Cahier Didactique

L'Atomium

« ...Que tous ceux qui auront visité l'Exposition de Bruxelles rentrent dans leur pays, convaincus qu'un nouvel humanisme se prépare par-dessus les civilisations anciennes, sans rien détruire, d'ailleurs, des valeurs accumulées par celles-ci au cours des siècles, et ensuite qu'ils soient convaincus aussi que cet humanisme ne s'accomplira que dans la concorde...»

Extrait du discours du Roi Baudouin lors de l'inauguration officielle de l'Exposition Universelle de 1958

 

FICHE TECHNIQUE
La construction de l'Atomium - 1957 - 26'
Réalisation : E. Salu et R. Hebbelinck
Musique : Christian Leroy

 

LE FILM

1957 : un sculpteur et un peintre entreprennent de réaliser le seul film retraçant toutes les étapes de la construction du monument qui symbolisera l'Exposition Universelle de Bruxelles 1958 : l'Atomium.

Bravant le vertige, la pluie, la neige, ils nous rapportent des images uniques et superbes et font à la fois l'éloge de ce bâtiment unique et de ceux grâce à qui il a pu voir le jour.

A mi-chemin entre la sculpture et l'architecture, entre l'audace la plus fantaisiste et la rigueur scientifique, entre l'artisanat et la haute technologie, l'Atomium incarne bien l'esprit des années 1950.

L'ATOMIUM

L'Atomium représente la maille élémentaire du cristal de la molécule de fer agrandie 165 milliards de fois.

Conçu par l'ingénieur André Waterkeyn et érigé par les architectes André et Jean Polak pour l'Exposition Universelle de Bruxelles de 1958. Conçu pour durer six mois, il n'était pas destiné à survivre à l'Exposition internationale mais sa popularité et son succès en ont fait un élément majeur du paysage. Il est devenu, avec le Manneken Pis et la Grand-Place, le symbole de la capitale de la Belgique et de l'Europe.

Il se compose d'une charpente d'acier portant neuf sphères reliées entre elles et habillées d'aluminium. Il culmine à 102 m. Son acier de construction pèse 2 400 tonnes, ses sphères ont un diamètre de 18 mètres et pèse chacune environ 250 tonnes. Dix-huit mois d'études, puis dix-huit mois d'exécution dans les ateliers et sur le chantier aboutirent, par le travail acharné de tous ceux qui collaborèrent en équipe à sa réalisation, à ce monument qui déconcerte, surprend et laisse rêveur celui qui le voit de près ou le visite.

Symboliquement, l'Atomium incarne l'audace d'une époque qui a voulu confronter le destin de l'Humanité avec les découvertes scientifiques.

Les hommes de science ont prouvé que la technique mise au service de l'humanité était un bien pour notre civilisation. L'Atomium est le symbole de la force par l'union.

 

LE RÉALISATEUR

Roger Hebbelinck

Né à Bruxelles. Etudes à l'Académie des Beaux-Arts où il obtient un premier prix de dessin ainsi qu'un premier prix de peinture. il crée son atelier de gravure et d'impression d'eaux-fortes en 1932. Il a illustré Les villages illusoires (Verhaeren). En tant que cinéaste, il tourne Naissance d'une eau-forte, documentaire primé au Festival de Cannes (1954). En 1975, il réalise une gravure pour le 25ème anniversaire de France Tourisme Service. Ses peintures sont souvent exposées à Paris et en Belgique.  

 

POUR EN SAVOIR PLUS

Visiter l'Atomium et surfer sur le site www.atomium.be

 

L'ATOMIUM A FAIT PEAU NEUVE !

Réouverture le 18 février 2006. L'Atomium brille à nouveau de mille feux. Dans les sphères, au fil d'un parcours original, vous pouvez découvrir depuis le 18 février plusieurs expositions et un panorama exceptionnel sur la ville. Des animations, des projections de films et un restaurant situé au sommet complètent la visite d'un des édifices les plus fantastiques des années 1950. Entièrement rénové après près de deux ans de travaux, l'Atomium offre de nouvelles conditions de confort et de sécurité.

L'occupation des sols

Personne n'a jamais construit la ville pour qu'elle soit vue de haut. Que peut-on raconter des hommes en étant là-haut? La ville contient tout. On peut la filmer indéfiniment, elle contient toutes les émotions. L'infiniment grand et l'infiniment petit. La ville vue des toits, c'est aussi un traité d'art involontaire.

