Carte de la relique du Saint Clou

 

La relique du Saint Clou

 

Depuis plusieurs siècles l'abbaye de Soleilmont possède un fragment considérable d'un des clous de la Passion. Une inscription latine du XVème siècle indique que l'empereur Henri de Luxembourg fit présent de ce trésor au seigneur Théodoric, chevalier de Walcourt. Celui-ci le donna à un dévôt nommé Salomon André, dont il reçut quantité de reliques rapportées des Lieux Saints. Cette inscription s'applique en entier à la ville de Cologne, mais ce précieux objet avait été divisé plus tard et réparti entre le monastère de Soleilmont et le chapitre de Notre-Dame du Capitole, monastère bénédictin.

La partie destinée à Soleilmont fut offerte à l'abbesse Oda par son frère Jean de Virsel, doyen du chapitre capitolin. Avec la foi de cette époque, la relique attira bientôt à Soleimont un grand nombre de pélerins.

En 1617, l'archiduchesse Isabelle désirant enrichir son oratoire, en fit la demande aux dames de Soleilmont. D'assez longues négociations eurent pour résultat le partage de la relique entre Soleilmont et la chapelle de la Cour des archiducs. Dès la remise de la relique à l'archiduc Albert, celui-ci ne voulut pas laisser à d'autres le soin de témoigner son contentement. Le 17 septembre 1617, il adressait à l'abbesse Jacqueline de Colnet la lettre suivante signé de sa main :
"Révérende chère et bien aimée.Votre lettre du 14 de ce mois nous est bien parvenue, et la relique du Saint Clou mentionnée que vous nous avez fait présent esté délivrée par le prélat "du Jardinet, dont nous vous remercions avecque asseurance qu'il nous a esté agréable, pour la vénération et estime en quoi nous tenons; mesmes pour le témoignage du plaisir qu'en "ce que vous nous avez fait, nous vous renvoyons une relique de sainte Ludivine que vous recevrez par votre syndicque, et entendrez pareillement de lui l'aulmosne que vous nous avez "accordée, pour raison de celle qui nous a esté donnée de votre part, et du reste aurons toujours de votre couvent le soing et souvenance que de raison. Et tant, Révérende, chère et "bien aimée, Notre Seigneur vous ait en sa sainte garde.
" De Tervueren, le 17 septembre 1617.
" Albert"

L'archiduc Albert offrit une coffret précieux aux dames de Soleilmont.

En 1624, l'abbesse, voulant satisfaire les désirs des pélerins, fit graver une image du Saint Clou. Les pélerins ne manquaient pas de se procurer la nouvelle représentation, comme gage de leur visite à Soleilmont.

En 1652, les religieuses demandèrent à l'official* de l'évêque de Namur l'autorisation d'ériger une confrèrie en l'honneur du Saint Clou. L'autorité diocésane accorda la grâce sollicitée, à la condition que cette confrérie, érigée canoniquement, eût ses règles approuvées. La même année, le pape Innocent X R écrivait qu'il s'estimait heureux d'apprendre que le peuple se portait en foule au lieu où l'on vénérait le saint Clou et il accorda des privilèges et des indulgences aux membres de cette association.

Les fêtes et les autres cérémonies en l'honneur du Saint Clou étaient annoncées par des affiches ou des placards. A la procession, fixée au dernier dimanche d'août, l'affluence était telle, qu'on tenait une foire ou un marché dans l'enclos même de la ferme de l'abbaye. Cette coutume s'est maintenue jusqu'à la Révolution française.

A leur rentrée dans leur abbaye, en 1802, les religieuses de Soleilmont s'empressèrent de rétablir le culte dû à la relique. Toutefois, elles renoncèrent aux cérémonies extérieures et à la procession.

Actuellement, le Saint Clou est toujours exposé dans son reliquaire qui remonte au XIIIème siècle et qui revêt la forme d'un ostensoir.

 

* L'official ou vicaire judiciaire est un juge ecclésiastique. De nos jours, il exerce ses fonctions au nom de l'évêque diocésain. Il peut être établi pour un ou plusieurs diocèses.

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