorité. Surtout
dans sa dimension apologétique, face à l'hérésie.
Oserais-je toutefois suggérer que la transmission, sous le contrôle des
anciens, d'un enseignement expressément défini par leurs soins, pourrait être
confiée à une femme ?… Dans
ce cas précis, il ne s'agirait pas d'exercer une autorité en dictant la ligne
de conduite que l'assemblée doit adopter en matière de foi.
Mais il serait plutôt question de faire preuve des qualités pédagogiques
nécessaires pour transmettre cette doctrine à l'assemblée… doctrine définie
par les anciens de la dite communauté !
Paul affirme qu'il ne l'aurait pas fait. Mais il vivait à une époque où les contraintes sociales le lui interdisaient de toutes façons. A notre époque, seules subsistent les contraintes spirituelles. Pour ma part, j'ai la conviction qu'en le proposant aujourd'hui, je demeure fidèle à l'esprit des principes auxquels Paul était si étroitement attaché. Mais personne n'est obligé de me suivre sur ce point particulier... Demeure tout le reste, auquel il me paraît difficile de se soustraire, sans prolonger l'injustice dont les femmes sont victimes depuis des siècles. Et de cela, il nous faudra rendre compte à Dieu !
Venons-en maintenant à quelques textes
litigieux, bien que sans grands mystères pour qui se contente de voir ce qui
s'y trouve.
N.B. : Encore
une fois, je ne désire pas entrer dans une polémique stérile, en pesant le
pour et le contre de toutes les opinions en présence. Mais mon respect de la Parole de Dieu m'oblige à dénoncer
comme spirituellement suicidaire la démarche qui consiste à se fonder sur un
"apax" (un mot présent une seule fois dans la Bible) pour échafauder
une théorie qui se trouve en porte-à-faux total avec tout le reste de
l'enseignement néo-testamentaire traitant du même sujet.
1°
Romains 16 :1-2
"Je
vous recommande Phœbé, notre sœur qui est diaconesse de l'église de Cenchrée,
afin que vous la receviez dans le Seigneur, d'une manière digne des saints.
Mettez-vous à sa disposition (= Soyez là) pour toute affaire où elle
aurait besoin de vous, car elle est venue en aide à beaucoup (= elle s'est
montrée une protectrice, une gouvernante pour beaucoup), et aussi à moi-même."
Se fondant sur ce passage, certains n'hésitent
pas à présenter Phœbé comme une "femme-ancien" de l'église de
Cenchrée, petit port au sud de Corinthe...
Toute leur argumentation repose sur le mot "prostatis",
qui n'apparaît qu'ici dans la Bible, et qui n'est donc pas facile à traduire.
Les tenants de cette thèse le traduisent par "directrice" ou
"présidente"... Donc Phœbé
était "ancien" dans l'église.
La première réaction de tout lecteur objectif,
c'est de se demander pourquoi l'on veut absolument faire de Phœbé une femme
"ancien" alors que Paul la présente expressément comme une
diaconesse de l'église ? Même en étant charitable, il est difficile de
ne pas soupçonner quelque mauvaise foi sous-jacente à ce raisonnement...
Car alors, et de l'aveu même de l'apôtre, Phœbé aurait exercé son
"anciennat" sur Paul lui-même...
Ce qui demeure difficile à concevoir !
Mais revenons au mot "prostatis".
Disons tout de suite que, s'agissant d'une femme, le mot se traduit
beaucoup mieux par "protectrice" ou "gouvernante".
En effet, ces deux fonctions rentrent beaucoup mieux dans le cadre des
activités d'une diaconesse, fut-elle de rang élevé.
"Prostatis
- protectrice"
A l'époque de Paul, ce mot avait un usage
juridique précis. Dans son sens légal,
le terme désignait la personne qui acceptait d'apporter sa caution à des étrangers
privés de garanties juridiques. Personne
de haut rang, Phœbé avait sans doute eu l'occasion d'intervenir auprès des
autorités de la cité en faveur de certains chrétiens de passage dont l'apôtre
Paul.
Diaconesse de l'église, Phœbé aurait ainsi joué
le rôle de "représentante légale" pour les chrétiens de passage.
Cette explication (que je dois à la T.O.B.), est séduisante...
Il en existe une autre qui ne l'est pas moins.
"Prostatis
- gouvernante"
En grec comme en français, l'usage d'un mot
dans le langage courant peut être très distant de sa racine.
De plus, les mots peuvent changer de sens, en changeant de genre.
C'est ainsi que le rôle de la "gouvernante" de Monsieur le Curé
n'a pas grand-chose à voir avec celui du "gouverneur" de la province :
Si l'intendance relève bien du gouvernement, ce ne sont pas les intendants qui
gouvernent pour autant. Habituée
à gérer une grande maisonnée, Phœbé devait être parfaitement à l'aise
pour gérer les biens de l'église de Cenchrée...
A supposer que l'assemblée ne se réunisse pas chez elle, ce qui serait
encore plus vraisemblable à cette époque.
De toutes façons, en tant que diaconesse, Phœbé était
tout à fait dans son rôle, comme "hôtesse" ou
"intendante" de l'église. Dès
lors, c'est à elle que revenait la responsabilité de l'accueil et de l'hébergement
des chrétiens de passage. Hospitalité
dont Paul lui-même avait dû bénéficier.
En recommandant Phœbé aux bons soins des chrétiens de Rome, Paul ne
fait rien d'autre que de lui "renvoyer l'ascenseur"...
Sans doute moins par galanterie, que par charité chrétienne !
"Prostatis - directrice -
présidente"
Comme
je l'ai déjà dit, en tant que diaconesse on ne voit pas Phœbé diriger l'église
de Cenchrée. Sinon dans les tâches
matérielles, ce qui expliquerait la recommandation de Paul de se tenir à sa
disposition. Cette exhortation
n'implique d'ailleurs aucune soumission particulière de la part des chrétiens
de Rome, mais simplement leur aide fraternelle. Mais de toutes façons, cela ramène au cas de figure précédent.
