Montigniesbar

LA  BARONNIE  DE  MONTIGNIES-SAINT-CHRISTOPHE

1.         Situation géographique de la seigneurie

 Cité du Hainaut , entre Erquelinnes  et Beaumont , sur la nationale 40, elle faisait partie de la prévôté de Maubeuge .

Si l’origine romaine du fameux pont-barrage de la Hante  à Montignies -Saint-Christophe  a été vivement contestée, il n’en demeure pas moins que ce village est très ancien et que la permanence de l’habitat y est attestée depuis les premiers siècles de notre ère.

La terre de Montignies -Saint-Christophe  était une seigneurie à bannière, relevant en fief lige de la pairie de Chièvres . 

Fiefs de la baronnie

 La seigneurie de Warquignies  était un fief relevant de la terre de Montignies -Saint-Christophe .

Aux XIIIème et XIVème siècles, Ressaix  fut la propriété des familles de Ressaix, de Quaroube  et de Montignies .

En 1311, la terre de Gammerages  devint possession de la maison de Montignies -Saint-Christophe

En 1578, la seigneurie de Bertaimont relevait en fief du seigneur de Montignies -Saint-Christophe .

En 1707, Rampemont faisait l’objet d’un hommage féodal au seigneur de Montignies -Saint-Christophe  pour le Bois Mouton .

Le château de Villers -au-Bois à Sormain (France ) appartint au XVème et XVIème siècles à la maison de Montignies -Saint-Christophe .

2.            Etymologie

 Le nom de Montignies  apparaît en 868 dans le polyptique de l’abbaye de Lobbes .

868   Montiniacus, polyptique d’Irminion XIIè s Montiniacus ms Bancruces.

1179 Montengies, cartulaire de l’abbaye d’Alne  (Aulne )

1340 Montegni-Saint-Christophe , archives du Hainaut

Cette commune est située sur le Beaumont . C’était une possession de l’abbaye de Lobbes . Elle paraît ancienne par son nom et par l’époque reculée où il en est fait mention. Son nom signifie, demeure, propriété de Montinius.  Saint-Christophe  est le patron de l’église.(Comte Joseph de Saint-Genois)

3.          Armes des premiers seigneurs

 

Montignies -Saint-Christophe , seigneurie à bannière.


« Burelé d’argent et d’azur de 10 ou 12 pièces. 

 

Jehan de Montegny-Saint-Christophe  portait le heaume de face, bourrelet d’argent et d’azur et pour cimier 2 poissons appointés.

Jacques de Montegny portait pour brisure le cimier de profil.

Jean de Montignies -Saint-Christophe  scelle d’un écu portant 5 fasces lors de l’acte d’adhésivement d’Eustache, sire de Roeulz  pour la terre de Morlanwelz , le 1er mai 1312.

Bauduin de Montigny , sire d’Aibes , chevalier, scelle en 1299 d’un écu burelé au franc canton.

Une dispute intervient au 17ème siècle entre Jacques de Montigny , seigneur de Noyelles , et Jacques de Sivry , seigneur de Buat , pour lui et ses frères Jean et Robert de Sivry, pour savoir qui est le chef des armes de Montigny-Saint-Christophe  :
-         soit burelé d’argent et d’azur de 12 pièces timbré de 2 barbeaux
-         ou un burelé sans nombre d’argent et d’azur, timbré d’un barbeau que prétend porter Jacques de Sivry
-         ou comme les frères Jean et Robert de Sivry  ; burelé d’argent et d’azur de 10 pièces, timbré d’un barbeau.

Le jugement rendu, Floris d’Egmond  donne raison à Jacques de Montigny , seigneur de Noyelles -sur-Escaut , qui peut porter : burelé de 12 pièces avec 2 barbeaux. Et Jacques de Sivry  : burelé de 10 pièces timbré d’un barbeau (Gelre, héraut d’armes, pp.408,409 – tome VI par Victor Bouton – 1905)

4.      Cri d’armes  :

Montigny -Saint-Christophe .

5.      Généalogie des seigneurs de Montignies -Saint-Christophe

5.1    Premiers seigneurs de la localité

Une famille de Montigny  posséda la seigneurie du XIème à la fin du XIVème siècle, jusqu’au mariage de l’héritière avec Othon II de Lalaing  (1398-1441), grand bailli de Hainaut .

Gauthier de Montigny  et Pecquencourt  fonda avec un autre seigneur, Sohier de Los  et Corcelles , l’abbaye d’Anchin  en 1079.

 Jean de Montigny  et Oprime de Montigny étaient présents au tournoi d’Anchin  en 1096.

Bauduin de Montigny  est témoin, en 1288, d’une donation faite par Gilles, seigneur de Berlaimont , à Marie de Pins.  En 1294, il est présent à la donation faite par Jean d’Avesnes  aux religieux de Bonne-Espérance  du bois dit Bois-le-Comte .  Il est témoin, en 1298, du transport des terres de Flobecq  et Lessines , fait par Jean du Rasoit  à Jean d’Avesnes , comte de Hainaut .  En 1300, il est témoin du traité d’alliance fait entre Jean de Flandre , comte de Namur , Gui son frère, et les villes de Liège , Huy , Dinant , Saint Trond  et Maestricht .