Marie-Françoise Plissart

 

FICHE TECHNIQUE
L'occupation des sols - 2002 - 28'
Réalisation : Marie-Françoise Plissart
Images : Marie-Françoise Plissart, Mathias Nouel
Assistant réalisation : Mathias Nouel
Montage : Michèle Hubinon
Son : Sylvie De Roeck
Mixage : Bertrand Le Roy
Production : MDW productions, Arte, RTBF, CBA, avec l'aide du Centre du Cinéma et de l'Audiovisuel de la Communauté française de Belgique et des télédistributeurs wallons.

LE FILM

De l'urbanité révélée.

Passer de l'instant subtil de l'art photographique à la durée magique de la mise en fiction cinématographique est chose périlleuse. Rares sont ceux qui s'y sont risqués avec succès. La faillite d'un tel projet surgissant, entre autres, de la soumission des enjeux du cinéma au contenu déjà connu de l'expérience photographique. Comme si alors le cinéma fonctionnait comme seul faire-valoir d'un sens et d'une émotion lui préexistant. Comme si l'acte cinématographique se résumait à réfléchir la démarche photographique en un jeu de miroir où s'épuise sa pertinence et sa spécificité.

Ce danger, le premier film de Marie-Françoise Plissart (connue pour son travail de photographe) L'occupation des sols, non seulement le circonscrit avec intelligence mais s'en nourrit pour nous proposer une invention du cinéma pour le moins éblouissante. Véritable coup de maître en la matière, ce film réussit le difficile mariage entre l'instantanéité du regard et sa pérennité, entre le coup d'Ïil du photographe et la mise en récit propre au cinéma.

Et non seulement, il réussit cela mais il est bien plus que cela.

Marie-Françoise Plissart filme une ville, Bruxelles. En fait, elle filme la Ville, l'urbanité, sa vie, son espace et sa respiration, ses lieux et leurs mouvances. Pour ce faire, elle a mis sa caméra sur les sommets, les pics et les tours de la ville. Elle filme d'en haut, en prenant distance, en regardant de loin. Et cet effet d'éloignement nous rapproche, nous rend proche une globalité, nous focalise sur une vue d'ensemble qui soudainement nous fait toucher aux composantes même de l'espace urbain. Composantes saisies comme autant d'instants particuliers, devenus les éléments d'une approche de la ville et qui étrangement suscitent notre curiosité et éveillent notre goût de la découverte.

Du général pour accentuer le détail, du particulier devenu instant du global, l'art de regarder de Marie-Françoise Plissart voyage l'espace-temps de la ville en se fragmentant, en s'éclatant pour mieux se recomposer, jusqu'à perdre cette prétention du "déjà vu" et amener le spectateur en un lieu inconnu qu'il va découvrir comme il l'arpente et, à lui seul, le faire sien.

La mise en image de Marie-Françoise Plissart est déjà une mise en scène et son intelligence de la durée, du rythme, sa science du montage, nous laisse cette liberté d'inventer notre mise en récit à partir de son regard qui est loin d'être innocent.

Ici pas d'effet de discours préétabli, pas de point de vue unique qui fait sens et limite la pensée. Mais une dérive poétique et ludique qui, d'un kaléidoscope d'impressions, donne à imaginer une série de petits récits ayant la ville pour sujet, l'ordre et la durée des plans du film, leurs qualités esthétiques aussi, étant conçus pour nous amener à voir et à penser autrement l'urbanité.

Et cela donne un foisonnement d'images et d'idées qui fonctionnent comme les points de repères d'un cheminement enfin personnel puisque né de notre invention, de notre imaginaire.

Difficile de dire les instants par lesquels nous passons. De la géométrie de l'être à cette géographie de l'avoir, de cet espace de l'apaisement à cette stratégie de la disparition et du recouvrement, de ces lieux de terre à cette architecture policière et de contrôle, L'occupation des sols nous livre la ville comme le quadrillage hasardeux d'un état de guerre mais aussi comme la déconstruction de frontières où s'opère la réappropriation de zones de jeux et de plaisirs. Et comme pour Marie-Françoise Plissart, rien n'est joué d'avance, de la multiplicité des émotions et des idées naissent la subtilité et la radicalité de ce qu'elle nous propose.

L'urbanité se révèle dans ce qu'elle a de plus vrai et de plus terrible. A chacun alors de décider de ce qu'il en est et cette liberté de pensée, cette ouverture poétique et aventureuse qui nous saisit comme le film se déploie, est l'une des choses les plus belles et les plus nécessaires du cinéma.