Tout ceci m'incite à ramener encore une fois
l'attention sur la nécessité de ne pas confondre la "charge" ou le
"titre" d'une personne (diaconesse) avec les "ministères"
ou les "fonctions" qui en découlent (protectrice, gouvernante)…
Ou encore avec les fonctions que la personne pourrait être appelée à
exercer en dehors de sa charge (évangéliste, par exemple).
2°
1 Timothée 5 : 1-2
"Ne
réprimande pas rudement le vieillard (= l'ancien), mais exhorte-le comme un père,
les jeunes hommes comme des frères, les femmes âgées (= les anciennes) comme
des mères, les jeunes comme des sœurs, en toute pureté."
3°
Tite 2 : 2-3
"Dis
que les vieillards (= les vieux) doivent être sobres, respectables, sensés,
sains dans la foi, dans l'amour, dans la patience.
Dis que les femmes âgées (= les vieilles, les "vieillardes")
doivent aussi avoir l'extérieur qui convient à la sainteté..."
Ces
deux passages seraient la preuve de l'existence de femmes "anciens"
dans l'église primitive... Et non
seulement de femmes "âgées" !
Ici encore, l'argumentation s'appuie sur deux mots qui n'apparaissent
chacun qu'une seule fois dans la Bible.
Cela permet une interprétation qui n'a pas d'autres
références que ses propres convictions. C'est
le principe même du raisonnement circulaire : on part de ce que l'on
suppose pour démontrer ce que l'on croit.
Mais la Parole de Dieu ne nous laisse pas aussi démunis qu'il n'y paraît...
Il faudra toutefois faire l'effort de considérer tous les mots apparentés,
ce qui risque d'être un peu fastidieux.
"Presbytis - vieillarde"
(Tite 2.2-3)
Le
mot "presbytès" est
toujours employé dans le sens de "vieillard",
"vieux", "homme âgé". Il apparaît trois fois : dans Luc 1.18, Philém. 9
et dans Tite 2.2-3 où il est associé à son féminin "presbytis" qui se traduit naturellement par
"vieillarde", "femme âgée". Il n'y a donc aucun indice qui autoriserait de traduire ce
mot par "ancienne" ou femme "ancien", ni dans le vocabulaire
ni dans le contexte.
"Presbytéra
- ancienne"
(1Tim. 5.1-2)
Le mot "presbytéros"
signifie "ancien", "aîné" ou "vieillard", selon
le contexte. Il apparaît trois
fois dans le sens de "vieillard", "homme âgé" : dans
Jean 8.9, Act. 2.17, et dans 1Tim. 5.1-2 où il est associé à
son féminin "presbytéra"
que les traducteurs rendent généralement par "femme âgée";
bien qu'en théorie, on puisse effectivement le traduire par
"ancienne".
"Presbytéros"
apparaît encore une fois avec le sens de "aîné" dans Luc 15.25
et soixante-deux fois avec le sens "d'ancien".
Dans ce dernier cas, c'est toujours comme un titre honorifique que le mot
est employé. (33 fois comme
"anciens" chez les juifs, 19 fois comme "anciens" de l'Église
chrétienne et 12 fois pour le 24
"anciens" ou "vieillards" de l'Apocalypse.)
Pour revenir à 1Tim. 5.1-2, le mot "presbytéros" est généralement traduit par
"vieillard" car on voit mal le jeune Timothée réprimander rudement
"l'ancien" d'une église... Tandis
que "le vieillard" s'entend très bien dans son sens générique.
Tout naturellement, on traduit aussi "presbytéra"
par "femmes âgées", d'autant plus que Paul enchaîne au verset
suivant en parlant d'une catégorie particulière de femmes âgées : les
veuves.
Encore une fois, il faut mettre beaucoup de bonne (ou
de mauvaise) volonté pour voir dans ce passage une allusion à des femmes
"anciens"... Qui de plus,
seraient étrangement majoritaires au sein d'un collège ne comptant qu'un
unique ancien masculin ! La
plus grande prudence s'impose donc quand on voit violenter un texte biblique
pour le faire "collaborer" de force à une théorie qui ne se trouve
nulle part ailleurs dans la Bible. D'autant
que les textes qui suivent sont eux aussi l'objet des mêmes mauvais
traitements.
4° Romains
16 : 3
"Saluez Prisca et Aquilas, mes compagnons
d'œuvre en Christ-Jésus..."
Ici,
Paul désignerait Prisca et Aquilas comme des apôtres ou, du moins, comme des
responsables jouissant de la même autorité que lui... Ce qui nous offrirait l'exemple d'une femme
"ancien", voire même "apôtre".
Une fois encore, c'est faire peu de cas du vocabulaire utilisé par Paul,
même si certaines nuances ne sont pas toujours rendues dans le texte français.
Car parmi ses "compagnons d'œuvre" l'apôtre distingue ses
"collaborateurs" et ses "collègues".
"Synergos
- collaborateur"
(Rom.
16.3 et 9)
Dans ce chapitre, consacré à saluer diverses
personnes, Paul emploie deux fois le mot "synergos".
Ce mot apparaît treize fois dans le Nouveau Testament, toujours avec le
même sens de "compagnon de travail", "collaborateur".
Ce vocable implique que l'on travaille ensemble certes, mais pas forcément
pour faire le même travail.
"Syzygos - collègue"
(Rom. 16.21)
Un peu plus loin dans le même passage, mais
s'agissant de Timothée cette fois, Paul emploie le mot "syzygos"
qui signifie "compagnon d'attelage", "collègue"...
La différence saute aux yeux car ce vocabulaire est toujours réservé
aux personnes qui font le même travail ensemble.
Paul établit d'ailleurs la même distinction dans Phil. 4.3.
En matière d'exégèse, il semble qu'originalité
rime souvent avec légèreté. Dans
ce texte en effet, rien ne permet d'assimiler Prisca, la collaboratrice de Paul,
à une femme "apôtre" ou "ancien" pour en faire sa collègue.
