Avant-propos
La salle de style néogothique de l’Hôtel de Ville
de Mons est ornée de nombreuses armoiries qui ont incité les membres du cercle
Heraldus à les étudier et à en faire une description en langage héraldique.
Le travail reprend le nom des personnages figurant dans la salle, décrit les
armoiries qu’ils ont réellement portées et qui sont dûment certifiées par
des documents d’archives authentiques (écu réel).
Notre but est de décrire les armes des baillis de l'ancien comté de Hainaut qui figurent dans les caissons du plafond gothique de l'Hôtel de Ville de Mons. Nous donnons une description sommaire des personnages pour permettre aux visiteurs de mieux cerner le porteur de l'écu.
Il est bien entendu qu'il ne s'agit pas d'une liste exhaustive
des baillis du Hainaut ainsi que bien d'autres seigneurs qui ont excercé cette
fonction. De plus, à l'exception des Arenberg, dont plusieurs membres figurent
dans les caissons, les peintres Wilbrant n'ont dessiné qu'un personnage par
famille.
Bien souvent le fils succédait à son père mais parfois c'était le frère ou encore
le neveu d'un même nom, bien entendu l'un ou l'autre à des dates différentes.
Parfois, ce haut fonctionnaire est devenu bailli plusieurs fois
d'une manière intermittente. Souvent, la personne nommée était en campagne avec
le comte et un remplaçant assurait la fonction.
Enfin, dans certains cas, le bailli décédait après quelques mois d'activité
et était remplacé la même année.
En conclusion, il ne faut pas se formaliser quant aux dates figurant sous chaque écu qui, bien qu'exactes, ne sont pas indicatrices et loin d'être complètes.
L'Hôtel de Ville de Mons
A Mons, des "maisons de paix" en colombage et au sol de terre battue existent depuis au moins 1269.
La mise en chantier de l'actuel Hôtel de Ville a débuté en 1458. Pour ce faire, les échevins font appel à l'architecte Matheus de Layens; celui-ci participe déjà à l'édification de la collégiale Sainte-Waudru. Il est aussi l'auteur de Saint-Pierre et de l'Hôtel de Ville de Louvain (d'où certaines ressemblances).
Par manque de ressource, l'Hôtel de Ville n'a jamais été achevé; un étage supplémentaire était prévu à l'origine. MAis il y eu au cours des siècles de nombreux remaniements tant intérieurs qu'extérieurs. Ainsi les ailes ont été ajoutées aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Le campanile date du XVIIIe siècle. La façade est de style gothique finissant.
Les matériaux utilisés sont le grès de Bray, la pierre calcaire d'Ecaussinnes; les briques sont de fabrication locale. Les poutres de chêne des plafonds proviennent en partie des bois de l'abbaye de Cambron.
Description sommaire du salon gothique ou salle Notre-Dame)
Au plafond, les 58 écus (ou blasons) sont ceux des
baillis et grands baillis du Hainaut.
Sur les poutres ou sommiers du plafond figurent les noms des maïeurs ou bourgmestres
de Mons de 1364 à 1789.
Sur les murs, à hauteur du plafond, sont reproduits les écus des prévôts de
Mons, ainsi que les blasons des dynasties qui ont régnés sur le Hainaut.
Sur les frises des lambris et le linteau des portes apparaissent les noms des
échevins, des commandants des compagnies bourgeoises et des maîtres d’artillerie,
qui se sont succédé depuis 1357 jusqu’à 1789.
La restauration des salons a été confiée aux frères Wilbrant et fut achevée
en 1866 pour la joyeuse entrée du Roi Léopold II et de la Reine Marie-Henriette.
Quelle était la décoration de la salle gothique avant sa restauration
Lors de la restauration du plafond en 1866, les frères Wilbrant
se sont vraisemblablement inspirés de la « Carte Héraldique » dressée
par Jean-Baptiste Dumont, archiviste de Mons en 1771, qui, lui-même, a pratiquement
recopié une carte héraldique plus ancienne intitulée « Nobilis Hannoniae
Comitatus Descripto – Pays de Haynault tenu de Dieu et du soleil » et publiée
dans l’ouvrage « Civitatum Orbis Terratum Descripto Auctoribis » par
G. Braun et Fr. Hogenbergio – Col. Agrippinae, 1572 in-folio.
Un autre carte a été dessinée sous le règne de l’empereur Charles V, dont elle
reproduit les armes et devise et qui s’intitule : « Carte de la Noblesse
du Pays de Henault tenu de Dieu et du soleil ». Cette carte, dont l’auteur
est Arianus Tuberlé, date de 1589. Les originaux de ces documents sont en dépôt
aux Archives de l’Etat de Mons et peuvent être consultés sur un microfilm portant
le n° d’inventaire 1009 – n° du film 19 – collection C+P – n° de collection
841 à 1150 – n° d’ordre 1-531.
