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La Sainteté Stéphane

16 mm - couleur - 43' - 1993
Scénario : Gérard Preszow
Réalisation : Gérard Preszow
Image : Jorge Leon
Son : Cosmas Antoniadis
Sons additionnels : Henri Morelle
Montage : Eva Houdova
Mixage : Gilbert Lantin
Producteurs délégués : Anne Deligne et Daniel De Valck
Production : Cobra Films, RTBF Liège "Carré Noir", Belgische Radio en Televisie (BRTN), Wallonie Image Production (W.I.P.)
Pays : Belgique

Un film hommage postmortem pour un peintre fulgurant, disparu à l'âge absurde de 25 ans fait par Gérard Preszow, cinéaste et ami. Chant funèbre, lettre ouverte à un assassiné. Ce film aurait pu être dans une proximité qui ne rendait pas la juste distance. Or le portrait qui est fait de Stéphane Mandelbaum signale son intensité de vie et sa volonté suicidaire. Surdoué, "mauvais garçon", dessinateur instinctif et magnifique, peintre proche de Bacon, de Soutine et de Schiele, il a assumé à la fois sa judaïté avec le poids de l'holocauste et sa révolte en vivant à "sexe répandu", épousant Claudia, une zaïroise, souteneur et amant multiple, trafiquant dans des zones troubles et mourant comme un obscur truand dans une histoire de trafic d'œuvre d'art. Reste ce que montre le cinéaste, ces multiples dessins au bic, couvrant les pages de graffitis, de messages, d'interrogations, de souffrances et de pensées et ses tableaux livrés au rouge du sang et au noir de la mort. Vivant, il se représente comme livré à la violence du supplice. Dans une lettre il parle des femmes, des armes à feu, du sexe, du vol, des attaques à main armée, bref de toutes ses tentations d'anéantissement.
Gérard Preszow conduit son film entre deux cérémonies d'adieu, celle conduite par un rabbin et celle des femmes africaines qui l'ont aimé. Et la musique chant yiddish ou celle plus orchestrale de l'Afrique ou de l'Europe sont là.

Gérard Preszow
Né en 1954. Études de philologie romane. Partage ses activités entre la littérature, le cinéma, l'art et l'engagement socio-politique. A créé la publication "Revue et corrigée" , travaille à la fondation Jacques Gueux et à la revue "Rue des usines". Nombreux textes critiques. Participation à l'ouvrage collectif "Bruxelles, lieu commun". A réalisé "La dernière image" (vidéo 1990),"On a perdu le nord" (vidéo 1990), "La sainteté Stéphane" (16mm 1993), "William Cliff, poète"(vidéo 1997).


Schiele Egon

16 mm, Couleur, 50', 1976
Réalisation : Jean-Louis Fournier
Image : Renan Polles, Patrick Meunier
Montage : Régine Sabre, Dominique Marcombe
Musique : Arnold Schoenberg, Anton Webern
Commentaire : François Leyritz, Jean-Louis Fournier dit par François Chaumette et Daniel Manuel
Textes : Egon Schiele
Production : RM Productions
Pays : France
Premier Grand Prix au Festival International du Film d'Art 1976

Egon Schiele est une figure majeure de l'expressionnisme autrichien et un exemple type du peintre maudit. Il est emporté, à 28 ans, par la grippe espagnole et, pendant sa courte vie, il est obsédé par la mort et l'érotisme, rejeté par la gloire et la société (il sera emprisonné pour "Scandale"), ravagé par les soucis ("je ne peux même pas dessiner, je n'ai plus de couleur et de papier"). Il laisse une œuvre, en particulier des dessins, d'une force inouïe. Jean-Louis Fournier centre son approche autour du thème du voyage, de l'errance. Les trains sont omniprésents dans le film : ils nous rappellent que Schiele était fils de chef de gare et qu'il a toujours cherché ailleurs un bonheur intangible. Il le focalise aussi sur l'idée du narcissisme et de l'autoportrait. Il rend présent son sens de la sexualité pris en charge par des dessins de corps ouverts, déformés, sensuellement présents, sans la grâce convenue des gravures coquines mais offerts dans le désir. Les propos du peintre, dits en voix off, sont magnifiques mais noyés dans un commentaire très catalogue et livre d'art. Et peut-être les ambitions du cinéaste d'être au plus près de son sujet, restées à l'état d'intention, n'emportent-elles pas totalement notre adhésion. Les lents pano qui balayent les œuvres sont répétitifs.