5°
Romains 16 : 7
"Saluez
Andronicus et Junias, mes parents et mes compagnons de captivité, qui sont très
estimés parmi les apôtres et qui, même, ont appartenu à Christ avant
moi."
Il
semblerait que voici enfin la preuve qu'il y avait des femmes "apôtres"
dans l'église primitive. Au moins
une, en tous cas, puisque Paul range Junias "au premier rang parmi les apôtres"...
Du moins est-ce ainsi que certains interprètent ce passage.
Encore faudrait-il prouver que "Junias" ou "Junia"
(les deux formes sont attestées dans les manuscrits) est bien une femme !
D'après F.F. Bruce, il pourrait très bien s'agir d'un homme...
Il paraît donc hasardeux d'échafauder une doctrine aussi définitive
sur une base aussi fragile. Mais
admettons que Junias soit une femme.
"Episèmos - remarqué"
(Rom. 16.7)
Le
mot "épisèmos" (= qui se
fait remarquer, qui se distingue) vient du verbe "sèmainô"
(= signifier, faire connaître) qui vient lui-même de "sèma" (= la marque)...
D'ailleurs, le mot "épisèmos"
désignait aussi la figure emblématique qui se trouvait sur la proue des
navires, sur les boucliers ou sur les pièces de monnaie...
C'est donc un signe distinctif.
Ce mot est employé une autre fois en Mat. 27.16 sous sa forme "épisèmon"
pour qualifier Barabbas, "un prisonnier fameux".
Le sens du mot tourne donc autour de la notion de "notoriété"
et non autour de la notion de "rang"...
Cette renommée pouvant d'ailleurs être aussi bien flatteuse que
coupable !
En français, la traduction "au premier rang
parmi les apôtres" est donc pour le moins malencontreuse car elle laisse
entendre qu'Andronicus et Junias étaient "remarquables",
"estimables" parmi ou "entre" les apôtres, alors que Paul
affirme qu'ils étaient "remarqués", "estimés" parmi ou
"aux yeux" des apôtres... La
nuance est de taille ! Dès
lors, l'interprétation qui place "Junias au nombre des apôtres" relève
tout simplement d'une traduction malheureuse.
Ce n'est pas le sens de la phrase.
Comme chacun aura pu le constater, quand on regarde
d'un peu plus près les textes présentés comme les "preuves bibliques de
l'anciennat féminin", toute l'argumentation s'évapore comme la brume au
soleil. On pouvait s'y attendre, la
Bible ne se contredisant jamais qu'en apparence.
Mais je ne m'en réjouis pas. Je l'ai déjà dit, à priori, je n'étais ni pour ni contre, mais seulement désireux de circonscrire le plus exactement possible l'enseignement que le Seigneur nous a laissé dans sa Parole au sujet de cette question épineuse. D'ailleurs, ce que j'ai fait ressortir du texte biblique risque de déplaire aux uns comme aux autres. Mais, sans doute, est-ce le prix de l'objectivité !
J'ai déjà
signalé que dans la Bible, la femme est toujours placée sous l'autorité ou la
protection d'un homme. Dans l'Ancien Testament, cette autorité impliquait la
tutelle légale du père, du mari ou du fils aîné.
Si bien que la femme n'était jamais considérée comme majeure sur le
plan juridique. Il en était de même
dans le domaine religieux, puisqu'elles ne pouvaient pas participer au culte de
la synagogue et que, dans le temple de Jérusalem, un parvis leur était réservé.
Dans le cadre du Nouveau Testament, la femme demeure
sous l'autorité du père, du mari ou du fils aîné, mais dans l'égalité
retrouvée avec l'homme. La
femme n'a plus à subir la domination de quiconque et, une fois mariée, elle échappe
à la tutelle paternelle pour entrer sous la protection de son mari comme une
partenaire à part entière. Cela
est vrai dans le domaine spirituel, mais aussi sur le plan juridique, dans la
mesure où les lois du pays le permettent.
Veuve, la femme se place en principe sous la
protection de son fils aîné auquel revient la responsabilité d'entretenir sa
mère... Car à cette époque,
il n'est évidemment pas question de pension ou d'autres droits sociaux !
Mais il est du devoir de tous les enfants et petits-enfants "d'apprendre
à exercer la piété envers leur propre famille et à payer de retour leurs
parents car cela est agréable à Dieu"… D'ailleurs, "si
quelqu'un n'a pas soin des siens, surtout de ceux de sa famille, il a renié la
foi et il est pire qu'un infidèle".
(1Tim. 5.4 et 8)
Comme on le voit dans l'église
primitive, la femme chrétienne se trouve toujours sous la protection d'un homme
envers qui elle a un devoir de soumission...
Avec des nuances, bien sûr ! La
jeune fille doit obéissance à son père, la femme mariée est soumise à son
mari, la veuve se trouve dans la dépendance de son fils aîné.
Du reste, il convient aussi de relativiser l'autorité dont elles sont
l'objet puisqu'elle a respectivement pour référence : l'amour du Père pour
ses enfants, l'amour du Christ pour son Église ou l'amour de Jésus pour son Père
Céleste. Trois catégories de
femmes échappent cependant à la règle générale :
- les veuves sans famille,
- les célibataires,
- les femmes mariées à des incroyants.
1
Timothée 5 : 3-16
"Honore
les veuves, les vraies veuves. Celle
qui, vraie veuve, est demeurée dans l'isolement, a mis son espérance en Dieu,
et persévère nuit et jour dans les requêtes et les prières.
Qu'une veuve, pour être inscrite sur la liste, n'ait pas moins de
soixante ans, qu'elle ait été la femme d'un seul mari, qu'elle soit connue
comme ayant élevé des enfants, exercé l'hospitalité, lavé les pieds des
saints, secouru les malheureux, et recherché toute œuvre bonne.
