Esprit du mouvement

VIE LIBRE est né en France lors du Congrès anti-alcoolique International de septembre 1952, de la fusion de l'Entr'aide fondée en 1937 par Germaine CAMPION et André TALVAS, et de l'Amicale qui groupait à partir de 1950 les malades du Docteur AITOFF parmi lesquels se trouvait Emile LE CORRE, Président National du Mouvement VIE LIBRE de 1957 à 1965

Le départ et le développement de l'Entr'aide en 1937 et de VIE LIBRE en 1953. reposent essentiellement sur deux principes fondamentaux :
a) l'abstinence totale de toute boisson distillée ou fermentée.
b) l'EQUIPE : buveur guéri et abstinent volontaire.

En 1953. date de sa reconnaissance au Journal Officiel français, VIE LIBRE reposera sur trois autres principes fondamentaux eux aussi :

1) La neutralité du Mouvement.
2) La collaboration ouverte et totale offerte aux services sociaux,   médico-sociaux, qui se préoccupent du traitement des malades  alcooliques.
  C'est ainsi que VIE LIBRE dès le début collabora avec le service de I’Hôpital de Saint Germain en Laye, du Docteur LE COQ, et. avec celui du Docteur FOUQUET de Versailles, pour ne citer que ces deux services de la Région Parisienne.
3) L'Amitié et l’Action comme éléments vitaux et dynamiques du Mouvement.

En 1965 Vie Libre Belgique voit le jour en province de Luxembourg. Depuis le mouvement s'est bien implanté dans la province et de nouvelles équipes se créent chaque année dans d'autres régions du pays.

En janvier 2001 une première équipe de base est créée  à Luxembourg Ville au Grand-Duché de Luxembourg.

En février 2001, le mouvement prend résolument une dimension européenne avec la création d'un groupe Vie Libre "3 frontières" Belgique-France-Luxembourg.

Des contacts se sont aussi établis entre certains mouvements allemands, italiens et espagnols et Vie Libre France.

Vie Libre est également membre d'Eurocare, la fédération européenne des mouvements non-gouvernementaux de lutte contre l'alcoolisme, qui agit de concert avec ses membres au niveau international et sur un plan plus politique.

1. L'ESPRIT DU MOUVEMENT DOIT ETRE CENTRE D'ABORD SUR LES PERSONNES

Parmi toutes les valeurs, il y a l'homme, la personne humaine. Or, d'après les statistiques médicales, il y aurait trois millions de Français atteints par l'alcoolisme. Sans compter les conjoints et les enfants de la plupart qui sont profondément marqués par l'alcool et ses conséquences ; il s'agit de les sauver, de rompre les chaînes qui les tiennent captifs. Seuls, ils ne le peuvent ordinairement pas. C'est pourquoi, il faut un Mouvement National de sauveteurs qui aillent à leur secours et qui les aident à redevenir :

·         des personnes en bonne santé.

·         des personnes libres et conscientes de leur devoir vis-à-vis d'elles mêmes et de tous ceux qui demeurent dans leurs chaînes.

Il n'y a pas d'à priori. ll n'y a point d'idées préconçues : il y a des buveurs à sauver, des familles entières à secourir, un fléau NATIONAL à combattre, une opinion ignorante et inconsciente à informer et à former.

C'est ce souci à la fois des personnes et des communautés (familiales et nationales) et de la lutte contre leur ennemi numéro << 1 >> qui situe notre Mouvement, précise notre esprit et doit faire naître des militants à tous les échelons.

II.- L'ESPRIT DU MOUVEMENT EST TOUT ENTIER DANS SON OBJET MEME.

En prenant le nom de VIE LIBRE notre Mouvement résumait par là tout son programme.

LA VIE c'est la santé, la plénitude, l'épanouissement.
LIBRE c'est la libération de tout esclavage et de toute passion malsaine.

Mais la VIE et la LIBERTE ne seront efficacement rendues aux victimes de l'alcool que par ceux-là même qui ont recouvré la santé et la liberté.

C'est pourquoi, les premiers sauveteurs des buveurs seront des buveurs eux-mêmes tous unis quelles que soient leurs opinions politiques ou philosophiques.

III.- L'ESPRIT OUI ANIME LE MOUVEMENT DOIT EN SECOND LIEU ETRE CENTRE SUR LES COMMUNAUTES, et par COMMUNAUTES, il faut entendre :

·         les familles

·         les milieux de travail

·         les institutions.

a) La famille et le quartier

Le buveur, au moins dans la première partie de sa maladie, n'est pas seul, il vit dans une communauté, il est rattaché à une collectivité. petite ou grande. Jeune ou devenu adulte, il appartient à une famille, soit qu'il se trouve chez ses parents, soit qu'il ait déjà son propre foyer.

Nous ne devons jamais voir le malade coupé de sa famille. Membre malade, c'est tout le corps familial qui en est ou le responsable, ou la victime, car il y a les deux ! Aussi bien, les militants du Mouvement ne devront jamais oublier la famille : père et mère, sœurs, époux et épouses, parents et beaux parents, enfants, amis ou relations, voisinage du foyer et même employeur.

