National Flag of Scotland (Saint Andrew's Cross /The Saltire)

Drapeau national de l'Ecosse
(depuis le XVIe siècle)

 


http://www.historic-uk.com/HistoryUK/HistoryofScotland/The-two-flags-of-Scotland/

Originalités de l’héraldique écossaise

The Royal Standard of Scotland (the Lion Rampant of Scotland, the Banner of the King of Scots)



Etendard royal de l'Ecosse



www.historic-uk.com/HistoryUK/HistoryofScotland/The-two-flags-of-Scotland/

 

Carte du Royaume-Uni

Source http://www.mapsinternational.co.uk/product_details.asp?pid=UK628C&pName=Children%27s-UK-Map---Politcal,-Coloured

Carte de l'Ecosse


 

Source : http://www.freeworldmaps.net/europe/united-kingdom/scotland/map.html

1. Historique des peuplements de l’Ecosse

L’Histoire (avec une majuscule) de l’Écosse débute avec l’arrivée des Romains. Ceux-ci commencent, en 43 av. J.-C., la conquête de l’île qu’ils dénomment Britannia, habitée au sud par des tribus celtiques de la branche brittonique, les Bretons insulaires. Après avoir vaincu ces peuples, les Romains, en tentant de monter vers le nord et de conquérir le territoire qu’ils dénomment Caledonia, se heurtent, dans les basses terres d’Ecosse, à des tribus coalisées qu’ils appellent Picti (hommes peints) en raison des peintures de guerre qu’ils arborent. L’origine de ces Pictes est incertaine, mais il s’agirait vraisemblablement d’un peuple celtique également de la branche brittonique.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/da/Hadrians_Wall_map-fr.svg

Les Romains édifient en 122 une muraille de protection sur l’ordre de l’empereur Hadrien (Hadrian wall) entre la Solway et la Tyne, c’est à dire plus bas que l’actuelle frontière entre l’Ecosse et l’Angleterre. En 142 un second rempart sera construit un peu plus au nord entre l’estuaire de la Clyde à l’ouest et celui du Forth à l’est, le mur d’Antonin (Antonine wall). Mais 20 ans plus tard, les Pictes repoussent les Romains jusqu’au mur d’Hadrien et ceux-ci abandonnent le mur d’Antonin. Même si la présence romaine entre les deux murs fut éphémère, on y assiste au développement, comme dans le sud de l’île mais à un moindre degré, d’une culture romanisée, celle des Britto-Romains, rappelant de loin celle des Gallo-Romains du continent (pas de romanisation linguistique).
A partir du Vème siècle une série d’invasions vont modifier la composition ethnique de la Grande-Bretagne dans son ensemble, et de l’Ecosse en particulier.

Les Scots (Scotti ou Scoti) peuple celtique de la branche gaélique venu d’Irlande, s’installent dans le nord-ouest de l’Ecosse et dans les Hébrides.

Ensuite, les Anglo-Saxons, peuples germaniques venus du continent vont précipiter la chute de la province romaine. Ils s’installent dans le sud et l’est de l’Ecosse (les Lowlands), et dans ce qui deviendra l’Angleterre (« terre des Angles ») refoulant ainsi les Bretons dans l’ouest du pays (Pays de Galle et les Cornouailles) ou les amenant à émigrer sur le continent (Armorique, Galice, Asturies), et donnant naissance à la légende du Roi Arthur !

Les Vikings, qui mènent des raids dans ces régions, s’établissent dans certaines zones côtières du nord de l’Ecosse et dans les îles, notamment dans les Orcades et une partie des Hébrides. Mais ils s’assimilent généralement aux populations locales.

Jusque-là, le reste du pays, dominé par le druidisme, est composé de petits royaumes pictes ou scots en conflits perpétuels. Mais petit à petit, parallèlement à la christianisation du pays (par des moines irlandais), s’amorce un processus d’unification politique,sous la houlette des Scots, qui aboutira à la naissance du royaume d’Alba (prononcer « alapa »), nom gaélique de l’Ecosse. Scone, sa capitale, se situe au centre de l’Ecosse, à la limite entre les Highlands et les Lowlands.
En 1066, Guillaume le Conquérant envahit l’Angleterre. Plusieurs familles nobles d’Angleterre fuient dans les Lowlands. De plus, en 1072 Guillaume envahit l’Ecosse, des nobles normands (notamment les Bruce et ceux qui deviendront les Stewart/Stuart). viennent également s’intégrer à l’aristocratie écossaise. Par le brassage avec les familles locales, ils donnent naissance à une nouvelle noblesse et imposent la féodalité à la paysannerie. Ils rencontrent toutefois une forte résistance dans les régions montagneuses. On assiste dès lors à l’émergence d’un schisme politico-socio-culturel entre, d’une part, les Highlands, fidèles à la langue gaélique et au système clanique celtique (fondé sur la tanistrie(1), la propriété collective des terres et la solidarité absolue), et les Lowlands, qui adoptent le scots (langue germanique proche de l’anglais) et le système féodal.

