Créé en 2008

Le Tournoi de Mons en 1310  

Description des armoiries des seigneurs  

I. Préambule

Pour Guillaume 1er, comte de Hainaut et de Hollande, beau-frère du roi de France, beau-père du roi d'Angeleterre et de l'empereur Louis de Bavière, tous les grands événements de sa cour sont l'occasion de joutes. Notamment la paix qu'il conclut avec Robert, comte de Flandre, donna lieu à Mons, en juillet 1310, à un tournoi qui reste un des mieux connus grâce aux nombreux manuscrits conservés comportant la liste imposante des participants.  Or malgré cette affluence, ce tournoi n'est mentionné par aucun chroniqueur.  Cette lacune s'explique, selon de Behault Dornon, par le fait que ni le nombre des participants ni la diversité géographique des tournoyeurs ne devaient être exceptionnels pour l'époque (*).

Cette grande fête médiévale fit l’objet d’une remarquable étude réalisée par M. Armand de Behault Dornon, de son vivant sociétaire du Cercle Archéologique de Mons. Ce travail fut publié en deux parties dans les Annales dudit Cercle (ACAM XIX, 1886, pp 385 à 411 et ACAM XXXVIII, 1908-1909, pp 103 à 256).

M. de Behault Dornon basa la première partie de son étude sur deux manuscrits reposant à la Bibliothèque Royale de Belgique. Le premier date de la fin du XVIème siècle ; il donne une liste complète, accompagnée du dessin des armoiries des seigneurs participant au tournoi. L’autre manuscrit date de 1660 et ne contient qu’une liste très incomplète des chevaliers. Ce second manuscrit garde toutefois toute son importance en raison du fait que l’orthographe des noms des chevaliers doit y être privilégié (Ancien fonds, Ms n°149935, in-folio, sans titre, pages 78 à 101 et fonds Goethals, Ms n°100, in-folio, intitulé « Curiosités et recherches », signé P.Godin, 1660).

Dans la seconde partie de son étude, M. de Behault Dornon insista sur le fait que les deux manuscrits précités constituaient en réalité une copie d’un autre document plus ancien se trouvant à la Bibliothèque Impériale de Vienne « achevé par les mains de Beyeren jadis Gelre, roi d’armes de Ruyren, l’an du Seigneur MCCCCV la veille de la Saint-Jean-Baptiste ».
Dans ce manuscrit de Vienne sont toutefois absentes les armoiries des chevaliers repris ci-après sub 142 à 179 ainsi que tous les ornements extérieurs.
Le document de Vienne a été réalisé par Gelre, qui est en réalité Claes Heynen, aussi nommé Beyeren, roi d’armes des Ruyers, en fonction de 1372 à 1411. On constate que Gelre ne relata le tournoi de Mons qu’en 1405 soit nonante-cinq ans après cette fête de la chevalerie.

Le roi d’armes Gelre a, par ailleurs, rédigé un « armorial universel du héraut » vers les années 1370 à 1395, soit à une époque contemporaine à la rédaction du manuscrit de Vienne. La référence à cette armorial pourra être précieuse à notre étude.

Terminons l’évocation des sources historiques en mentionnant une autre copie du document de Vienne réalisée au XVIIIème siècle qui se trouve dans un recueil écrit en néerlandais (Tournoy tot Bergen) ayant notamment appartenu au comte Georges de Looz-Corswaren, contemporain et ami du sieur de Behault Dornon.

Un autre tournoi, organisé par Guillaume II, eut lieu à Mons en 1340. Gérard de Werchin, sénéchal héréditaire de Hainaut, succomba aux blessures qu'il avait reçues.

Le travail du Cercle Heraldus de Mons consistera en la description (blasonnement) et la reproduction graphique (dessin), avec la plus grande rigueur, des armoiries portées par les différents seigneurs qui participèrent au tournoi de Mons de 1310, sur base du document le plus ancien, en l'occurrence le manuscrit de Vienne de 1405.            

II. Introduction

En 1310, l’aire des joutes du tournoi de Mons se situait sur une esplanade dite « le markiet » ou marché servant à l’étalage des denrées et marchandises de tout ordre, dans un quadrilatère délimité par :
- l’église Sainte-Waudru,
- l’oratoire Saint-Pierre,
- le château des Comtes,
- l’église Saint-Germain,
- le Beffroi ancien (dit « Tour de briques »).

Sur un extrait du premier plan cadastral de Mons levé par A.E.E. Goffaux en 1828, il est possible de visualiser l’endroit supposé où se tint cette grande fête médiévale qui draina une foule considérable pour l’époque (rectangle de couleur jaune) :

 

Il convient d’insister sur l’utilité sociale des tournois médiévaux.
Ainsi que l’a relevé M. de Behault Dornon « (…) les tournois et les joutes étaient autre chose que des passe-temps ; ils avaient aussi leur côté pratique. Faire mieux connaître l’ancienneté de la noblesse par le port des armes et la forme des timbres des chevaliers admis, lever les punitions infligées à ceux des gentilshommes qui s’étaient mal comportés, offrir par cet exercice aux jeunes chevaliers le moyen d’apprendre à se servir avec adresse de leurs armes et de se familiariser à leur usage, obtenir par de hauts faits le pardon des offenses envers les dames, acquérir un degré d’amour de plus de la part de sa fiancée, tel était le côté pratique des tournois et joutes. Ils jouèrent parfois un grand rôle dans l’histoire par la consécration qui se faisait, au moyen de ces fêtes, d’évènements politiques importants ; tel fut le cas, par exemple, pour le tournoi qui se célébra à Compiègne, en 1238, et auquel toute la noblesse du Hainaut prit part. A l’époque du tournoi dont nous nous occupons, ces fêtes étaient encore des jeux sans aucun danger, car on n’y employait que des armes inoffensives. Plus tard, ils dégénérèrent en ‘armes à outrances’ : des chevaliers payaient de leur vie des luttes excitées par la jalousie et la haine ».

(*) Evelyne Van Den Neste "Tournois, joutes et pas d'armes dans les villes de Flandre à la fin du Moyen Age (1300-1486)"  Ed. Ecole nationale des Chartes - 1996.                                                                        

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