Egon Schiele (1890 - 1918)
Peintre autrichien. Élève de l'Académie des Beaux-Arts de Vienne, il rencontre Klimt qui sera la référence importante de sa vie. Dessinateur exceptionnel, son œuvre à l'érotisme dur est réalisée au crayon, à l'aquarelle, à la gouache. Il propose des corps cadavériques, des visages tourmentés, des paysages déchirés, des portraits sans complaisance.


Sculpte le temps

Vidéo 3/4 U-Matic, Couleur, 12', 1987
Réalisation : Suzon Fuks
Image : Jean-Luc Cohen, Suzon Fuks
Montage : Yves Van Herstraeten
Musique : Bob Vanderbob
Coproduction : STIB, Atelier Jeunes Cinéastes (AJC), le Centre du Film sur l'Art
Pays : Belgique

Un travail autodidacte, d'une plasticienne qui veut se confronter à la vidéo, au récit et à la direction d'acteur. Au départ, une idée : le travail d'un sculpteur, Yves Bosquet, qui propose la mise en portrait, dans une station de métro, de la famille royale rassemblée autour de la Reine Elisabeth. Comment confronter la couronne et un lieu public, l'histoire et le présent ? Suzon Fuks a beaucoup d'idées et de bonnes intentions mais le cinéma ne la rejoint pas. Elle mélange le documentaire, la fiction, le mime, le burlesque et son point de vue, qui emprunte plus au théâtre et à la mise en scène du corps qu'au cinéma, n'arrive pas à proposer des images qui soient au niveau de son projet. Il y a trop de choses en trop peu de temps. On perd et le sculpteur et le temps, son temps.

Suzon Fuks
A fait ses études à l'école supérieure de la Cambre, section sculpture, puis s'est lancée dans la danse, le travail du corps, les performances. Elle a créé l'école "Gestes".


Raoul Servais - Œuvre intégrale (+ extraits de Taxandria)

Vidéo U-Matic - couleur - 62'

ANIMATION
Chromophobia (1966) 10'
Sirène (1968) 9'30"
Golframe (1969) 5'
To speak or not to speak (1970) 11'
Opération X 70 (1971) 9'30"
Pégases (1973 ) 8' 30"
Harpya (1979) 9'
Taxandria ( 1994) 3' d'extrait de ce long métrage

Tous les films de Raoul Servais sont des fables ou des apologues contre les injustices du monde, la guerre, les totalitarismes et les oppressions de toutes sortes qui asservissent l'individu et empêchent le bonheur de tourner. Si les sujets sont graves ils sont traités avec une invention sans cesse renouvelée explorant des registres et des techniques très différents. Poétiques ou anxiogènes, mêlant l'esprit d'enfance à l'ironie, la tendresse et la causticité, ils sont toujours étonnants par la densité d'inventivité qu'apporte chaque situation, le rebondissement créatif. Que ce soient les armées noires de "Chromophobia" qui veulent détruire les couleurs, l'histoire poético-fantastique d'une nouvelle petite "Sirène" persécutée avec son amoureux par des grues de chantier transformées en oiseaux prédateurs, où les bombes chimiques lancées par des docteurs "folamour" masqués et plus inquiétants que des robots, la prise de position politique est évidente. Avec " To speak or not to speak", Raoul Servais va jouer sur les bulles des dessins animés ici très inspirées des messages et des graphismes "Hippie". " Pégasus", plus dur lui se rapprochera des cartoonistes comme Chaval ou les grands anglo-saxons, tandis que "Harpia", mêlant acteurs et animation réactivera l'oiseau mythologique pour explorer avec pessimisme les rapports du masculin et du féminin. On est loin ici de l'école disneyenne, de l'univers de Mickey et des gags pour enfants.

Raoul Servais
Né à Ostende en 1928. Fait ses études à l'Académie des Beaux-Arts de Gand où il deviendra lui-même professeur plus tard et y créera un département de cinéma d'animation d'une renommée internationale. D'abord peintre et graphiste, il se lance dans l'animation. Son premier film en 1957 " Lumières du port" attire immédiatement l'attention par sa grande originalité. Il prolongera la mise en place de son univers personnel avec " la fausse note" en 1963. A partir de ce moment il ne cessera plus de réaliser des films qui font gagner de multiples récompenses à Venise, à Cannes où il obtiendra la Palme d'Or avec Harpya. Reconnu par ses pairs comme un des meilleurs, il tient un rôle important dans les instances internationales de gestion et de défense de l'animation. Par ailleurs, passionné par la technique, il a mis au point un procédé " la Servaisgraphie. Il consacrera les années 1980 à la réalisation d'un long métrage "Taxandria", film ambitieux mêlant le life et l'animation pour lequel il utilisera l'univers graphique de François Schuitten.