Philippe Simon

POUR EN SAVOIR PLUS

A lire

Erwin Panofsky, La perspective comme forme symbolique, Edition de Minuit. Paris, 1975.

Georges Perec, Espèces d'espaces, Galilée, 1985.

Gaston Bachelard, La poétique de l'espace, PUF, 1992.

Little figures

"Quand les statues se mettent à parler, c'est une étrange histoire qu'elles nous racontent, une histoire entre passé et présent, entre souvenirs personnels et Histoire."



FICHE TECHNIQUE
Little Figures - 2003 - 15'
Réalisation : Sarah Vanagt
Image : Lucas Jodogne
Son : Barnaby Templer
Musique : Guillaume Lekeu
Voix : Angel Niyonshuti, Alvin Pagkaliwangan et Yacine El-Aroussi
Production : Wild Heart Productions

LE FILM

Entre la place Royale et le Mont-des-Arts, de haut en bas, trois statues.

La première, celle de Godfroid de Bouillon sur son cheval, agite l'étendard où est inscrit "Dieu le veut", la seconde représente Albert I, lui aussi roi chevalier, et enfin, debout, leur faisant face, la statue d'Elisabeth, aujourd'hui ôtée de son socle. Entre elles, des touristes, des travailleurs, des passants, des skaters de toutes nationalités vivent, passent, tombent, rient, parlent :

Qui sont ces trois statues : un roi belge qui a voulu convertir tout le monde à la religion catholique ? un homme ? une femme ? Marie ? Marie de la Bible ?

Une conversation imaginaire entre les trois personnages statufiés s'engagent. Ils ont des voix d'enfants, parlent anglais, français, néerlandais. L'un est philippin, le deuxième, marocain et le troisième rwandais... Les images font revivre ces figures historiques, taillées à jamais dans la pierre, les dialogues joués par les trois enfants montrent des scènes de roman et de vie qui aboutissent à un mélange d'expériences personnelles, d'histoires et de connections fictives.

LA RÉALISATRICE

Vocation

Ma fascination pour le regard - pas seulement le mien mais également celui des autres- s'est vraisemblablement développée au cours des voyages que j'ai réalisés dans ma jeunesse en tant qu'accompagnatrice d'aveugles. Je me revois à l'âge de huit ans escaladant les sentiers escarpés de Delphes avec un aveugle et tentant de lui décrire - et d'inventer- la beauté de la Grèce Antique. Pendant ces voyages au cours desquels chaque colonne, chaque arc de triomphe, chaque frise étaient soigneusement caressés, j'ai ressenti pour la première fois l'attirance étrange de l'histoire comme si j'avais un contact physique avec le passé. Le mystère qui se situe quelque part entre voir et ne pas voir, entre le passé et le présent, se rattache curieusement à l'expérience vécue au cinéma.

J'ai étudié l'histoire à l'université d'Anvers, de Brighton et de Groningen. J'y ai connu les joies et les frustrations de la recherche historique. Mais étrangement, plus je me consacrais à ma passion pour l'histoire, plus mon autre passion - le cinéma - exerçait sur moi une force irrésistible. Il m'apparut clairement que je souhaitais poursuivre ma recherche en filmant. Le cinéma représente pour moi un langage permettant de concilier de la manière la plus juste la multitude d'images, de souvenirs et de points de vue qui apparaissent et disparaissent constamment dans notre esprit. Le cinéma fait la part belle à la poésie, à l'association et à la réflexion sans jamais rompre avec la réalité qui constitue sa référence, ses racines, son partenaire et son ultime destination.

Après un séjour de six mois au Cap où j'ai effectué un stage à la Huis der Nederlanden tout en travaillant comme bénévole pour une association qui diffuse des livres d'enfant dans des régions défavorisées, je me suis orientée de plus en plus vers le cinéma. Je suis à la recherche d'un mode d'expression permettant de concilier la recherche (historique), le cinéma, l'engagement social et les voyages. Afin d'y arriver, il m'était indispensable de disposer tout d'abord du bagage technique nécessaire me permettant de développer mon propre langage cinématographique tant au niveau esthétique qu'au niveau conceptuel. Depuis le mois de janvier j'étudie à la National Film and Television School à Londres (section Documentary Direction). La bourse de la Fondation Belge de la Vocation contribue au financement de ces études.

Sarah VANAGT

Cahier didactique réalisé par Sarah Pialeprat

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