L'art n'a pas une destination décorative, mais il retourne plutôt aux gens une connaissance sur eux-mêmes. Quiconque affirme donc ne rien comprendre aux arts, ne peut pas prétendre ensuite donner un sens à quoi que ce soit, et surtout pas à lui-même. L'art n'est pas une sorte d'ornement qui viendrait meubler l'esprit ou les murs du salon, car il est surtout un instrument de production.

La culture  est la chose au monde dont les gens ont le plus besoin,  avant même de manger ! Car nous savons que pour produire des aliments en suffisance, il a fallu inventer l'agriculture. Peut-être que le double sens du mot culture se trouve dans cette origine.

Aujourd'hui et à chaque occasion, on observe que le problème se pose dans les mêmes termes : l'ingéniosité peut seule trouver les solutions aux difficultés du moment. L'intelligence du présent, doté de la mémoire du passé, s'invente un avenir possible. Tandis que l'ignorance n'a jamais rendu service à qui que ce soit.

Tel le joueur d'échecs, il faut penser à chaque étape de l'action, et autant que possible anticiper quelques coups en avance. Notre époque de quantité, où la complexité croissante du monde moderne provoque le vertige du chaos, nécessite plus que jamais une vision claire et des simplifications rigoureuses. Les expressions artistiques comme les théories scientifiques sont des appuis solides pour donner un sens à notre vie, pour garder le sens de la réalité.

Quelle est la finalité de l'activité humaine ?
Le malheur de la majorité pour le profit de quelques-uns; une perspective sinistre sur un avenir bouché; une errance aveugle dans un labyrinthe de platitudes; la violence morbide comme valeur dominante; et l'argent, seul libre, par-dessus tout comme véhicule efficace de la terreur ?

Il semble que de tout temps, le grand art ait dépassé pour lui-même ces sombres limites et qu'il ait protesté envers sa propre servilité. En cela il est le plus bel exemple d'émancipation. C'est la percée au travers de la voûte du tombeau (architecture); la taille à fleur de peau de la victoire (sculpture); l'envol hors de la dimension du labyrinthe (peinture); le cri près de l'âme du martyr (musique); l'écart loin de la nature du même (poésie); la parole montée sur planche publique (théâtre); le regard de l'instant durable sur le vif du sujet (photographie); la spirale d'images qui projette sa lumière d'ombres mobiles (cinéma); la vision du lointain partout au même moment (télévision); le lien hypertextuel dans le contexte universel (internet); le passage "au nord-ouest" de la puanteur du canal (littérature)...
Bref un pont jeté pour l'aube d'une humanité émancipée qui est le seul crépuscule des dieux.

L'art et la philosophie tournent autour du même point d'irradiation central : la vie humaine, miracle de l'univers, héritier d'une dialectique matérielle géniale. Mais si la cosmologie scientifique rend vaines tant de querelles mesquines de la vie quotidienne, elle se trouve comme incarnée dans les gestes suffisants et nécessaires des gens qui veulent vivre en civilisés.

Cette principale revendication se manifeste sous toutes sortes de visages : alphabétisation et critique de l'idéalisme; manifestation et démocratie; qualification et autogestion; liberté d'expression et publicisme; droit au travail et résistance à l'exploitation; éducation première et double réflexion; antiracisme et dialogue des civilisations...  De la méthode contre la confusion !

Quand on regarde l'expansion actuelle des média mettant sur orbite des canons de diffusion massive, on saisit que cette fin de millénaire sera marquée du sceau indélébile d'une vraie révolution culturelle qui va décoiffer plus d'un chinois. Mais révolution n'est pas automatiquement progrès ou amélioration de la situation réelle. Il nous appartient, comme à chacun, de l'orienter dans un sens positif, sinon elle ne sera que la répétition amplifiée par l'industrie lourde, de ce qui fut jadis "du pain et des jeux"...
Mais où le pain aura un fort goût de sang. Le principe du sacrifice n'a-t-il pas assez duré ?

Art does not have a decorative destination, but it rather turns over to people a knowledge on themselves. Whoever thus affirms anything to understand with arts, cannot then claim to give a sense to anything, and especially not to itself. Art is not a kind of ornament which would come to furnish the spirit or the lounge walls, because it is especially an instrument of production.

The culture is the thing in the world whose people have more the need, before even eating ! Because we know that to produce food in sufficiency, should have been invented agriculture. Perhaps that the double meaning of the word culture is in this origin.

Today and on each occasion, one observes that the problem arises in the same terms: ingeniousness can only find the solutions with the difficulties of the moment. The intelligence of the present, equipped with the memory of the past, invents a possible future. While ignorance never rendered service to anyone.

Such as the chess player, it is necessary to think of each stage of the action, and as much as possible anticipating some blows in advance. Our time of quantity, where the increasing complexity of the modern world causes the giddiness of chaos, requires more than ever a clear vision and rigorous simplifications. The artistic expressions as the scientific theories are solid supports to give a sense to our life, to keep the sense of reality.

Which is the finality of the human activity? The misfortune of the majority for the profit of some; a sinister perspective on a no future; a wandering in a labyrinth of flatness; morbid violence like dominant value; and money, only free, over all just like effective vehicle of terror ?

It seems that from immemorial time, great art has transgressed for itself these dark limits and that he protested towards his own servility. In that it is the most beautiful example of emancipation. It is the opening through the vault of the tomb (architecture); The cutting of skin of the victory (sculpture); the flying out of the dimension of the labyrinth (painting); the cry close to the heart of the martyr (music); the variation far from the same nature (poetry); words put on public wood board (theatre); the glance of the durable moment on the sharp one of the subject (photography); the spiral of images which projects its light of mobile shades (cinema); vision of the faraway everywhere at the same time (television); the hypertextuel link in the universal context (Internet); "to the North-West" passage of the stink of the channel (literature)... In short a bridge thrown for the beginning of an emancipated humanity which is the only waning of the gods (götterdämmerung).

Art and philosophy turn around the same central point of irradiation: human life, miracle of the universe, heir to clever material dialectic. But if scientific cosmology makes vain so much of petty quarrels of the everyday life, it is as incarnated in the sufficient and necessary gestures of people who want to live in civilized.

This principal claim appears under all kinds: elimination of illiteracy and critical of the idealism; demonstration and democracy; qualification and self-management; freedom of expression and publicisme; right to work and resistance to the exploitation; education first and double reflection; antiracism and dialogue of civilizations...   The method versus confusion !

When one looks at the current expansion of the media putting on orbit a system of massive diffusion, one seizes that this end of millenium will be marked indelible seal of a true cultural revolution which goes shake more than one Chinese. But revolution is not automatically progress or improvement of the real situation. It belongs to us, as with each one, to direct it in a positive direction, if not it will be only the repetition amplified by heavy industry, of what was formerly "bread and plays"...   But where the bread will have a strong taste of blood.
Didn't the principle of the sacrifice last enough ?