Mais refuse les jeunes veuves... Je
veux qu'elles se marient... Si
quelque croyante (ou croyant) a des veuves (chez elle), qu'elle les assiste et
que l'Église n'en ait pas la charge, afin de pouvoir assister celles qui sont
de vraies veuves."
De toute évidence, les premières
églises chrétiennes ont eu à cœur le sort des veuves sans familles ou
abandonnées de leur famille. D'après
les instructions que Paul donne à Timothée, il semble même que cette aide
soit déjà bien structurée et fasse l'objet d'une "sélection"
soumise à des critères très sérieux.
Il faut non seulement que les veuves soient de
"vraies" veuves, c'est-à-dire sans aucun soutien familial, mais il
faut aussi qu'elles aient fait leurs preuves dans l'assemblée.
Dès lors, c'est l'église locale qui se substitue aux enfants absents
pour "les payer de retour". Les
exigences dont elles sont l'objet sont assez semblables aux recommandations que
Paul adresse aux "femmes âgées" dans Tite 2.3-5.
Mais ici, le contexte semble sous-entendre que pour bénéficier du
soutien de l'église les veuves doivent se mettre au service de Christ au
travers d'un engagement de foi.
Bien qu'il ne soit pas explicitement question de "vœux", certains commentateurs ont avancé l'idée que la "liste" ou le "rôle" où sont inscrites les "vraies veuves" serait une sorte "d'ordre de diaconesses" engagées au service de la communauté, sous la responsabilité des anciens ou peut-être des diacres de l'église. Ainsi "honorées", c'est à dire prises en charge par l'assemblée, on peut imaginer que c'est le collège des anciens qui prend la place vacante du fils aîné.
Comme je l'ai déjà montré, dans la Bible,
une femme passe nécessairement de "la maison de son père" dans celle
de son mari. Avant leur mariage,
les jeunes filles sont donc tenues de se soumettre à leurs parents comme tous
les enfants sont invités à le faire, tant qu'ils sont sous leur tutelle.
1°
Colossiens 3 : 20
"Enfants,
obéissez en tout à vos parents, car cela est agréable dans le Seigneur".
2°
Éphésiens 6 : 1-4
"Enfants,
obéissez à vos parents (selon le Seigneur), car cela est juste.
"Honore ton père et ta mère - c'est le premier commandement
accompagné d'une promesse - afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps
sur la terre". Et vous pères,
n'irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les
avertissant selon le Seigneur".
Paul demande tout particulièrement
aux pères de ne pas exercer sur leurs enfants le despotisme qui était fréquent
dans les habitudes de cette époque... Car
le père chrétien doit manifester envers ses enfants le même amour que le Père
Céleste pour les siens.
Généralement, les jeunes filles se mariaient très
jeunes, peu après "l'âge nubile"...
Ou plus exactement, leurs pères les mariaient selon leur bon plaisir.
Mais, bien qu'il ne la dénigre pas, Paul ne semble pas encourager une
coutume qui fait abstraction de l'avis de la jeune fille.
D'ailleurs, l'opinion qu'il donne avec moult précautions oratoires
semble surtout concerner une époque de persécutions.
3°
1 Corinthiens 7 : 25-38
"Voici
donc ce que j'estime bon, à cause des calamités (ou : des nécessités)
présentes... dans le cas où la
vierge se marierait, elle ne pécherait pas.
Mais ces personnes auront des afflictions dans la chair.
Or moi, j'use de ménagement à votre égard...
La femme sans mari, comme la vierge, se soucie des choses du Seigneur,
afin d'être sainte de corps et d'esprit; et celle qui est mariée s'inquiète
des choses du monde, des moyens de plaire à son mari...
Si quelqu'un estime déshonorant pour sa (fille) vierge de dépasser l'âge
nubile et qu'il doive en être ainsi, qu'il fasse ce qu'il veut, il ne pèche
pas. Qu'on se marie. Mais celui qui tient ferme en lui-même (= en son cœur),
sans contrainte et avec l'exercice de sa propre volonté, et qui a décidé en
son cœur de garder sa (fille) vierge, celui-là fait bien. Ainsi, celui qui donne sa (fille) vierge en mariage fait
bien, celui qui ne la donne pas fait mieux".
N.B. : Tout ce passage peut aussi se comprendre comme le dilemme qui se pose à un homme fiancé d'épouser (= de marier) sa fiancée (= sa vierge) ou pas; ou encore, de consommer le mariage ou non… Mais ce n'est pas l'interprétation la plus courante !
.
Les célibataires et les jeunes veuves
Évidemment, tous ces textes parlant d'une
enfant sous l'autorité paternelle ne rendent pas compte de la situation des
femmes célibataires qui, de nos jours, mènent une vie libre de toute autorité
masculine. Quelle doit être leur
attitude dans l'assemblée ?
A première vue, puisqu'elles ne sont soumises à
l'autorité d'aucun homme, elles ne risquent pas d'exercer une autorité
illicite sur leur père, leur mari ou leur fils aîné en exerçant un ministère
d'autorité dans l'église... Bien
que la question relève d'une casuistique quelque peu suspecte, je ne voudrais
pas la laisser en suspens.
Personnellement, il me semble que la situation des
femmes célibataires d'aujourd'hui relève des conseils donnés aux jeunes
veuves. En effet, comme les célibataires
modernes, ces femmes ne sont ni sous l'autorité d'un père ni sous l'autorité d'un mari.
1° Romains
7 : 1-3
Ainsi,
une femme mariée (= en puissance de mari) est liée par la loi à son mari (=
au mari) tant qu'il est vivant. Mais
si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari (= de la
loi du mari). Si donc, du vivant de son mari, elle devient la femme d'un
autre homme, elle sera appelée adultère.
Mais si le mari meurt, elle est libérée de la loi.
Elle n'est donc pas adultère en devenant la femme d'un autre".
2°
1 Corinthiens 7 : 7-9
"Je
voudrais que tous les hommes soient comme moi.
