Cahier Didactique



Magritte – La tentative de l'impossible



« Ne cherchez rien derrière mes tableaux, derrière mes tableaux, il y a le mur. »



FICHE TECHNIQUE

Belgique – 50' – 1999


Réalisateur : Bernard Crutzen

Scénario : Pierre Sterckx et Bernard Crutzen

Commentaire : Alexandre Von Sivers

Images : Yves Crémer et Luc Bériot

Son : Paul Delnoy et Franz Wetzel

Montage : Isabelle Husson et Monique Rysselinck

Production / Diffusion : Eva 1 communication, Parallèles productions, RTBF, ARTE Belgique, Charly Herscovici

Avec l'aide du Centre du Cinéma et de l'Audiovisuel de la Communauté française de Belgique et les télédistributeurs wallons.



LE FILM


Dès le préambule, nous entrons directement dans un univers fait d'étrangeté : un défilé de tableaux sur des cimaises imaginaires, des voix d'au-delà qui accompagnent le cheminement et chuchotent, en écho, le titre des oeuvres. La suite se fait à peine plus classique et s'interroge sur la frontière entre la vie et la peinture. Le célèbre tableau la Tentative de l'Impossible, dans lequel Magritte se dessine dessinant son modèle et par là, montre la création qui se crée, est sans doute la plus belle illustration de cette transgression et va ouvrir le film sur cette réflexion.

De jolies trouvailles parcourent ce documentaire, un rideau rouge s'écarte pour dévoiler les toiles, comme pour mieux révéler et souligner leur mystère; un cadre s'anime d'un modèle vivant; des objets s'agrandissent à l'intérieur du tableau.

Aux classiques images d'archives viennent se mêler des scènes de fiction qui recréent un univers irréel : une cantatrice près d'un piano entouré d'une bague, un prestidigitateur et sa colombe, une femme fantomatique au visage voilé créent des liens entre les séquences, reviennent comme pour nous guider dans cet univers si personnel. Grâce à tout cela et à un commentaire alerte, la Tentative de l'Impossible, moins qu'un portrait d'artiste, s'affiche comme un tableau vivant à la manière de Magritte.



L'ARTISTE


René Magritte naît en Belgique en 1898, d'une mère modiste et d'un père tailleur et homme d'affaires. La famille s'installe à Gilly où naîtront ses deux frères, Raymond et Paul. Vers 1910, Magritte commence à peindre et dessiner une fois par semaine dans une classe improvisée au dessus d'un magasin.


Le 24 février 1912 sa mère se suicide en se jetant dans la Sambre. Son corps ne sera retrouvé que le 12 mars, sa chemise rabattue sur la tête... certains critiques considèrent que c'est suite à cet incident qu'il introduit dans ses peintures des visages voilés.


Dès lors, les enfants seront confiés à des gouvernantes. La famille part à Charleroi en 1915, où René suivra les cours à l'Athénée. En novembre il s'installe à Bruxelles et réalise ses premières oeuvres de facture impressionniste, puis entame des études à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles


En 1919, il participe au premier numéro de la revue "Au volant". Lors de l'ouverture du Centre des Arts, des projets d'affiche de Magritte seront exposés dans une salle spéciale.


Il accomplit son service militaire de décembre 1920 à septembre 1921. Le 26 juin 1921, il épouse Georgette Berger. Le jeune couple s'installe à Laeken (commune de Bruxelles). Cette même année, il est engagé dans une usine de papiers peints comme dessinateur.

En 1923, il participe à de nombreuses expositions en Belgique et à l'étranger.


Très impressionné par l'oeuvre de Giorgio Di Chirico, il commence à peindre dans ce style en 1925. Il quitte l'usine de papiers peints et essaie de gagner sa vie en faisant des affiches et des dessins publicitaires. Grâce à Mesens, il est invité à participer à la revue "391" de Francis Picabia, et sera très impliqué dans les activités du mouvement Dadaïste. En 1926, il signe un contrat de quatre ans avec Van Hecke et la nouvelle Galerie "Le Centaure". Durant cette période, il réalisera 280 peintures à l'huile (le quart de son oeuvre!) En octobre-novembre, naît le groupe surréaliste belge, avec Magritte, Mesens, Nougé, Goemans et le compositeur André Souris.


En septembre, le couple Magritte déménage en banlieue parisienne et y reste 3 ans. Le peintre participe aux activités du groupe surréaliste parisien et fréquente André Breton, Paul Eluard, Miro, Arp et Dali...

En décembre 1929, il collabore au dernier numéro de la "Révolution surréaliste" avec un texte important "Les mots et les images". En 1930, il quitte Paris et s'installe à Bruxelles.


En 1936, a lieu sa première exposition personnelle au USA, à New- York. Suivront de nombreuses autres expositions, conférences... en Europe et aux Etats-Unis.