Jean de Montigny  fut témoin, le 19 du mois de may 1305, du mariage de Guillaume, comte de Hainaut  et de Jeanne de Valois . Le 10 avril 1307, il est témoin des lettres par lesquelles Jean de Flandre , comte de Namur , mande à ses hommes de fief en Hainaut , de reconnaître pour leur seigneur le comte de Hainaut. Les 3 et 4 juin 1310, il arbitre un différent intervenu entre Jean II, duc de Brabant , et Thibaut de Bar , évêque de Liège . Marie de Braine , sœur et héritière de Sohier de Braine, seigneur de Gammerages , épousa Jean, sire de Montignies -Saint-Christophe  et lui apporta en dot la terre de Gammerages ; la possession lui en fut confirmée, par la cour de Mons , vers 1311. (Poncelet).
Gammerages
 appartenait en 1321 et 1330, à Jean, seigneur de Montignies -Saint-Christophe, chevalier qui, le 17 juin de cette année, accorda une charte de franchise aux habitants de Gammerages. En 1336, Jean de Montignies  était toujours le seigneur de Gammerages .

En 1312, lettre de Guillaume, comte de Hainaut , accordant en fief à Isabelle, veuve de Gilles Rigaut, la terre de Morlanwelz  (en présence des hommes de fief dont Jehan, seigneur de Montigny -Saint-Christophe ). En 1313, il est témoin des lettres par lesquelles Guillaume, comte de Hainaut , donne en fief et hommage à Jeanne dou Marés, le manoir appelé la Tour -au-Bois. Jehan de Montigny -Saint-Christophe  est témoin d’une charte de 1318 de Guillaume, comte de Hainaut . Il est encore cité en 1321.

Le 16 juin 1331, Marie de Gavre , dame de Montignies -Saint-Christophe , épouse de Jean de Polders , se déshérite de ses terres de Hal  au profit du comte Guillaume I.

Jean de Montignies  reconnaît dans une lettre du 8 septembre 1367 qu’il doit une rente de 2 muids de blé à l‘abbaye de la Thure  pour l’obit de Henri de Montignies et de dame Mehaut son épouse.

En 1367, le seigneur de Montignies  assigna en douaire à sa femme, la seigneurie de Gammerages .

Le 18 juin 1381, à la demande de Jean, seigneur de Montignies -Saint-Christophe  et de Gammerages , chevalier, le duc Aubert de Bavière , gouverneur du Hainaut , concéda au village de Gammerages un marché hebdomadaire et une foire annuelle.

Quelques années après, en 1410, la seigneurie de Gammerages  appartenait à une famille zélandaise. Le titulaire en était Florent, sire de Haamstede , chevalier, qui l’avait acquise de son fils Jean de Haamstede, seigneur de Montignies -Saint-Christophe , pour en jouir sa vie durant.

Le 14 juin 1415, Florent de Haamstede , le fils, seigneur de Montignies -Saint-Christophe  et de Gammerages , vendit cette dernière seigneurie à Walter de Hennin , seigneur de Boussu .

Rasse de Montigny .

Homme d’Etat, conseiller du comte de Hainaut , fils de Rasse, tué à la bataille de Staveren en 1345, appartenait à la maison de Montigny -Saint-Christophe . Dans le livre “Brabantica” II, p. 530 (généalogie de WALHAIN) il est mentionné que Rasse de MONTIGNY est décédé en 1404 et fut seigneur d’Anserville, veuf d’Aleyde de WALHAIN (décédée en 1401) fille de Henri, seigneur de Villers-Perwin et de Vaulx et de Catharina van WIJNEGHEM.

On trouve son nom mentionné pour la première fois en 1382, au sujet d’une contestation avec l’abbaye de Bonne-Espérance .  On peut en inférer qu’il était encore en bas âge au décès de son père et fixer entre 1330 et 1340 la date de sa naissance.

Rasse était chevalier, seigneur de Lisseroeulx , fief situé au village de Fauroeulx  et relevant de la cour féodale de Hainaut  et de Quiévelon .  Maître du séjour du duc Albert de Bavière , de 1384 à 1386, il entra au conseil du souverain du Hainaut  en 1385 et y remplit, comme homme d’Etat et comme diplomate, un rôle marquant.  Les documents ne cessent de mentionner les missions qui lui furent confiées et les négociations auxquelles il prit une part active pendant près de vingt années.  Rasse accompagna, le 3 janvier 1387, la comtesse d’Ostrevent , qui se rendait à Cambrai  au devant de son p ère Philippe le Hardi, duc de Bourgogne , et de la duchesse Jeanne de Brabant .

Le 8 octobre 1390, il était envoyé à Tournai  pour une contestation avec le conseil du duc de Bourgogne .  Il assista, le 6 novembre 1391, à la rédaction des chartes interprétatives du Hainaut . Il fut chargé l’année suivante, comme commissaire du duc Albert, d’intervenir à la vente du comté de Blois  faite par le comte Gui au duc d’Orléans ; cette mission lui imposa de nombreux déplacements.

