La fusion des communes de Kortenberg date du 1er
janvier 1977. Elle est située au coeur du Brabant entre Louvain et Bruxelles.
Elle comprend 4 communes: Kortenberg, Erps-Kwerps, Everberg et Meerbeek. Sa
superficie est de 3.451 ha et sa population d'environ 15.000 habitants.
La commune de Kortenberg est particulièrement connue par son abbaye, une abbaye
de bénédictines dont il est déjà fait mention dès 1095. Initialement
l'abbaye était située sur Ie "Curtenberg", une colline qui aurait été
un poste de contrôle, Ie long de la vieille route du Moyen-âge reliant Bruxelles
à Louvain. Au 13e siècle le "Curtenberg" fut abondonné, à la
faveur du "Minneveld", situé plus bas et à peine quelques centaines
de mètres plus au nord, près de la "Aderbeek" (Molenbeek). On y
construisit une nouvelle abbaye.
Il en subsiste encore le porche d'entrée, du 17e siècle, la ferme et la partie
réservée à l'élevage. Il nous reste aussi la résidence de l'abesse (18e
s.). La salle des chevaliers et la chapelle datent de 1933.
C'est dans cette abbaye que fut signée, en 1312, la célèbre Charte de
Kortenberg.
Paul Delvaux, Ie peintre surréaliste bien connu, y vint régulièrement en
visite chez l'artiste-peintre Emile Salkin dont la famille occupait l'ancienne
abbaye. Qui dit Kortenberg fait aussi penser à Félicien Marceau écrivain bien
connu et membre de l'Académie Française. Louis Carette, de son vrai nom, est né
à Kortenberg en 1913. Sa maison natale est encore habitée et se situe chaussée
de Louvain, à côté de l'ancien relais appelé "De drie Koningen".
Son roman "les années courtes" relate en détail sa jeunesse à
Kortenberg.
Kortenberg s'est développé le long de la nouvelle chaussée de Bruxelles -
Louvain construite sous le règne de Marie - Thérèse entre 1706 et 1709. A la
fin du 19e siècle, on y construisit des
villas à côté des fermes dont
certaines furent transformées en maisons de maître.
L'Impératrice Maria Fedorovna de Russie fit
halte à Kortenberg en 1818 au relais postal de "Drie Koningen"
(relais au 18e et 19e s.).
La plupart des villas ne relève pas d'un style bien défini, à quelques
exceptions près. L'architecte J.P.Cluyzenaer qui construisit à Bruxelles la
Galerie Saint Hubert, réalise à Kortenberg la Villa "Eikenhof" pour
la familie Verheyden. Le petit château se trouve à flanc de la colline du
Curtenberg. Le parc présente un intérêt botanique. C'est une réserve
naturelle et des visites guidées y sont autorisées La villa Doyen avec sa
porte en fer forgé est de style "Art Nouveau". Elle fut construite
selon les plans de l'architecte Van Haverbeke entre 1900 et 1910 pour un
negociant allemand, Lurrmann.
Madame Abts-Ermens qui réalisa le premier
drapeau belge en 1830, est originaire de la ferme "In Voscapel"
(chaussée de Louvain). Une très belle chapelle dédiée à N.D. "Sedes
Sapientiae", de pur style baroque, se trouve Kapellestraat; elle date de
1661. Une belle maison de maître du 18e siècle dont Ie porche porte
l'inscription "Brouwerij Schuermans", témoigne de la tradition de
brasseurs à Kortenberg qui au 19e s.; ne comptait pas moins de cinq brasseries.
La maison s'appelait de "Vierwegenscheden".
Un éminent théologien, Edward Schillebeeckx, passa sa jeunesse à Kortenberg
dans une belle demeure qui date de la fin du 18e s.. C'est l'actuelle
"Salle Rubens", chaussée de Louvain.
On a aussi oublié que Joseph Chantraine, l'inventeur du "manche à
balai" a vécu et travaillé à Kortenberg. Son avion
"l'aeromobile" fit sa renommée.
