- Faux de Chalons -

Le critère qui permet d'authentifier le faux n'est pas la différence de couleur

en revanche, le dessin révèle le caractère frauduleux.

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Huet Henri (Membre de la société d'histoire et d'archéologie de Chalon) nous raconte l'affaire

La découverte

En novembre 1886, un postier voulant recoller un timbre qui s’était détaché de l’enveloppe s’aperçut que la gomme était très défectueuse. Il alerta son supérieur lequel en avertit l’Administration.

Celle-ci conclut à la fausseté du timbre litigieux, une figurine de 15 centimes représentant le groupe allégorique Paix et Commerce dit “type Sage”.
L’enquête

On convoqua le destinataire : il ne fit aucune difficulté à donner l’identité des son expéditeur, ce dernier dénonça le bureau de tabac où il l’avait acheté. On trouva des faits similaires aux environs de Lyon. Tous se souvenaient se les être procurés auprès de deux femmes qui les leur proposaient à des prix très compétitifs arguant du fait qu’elles n’en n’avaient plus l’usage.

Des portraits robots furent communiqués aux polices françaises : les deux femmes furent rapidement arrêtées en gare de Rive-de-Gier.

Conduites au poste de police et fouillées, on trouva sur elles, outre des sommes d’argent, 3 000 timbres en feuilles de 150, répartis en six panneaux de 25. Interrogées, elles donnèrent leur identité aux policiers : il s’agissait des deux sœurs Rouet mariées à des Chalonnais : la première, Adèle, était commerçante, mariée à un certain Claude Mugnier, la seconde, Annette, était l’épouse d’un haleur de Saint-Cosme nommé Derlin.
Transfert à Chalon

E lle furent transférées le 17 novembre rue d’Autun et elles dénoncèrent l’atelier des faussaires. Le propriétaire était un certain Émile Conry dit Hudson, dessinateur-lithographe-publiciste de son état.

Ce dernier, rapidement arrêté, livra le nom de ses deux associés : l’un était Claude Mugnier, représentant de commerce, le second, Jean Rollet, imprimeur lithographe de son état. Tous deux étaient chargés de se procurer les pierres lithographiques et les couleurs.

En revanche, on relâcha Derlin, totalement étranger à l’affaire.L’affaire ne traîna pas et, dès le 24 décembre, les inculpés passèrent en correctionnelle à Chalon.
Le jugement

Émile Conry, jugé responsable, fut condamné à quatre ans de prison et 2 000 francs d’amende.Les deux complices purgèrent chacun la moitié de la peine soit deux ans d’emprisonnement et 1 000 francs d’amende

Semblables peines furent infligées aux deux revendeuses accusées de colportage et vente de timbres-poste contrefaits. Leur amende fut symbolique : 100 francs seulement.

Notes annexes :

1°) le premier timbre-poste fut britannique et mis en service en 1840. Il représentait la reine Victoria dans l’éclat de ses 21 ans.La France suivit mais neuf années plus tard.

2°) Un autre version de la découverte des timbres faux fut donnée par ailleurs : lors d’un abonnement à un périodique avec lesdits timbres, ils furent jugés faux par le préposé à l’enregistrement, philatéliste averti.

3°) De nombreuses planches de faux timbres déposées au greffe du tribunal de Lyon disparurent mystérieusement.

Contact huet.henri@sfr.fr