Mais chacun tient de Dieu un don (= un charisme) particulier, l'un d'une
manière, l'autre d'une autre. A
ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis qu'il leur est bon de rester
comme moi. Mais s'ils manquent de
continence (= s'ils ne se dominent pas), qu'ils se marient.
Car il vaut mieux se marier que de brûler".
3°
1 Corinthiens 7 : 39-40
"Une
femme est liée aussi longtemps que son
mari est vivant. Mais si le mari
est décédé (= s'endort), elle est libre de se marier à qui elle veut.
Seulement, que ce soit dans le Seigneur.
Néanmoins, elle sera plus heureuse, à mon avis, si elle demeure comme
elle est. Or moi aussi, je pense avoir l'Esprit de Dieu".
4°
1 Corinthiens 7 : 35
"Je
dis cela dans votre intérêt. Ce
n'est pas pour vous rendre un piège (= pour jeter un filet sur vous), c'est
pour vous porter à ce qui est bienséant et propre à vous attacher au
Seigneur, sans tiraillement".
5° 1
Timothée 5 : 11-15
"Mais
(pour
être inscrites sur la liste des veuves), refuse les jeunes veuves. Car lorsque leurs désirs les détachent du Christ, elles
veulent se marier, et se rendent coupables en ce qu'elles ont annulé (= violer)
leur premier engagement (= leur première foi).
Avec cela, étant oisives, elles apprennent à aller de maison en maison.
Elles ajoutent à l'oisiveté le bavardage et l'intrigue, en parlant de
choses dont elles ne doivent pas parler. Je
veux donc que les jeunes se marient, qu'elles aient des enfants, qu'elles
dirigent leur maison, afin de ne donner à l'adversaire aucune occasion de médire.
Car déjà quelques-unes se sont détournées pour suivre Satan".
6° 2
Thessaloniciens 3 : 10-12
"Lorsque nous étions chez vous, nous vous
recommandions déjà ceci : Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne
mange pas non plus. Or nous
apprenons que certains d'entre vous vivent dans le désordre, et qu'au lieu
d'agir, ils s'agitent (= ne faisant rien, mais s'affairant à des choses
inutiles). Nous invitons ces gens-là,
et nous les exhortons par le Seigneur Jésus-Christ à travailler paisiblement
et à manger leur propre pain".
7°
1 Timothée 2 : 8-10
"Je
veux donc que les hommes prient en tous lieux, en élevant des mains pures, sans
colère, ni contestation. De même
aussi, que les femmes, vêtues d'une manière décente, avec pudeur et modestie
se parent, non pas de tresses ou d'or ou de perles ou de toilettes somptueuses,
mais d'œuvres bonnes, comme il convient à des femmes qui font profession de piété".
A première vue, les propos de Paul, lorsqu'on
les compare, paraissent manquer de cohérence.
Aux veuves de Corinthe il recommande le célibat et à Timothée il
demande de les encourager à se remarier. En
fait, Paul exprime les trois éléments complémentaires qu'il faut prendre en
considération, lors des recommandations adressées aux jeunes veuves et aux célibataires :
- Le célibat et le veuvage permettent de se
consacrer à plein temps pour le Seigneur et au service de l'église. C'est là un avantage qu'il faut s'efforcer de préserver.
- Les chrétiens en général, et les jeunes veuves
en particulier, doivent veiller à ne pas devenir une charge pour leur communauté.
- En conséquence, il vaut mieux se marier, ou se
remarier, que de "brûler" ou que d'être un fardeau pour l'église.
Aux Corinthiens, Paul présentait surtout les
avantages du célibat en recommandant toutefois de se marier à ceux qui
manquent de continence. A Timothée,
il fait valoir qu'intégrer les jeunes veuves dans la liste présente le danger
de les voir délaisser l'engagement qu'elles auront pris envers Christ et la
communauté en échange de son soutien. Car
ces jeunes femmes ont déjà des habitudes conjugales et il faut s'attendre à
ce qu'elles cherchent à les perpétuer avec un autre homme.
D'un autre côté, si elles sont prises en charge sans avoir la
responsabilité d'une famille elles risquent de devenir oisives et de tomber
dans le péché.
Dès lors, la logique de Paul, toute emprunte de
pragmatisme et de bon sens, apparaît dans toute son évidence.
La règle générale, c'est qu'il est préférable de rester veuve ou célibataire.
Mais il vaut mieux se marier que de tomber dans le péché ou que d'être
à charge de la communauté.
N.B. : Sans
doute est-ce par réaction contre "la mortification de la chair"
propre à l'église catholique,
mais dans nos milieux protestants on parle peu des avantages du célibat,
notamment au niveau du gain de temps pour le service divin.
En général, la disponibilité pour le service y est plutôt associée
au fait de ne pas devoir travailler pour assurer ses propres besoins.
Ce qui encourage la prise en charge par l'église
de serviteurs ou de servantes "à plein temps". Certes, les deux points de vue sont attestés par Paul lui-même.
D'une part, il rappelle que "celui qui prêche l'Évangile" a
le droit de "vivre de l'Évangile"...
Mais d'autre part, il se fait un point d'honneur de "renoncer à ce
droit" ! (1Cor. 9.14‑15)
Quoi qu'on en pense, il est donc évident que du point de vue de Paul, il
vaut mieux trouver du temps disponible dans le célibat, plutôt que de se
marier en étant à charge d'une église.
C'est pourquoi, les célibataires ne devraient plus faire aucun complexe
dans l'église, du seul fait de leur état, puisque celui-ci est spirituellement
enviable.
Personnellement,
si je n'ai pas reçu en partage le même "charisme" que Paul, je peux
confirmer que bien s'occuper de sa famille "mange" plus de temps que
de travailler à sa propre subsistance.