L'église Notre Dame fut construite sous l'occupation autrichienne près de la
chaussée de
Louvain. Il en reste le clocher erigé en 1771. L'église agrandie
en 1887 et 1914 selon les plans de Pierre Langerock est de style néo-gothique.
Elle possède une jolie madone de style gothique tardif, datée de 1500.
Grâce à l'existence de la chaussée de Louvain (1706-1709) et de la ligne du chemin de fer Bruxelles-Louvain (1866), la population s'est multipliée en 175 ans: 338 habitants en 1801 et 4.979 en 1976.
Après la 2e guerre mondiale, Kortenberg se fit connaître par sa criée (Veiling "Midden-Brabant") et par ses fêtes nationales du chicon. A côté de la culture du chicon, Kortenberg présente d'autres centres d'intérêt: sa nature, ses bois (la Warande qui relie Kortenberg à Everberg).
Les promeneurs n'auront que l'embarras du choix:
les bois, les pentes bien arborées du Curtenberg devenues une réserve
naturelle intéressante déjà signalée. Parmi les constructions intéressantes,
retenons l'Abbaye, l'ancien Presbytère, le château de la Chênaie (het
Eikenhof) et quelques villas.
Kortenberg s'est aussi fait connaître par sa marque de vélo "Ludo".
L'usine "Ludo" exporte à l'étranger le nom du village en même temps
que ses vélos de tourisme mis en location dans nombre de gares belges.
Durant la belle époque Kortenberg est devenu un centre touristique connu. A l'aube de l'an 2000, la commune nourrit les mêmes ambitions. Signalons la création de sentiers de promenade, de pistes cyclables (environ 200 km), l'existence de guides touristiques (gidsenbond Midden-Brabant), d'une école de formation intercommunale de guides pour la région centrale du Brabant. Signalons aussi les fêtes nationales du chicon, le prix biennal de dessin. A brève échéanche un musée communal et un office du tourisme seront mis sur pied.
Erps-Kwerps a deux paroisses: Erps et Kwerps,
anciennement Quarebbe. La paroisse de Kwerps se trouve entourée de toutes parts
par la paroisse d'Erps, car jamais la paroisse de Kwerps n'est sortie des
limites de la vieille Seigneurie de Quarebbe.
Au Moyen-âge Erps était un centre administratif et économique important: c'était
un chef-lieu (meierij) situé le long de la route qui allait de Cologne à
Bruges et à Londres. La place du village d'Erps mérite le détour. On peut
encore y admirer quelques belles demeures d'autrefois: le
"Schavenberghof" qui date du 18e siècle, le vieux presbytère
"De Engel", "Het Rode Schild", "De Zwaan",
"De Vier Heemskinderen", la ferme Ackermans et la maison communale.
Elles sont toutes groupées autour de l'église néo-gothique St. Amand.
Le long de la Peperstraat, toute proche, se trouve la maison Van Hamme (17e siècle)
et l'atelier Buelens où l'on fabriquait des roues. A voir aussi le long de l'étroite
"Paddestraatje", une maison à large façade du 18e siècle.
C'est durant la période de la domination autrichienne que la place du village
et les rues attenantes se sont développées. Pour les façades le grès blanc
de Lede - il en existait des carrières à Erps jusqu'en 1900 - alterne avec la
brique espagnole. On parle ici de style traditionnel grès - brique.
Les meneaux en pierre blanche, les portes en anse
de panier (remplacées fin 18e siècle par des portes Louis XVI), les moulures
en grès et les pierres angulaires sont caractéristiques de ce style.
Quelques belles résidences se trouvent plus éloignées du centre du village,
comme par exemple la ferme de Ransem, Kasteelstraat; "De Koning van
Spanje", Leuvensesteenweg; la ferme Stie, Bruulstraat.
Il ne subsiste que 2 demeures des 8 châteaux et gentilhommières qui ont fait la grandeur d'Erps-Kwerps dans le passé: l' "Hof ter Brugge" et le '"Wijnegemhof".
