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HISTOIRE SUCCINCTE DU COMTE DE HAINAUT
L’expression « comte »
vient de « Comes » en latin, lequel, selon une signification
première, voulait dire « compagnon ».1
Par la suite, il s’agit d’un
gouverneur de « païs ».
Le pagus Hainoeusis ou de Famars est issu de la part de Lothaire
lors du traité de Verd un en 843. La Lotharingie,
royaume de Lothaire II (855-869) possédait quatre
fiefs importants dont le duché de Brabant, le duché de Luxembourg, le comté de Namur et ce qui nous intéresse :
le comté de Hainaut.
Il s’agit d’un fief carolingien dont les comtes se sont
efforcés d’agrandir le territoire soit par rachat de terres, soit
par alliances.
La longue liste des comtes
débute avec Regnier qui est issu d’après certains auteurs
d’un Regnier et pour d’autres d’un Gislebert.
Regnier ou Gislebert aurait enlevé, vers 846, Ermangarde,
fille de l’empereur Lothaire 1er . Cette intrusion dans la
famille impériale lui valut un fief, le comté de Hainaut.
Régnier 1er au Long Col ( ? - = 915), époux d’Albérade dont on ignore
l’origine, possède de grands territoires, en Ardennes, en Hainaut, en Hesbaye, Brabant et dans le Darnau.
Il partage ses domaines entre ses deux fils : Gislebert reçoit la Basse-Lotharingie et Regnier II le comté de Hainaut qui en est un fief. Il épouse une fille de la maison d'Ardennes, Alixe, fille du duc de Bourgogne.
Regnier III au Long Col ( ? - = 973) se révolte contre l’empereur Othon 1er 3 et
est exilé en Bohème.
En 973 ses fils Regnier IV et Lambert de Louvain
attaquent le comte de Hainaut Renaud à Péronnes-lez-Binche et s’emparent de la forteresse de Boussoit d’où ils sont
expulsés par Othon II.4 L’année suivante ils
attaquent Mons.
Pour pacifier la région, Othon II restitue, en 998,
le comté de Hainaut amputé d’une grande partie de son territoire
initial.
Regnier IV (° 945- = 1013) échange un domaine situé près
de Paris contre les terres de Couvin qui appartenaient à
l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.
Il épouse, vers 996, Hedewige la fille du roi de France Hugues Capet.
Regnier V (° 998 - = 1040) étend son territoire lors de son second mariage
en 1016 avec Mathilde, fille du comte Herman de Lotharingie, qui lui apporte la marche d’Eename (les rives de l’Escaut jusqu’à Lessines et Condé ainsi que Renaix, Alost et une grande partie du Brabant).
Par son mariage avec Richilde, vers 1036, Herman, fils de Regnier
V et de Mathilde d’Eename, récupère le comté de Valenciennes
.
A la mort d’Herman, Richilde épouse Baudouin VI de
Flandre ce qui unit les deux comtés.
A la mort de Baudouin 1er de Hainaut (Baudouin VI de Flandre) vers 1070, la comtesse Richilde se heurte aux ambitions
de son beau-frère, Robert le Frison, qui remporte la victoire lors de
la bataille de Cassel le 22 février 1071.
En 1085, Baudouin II, dit de Jérusalem , conclut un accord avec Robert le Frison qui devient comte
de Flandre, et se réserve le Hainaut.
Au début de son règne Baudouin II entre en conflit
avec un puissant vassal, Thierry d’Avesnes, qui s’empare de Maubeuge. Profitant de ce conflit le comte de Flandre enlève la ville
de Douai. Pour financer sa participation
à la première croisade, Baudouin II vend la terre de Couvin à l’Evêque
de Liège.
Son successeur Baudouin III, allié à l’empereur
Henri IV, au comte de Louvain Godefroid 1er le
Barbu et au comte de Hollande, entre en lutte avec Robert II de Flandre qui malgré le nombre
des adversaires remporte la victoire et accapare Douai, Tournai et le Cambrésis.
Baudouin III gagne un conflit engagé contre Gossuin, sire
d’Avesnes, de Leuze et de Condé.
Baudouin IV (°1109 - = 1171), dit le Bâtisseur, achète à Gilles
de Trazegnies la terre d’Ath en 1148 et fait construire
la tour Burbant. Il se fait céder par le chapitre de Sainte-Waudru la localité de Braine-la-Willotte (Braine-le-Comte) en 1158. En 1159, il incorpore
la seigneurie de Chimay et en 1160, les châtellenies
de Valenciennes et d’Ostrevent.