Se basant sur la carte héraldique de 1771 et sur les « Annales de la province
et comté de Hainaut » de François Vinchant où il est dit à la page
102 que le premier grand bailli du Hainaut était Robert de Manchicourt en 1317
(il fut en réalité bailli de 1328 à 1333), les frères Wilbrant
ont entrepris leur travail de restauration par les armoiries de ce seigneur.
Toutefois, dans les cinq volumes des Cartulaires des comtes de Hainaut, qui
ont été inventoriés par L. Devillers, archiviste de Mons au XIXe siècle, les
actes ne mentionnent pas les baillis comme étant des « grands » baillis
mais simplement « baillis » de Hainaut.
Il est probable que l’erreur provient du fait que lorsqu’on parlait d’un acte
émanant du bailli de Hainaut, on disait « un parchemin rédigé par le grand
baillage » pour le distinguer des décisions prises par des baillis n’ayant
d’autorité que sur une ville ou sur un fief (Livre II – p.470 des Cartulaires).
Dans le livre V, à la page 207, on peut lire : « le 21 mai 1433. Serment
prêté en la ville de Mons par Guillaume de Lalaing, bailli de Hainaut »,
que le duc de Bourgogne avait maintenu dans ses fonctions jusqu’en janvier 1434.
Ce n’est qu’à partir de janvier 1434, que le duc de Bourgogne, Philippe le Bon,
a nommé Jean de Croÿ aux fonctions de « grand bailli de Hainaut ».
Les frères Wilbrant ont donc choisi de commencer par les armes de Manchicourt d’une manière arbitraire sans se soucier des autres baillis de Hainaut qui l’avaient précédé. D’ailleurs François de Vinchant cite, à la page 104 de son livre, les baillis suivants : Jean de Verdeau, 1230 ; Jean de Moulinelle, 1240 ; Thiéry de thiau, 1245 ; Bauduin de Péronne, 1262 ; Jean Verdeau, 1275 ; Jean de Maucle, 1289 ; Jean de Manileurial, 1291 ; Pierre de Jumelle, 1299 ; Jean de Montigny, 1301 ; Thierry de Castreleer, 1304 ; Nicole de Rains, 1305 ; Watier de Hennin ; Jean Vernier, 1315 ; Villain de St-Hilaire, 1317.
L’encyclopédie Larousse définit le bailli de la manière suivante : Bailli (de l’ancien français « baillir », gouverner, administrer), agent du roi ou d’un seigneur chargé, à partir de la fin du XIIe siècle, de fonctions judiciaires. Institués pour surveiller les prévôts, les baillis des régions du nord et de l’est jouèrent le même rôle que les sénéchaux dans l’Ouest et le Midi de la France. Leurs pouvoirs très larges comprenaient, outre le contrôle des officiers locaux, la convocation du ban, la centralisation des recettes, la réunion d’assises judiciaires, etc. Les grands baillis concernant surtout des personnages de la haute noblesse ou des princes. Ils assurent les fonctions de gouverneur d’un comté. Il sont également chef de la police et peuvent prendre toutes les dispositions utiles pour mobiliser la population en cas d’attaque d’une localité. En fait, ils exercent tous les droits de souveraineté en l’absence du comte ou prince régent légitime de la région.
La prévôté de Mons fut une circonscription territoriale qui
comprenait les villes suivantes : Mons, Soignies, Saint-Ghislain, Lessines,
Chièvres, Hal et Le Roeulx ; nonante-et-un bourgs, dont les principaux
étaient : Havré, Boussu, Pommeroeul et Harchies, et plusieurs abbayes.
Ce territoire fut probablement le comté primitif de Mons qui, avec la comté
de Valenciennes, forma sous la comtesse Richilde, le comté de Hainaut.
Le prévôt de Mons fut, sous l’ancien régime, un officier de justice à la nomination
du souverain ; toutefois, cet officier a parfois été donné en engagère
aux magistrats de ladite ville, qui l’adjugeaient pour un terme au plus offrant.
La charge de prévôt était réglée par le privilège de Jacqueline de Bavière de
1428 et par la charte générale de Hainaut, chapitre XIV, articles 1 à 6.
En matière criminelle, le prévôt était chargé de recevoir les plaintes, dénonciations,
avertances, déclarations et rapports des sergents, échevins, maïeurs, cavaliers
de la maréchaussée et gens de patrouilles ; d’entendre les témoins et d’interroger
les délinquants détenus dans la prison prévôtale de la châtellenie.
En matière civile, il siégeait avec ses assesseurs aux séances
tenues pour la comparution des parties, les récolements, les liquidations, les
préférences et les auditions de comptes. Un projet de règlement fut alors élaboré
mais comme la nouvelle organisation judiciaire de Joseph II devait amener, le
1er mai 1787, la suppression de l’office de la prévôté, on n’y donna aucune
suite. Néanmoins, la révolution brabançonne qui suspendit les innovations de
l’empereur maintint la prévôté jusqu’en 1794.
(Réf. : Annales du cercle archéologique de Mons – Tome XX – 1887)
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