Le premier date du 17e siècle et fut habité par les Vicomtes de Plaines, une familie bourguignonne dont l'ancêtre Thomas de Plaines, était Président du Conseil de Malines. Marc Sleen, dessinateur de B.D., en fit le "Rattenkasteel". L'autre, le 'Wijnegemhof " est une gentilhommière, construite par les Vicomtes `van der Noot'. Elle devint plus tard la propriété du Comte Coghen, arrière-grand-père de la Reine Paola.
Les églises d'Erps et de Kwerps possèdent
quelques pièces intéressantes: dans l'église Saint-Amand d'Erps deux tableaux
du 18e siècle de Pieter Joseph Verhaeren. L'un représente Sainte Barbe. Erps
était un lieu de pélerinage voué à cette sainte - et l'autre Saint Donat qui
protège les fidèles contre le tonnerre et l'éclair. La place du village y est
représentée à l'arrière-plan. La façade de l'église Saint Pierre à Kwerps
est flanquée de la pierre tombale de Claude Fisco, architecte bruxellois qui
mourut en 1825 au Presbytère de Kwerps.
Fisco a construit la Place des Martyrs à Bruxelles. Erps-Kwerps possède également
de nombreuses chapelles comme par exemple la chapelle de N.D. du Bon Secours
datant de 1655, en style baroque et située près du château "Ter
Brugge", et la chapelle Saint Roch. Saint Roch protège les fidèles contre
les maladies contagieuses et surtout contre le cholera. Le circuit des chapelles
est rendu possible grâce à une piste cyclable appelée la `route des
chapelles'.
Le promeneur trouve à Erps-Kwerps un grand choix de promenades (8): les promenades du Keizerdelle, du Heuvelingen, de la chaussée Romaine, des villas, de Silsem, de Borhoutens, de Ransem, de Hagedocht et de la Lèproserie.
Les boulangers d'Erps-Kwerps sont réputés pour leurs tartes "au chicon". Ce sont en fait des tartes couvertes où les fruits tradiotionnels sont remplacés par des chicons. Elles ne sont vendues que durant la semaine dans la région et sont surtout consommées dans les ateliers lors du nettoyage des chicons. C'est à Erps-Kwerps que le cultivateur Maurits Janssens commença la culture du chicon rouge. Lors des réceptions communales les feuilles de chicons garnies sont présentées en guise d'amuse-gueule.
Everberg devint une principauté en 1686 au bénéfice des Princes de Rubempré, Grand-Veneurs du Brabant. Le château situé dans les marais, appelé "Hof van Montenaken", est la construction la plus intéressante de la commune. En 1743 il fut le théâtre d'une avonture romantique. Le troisième prince de Rubempré se maria avec la femme de chambre de sa mère, ce qui lui coûta quelques mois de prison et la perte de son titre de Grand-Veneur. Les Comtes, ensuite Princes, de Mérode ont succédé aux Rubempré et leurs descendants occupent toujours le château.
Le château actuel fut construit en 1725 par l'architecte F. Neuville en style classique rehaussé d'éléments Louis XVI. Au début du 19e siècle le Comte Charles Guillaume de Mérode y habita comme seul survivant de la famille. Il fut bourgmestre de Bruxelles, sous Napoléon I. Son mariage lui assura une nombreuse progéniture dont le Comte Felix de Mérode, membre du gouvernement provisoire, le Comte Frédéric de Mérode qui tomba sur le champ de bataille lors des journées révolutionnaires de 1830, le Comte Henri de Mérode de Westerlo qui décrivit le charme d'Everberg et de Kortenberg dans ses "Souvenirs" et le Comte Werner qui reçut Everberg en héritage. Werner mourut accidentellement dans les bois (Warande) d'Everberg. Une stèle y rappelle sa mort.
Plusieurs souverains-régnant d'Europe sont originaires d'Everberg: la mère d'Albert I de Monaco était une Comtesse de Mérode, la belle-mère du Roi Amédée d'Espagne était également une Comtesse de Mérode et le Roi Tomislav I de Croatie était un arrière-petit-fils de la Comtesse Louise de Mérode d'Everberg.
Grâce à la fusion des communes dont Everberg
fait partie, Kortenberg appartient à la Réunion lnternationale de Mérode; un
jumelage de communes qui ont des liens avec la lignée de Mérode.