Et même si je ne regrette rien du temps consacré aux miens, je ne peux
oublier le témoignage d'une vieille demoiselle qui, partie très jeune en
mission, avait perdu toute opportunité de se marier. A l'instar de l'apôtre Paul, elle se réjouissait cependant
des nombreux enfants qu'elle avait engendrés en Christ et dont elle jouirait
toute l'éternité. (1Cor. 4.15)
Mais revenant à la question de l'éventuelle
"soumission" des femmes célibataires dans l'église,
il me faut bien admettre que la Bible n'en parle pas directement.
C'est normal puisque à cette époque le problème ne se posait pas
vraiment. Cependant, dans l'église
locale elles se trouvent sous l'autorité spirituelle des anciens comme tout un
chacun.
D'un autre côté, si ma suggestion de les assimiler aux "jeunes veuves" s'avère légitime, il paraît raisonnable de leur demander de témoigner également de la soumission aux anciens, au travers de l'attitude adoptée pour exercer leurs dons au sein de la communauté. D'autant plus que les responsabilités auxquelles Paul se réfère concernant les veuves relèvent plutôt de tâches diaconales.
d.
Les chrétiennes mariées à des incroyants
Il
s'agit bien entendu de mariages qui ont précédé la conversion de l'épouse
sans que le mari ne partage la foi nouvelle de sa femme.
Ces chrétiennes se trouvent dans une situation particulièrement délicate,
puisque à l'église elles ont retrouvé la liberté en Christ et qu'à la
maison elles sont toujours sous la loi du péché... et de leur mari ! Cela
suffirait à expliquer pourquoi les chrétiens sont appelés à "se marier
dans le Seigneur". (1Cor. 7.39)
La logique de tout ce que j'ai déjà exposé va présider
aux recommandations des apôtres. Les
chrétiennes devront tout faire pour amener leur mari à Christ, mais sans leur
imposer leur liberté nouvelle. Autant
dire qu'elles "marchent sur des œufs" !
1°
1 Pierre 3 : 1-6
Vous de même,
femmes, soyez soumises chacune à votre mari, afin que même si quelques-uns
n'obéissent pas à la parole, ils soient gagnés sans paroles, par la conduite
de leur femme, en voyant votre conduite pure et respectueuse (= dans la
crainte)... N'ayez pas pour parure
ce qui est extérieur... mais la
parure cachée du cœur, la parure personnelle inaltérable d'un esprit doux et
tranquille... Ainsi se paraient
autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu, soumises à leur mari,
telle Sara qui obéissait à Abraham et l'appelait son seigneur.
C'est d'elle que vous êtes devenues les descendantes, si vous faites le
bien, sans vous laisser troubler par aucune crainte."
Bien que Pierre commence par s'adresser à
toutes les chrétiennes, il se tourne plus particulièrement vers celles dont le
mari n'est pas converti. Dès lors,
ses recommandations relèvent du bon sens.
Car à la maison, ces chrétiennes sont toujours sous le régime de
l'ancienne alliance. Elles se
trouvent dans la même situation que les femmes de l'Ancien Testament qui
aspiraient à la libération de la domination du mari mais qui, en attendant,
portaient leur joug avec patience et surtout avec foi.
L'exemple de Sara "obéissant" à Abraham
et l'appelant son "seigneur" me semble donc limité aux épouses de
maris incroyants. S'il a servi de
prétexte au despotisme exercé par certains croyants sur leur épouse, c'est
suite à une exégèse de ce verset, bien trop superficielle, complaisante et
coupable...
° 1
Corinthiens 7 : 13-17
. Si
une femme a un mari non-croyant, et qu'il consente à habiter avec elle, qu'elle
ne répudie pas (ou :
qu'elle n'abandonne pas) son mari. Car
le mari non-croyant est sanctifié (= tenu pour saint) par la femme...
Autrement vos enfants seraient impurs, tandis qu'en fait, ils sont
saints. Si le non-croyant se sépare
("chorizô" = s'éloigner), qu'il se sépare (= qu'il s'éloigne)...
la sœur n'est pas liée ("douloô" = asservir) en pareil cas. Dieu nous a appelés à (vivre) dans la paix.
En effet, comment savoir, femme, si tu sauveras ton mari ?...
Seulement, que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite,
selon l'appel qu'il a reçu de Dieu..."
.B. : Le
verbe "chorizô" signifie
"se séparer, s'éloigner", mais comme en français cela ne signifie
pas forcément "divorcer"... Le
verbe "douloô" a la même
racine que le mot "esclave". Il
est donc mieux traduit par "asservir" que par "lier".
En 7.27, le verbe "déô" qui signifie vraiment
"lier" apparaît deux fois.
Une bonne compréhension de ce passage nécessite un
bref rappel de ce qui précède, notamment au chapitre six où Paul a énoncé
les trois principes qui définissent le cadre du mariage dans la nouvelle
alliance :
1°
La sensualité est un esclavage. (6.12)
2°
Par la conversion, le corps du croyant devient le temple du
Saint‑Esprit. (6.17)
3°
La finalité du corps est spirituelle.
(6.13, 20)
Dès lors, se pose le problème de l'opportunité du
mariage pour les chrétiens et l'on peut facilement deviner les questions
auxquelles l'apôtre va répondre au chapitre sept :
1°
Avoir des rapports sexuels, même dans le cadre du mariage, n'est-ce pas
sombrer dans la sensualité ?
2°
Comment accepter qu'un non-croyant exerce une autorité quelconque sur le
corps de son conjoint croyant, si celui-ci est le temple du Saint-Esprit ?
3°
Le corps du croyant étant devenu le temple de Dieu, il vaut sans doute
mieux ne pas se marier pour le consacrer à un usage uniquement spirituel ?
C'est la réponse de Paul à la deuxième question
qui nous intéresse ici, dont le contenu concernant les femmes se trouve dans le
passage ci-dessus. Tout d'abord, il
rappelle la règle énoncée par Jésus Lui-même, sur l'indissolubilité du
mariage : il n'appartient pas au croyant de répudier son conjoint
inconverti ou de le quitter et donc d'engager une procédure de divorce. (Le verbe "afièmi"
veut dire "laisser", il signifie donc aussi bien
"abandonner" que "répudier").