Soulages Pierre

16 mm - couleur - 52' - 1980
Réalisation : Jean-Michel Meurice
Image : Maurice Perrimond et Alain Salomon
Son : Jean-Claude Brisson
Montage : Annie Chevallay
Production : I.N.A. et TF1
Pays : France
Grand Prix au 5éme Festival du Film sur l'Art - Paris 1981

A Sète, en 1980, Jean-Michel Meurice a rencontré Pierre Soulages dans sa grande maison qui surplombe la mer. Entre l'intérieur, (l'atelier), et l'extérieur, (la terrasse), vont se poursuivre un monologue et un dialogue très simples et très beaux. Soulages au travail dans une grande pièce blanche. Il explique la matière, la nécessité d'avoir de bons outils, son intérêt pour la lumière, celle qui vient de la peinture. Quelques travaux plus anciens permettent de comprendre son évolution, son processus de création : ses essais avec le cuivre, le verre, tout ce qu'il a appris des artisans et du hasard, simplement en observant les objets et la vie. "J'attends, je guette et dans la concentration, quelque chose arrive presque en dehors de moi". A un moment, il sait que le tableau est fait. Les autres, ceux qui ne sont pas touchés par cet instant de grâce, il les brûle. Soulages parle d'architecture (il admire aussi bien Boullée que les architectes d'instinct qui ont construit des pigeonniers et des bergeries), de la poésie, de sa rencontre avec St John Perse, de son goût pour la peinture médiévale, de sa mère, de ses souvenirs d'enfance liés aux sons, aux odeurs. Un film de sérénité et d'intelligence tourné de manière à ce que tous les plans soient au service du peintre, de son visage, de ses gestes, de son travail, de son espace. Un reportage exemplaire et une grande rencontre.

Pierre Soulages
Né à Rodez en 1919. Il quitte son Rouergue natal, ses monuments romans et ses mégalithes pour s'installer à Paris en 1946. Il découvre Cézanne et Picasso. Très solitaire, il atteint une abstraction personnelle peignant sur papier au brou de noix, à l'essence ou à l'huile. Le noir est sa couleur presque exclusive et les motifs rectilignes forment dans ses peintures une architecture dense et dramatique. Ses coups de spatule, de couteau ou même d'instruments bricolés révèlent une vigueur profonde. Puis, il assouplit sa ligne et ses couleurs introduisant dans ses toiles plus de rythme, de blanc. Il poursuit actuellement une démarche qui, à travers les années, n'a guère varié.


Le Sous-marin à voiles

16 mm, Couleur, 15', 1987
Réalisation : Quentin Van de Velde
Scénario : Quentin Van de Velde
Image : Alain Xhardez
Son : Guy Verbruggen
Montage : Anne Lombard
Musique : Guy Verbruggen
Production : Quentin van de Velde
Coproduction : Animation Vidéo, la Maison du Spectacle, A.J.C., avec l'aide du Ministère de la Communauté française de Belgique
Pays : Belgique
Prix RTBF au festival Media 10/10 (Belgique 1987)

Francis André est un personnage marginal, anarchiste. En rupture d'université, il bourlinguera volontairement sur des cargos, involontairement dans des camps de prisonniers, pendant la deuxième guerre mondiale. D'abord dessinateur, il s'exprimera dans "Le sous-marin à voiles", petit organe indépendant de la navigation dolente et de la petite chanson trouble du continent maritime". Il créera, ensuite, pour le T.R.M. à Bruxelles, des statues de scène animées et laissera tout un monde d'automates-totems. Quentin Van de Velde a utilisé, pour retracer cette vie, des photos, des films 8 mm, ses dessins sur la vie des marins et des ports et, enfin, ses statues robots. Francis André est un visionnaire, un anxieux, un poète du mouvement, de la mécanique. Ce film a l'avantage de nous le faire rencontrer ou découvrir mais sa facture académique postmortem glace un personnage qui était un bricoleur de génie. Un peu plus de mouvement aurait aussi convenu au film.

Francis André
Un marginal total puisqu'il n'est même pas repris dans le dictionnaire biographique illustré des artistes de Belgique depuis 1830. Il s'y trouve pourtant bien des noms qui n'entretiennent avec l'art qu'un rapport très confidentiel. Dessinateur, pionnier de la BD et des "franzines", il finira heureux sa vie de créateur dans l'atelier du TRM où il crée, pour Béjart et d'autres, des machineries de spectacle, et, pour lui, tout un peuple animé de statues qui bougent. Il a légué son œuvre, mi-art brut, mi-art fantastique, à la Maison de la Bellone.

Quentin van de Velde (1957)
Cinéaste belge, formé sur le terrain. Il fait des stages, passe à la cinémathèque, est assistant-réalisateur, producteur, faiseur de films sur commande (publicité, industriel, demande institutionnelle).