L'église St. Martin et Saint Louis possède une tour en partie romane et un
choeur de style gothique tardif. La chapelle Saint Hubert de 1720 rappelle les
fonctions de Grand-Veneur, exercées par les Rubempré.
Dans l'église se trouvent également les pierres tombales et les cryptes des 2 premiers princes de Rubempré, chevaliers de la Toison d'Or.
Les architectes Henri Beyaert et Paul Hankar construisirent en 1890 les nefs centrales et latérales en style néo-gothique. Une inscription commémorative placée à l'arrière de l'église rappelle le nom de ces architectes et celui des généreux donateurs: la Comtesse de Mérode, le Prince Albert 1 de Monaco et la Princesse de Savoie-Aoste.
Les Princes d'Everberg ont le grand mérite d'avoir participé aux travaux de protection de la nature dans le village. Dans la "Warande" un beau bois doté de sentiers qui invitent à la promenade se trouvent deux constructions intéressantes: la chapelle Notre Dame de Montaigu et la glacière .
Everberg a conservé son aspect rural et possède
encore quelques vieilles exploitations fermières dont le
"Gasthuishof" avec sa grange de la dîme, les "Drie Linden",
le moulin à huile et le "Biesthof", ancienne ferme du château.
Les promeneurs et les fervents de la nature sont gâtés et ils n'ont que
l'embarras du choix: les
promenades du "Kruisborre", de Vrebos, du
Troost et des châteaux, d'une promenade "nature dans la Warande". Il
faut signaler qu'en 1988 on a aménagé un sentier pour moins-valides. Everberg
bénéficie d'une grande variété de paysages: des pâturages le long de la
Wasbeek, des champs, sur les hauteurs du plateau limoneux du Brabant autour de
Vrebos, des bois et des terres de culture.
Durant la Belle Époque Everberg devint un lieu de villégiature. De nombreux
citadins y firent construire une villa. Citons par exemple: la villa "De
Twee Leeuwen" (Le Carillon) construite en partie avec des matériaux récupérés
en provenance de quelques maisons de maître de Bruxelles: la pierre de taille
de l'orangerie provient de l'hôtel d'Arenberg.
Meerbeek est la plus rurale des quatre communes de la fusion. L'Eglise Saint Antoine est implantée á la limite du village, en bordure des pâturages et des terres de culture. La tour carrée est romane et remonte au 13ième siècle. Les fonts baptismaux de style roman précoce, dans la chapelle au fond de l'église, sont remarquables.
Meerbeek est un des rares villages dont le cimetière se trouve encore autour de l'église.
Christyn (+1699) un fils du baron du même nom,
est enseveli au pied de la tour.
Face à l'église se trouve le presbytère du 18e. Le presbytère précédant
fut incendié par la soldatesque française. Le presbytère actuel fut construit
par l'abbaye d'Affligem qui percevait la dîme à Meerbeek. L'abbé d'Affligem y
séjourna lors de ses passages à Meerbeek. L'encadrement du portail est en
style Louis XVI. L'escalier monumental dans le hall et les lambris de chêne
dans le grand salon de réception démontrent la richesse de cette bâtisse.
Elle fait toujours office de presbytère.
Au 18ième et au 19ième siècle Meerbeek était
un village de producteurs de blé. La ferme des "Zeven Slapers", située
dans la Goedestraat, avec sa grange monumentale du 18ième, est un souvenir de
cette période. Elle était propriété de la fondation louvaniste des
"Zeven Slapers" depuis 1460. C'est une ferme d'aspect semi-fermé.
Après la crise agricole de 1880-'90, les cultivateurs de Meerbeek adoptent l'élevage
du bétail - le village comptait 5 laiteries à cette époque - et ensuite la
culture du chicon.
Meerbeek possède aussi un camp de naturistes l'
"Helios", près du Grevenbos.
Sur le "Tomme", des visites guidées sont autorisées dans le réservoir
d'eau de la S.A. de captage d'eau (N.M.W.W.). Tout près, nous remarquons
l'installation du radar de Bertem. Elle serait la plus grande d'Europe!