Ensuite, Paul explique que les relations sexuelles ne
souillent pas le temple de Dieu quand elles sont légitimes, c'est à dire quand
elles se pratiquent dans le cadre du mariage.
(Alors qu'en 6.15-17, il avait affirmé qu'une sexualité illégitime était
un blasphème contre le temple de Dieu). Mais dans ce cas, Dieu "tient pour
saint" le mari inconverti... Du
moins, en ce qui concerne la sexualité car, pour le reste, il lui faudra bien
se convertir s'il veut devenir un "saint" dans le plein sens du terme.
En fait, c'est la sexualité du couple qui est
"sanctifiée" aux yeux de Dieu, de telle sorte que le fruit de leurs
rapports est pur. Leurs enfants ne
seront en aucun cas les "fruits du péché". (Comme c'était le cas, par exemple, pour le premier enfant
de David et de Bath-Shéba).
Enfin, Paul envisage la possibilité d'un mari
incroyant qui ne supporte pas la conversion de sa femme ni sa vie nouvelle en
Christ... En supposant qu'elle
suive aussi les conseils de Pierre ! Si c'est lui qui prend l'initiative de
la séparation, Paul déclare que la femme n'est plus tenue de subir les
contraintes de cet "asservissement".
La femme ne peut donc forcer son mari à rester avec elle, mais elle doit
suivre une ligne de conduite paisible et conciliante, sachant que les disputes
n'ont jamais amené personne à la conversion.
Car le salut de son mari doit demeurer un objectif
prioritaire pour elle, même si elle n'en a pas l'assurance absolue.
Dans cette perspective, et dans la mesure de sa foi, rien n'empêche
qu'elle fasse sienne la recommandation adressée à toutes les chrétiennes : "...Que
la femme ne se sépare pas de son mari. Si
elle est séparée, qu'elle demeure sans se marier ou qu'elle se réconcilie
avec son mari..." (7.10-11)
3°
1 Corinthiens 7 : 18-24
Quelqu'un
a-t-il été appelé étant circoncis, qu'il demeure circoncis. Quelqu'un a-t-il été appelé étant incirconcis, qu'il ne
se fasse pas circoncire. La
circoncision n'est rien, et l'incirconcision n'est rien, mais c'est
l'observation des commandements de Dieu (qui compte).
Que chacun demeure dans l'état où il était lorsqu'il a été appelé.
As-tu été appelé en étant esclave, ne t'en inquiète pas.
Mais si tu peux devenir libre, profites-en plutôt.
Car l'esclave qui a été appelé dans le Seigneur est un affranchi du
Seigneur. De même, l'homme libre
qui a été appelé est un esclave de Christ.
Vous avez été
rachetés à un (grand) prix. Ne
devenez pas esclaves des hommes. Que
chacun, frères, demeure devant Dieu dans l'état où il était lorsqu'il a été
appelé."
On pourrait se demander ce que viennent faire ces
versets parlant de la circoncision et de l'esclavage au milieu d'un chapitre
traitant du mariage. Mais quand on
mesure l'ambiguïté de la situation dans laquelle se trouve une croyante mariée
à un incroyant, ou l'inverse, on peut comprendre que Paul ait éprouvé le
besoin d'éclairer par deux illustrations, ce qu'il considère comme une règle
d'or : "Que chacun demeure devant Dieu, dans l'état où il était,
lorsqu'il a été appelé". (7.24)
1° L'exemple
de la circoncision. (1Cor.
7.18-20)
Cette image montre bien la nécessité
de distinguer le temporel du spirituel. En
effet, ce n'est pas la circoncision (cette petite opération chirurgicale au
niveau de l'organe génital mâle) qui change quoi que ce soit à la relation du
croyant avec Dieu. Car ce qui
importe, c'est sa soumission aux principes spirituels contenus dans la Parole.
De la même façon, ce ne sont pas les relations sexuelles entre époux
qui peuvent compromettre la relation spirituelle du croyant avec Dieu.
Le péché est lié au caractère illégitime de ces relations :
adultère, fornication, homosexualité, etc.
2° Le
paradoxe de l'esclavage. (1Cor. 7.21-24)
Cet exemple va montrer que tout statut présente
des avantages et des inconvénients. Car
le croyant qui est esclave d'un maître, selon la chair, est affranchi du péché,
en Jésus-Christ. Par contre, le
chrétien qui est socialement un affranchi est esclave de Christ dans le domaine
spirituel. De la même façon,
celui qui est prisonnier de ses obligations conjugales se trouve malgré tout
exempté de certaines tentations d'ordre sexuel.
Tandis que le célibataire, qui est libre de toute contrainte conjugale,
risque de devoir affronter des tentations épargnées aux gens mariés.
Personne n'est obligé de partager l'interprétation
que je propose ici pour ces deux illustrations.
J'ai cependant la faiblesse de penser qu'elle s'inscrit parfaitement dans
la logique du développement de Paul. J'y
vois un double encouragement pour la femme chrétienne à demeurer avec son mari
inconverti car :
1°
Elle ne risque ni péché, ni souillure en ayant des relations avec son
mari.
2°
Elle doit apprendre à assumer par la foi, la situation qui est la
sienne, aussi inconfortable soit-elle.
Bien sûr, ces deux choses valent aussi pour les hommes mariés à des inconverties. Autrement dit : "Que chacun (chacune) marche selon la part que le Seigneur lui a faite, selon l'appel qu'il (ou qu'elle) a reçu de Dieu". (7.17) Dès lors, oserais-je suggérer que par la foi, une femme dont le mari n'est pas encore chrétien doit se conduire dans l'église comme s'il s'y trouvait déjà ?... En tous cas, quel gage extraordinaire de confiance en Dieu, ce serait !
Dans le Nouveau Testament, je ne vois aucun élément
déterminant qui permette de distinguer les hommes des femmes dans la
distribution des dons spirituels à l'église par le Saint-Esprit.