Stravinski Igor - l'Histoire du soldat

16 mm - noir et blanc -8' -1955
Réalisation : Robert Snyder
Production : 5 Continents

Un petit film d'archives, bref, touchant et magnifique où l'on voit Igor Stravinski au travail. Le film, comme la partition, est très découpé. Devant le compositeur, sept musiciens qu'il dirige dans une grande fluidité de gestes. Les instruments deviennent les acteurs du drame que porte la musique. Il y a dans ces quelques minutes de cinéma, une chaleur, une complicité, un génie, rendus visibles et un coup de chapeau final hérité du cirque ou des burlesques.

Igor Stravinski (1882-1971)
Compositeur russe naturalisé français puis américain. L'un des plus grands créateurs de l'époque contemporaine dans le domaine du rythme, de l'orchestre, de la mélodie et des musiques écrites pour formations réduites. "L'oiseau de feu" (1910), "Petrouchka" (1911), "Le Sacre du printemps" (1913), "Oedipe roi", "Pulcinella" (1920), "Agon" (1957), "Threni" (1958), "Variations pour un orchestre" (1965).

Robert Snyder
Un documentariste qui a centré son travail autour de portraits de musiciens et d'écrivains. On lui doit d'intelligentes et sensibles approches d'Henri Miller (1969), d'Anaïs Nin (1971) ou d'Igor Stravinski (1955) et de l'interprète Claudio Arrau (1978). Homme de grande culture, il capte avec modestie ses sujets et s'efface derrière les documents laissant la premiére place à celui ou à celle qui est l'objet de son attention.


Le Surréalisme I et II

16 mm, Couleur, 2x52', 1974
Réalisation : Edouard Kneuze, Adrian Maben
Image : Jacques Boumendil, Jean-Pierre Girard, Jean-Claude Ducouret,
Son : Jean-Louis Richet, Alain Muslin, Jean Charrière
Montage : Françoise Diot, Marie-Claire Perret
Musique : Roger Waters, Nick Mason
Commentaire : Alain Jouffroy
Extraits de films : Autoportrait mou de Salvador Dali (Jean-Christophe Averty), Père des Arts (M.P. Fouchet), Bibliothèque de Poche (M. Polak), Max Ernst (G. Patris), Entr'acte (René Clair), Etoile de Mer (Man Ray).
Apparitions à l'écran : Philippe Soupault, André Pieyre de Mandiargues, Man Ray, Alain Joufffroy, Julien Gracq, Salvador Dali, Lise Deharme, Sarane Alexandrian, Giorgio de Chirico, Robert Lebel, André Masson, Joan Miro.
Production : RM Productions
Pays : France

Tout y est, en très vite ou en très long. L'origine du mot, l'importance de Breton, le rôle précurseur et déterminant de Gustave Moreau, du poète Lautréamont, de de Chirico, l'arrivée à Paris de Tzara, l'écriture automatique, l'hypnose, la révolution, le parti communiste, les exclusions, les rêves, l'amour fou, l'inconscient et tous les grands créateurs, Man Ray, Dali, Picabia, Tanguy, Miro, Ernst, Magritte, Delvaux "né par hasard en Belgique", Bellmer et Matta. On a l'impression que la construction du film qui alterne commentaires, tableaux, documents, extraits de films ou interviews est liée aux documents disponibles, à la présence des "encore vivants" plutôt qu'à une rigueur réelle. Le générique, coupé de plans abstraits et scandé de musique réplétive dont le sens reste mystérieux, est très long.

Le surréalisme
Succédant au dadaïsme, il est avant tout un mouvement d'approfondissement de l'inconscient : publié en 1924 par Breton, le premier "manifeste" met l'accent sur l'automatisme psychique en tant que principe créateur. Au moment du deuxième manifeste (1929), le mouvement s'est internationalisé. Qu'il rejette les conventions de l'art académique ou qu'il les reprenne pour mieux les pervertir, le surréalisme, qui est devenu un état d'esprit et non plus un mouvement cerné et cernable, a été à la source référentielle de bien des révolutions esthétiques qui ont suivi : l'art brut, le pop art, etc.

Adrian Maben
Ce cinéaste a d'abord étudié la biochimie à Oxford, puis les techniques du film à Rome. Il a été critique de cinéma et réalisateur à l'ORTF. En 1974, il réalise son premier long métrage "Pink Floyd à Pompéi"; suivront "James Brown" et "Frame from the Edge" sur Helmut Newton. Il a fait plus de cent émissions de télévision et des films sur l'art qui lui ont valu des prix et la reconnaissance internationale. Il prépare un portrait de Balthus et une série de six films sur la photographie contemporaine.