Cahier Didactique

Les Cités perdues des Mayas


Les premiers explorateurs auxquels la jungle d’Amérique centrale offrit, au hasard d’un voyage, le stupéfiant spectacle d’une architecture de géants, ignoraient tout des mains qui l’avaient édifiée.

Depuis quelques décennies, le voile s’est levé sur les habitants des cités perdues.



FICHE TECHNIQUE


Les Cités perdues des Mayas

France - 52' – 2000


Réalisation : Jean-Claude Lubtchansky

Scénario : Claude Baudez et Sydney Picasso

Images : Michael Lubtchansky

Co production : La Sept Arte, Trans- Europe Film, Gallimard Jeunesse

Avec l'aide de : CNC, La procirep, Canal 22, TFO. TV Ontario


LE FILM


Des premiers pas d’une colonisation qui s’avérera dévastatrice, à l’engouement d’explorateurs émerveillés par la richesse de cet univers, ce documentaire retrace les grandes étapes de la découverte de la civilisation maya.

Tourné au Mexique et au Guatemala, les Cités perdues des Mayas rend sensible la continuité entre les vestiges du passé et les populations maya d’aujourd’hui. Enrichi par les œuvres exposées dans les musées, le récit chronologique des grandes étapes de la découverte de la civilisation maya, des premiers conquistadors aux explorateurs et archéologues, est illustré par la visite des grands sites (Palenque, Copàn, Tikal...). Après avoir fait le récit de la période colonisatrice, le film détaille les expéditions effectuées au XIX siècle.

Les premiers croquis réalistes et fantaisistes du dessinateur Waldeck qui croit reconnaître, dans l'écriture maya, plus d'une vingtaine des hiéroglyphes égyptiens, les premières photos prises des pyramides, la découverte de la traduction du Popul Vuh relatant l'origine de la création des hommes et de l'univers, tous ces éléments témoignent des progrès faits dans la constitution de l'histoire de cette civilisation. Le film emploie aussi des photos et animations pour éclairer ces découvertes qui ont permis d'élucider quelques mystères comme le système numérologique, le calendrier, la religion, ou encore l'astrologie...

En plongeant dans le monde fascinant des cités perdues et retrouvées, le film parvient à donner des repères géographiques et historiques sans briser le plaisir de la découverte. Il explore la mémoire des hommes, cette mémoire inconsciente où tous les événements du passé, aussi reculés soient-ils, sont inscrits dans l’histoire de l’humanité.


LES CITES PERDUES


Cités perdues, effacées de la mémoire. Pendant des siècles, leur nom même fut oublié. Après le temps de leur splendeur, les cités mayas connaissent, au IXème siècle, la famine, la guerre, la dépopulation, puis l'abandon. La forêt revient. Les racines bousculent les stèles, les jettent à terre, les étreignent. Les branches ébranlent les murs, percent les toits des temples.

Au bout de huit ou dix siècles, des voyageurs égarés trébuchent, comme dans un rêve, sur des montagnes de blocs taillés et, à travers le fouillis végétal, découvrent des pierres qui les regardent. Des rumeurs circulent : quelles mains édifièrent ces somptueux monuments ? Les autorités s'inquiètent, envoient des explorateurs. Des artistes, des poètes, des curieux les suivent. Au XIXème siècle, les hommes qui tentent l'aventure ont le sérieux des grands amoureux. La passion sert la science.


Civilisation


Les vestiges mayas sont répandus sur un territoire d’environ 325000 km2, à cheval sur l’Amérique centrale.

Il est difficile de fixer des dates limites à la civilisation maya. Les plus anciennes traces d’occupation du territoire maya remontent à 1500 avant notre ère, début de l’ère dite « formative ». À cette époque, apparaissent les premiers agriculteurs sur la côte du Pacifique, non loin des limites actuelles du Guatemala et du Mexique. Des populations plus denses d’agriculteurs s’établissent entre 800 et 300 avant notre ère, dans la zone méridionale. Les habitants du territoire maya ne connaissaient pas encore l’écriture, ni l’architecture en pierre. Agriculteurs, ils vivent dans des maisons en terre, groupées en villages.

L’apogée de la civilisation maya, au VIIIe siècle, correspond à l’ère classique, de 292 de notre ère jusqu’à 889. Civilisation de cités-états dont Tikal, Palenque, Bonampak, les Mayas y développent un art et un savoir élaborés. Les raisons du déclin de cette civilisation sont hypothétiques. Certains l’attribuent à l’épuisement du sol, d’autres à des épidémies, d’autres encore à un changement de climat. Dès le Xe siècle, une autre culture, toltèque-maya, se met en place, à la suite de la venue des Toltèques, guerriers déchus de la cité de Tula. Ils s’emparent aisément des cités mayas du Yucatán.

Vers 1200, une période de divisions commence, fragilisant les cités qui furent facilement conquises par les Espagnols. Actuellement, les survivances de la culture maya témoignent de la vigueur de cette civilisation.


La découverte de la civilisation maya


En 1517, les Espagnols débarquent sur les côtes du Yucatán. La pacification de la région conduite par Cortès contre les autochtones dure vingt ans. Leurs chroniqueurs mentionnent ici et là des tribus mayas dépendant de roitelets sans importance politique et faciles à neutraliser. Néanmoins, l’évêque Diego de Landa, missionnaire dans le Yucatán, admirateur silencieux de l’architecture maya, est le premier Européen à étudier leur culture, dans le seul but de la détruire, convaincu que parmi ces statues et ces livres, demeure le démon. Plus de 5000 idoles sont détruites, des manuscrits confisqués puis brûlés.