À priori, tous les ministères sont donc ouverts aux femmes chrétiennes.
Par contre, les relations entre hommes et femmes font l'objet de
directives précises, motivées par des raisons d'ordre spirituel bien plus que
culturel. Il en résulte une
incontestable restriction de l'autorité que les femmes pourraient exercer sur
les hommes, aussi bien dans l'église
que dans leurs foyers.
En conséquence, la question de savoir si les femmes
peuvent ou non exercer tous les ministères m'apparaît comme un faux problème.
"A mauvaise question,
mauvaise réponse !" Le
fond du problème ne concerne pas les dons qui seraient refusés aux femmes,
mais bien les relations établies par Dieu entre les hommes et les femmes.
La vraie question est donc de définir l'interférence
de ces relations sur les ministères respectifs des femmes et des hommes.
Car une fois ces rapports établis, les chrétiens et les chrétiennes
n'auront plus qu'à exercer leurs dons, quels qu'ils soient, dans les limites
qui leur sont imparties par le Seigneur.
Enfin, Dieu seul est libre de suspendre les lois
qu'Il a établies... Que ce soient
les lois de l'univers dans les miracles qu'Il accomplit...
Ou les règles d'église,
dans les exceptions qu'Il permet.
En pratique, on constate donc qu'en cas de dérobade
masculine, l'Esprit-Saint peut user de sa divine liberté pour investir des
femmes fidèles, capables de pallier l'une ou l'autre carence spirituelle.
Cela est arrivé dans la Bible, cela peut sans doute arriver dans l'église...
On ne pourrait alors que se soumettre après un examen circonspect de ce
qui doit rester une situation d'exception.
A plusieurs reprises, j'ai parlé de l'esprit
partisan qui anime les tenants de l'une ou l'autre thèse.
Si bien que même des chrétiens qui se disent "évangéliques"
ou "fondamentalistes" ont du mal à accepter les enseignements de la
Parole de Dieu quand ils n'abondent pas dans leur sens.
Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner de
voir les "féministes", aussi bien que les "anti-féministes",
parer à leurs absences d'arguments par des procès d'intentions.
Cette pirouette permet de s'épargner la peine de se justifier puisqu'il
est inutile de discuter avec des chrétiens "légalistes" ou
"sectaires".
Mais le légalisme, c'est de s'attacher à la lettre
plutôt qu'à l'esprit du texte... Avoir
le courage d'enseigner les doctrines impopulaires de la Bible, ce n'est pas du légalisme,
c'est de la fidélité. Et le
sectarisme, c'est de faire entrer le texte biblique dans ses préjugés...
Avoir des convictions profondes fondées sur les enseignements de la
Bible, ce n'est pas du sectarisme, c'est encore de la fidélité.
Or, il arrive souvent que la fidélité à l'esprit
du texte de la Bible conduise à des conclusions qui choquent par leurs
exigences. Car la mentalité du
monde ambiant est façonnée par un humanisme qui n'a pas manqué de pénétrer
l'Église de Jésus-Christ. Dans
son souci de présenter un christianisme adapté au monde moderne, le
protestantisme libéral n'a pas manqué d'adapter sa théologie aux thèses féministes
contemporaines. Mais le phénomène
remonte à près d'un siècle déjà !
En face de lui, le protestantisme "évangélique"
s'accroche à des traditions anti-féministes qui doivent davantage à la lettre
du texte biblique qu'à son esprit. Il
perpétue ainsi près de vingt siècles d'un christianisme soumis à la
domination du mâle, exactement comme dans l'ancienne alliance.
Mais depuis une ou deux décennies, une troisième
tendance est apparue au sein de la mouvance évangélique.
Elle reprend intégralement
les thèses féministes propres aux humanistes et aux libéraux.
Mais elle a soin de ne pas les justifier par un "écrémage"
des textes de la Bible, comme le font les libéraux, en décrétant que tous les
textes gênants ne sont plus d'actualité aujourd'hui...
Ou en les attribuant tout bonnement à la misogynie de Paul !
Non, la nouvelle tendance, au contraire, appuie son féminisme
sur un littéralisme exacerbé... Ce
qui, en principe, devrait couper l'herbe sous le pied du fondamentaliste le plus
intégriste. Pour cela, on
recherche le terme rare, l'expression unique, l'exemple exceptionnel, pour échafauder
une doctrine qui aille dans le bon sens : celui d'une ouverture totale et
inconditionnelle. Et tant pis, si
cela implique la mise en oubli des règles les plus élémentaires de l'exégèse
et de l'herméneutique !
Pour ma part, j'ai voulu suggérer une quatrième
voie, priant le Seigneur qu'elle soit la bonne...
Ou, pour le moins, en progrès par rapport aux trois autres.
Ce que j'ai proposé, c'est une lecture de la Bible qui demeure dans la
tradition fondamentaliste tout en restant particulièrement attentif au contexte
immédiat et au contexte historique. Cette
approche m'a permis, me semble-t-il, de lever le malaise associé à certains
passages des épîtres pauliniennes.
Je me suis surtout efforcé "d'oublier" le
poids de la tradition anti-féministe, aussi bien que la pression de la mode féministe
contemporaine... J'espère y être
parvenu. S'il me paraît impossible
d'ouvrir les ministères d'autorité aux femmes, je m'en excuse auprès des sœurs
qui resteraient attachées aux thèses féministes contemporaines.
Cependant, j'espère qu'elles auront compris que je ne suis vraiment pas
animé du désir de les enfermer dans une sorte de "gynécée évangélique".
Si je vois certains ministères de la Parole ouverts
aux femmes, les anti-féministes me pardonneront aussi... J'espère les avoir convaincus que ce n'est pas par
"conformité au siècle présent".
Chacun l'aura compris, mon point de vue importe finalement très peu.
Seul compte mon souci de rendre justice à des sœurs en Christ, aussi
bien qu'à des textes bibliques, qui sont trop souvent l'objet des mêmes
mauvais traitements.
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