Les promeneurs ne sont pas oubliés à Meerbeek, grâce aux promenades du "Schoonaardebroek", des fermes, du Burcht en Tomme", du "Grevenbos" et du "Vijfwegenboompad".
L'abbaye de Kortenberg doit en partie sa renommée
à la Charte signée par Jean II duc de Brabant. Malade, souffrant de gravelle,
il voulut s'assurer qu'après sa mort le duché passât sans problème entre les
mains de son fils.
L'abbaye située à mi-chemin entre Bruxelles et Louvain, pour un acte de cette
importance est un endroit privilégié. Voici une version modernisée et abrégée
de la Charte.
1. pour ne demander d'autres supplications ou contributions que celles qui sont connues dans les trois cas féodaux -lors de l'accolade de mon fils, du mariage de ma fille et de mon emprisonnement. Les contributions seront raisonnables (privilège financier)
2. pour garantir une justice équitable, tant pour les pauvres que pour les riches (privilège juridique)
3. pour reconnaître les libertés de nos bonnes cités (privilège municipal)
4. pour constituer un Conseil composé de:
a) 4 chevaliers ou nobles
b) 10 répresentants des cités, répartis comme suit:
- 3 de Louvain
- 3 de Bruxelles
- 1 d'Anvers
- 1 de 's Hertogenbosch
- 1 de Tirlemont
- 1 de Zoutleeuw
5. pour permettre au Conseil de se réunir dans l'Abbaye de Kortenberg. Les réunions auront lieu toutes les trois semaines pour vérifier si les privilèges financiers, juridiques et municipaux ont été respectés.
6. pour vérifier si dans le futur il sera possible d'apporter des améliorations au gouvernement du pays.
7 .pour désigner de nouveaux membres en cas de décès d'un des membres du Conseil de Kortenberg.
8. Pour permettre aux membres du Conseil de prêter serment sur Ie Saint Evangile et de leur permettre de viser Ie bien-être général
9. pour concéder au peuple le droit à la résistance si le Duc ou ses descendants refusaient de respecter la Charte de Kortenberg.
Le 27 september 1312, le Brabant reçut une Charte digne d'une constitution. Elle était en vigeur sur tout le territoire du duché. De cette charte naquit une sorte de "Parlement de Kortenberg" ou "Conseil de Kortenberg". Les anciens l'appelaient la réunion des "Seigneurs de Cortenbergh". Les membres de cet organe de contrôle qui était précurseur de l'assemblée ultérieure des états: ( premier état = le clergé, deuxième état = la noblesse, troisième état = les cités) se sont réunis dans l'abbaye de Kortenberg et en d'autres endroits, tant bien que mal, jusqu'en 1376. Dès 1332 le Conseil s'était élargi de 2 membres, ce qui porta le nombre total à 16 "Seigneurs". Anvers en reçut un et en totalise donc 2. La ville de Nivelles, en brabant-wallon, reçut également un membre représentant.
En 1340 les documents portaient un sceau spécial, répresentant un arbre sur une colline (le "Korte" ou "Scherpe berg" ?). Le sceau porta la légende suivante: SIGILLUM COMNUNE: CONSILII: DE CORTENBERGHE (le sceau commun ou ordinaire du Conseil de Kortenberg).
Après la France, la Belgique est le principal
producteur de chicon au niveau mondial. La production est en extension tant sur
le plan national qu'international et sa modernisation est en bonne voie. Le
plant de chicon nous est connu depuis longtemps. Les auteurs latins, dont Horace
(de 65 - 8 avant Jésus-Christ) en font mention dans leurs poèmes. Sous Napoléon
I, lors du blocus continental, les racines séchées et torréfiées remplaçaient
le café.
Charlemagne en faisait cultiver dans ses jardins. Plus tard au 17e s., Dodoens,
dans son `livre des épices' loua les qualités du chicon pour ses effets bénéfiques
contre les maux d'estomac. Et ce ne sont quelques exemples.