A la Noël 1393, il se rendit à Valenciennes  pour régler des difficultés qui menaçaient de s’aggraver au sujet de cette ville. En novembre, il s’était entremis pour négocier un arrangement entre le duc de Bourgogne  et le comte d’Ostrevent . Le duc Albert l’accrédita en 1394 auprès du premier. Une difficulté se présentait-elle, le comte de Hainaut  et le comte d’Ostrevent, son fils, chargeaient en premier lieu Rasse de Montigny  de se rendre sur les lieux, de se mettre en rapport avec les intéressés et d’amener une solution pacifique du débat. Ce fut surtout dans les contestations, assez fréquentes, pour la délimitation entre la Flandre  et le Hainaut que le conseiller Hennuyer eut à intervenir pour soutenir les droits de son suzerain ; il remplit ces missions avec habileté et réussit à terminer à l’amiable tous ces différents. Le 17 septembre 1392, il était délégué pour assister aux informations pour la rectification des limites du Hainaut vers la Flandre.

Il fut chargé, le 6 novembre 1397, de régler les difficultés amenées par les entreprises du bailli d’Alost , dans les territoires de Flobecq  et de Lessines . Le duc Philippe de Bourgogne  reconnut, en 1399, que les actes de son bailli ne devaient préjudicier en rien aux droits du comte de Hainaut .

La carrière diplomatique de Rasse de Montigny  fut laborieuse et bien remplie ; elle mérite d’être signalée pour une époque où la célébrité semble être réservée exclusivement aux hommes de guerre.      (extraits des comptes de la recette générale de Hainaut , t.1. cercle archéologique de Mons )

5.2    La maison de Lalaing

Othon, dit Oste de Lalaing  (décédé en 1441 à l’âge respectable de 103 ans), chevalier, seigneur de Montigny , Bugnicourt , grand bailli du Hainaut  de 1398 à 1402, fils de Nicolas III et Isabeau de Montigny-en-Ostrevent , épousa Yolande de Barbançon , dame héritière de Montigny-Saint-Christophe , fille cadette de Jean, seigneur de Barbançon, de la Buissière  et de Merbes , pair de Hainaut et de Yolente de Gavre , dite de Lens . Leurs enfants furent Guillaume, Sanche de Lalaing  et Simon de Lalaing, seigneur de Montigny  et de Hante , chevalier de la Toison d’Or, décédé le 15 mars 1476.

Josse de Lalaing  (+/- 1437-1483) devint seigneur de Lalaing et de Montigny  en 1481 et épousa Bonne de Viefville .

La seigneurie appartenait en 1473 à Simon de Lalaing , chevalier.

La seigneurie reste dans la famille de Lalaing  jusque Antoine 1er de Lalaing (vers 1480-1540) premier comte de Hoogstraeten  (1518), seigneur de Montigny  et de Leuze , châtelain d’Ath , conseiller et chambellan de Charles-Quint, chevalier de la Toison d’Or, époux d’Elisabeth de Culembourg  , sans postérité légitime. Antoine 1er laisse deux bâtards légitimés dont Philippe auteur de la branche de la Mouillerie .

En 1572, le scel échevinal de Montignies -Saint-Christophe  présentait un écu à dix losanges posés 3.3.3.1 (Lalaing ). Derrière l’écu, émerge un Saint-Christophe au milieu des flots et portant l’Enfant sur l’épaule. Greffe du 9 juin 1572. (Poncelet)En 1585, écu aux mêmes armes, également accompagné d’un Saint-Christophe , avec dans la partie supérieure du champ, le millésime 1580 (greffe du 24 novembre  1585).

Au XVIème siècle, le domaine passa à la famille de Haméricourt  (1541-1558) puis à celle de Thiennes .

En 1792, écu armorié, fruste, timbré d’une couronne à onze (?) perles. Au-dessus de l’écu, un Saint-Christophe . Légende fruste. Greffe du 12 avril 1792.  Ce sceau était, sans doute, aux armes de la famille de Zomberghe  : "parti d’argent et de gueules à un sautoir de l’un en l’autre".

La seigneurie appartenait en 1662 à Philippe, comte de Thiennes . Hugues-Joseph de Zomberghe, écuyer, seigneur de Ciply, conseiller avocat fiscal de S.M. en Hainaut , l’acquit le 30 avril 1749, de Ghislain, comte de Thiennes, seigneur de Willerzies , Neuville , etc., et en fit relief le 17 octobre 1750. L’avocat fiscal de Zomberghe mourut le 19 septembre 1778. Son fils, Jean-Baptiste-Marie de Zomberghe, releva Montignies -Saint-Christophe  le 5 septembre 1778. Il meurt le 25 février 1822.

Le château reconstruit au XVIIIème siècle a été incendié en 1918.
______________________________________________________________________________________________________________________
Retour sommaire
Retour page d'accueil