Baudouin V, dit le Courageux, dont le
règne est marqué par de nombreux conflits, devient comte de Flandre
(Baudouin VIII) par son mariage, en 1169, avec Marguerite
de Flandre, et comte de Namur (Baudouin 1er). Le comté de Namur devient marquisat en 1194 à
la suite d’un compromis de paix avec le comte de Luxembourg.
Baudouin VI succède à son père comme comte
de Hainaut et à sa mère comme comte de Flandre (Baudouin IX).
En 1202, il part à la croisade. Détourné du
but initial, les Croisés prennent Byzance et Baudouin est élu empereur, ce qui lui vaudra
d’être connu comme Baudouin de Constantinople. Peu de temps après, conduisant une expédition
contre les Bulgares, il est fait prisonnier en 1205 et mourra en prison..
Sa fille, Jeanne de Constantinople (°1190 - = 1244), n’ayant pas de
descendance de ses deux mariages, c’est sa sœur Marguerite de Constantinople
qui lui succède. Elle épouse en premières
noces Bouchard d’Avesnes et en secondes noces Guillaume de Dampierre.
Marguerite essaye de faire déclarer illégitimes ses
enfants Jean et Baudouin d’Avesnes mais, après de longues années de conflits,
Louis IX, qui est choisi comme arbitre, attribue la Flandre à Guillaume de Dampierre
et le Hainaut à Jean 1er
d’Avesnes qui meurt en 1257 longtemps avant sa mère.
A la fin de son règne, sans remettre en cause le partage
du patrimoine, Marguerite reconnaîtra son
petit-fils, Jean II d’Avesnes, comme son héritier légitime et comte de
Hainaut.
Jean II profite de la guerre dite « des Ronds »,
organisée par un clan de Ath, pour s’approprier le comté de Burbant
(Brabant) comprenant Ath, Condé et Leuze. Il hérite également
des possessions hollandaises de sa mère. Il
eut quatre fils et cinq filles dont plusieurs décèdent ne laissant
comme héritier du Hainaut que Guillaume 1er,
dit le Bon (°vers 1287 - = 1337).
L’ancien pagus Hainoensis était, au XIIIe siècle,
limité au nord par le duché de Brabant, à l’est par le comté de Namur et l’évêché
de Liège, au sud par la Thiérache et l’évêché
de Cambrai, à l’ouest, le cours de l’Escaut
le séparait de la Flandre.
Le triangle de terres comprises entre l’Escaut, la Scarpe et la Sensée avec Bouchain comme capitale, était passé plusieurs fois
de la domination flamande à la domination hainuyère.
A la fin du XIIIe siècle, le comte de Hainaut en possédait une grande
partie qui devait être considéré comme un comté distinct
rattaché accidentellement à l’héritage de la
maison d’Avesnes.
En principe, l’Ostrevent relevait de la couronne de France d’où le prétexte
de Philippe le Bel pour l’annexer et tenter d’empiéter en
Hainaut du côté de l’Ostrevent, du Cambrésis et également du Tournaisis
.
Guillaume 1er, dit le Bon, (° 1287 - = vers 1337) fils puîné
de Jean II d’Avesnes et Philippe (Philippine) de
Luxembourg. Il épouse en 1305,
Jeanne de Valois nièce du roi de France Philippe IV le Bel et sœur
de Philippe VI, roi de France.
Il administre les possessions néerlandaises avec diplomatie,
vend Mirwad à Jean de Luxembourg, dit l’Aveugle, et reprend la ville de Thuin au prince-évêque.
A la mort de Guillaume, ses enfants mâles étant décédés
en bas âge, c’est sa fille Marguerite d’Avesnes, femme de Louis de Bavière, qui hérite du comté.
Leurs enfants, Guillaume III dit l’Insensé et ensuite
Albert 1er de Bavière (° ? - = 1404) deviennent successivement comtes de Hainaut
.
Guillaume IV de Bavière, fils d’Albert 1er, devient comte d’Ostrevent
, comte de Hainaut à Mons et Valenciennes et comte de Hollande, Zélande et Frise. Il meurt d’une blessure
reçue lors de la bataille d’Azincourt en 1415 ayant pris le parti des français contre
les anglais.
Sa fille unique Jacqueline de Bavière, en butte à de puissants voisins, notamment
son oncle, Jean de Bavière accepte
sous la contrainte, à la fin de sa vie, d’abandonner à Philippe
le Bon, duc de Bourgogne, le Hainaut, la Hollande, la Zélande et la Frise qui sont incorporés dans l’Etat bourguignon.
1. Le Robert : Dictionnaire historique
de la langue française – 1992
2. Henri d’Outreman : Histoire de la ville et comté
de Valenciennes – n° 46 - 1639
3. Othon 1er : empereur du Saint-Empire germanique de 962
à 973
4. Othon II : empereur du Saint-Empire germanique de 973 à
983
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