Les premiers `vrais' chicons, tels que nous les
connaissons aujourd'hui ont été cultivés à Schaerbeek par Jean Brammers qui
conserva la carotte dans sa cave en la couvrant d'une mince couche de terre. Les
jets blancs qui apparaissaient, semblaient être comestibles et avaient de plus
bon goût. Il fallait seulement veiller à ce que le pied restât ferme. C'est
en 1850-1851 que Bréziers résolut le problème.
A cette époque la culture du chicon en pleine terre était encore limitée à
la région située entre Schaerbeek, Evere, Haren. Plus tard la production s'étendit
vers Woluwe, Zaventem, Sterrebeek, Erps-Kwerps, Kortenberg, Steenokkerzeel et
Kampenhout. Le chicon devint 1'or blanc, la nouvelle richesse du sol brabançon
!
Les techniques employées pour la culture du chicon,
à la fin du siècle précédant, étaient à peine comparables à celles
d'aujourd'hui.
Adriaan Van Dijck de Kortenberg, nous parle des méthodes de travail de son père
qui à cette époque cultivait le chicon à Evere.
Il fallait semer à la main, par temps calme, si
nécessaire la nuit. Dès l'apparition des jeunes pousses, il fallait sarcler et
élaguer de manière à conserver les jeunes plants à 20 cm de distance. Les
carottes étaient arrachées à l'aide d'une fourche et dégarnies ensuite des
feuilles vertes. Il fallait alors procéder à la préparation des couches. Les
bords étaient renforcés par des planches. Les carottes y étaient placées à
la verticale et recouvertes de terre. Ces couches avaient une largeur d'environ
un mètre et couvraient toute la longueur du jardin.
Pour `forcer' le chicon, les paysans d'Evere allaient s'approvisionner en fumier
dans les casernes d'Etterbeek. Il fallait régulièrement contrôler le
processus de croissance et la nuit le paysan se levait pour ouvrir les couches,
si l'action thermique du fumier était trop forte; sans quoi il risquait de voir
roussir les pointes du légume.
Quand le chicon était prêt à la consommation, il fallait passer à
l'arrachage ("langen"). On enlevait alors les plants à l'aide d'une
fourche sans secouer le chicon. A l'aide de deux doigts, on séparait le pied de
la carotte et on le déposait dans une manne à deux poignées. Les femmes
nettoyaient ensuite les chicons à l'intérieur dans toutes les règles de
l'art.
La production du chicon était une activité exclusivement hivernale et se
pratiquait à échelle réduite. Jusqu'en 1914 posséder une vingtaine de
couches d'un mètre sur 10 m constituait une explotation rentable. En été les
paysans remplaçaient la culture du chicon par la culture des légumes qu'ils
allaient vendre sur les marchés de la ville.
Les méthodes de culture ont évolué
progressivement. Le problème du fumier de cheval fut d'abord résolu par le
placement d'un grillage et ensuite par l'emploi d'un petit four en fonte
("pijpekop") qui produisait un chauffage à air chaud.
Les vanniers qui vendaient leurs mannes d'osier auprès des paysans durant la
saison du chicon, furent concurrencés par les scieries qui produisaient des
caisses en bois, mieux adaptées au transport international.
Vers 1910 les ensemenceuses firent leur apparition, ainsi que la sarcleuse mécanique.
Celles-ci économisaient la main-d'oeuvre. Ces
dernières années on est passé à l'utilisation des ensemenceuses de précision
à semences calibrées.
Le système le plus récent fonctionne à l'aide de bandes en plastic, pourvues
de semences à distance régulière. Le plastic se décompose et la semence peut
se développer au bon endroit. Pour le nettoyage des rangées, certaines
machines grattent de 8 à 10 rangées à la fois. Tous les systèmes désuets
ont cédé la place au chauffage central, à la culture en
"containers" ou à l'hydroculture qui represente la dernière
innovation dans ce secteur. Après l'emballage, le chicon était vendu à des
commerçants privés, à la cooperative ou en criée. Les commerçants avaient
soit des fournisseurs fixes parmi les producteurs, soit se rendaient au café
pour y consulter "de schoil" ou l'ardoise. Une "schoil"
semblable est toujours en usage au café "Victoria" à Meerbeek.