Pour le "Comité de Vigilance des Intellectuels Anti- Fascistes", il dessine une affiche "Le vrai visage de Rex " , qui représente Hitler et Degrelle. En mai 1940, il quitte la Belgique après l'invasion allemande et se rend à Carcassonne (France) chez les Scutenaire.


Son style change. Il adopte une technique impressionniste, période intitulée "Période Renoir" que Magritte réfute dans une lettre adressée à Breton le 24 juin 1946.


Janvier 1944, première exposition personnelle à la galerie "Dietrich" (Bruxelles) présentant le "travail impressionniste" de Magritte. Plus tard, il illustrera (à la plume et encre de Chine) "les Chants de Maldoror" de Lautréamont. C'est à cette époque qu'il adhérera au Parti Communiste.


L'exposition surréaliste à la galerie des Editions de la Boétie à Bruxelles reflète bien sa position de chef de file du surréalisme en Belgique. Il renoue des contacts avec Breton et Picabia lors de sa visite à Paris après la guerre. Dans le texte "Le surréalisme en plein soleil" il décrit une conception plus optimiste du surréalisme futur, dont le mot clé serait "plaisir".


Lors de l'exposition internationale du surréalisme en 47 (Galerie Maeght à Paris) Breton condamne publiquement la conception de Magritte et du "Surréalisme en plein soleil", Magritte est « excommunié ».


En mars 1954, une exposition de calligrammes est organisée à New-York : les critiques et le public américain découvrent l'oeuvre de Magritte. Plus tard, des artistes tels Jasper Johns, Roy Lichtenstein et Andy Warhol achèteront des oeuvres de Magritte


Il réalise une peinture murale pour la salle des Congrès du nouveau Palais des Beaux- Arts à Charleroi (1957) et une série de courts-métrages, des films surréalistes dans lesquels il se met en scène ainsi que sa femme et ses amis.


De décembre 1960 à mars 1961, une rétrospective est organisée à Dallas et Houston, puis c'est le tour de Londres, New-York, Minneapolis, Knokke...


En 1965, il doit interrompre son travail pour raisons de santé. Le Museum of Modern Art de New-York lui consacre une importante rétrospective. Magritte et sa femme se rendent à New-York pour l'ouverture de l'exposition.


Le 15 août 1967, René Magritte décède chez lui d'un cancer du pancréas. Il sera inhumé au cimetière de Schaerbeek.


CITATIONS


« Un intellectuel, c'est quelqu'un qui entend le mot "pipe" et pense à Magritte. »


Alan Patrick Herbert


« La fameuse pipe, me l’a t-on assez reprochée ! Et pourtant, pouvez-vous la bourrer ma pipe ? Non, n’est-ce pas, elle n’est qu’une représentation. Donc si j’avais écrit sous mon tableau "ceci est une pipe", j’aurais menti. »


René Magritte


« Au détour d’une rue - encore une rue - dans les quartiers éloignés du centre bruyant de la ville, ou sur un pont, face à la rive morte d’un canal désaffecté, on peut voir quelquefois, on voit en ce moment, une rose, une rose semblable à une personne, notamment par sa grandeur inhabituelle et par son air de s’offrir et d’être trop blanche, et apprêtée et aussi par le fait de sa station debout sans appui. Un réverbère à trois branches est prêt à éclairer la scène si elle en a besoin. Mais l’heure ne le commande pas. Il n’est pas tellement tard. Seul le passant, un passant unique à large dos, à la droite de qui se présente sur le pont cette exceptionnelle rose, tout ce que de plus diurne, blanche au point de sembler immaculée, le passant dans son pardessus sombre, sous son chapeau noir est nocturne, funèbre. Peut-être se veut-il simplement effacé ? Ou est-il effacé par un deuil, n’acceptant de demeurer sur terre qu’avec la "rose du souvenir", la rose qui prend toute la place ? Voilà peut-être la condition nécessaire de cette rencontre singulière qui sinon, ne se présentera pas ».


« Un canal. La rue tranquille, plombée, en attente... comme quand il n’y a plus rien à attendre. Les fenêtres pareilles, puritaines, fermées, des fenêtres à se jeter par la fenêtre... »


Henri Michaux - Sur des peintures énigmatiques (Magritte)



POUR EN SAVOIR PLUS


A Bruxelles, sur la Place Royale, une bâche en trompe-l'oeil cache le futur musée dédié au peintre surréaliste belge, René Magritte. La façade aux nombreuses fenêtres est reproduite en trompe-l'oeil : deux pans de rideaux de théâtre plissés s'ouvrent sur une reproduction géante d'une oeuvre emblématique de Magritte : l'Empire des lumières (1954).


Le Musée Magritte sera un des lieux culturels incontournables de la capitale de l’Europe.




Cahier didactique réalisé par Sarah Pialeprat

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