Ne voir que l'individu, que le malade, sans tenir compte de son contexte familial, ce serait perdre son temps. L'action du Militant se portera donc simultanément et sur le malade, et sur son entourage immédiat.
Vouloir sauver un buveur, c'est aussi vouloir sauver son foyer, le conjoint et les enfants. d'où nécessité d'une branche <<JEUNES>> et de commissions féminines. Dès lors l'esprit du Mouvement sera personnaliste et familial. Il sera éducatif de toute la famille.
Mais cette première communauté est elle même insérée dans d'autres communautés. à savoir . le voisinage. Le quartier. le milieu de travail. Vous le savez par expérience, l'influence du milieu est considérable tant pour entraîner le buveur à boire, que pour le faire retomber.
Le dynamisme intérieur du Mouvement, l'esprit qui l'anime et qui doit animer chaque militant, doivent conduire celui-ci à agir sur l’entourage et jusqu'en ces milieux de travail eux-mêmes.

b) Sens social et révolutionnaire dans les milieux de travail et sur les institutions.

Notre Mouvement devra donc avoir un sens social très développé, un souci de réforme des structures, des conditions inhumaines de vie de tant de travailleurs qui boivent pour s'évader de leur milieu malsain.
Notre Mouvement ne doit pas être une petite boutique fermée sur elle-même, ni une amicale de bons copains heureux d'en être sortis. NON. notre Mouvement doit être à la pointe du progrès social. Il doit inciter ses membres à une action sociale et politique (dans le vrai sens du mot, dans le sens du souci du bien commun) efficace, afin que cessent les scandales des taudis. des bas salaires. du salariat, l'existence des trusts de vin et de l'alcool et la multiplicité des bistrots qui sont autant d'agences électorales du capitalisme, et de lieux de déchéances pour l'individu. les familles et la Nation.

c) En un mot, notre Mouvement doit être un corps représentatif.
On ne voit pas pourquoi, dans cette perspective d'action sociale. les membres du Mouvement. à titre personnel. et peut être plus tard au titre du Mouvement lui même lorsqu'il aura atteint une grande extension ne s'engageraient pas à fond dans le combat social et politique, sur le plan Municipal, sur le plan des Associations Familiales, sur le plan Cantonal et National, sur le plan Syndical, Comités d'Entreprises. etc .

Car, qui défendra ces millions de buveurs et leurs familles, qui luttera contre l'alcool et ses trusts ? si ce n'est les buveurs guéris eux mêmes et tous ceux qu'ils auront entraînés dans leur abstinence ?

Notre Mouvement dès lors est bien au delà des limites d'une association, d'une amicale ou d'une confrérie d'anciens buveurs ou d'abstinents volontaires de telle ou telle confession religieuse ! Ces Associations ont leur raison d'être, mais les perspectives de notre Mouvement sont autres, elles veulent être à la dimension du mal qu'est l'alcoolisme dans notre pays.

On peut donc dire que notre Mouvement est un Mouvement d'action près des buveurs et d'action sur les institutions ; il doit être de plus un Mouvement de formation de militants.

IV - Le Mouvement doit former des militants et des Foyers militants.

a) Cette formation est indispensable.

Dans un Mouvement essentiellement d'action comme le nôtre, il faut de nombreux militants responsables et très bien formés pour assurer l'encadrement de tous nos camarades buveurs déjà soignés ou devant l'être.
Vous le savez par expérience, ce n'est pas une tâche aisée que de décider un buveur et encore plus une buveuse à se faire traiter et à persévérer. Il faut beaucoup de tact, de savoir faire, de bon sens et ne pas craindre sa peine.
Il faut connaître les diverses thérapeutiques employées et les possibilités locales de cures ambulatoires et en hôpital.
Il faut découvrir les causes psychiques qui ont conduit tel homme ou telle femme à la boisson, entrer en relations avec les docteurs, susciter s'il le faut leur compréhension. Il faut très souvent, c'est fréquent à Paris, trouver un logement
et un emploi au malade à sa sortie d'hôpital.
Bref, que de compétence, d'intelligence et de coeur il faut au militant pour obtenir une guérison valable et durable.
D'autre part, dans l'organisation même du Mouvement, à tous les échelons : local, départemental, régional et national, il faut là encore des compétences variées : secrétariat, trésorerie, propagande, organisations, démarches. Nous devons donc songer à cette formation de militants à tous les échelons du Mouvement afin d'assurer son développement, son sérieux et sa mission propre.

b) Cette formation par l'action ne se fera pas en vase clos, mais au contraire dans et par cette action.
« C'est en forgeant qu'on devient forgeron. "
Aussi bien devons-nous veiller à confier des responsabilités à tous ces buveurs guéris ou abstinents volontaires. Les tâches et les services ne manquent pas dans le Mouvement : c'est un buveur à voir, une démarche à faire, une place à chercher, une réunion à organiser, une causerie à donner, un article de journal ou un tract à écrire, une campagne locale à mener près des Pouvoirs publics, etc...
Mais il faut y penser et ne pas vouloir tout faire par nous-mêmes. Il y aura des échecs, des déboires et des... reboires.., qu'importe, nos camarades persévéreront, reprendront confiance en eux-mêmes et dans le Mouvement dans la mesure où les dirigeants leur feront confiance. Le bulletin " AGIR " me paraît nécessaire pour vous aider dans cette tâche de formation des militants et des responsables à tous les échelons. Il faudra l'utiliser au mieux dans ce sens.
Si le mouvement sait utiliser tous les moyens possibles, toutes les occasions pour former des militants, il sera amené à se structurer, à s'organiser à tous les plans.

Et nous voici amenés à notre troisième partie :

L'Organisation du Mouvement.

André Marie Talvas - 1954