Certains cultivateurs se sont spécialisés dans la production des semences. Ils adaptent leur production à l'exportation vers la France. Lors de l'arrachage, les plants de chicon bien formés sont replantés en pleine terre pour hiverner et puis développer des graines. A la mi-aôut les semences sont mûres. Elles sont sèchées, battues et tamisées avant d'être déclarées aptes au semis.
Quand les derniers chicons sont rentrés, on fête
le "mei" en buvant une bonne goutte. Les femmes reçoivent du café et
des gâteaux. Les bals du chicon, l'élection de Miss Chicon, les géants du
chicon, le club estudiantin `Endivia', vrais termes du terroir, et de véritables
fêtes du chicon à Kortenberg font partie du folklore de la région.
Le chicon appelé en France `l'endive belge' est un mets de choix. Il peut être
consommé cru ou étuvé, servi en roulades de jambon campagnard, ou aux oranges
(ou dit plutôt à l'orange). On peut aussi le préparer en salade au poivre
vert.
En 1985 le premier concours national de recettes de chicon fut organisé à Kortenberg. Jacques Marit de Braine L'Alleud remporta le premier prix avec une recette appréciée: "Pigeons ramiers à la salade de chicon et à la vinaigrette d'airelles".
En voici la recette
- 2 pigeons ramiers
- 2 chicons
- 100 gr de haricots princesse fins
- 2 jeunes carottes
- cerfeuil
- vinaigrette d'airelles rouges
- 2 cuillères à soupe de jus de veau
Laissez cuire les pigeons ramiers au four durant 20 minutes, accompagnés d'échalottes, de carottes et de thym. Le chicon sera lavé et coupé en lamelles. Les haricots cuits, mais croquants, seront coupés en dés et mélangés au chicon. Les deux carottes seront coupées en forme d'olive et cuites.
Pour la vinaigrette, mélangez 2 cuillères de
jus de veau, une cuillère à café de moutarde, une cuillère à soupe de
vinaigre d'airelles et du vinaigre rouge.
Battez le tout avec 2 cuillères à soupe d'huile d'olive, deux cuillères à
soupe d'huile d'archide, poivre et sel.
Présentez ensuite les poitrines de pigeon découpées
autour du mélange de salade et arrosez le tout de vinaigrette tiède. Le plat
sera garni d'airelles rouges, de carottes et de cerfeuil haché. Un vin rouge léger
ou un rosé sec servira d'accompagnement.
Bon appétit !
Marc Verbeeck
A l'occasion d'une randonnée de prospection Mr. W. De Keyzer fit la découverte d'une Villa Romaine, dans le hameau de Lelieboomgaarden.
Après prise de contact avec la K.U. Leuven, département archéologie, il fut décidé de procéder aux fouilles. L'entreprise fut appuyée par la Commune de Kortenberg et reçut la collaboration de la K.U.Leuven. Des volontaires et des étudiants en archéologie, sous la conduite de Marc Verbeeck et de Marlyse De Clerck, effectuaient les recherches.
Le site se trouve à mi-chemin d'une colline en pente douce orientée vers le sud-ouest, et dominant la rive gauche de la Weesbeek. La première campagne de fouilles débuta le 15 juin et se poursuivit jusqu'au 15 novembre 1987. Durant cette période quelque 450 m2 furent examinés.
Une tranchée d'essai de 30 m de long sur 1,5 m de large, orientée nord-sud, fut tracée. Il fut décidé de poursuivre le travail par application du système de quadrillage: 21 carrés de 4 sur 4 mètres furent examinés, essentiellement du côté ouest de la tranchée. Ceci permit de constater que les restes archéologiques étaient en très mauvais état de conservation. L'érosion et le labourage en profondeur avaient détruits aussi bien la couche des décombres que les différents niveaux d'habitation.
Les traces d'habitation se manifestaient dans la couche vierge de limon juste en dessous des constructions. L'enlèvernent des fondations et les perturbations ultérieures ont également contribué au mauvais état de conservation.