C’est au XIXe siècle seulement que l’importance et la beauté des ruines mayas sont révélées au public. Dès 1830, le baron Jean-Frédéric Waldeck, artiste français, s’intéresse à Palenque, cité maya du Yucatán dans laquelle il séjourne pendant deux ans. Ses reproductions des fresques et des palais suscitent des vocations. Quelques années plus tard, un diplomate américain, John L. Stephens, qui avait parcouru le Mexique et l’Amérique centrale, publie le récit de ses voyages ainsi que les descriptions des ruines illustrées par d’excellents dessins d’un artiste anglais, Catherwood, qui l’avait accompagné dans ses pérégrinations. C'est une révélation pour les archéologues et pour les grands voyageurs. Le Français Charnay, lors de deux expéditions dans la seconde moitié du XIXe siècle, et l’Anglais sir Alfred P. Maudslay, s'embarquent vers les sites de Chichén Itzá, Palenque, Tikal. Ils en rapportent des collections pour le musée d’Ethnographie de Paris et pour le British Museum de Londres.

Les véritables fouilles commencent au début du XXe siècle.


Les lieux de la civilisation maya


Les Mayas ont été les bâtisseurs de cités à partir desquelles ils ont développé leur civilisation. Des cités s’épanouissaient puis connaissaient un déclin, remplacées par d’autres.

Plus de cent cités, d’importance variée, mais possédant toutes des stèles à inscriptions hiéroglyphiques, ont été dénombrées.

Deux types de monuments caractérisent l’architecture maya de cette époque : le temple, construit au sommet d’une pyramide, et le palais, édifice horizontal, bâti sur une terrasse surélevée. Ces monuments correspondent aux deux fonctions essentielles de la cité maya, centre religieux et politique. Chaque ville, avec un territoire rural, constituait un petit État. Il faut noter l’importance des réservoirs d’eau considérés comme des lieux sacrés, porte de l’inframonde, sans omettre la présence des stades où était pratiqué le jeu de pelote.


La littérature maya


Les Mayas ont mis au point une écriture hiéroglyphique. On en ignore les origines exactes. Les Mayas utilisaient 800 signes individuels ou glyphes, disposés deux par deux en colonnes, se lisant de gauche à droite et de haut en bas. Les glyphes mayas représentaient des mots ou des syllabes se combinant pour désigner n’importe quel concept. Leur système n’était pas alphabétique, ce qui rend leur décryptage particulièrement complexe. Il n’est à ce jour pas encore terminé.

En Europe, à la fin du XIXe siècle, sont retrouvés trois manuscrits connus sous le nom de codex : Le Codex de Dresde, traité d’astronomie, Le Tro Cortesianus de Madrid, livre de divination, et Le Peresianus de la Bibliothèque nationale de Paris, le moins bien conservé, qui semble avoir un contenu rituel.

Malheureusement, la plupart d’entre eux datant d’avant l’arrivée des Espagnols, ont disparu dans un autodafé ordonné par l’évêque Diego de Landa.


La maîtrise du temps par les Mayas


Fascinés par la marche du temps, les Mayas ont daté tous les monuments et ont élevé des stèles tous les vingt ans, quelquefois même tous les cinq ou dix ans pour jalonner la durée.

Les glyphes désignant les chiffres, représentent des têtes de divinités vues de profil. Il y en a vingt : de zéro à dix-neuf. Les Mayas avaient, en effet, adopté une numération vigésimale, dans laquelle les unités vont en croissant ou en décroissant de vingt en vingt. Pour les calculs, ils n’utilisent pas les glyphes, mais des signes très simples : le point, le tiret et une sorte d’ovale représentant la coupe d’un coquillage. Le point vaut un - le tiret, cinq - la coquille égale zéro.

Le système vigésimal était employé pour tous les calculs, y compris celui du temps et l’astronomie. L’unité de temps est le jour ou kin, vingt jours forment un mois ou urinal. L’unité du troisième degré est le tun, ramené à dix-huit mois pour se rapprocher de l’année solaire.

Les astronomes mayas avaient établi un calendrier solaire très précis et avaient étudié les cycles de Vénus et de la Lune. Ils ne disposaient pourtant d’aucun instrument d’optique ; ils procédaient uniquement par visée en utilisant des points de repère fixes. Les édifices dits «observatoires» d’un certain nombre de sites des zones centrale et septentrionale facilitaient leur tâche. Il s’agissait très souvent des pyramides. En effet, l’architecture maya est à l’image de leur représentation de l’Univers.

Ainsi, les rois devaient s’inscrire dans le cycle du temps. Lors des fêtes, ils devaient opérer, à travers la ville, un circuit initiatique pour assurer la bonne marche de la cité. Ils descendaient d’abord dans l’inframonde, source de la vie des hommes et lieux des sacrifices, puis gravissaient la pyramide pour suivre le chemin du soleil et de la lumière. La gueule béante d’un jaguar symbolisait ce passage. La force du symbolique dominait la culture maya et ses découvertes témoignent de la grandeur de sa civilisation.


CITATIONS


« Je n'essaierai pas de décrire l'impression que nous causa la vue de ces tables, vivantes dans leur langage muet, quoique inintelligibles pour nous ."

John Lloyd Stephens


« La clef de ces hiéroglyphes est aujourd'hui découverte; il ne manque plus que de trouver les moyens de s'en servir ».

L'abbé Brasseur de Bourbourg


Cahier didactique réalisé par Sarah Pialeprat

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