La recherche était essentiellement axée sur les restes de la Villa Romaine. Or, dès le commencement des fouilles les chercheurs heurtaient les restes d'une tombe Mérovingienne. Ainsi un aspect second s'ajoutait au premier: celui du dégagement d'un cimetière Mérovingien, aligné dans les ruines de la Villa Romaine.
Durant cette première campagne, la Villa Romaine
a été dégagée de moitié. Il résulte de l'examen que la construction
appartient au type de villas à portique dotées de pièces angulaires en
saillie.
En beaucoup d'endroits les traces négatives des murs démantelés ne
subsistaient que sur quelques centimètres. En d'autres endroits, par contre,
les fondations étaient intactes. Ainsi fut-il possible d'examiner le mode de
construction: les fondations étaient érigées à l'aide de fragments irréguliers
de grès, posés ou déversés à même le fossé, sans emploi de mortier. Par
sa galerie de façade, la bâtisse est orientée vers le sud-est. Il nous est
permis de croire que cette façade frontale était ouverte, étant donné que
ses fondations ne sont pas continues. L'espace rectangulaire derrière cette façade
est réparti en une grande salle de 10 m sur 8, entourée de 5 pièces plus
petites au moins.
A l'arrière de cet espace furent découvertes les traces d'une habitation plus
ancienne. L'orientation des fragments muraux ne correspond pas avec celle de la
villa. Au stade actuel des recherches il est impossible de fournir une
indication ou une datation précise.
Des murs de la bâtisse il ne subsiste rien. Il
nous est cependant permis de formuler une hypothèse quant à l'aspect de la
superstructure: la construction était probablement réalisée en colombage;
quelques débris de pisé se trouvaient en effet melés au restes des
fondations.
Parallèlement à la galerie frontale subsistent encore les restes d'un sentier
étroit. A l'époque romaine il était probablement utilisé pour atteindre le
bâtiment.
Jusqu'à présent 16 tombes ont été exhumées dans le cimetière Mérovingien (7ième siècle). Les tombes sont orientées nord-est sud-ouest. Les défunts étaient inhumés le visage tourné à l'est. Le labourage et l'érosion ont également laissé des traces dans ce cimetière. Pour certaines tombes il ne reste que quelques vagues soupçons des limites de la fosse et quelques ossements.
Neuf tombes ou restes de tombe exhumées étaient sans offrandes ou contenaient des offrandes difficiles à déterminer. Parmi les autres inhuminations il nous a été donné de distinguer cinq tombes masculines et deux féminines. C'est le Dr. Janssens qui détermine actuellement le sexe, l'âge, la taille et qui procède à l'examen pathologique des différents individus.
Les tombes riches se remarquaient par leur finition très soignée. Elles étaient bordées de débris de la villa Romaine comme le grès, des fragments de mortier et de tuiles. Les tombes 24 et 38 comptaient parmi les plus riches. La tombe 24, d'une femme, se situait dans le coin sud-ouest de la pièce angulaire. Parmi les offrandes se trouvaient 2 pots bicôniques ornés de roues en forme de sceau ainsi qu'une poterie de l'Eifel à hauteur du fémur droit; 2 croix en plomb (figures antropomorphes), quelques perles en pâte de verre et ambre autour du cou; un couteau de garniture en fer et une fibule de bronze sur le bassin, 3 plaques de garniture en bronze entre les jambes, un rouet sur la poitrine et une boucle à lanière en bronze au pied gauche.
La tombe 38, d'un homme, se trouvait à côté de la tombe 24 mais en dehors de la villa. De cette tombe il fut possible de reconstituer le cercueil de bois. Parmi les offrandes se trouvaient un scramasax (épée courte à une seule face coupante) à hauteur du fémur gauche et une fibule damasquinée avec contre-plaque et plaque de garniture sur le bassin.
Les trouvailles en surface et les restes de squelettes humains trouvés sur place ainsi que dans les parcelles attenantes laissent supposer que le cimetière Mérovingien est très important. C'est en effet le seul qui ait été trouvé jusqu'à ce jour sur le plateau de limon Brabançon. Une question intéressante et intrigante, où se trouve l'implantation datant du début du Moyen-âge ?
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