C’est la coexistence de ces deux identités qui explique la spécificité et l’originalité de l’héraldique écossaise.

(1) Coutume selon laquelle le successeur d’un chef de clan est choisi du vivant de ce dernier, parmi sa parentèle, mais de préférence parmi ses collatéraux (frères, cousins, neveux) plutôt que parmi ses descendants directs.


2. Organisation de l’héraldique écossaise

L’héraldique d’Ecosse a ses propres instances décisionnelles, tout à fait autonomes par rapport à celles qui gérent le reste du Royaume-Uni. Il s’agit du Roi d'Armes Lord Lyon (Lord Lyon King of Arms) qui préside la Cour Lyon, qui est une vraie cour pénale, et non une juridiction civile, chargée de juger tous les litiges en matière d’héraldique, en Ecosse. Le Lord Lyon (assisté de trois hérauts) veille à l’application des règles, décide de l’octroi de nouvelles armoiries et supervise l’organisation de toutes les cérémonies officielles en Ecosse. Il est l’un des rares dignitaires à pouvoir porter l’Étendard royal d'Écosse, le Lion rampant, qui est à l’origine de son nom.

United Kingdom Sovereign (Armoiries du Royaume-Uni)
Version anglaise Version écossaise

Source : http://thecrownandtheunicorn.wordpress.com/2013/01/09/brief-history-of-the-royal-arms-of-scotland/

L’autonomie de l’Ecosse en matière d’héraldique va même jusqu’à la possession de sa propre version des armoiries du Royaume-Uni.
Ainsi, dans la version de ces armoiries utilisée dans le reste du Royaume-Uni, le lion symbole de l’Angleterre est à gauche et la licorne, symbole de l’Ecosse est à droite.
Dans la version écossaise, les deux supports sont inversés.

3. L’héraldique d’origine féodale

Les plus anciennes armoiries d’Ecosse que l’on connaisse sont celles de la maison des Stewart /Stuart. En fait, ce nom est l’orthographe locale pour le mot anglais steward, qui signifie gardien, intendant, lieutenant (au sens étymologique du terme). Il correspond également au titre de sénéchal.
Or, le titre de « Grand Sénéchal d’Ecosse » (High Steward or Great Steward of Scotland) a été attribué à titre héréditaire à partir du XII ème siècle à Walter Fitz Allan, lui-même fils de Alan Fitz Flaad, une famille de sénéchaux de Dol-en-Bretagne. Le mot stewart va ainsi devenir un nom de famille puis de clan.

Source : http://www.heraldry-scotland.co.uk/hierarchy.html

 

Blason des Stewart/Stuart : "Or a fess chequy Azure and Argent"

Source : http://en.wikipedia.org/wiki/File:Duke_of_Rothesay_Coat_of_Arms.PNG

Cette fasce échiquetée se retrouve sur les armoiries de Charles Windsor correspondant à son titre écossais de Duc de Rothesay

On retrouve également ce motif sur la casquette des agents de police au Royaume-Uni.

 

Pour l’essentiel, l’héraldique écossaise ressemble très fort à l’héraldique anglaise, avec toutefois deux particularités.

1. La place de la devise

The Royal Arms of the Kingdom of Scotland *

Hay of Hayfield, John (compiled by), TartanTapistery ( An Anthology of ScotlandPast Present Future), William MacLellan & Co. Ltd, Glasgow, 1961

Le listel portant la devise (motto) est généralement placé au-dessus du cimier et pas en bas des armoiries. Il arrive que la devise soit indiquée en dessous des armoiries, dans ce cas, une devise secondaire (appelée slogan, déformation d’un mot gaélique signifiant « cri de guerre ») apparaît au dessus du cimier.

Par ailleurs, cette devise est mentionnée dans le brevet d’armoiries, elle ne peut donc pas être modifiée sans l’accord du Lord Lyon, alors que dans l’héraldique anglaise, la devise figure sur le dessin, mais elle n’est pas mentionnée dans la description, elle peut donc être modifiée.

* Avant l'Union en 1623

2. La représentation de l’ordre de naissance des fils

Cette cadency est très importante dans les deux traditions héraldiques, et elle fait l’objet d’une systématisation très poussée. Toutefois, les systèmes de brisures utilisés sont très différents.

Système anglais
Mark of Cadency of England.
Ce système est fondé sur l’utilisation de meubles particuliers, dans l’ordre suivant :

Label = lambelle, crescent = croissant, mullet = étoile dont les rais sont droits, par opposition à estoile = étoile dont le rais sont ondulés(2), martlet = une espèce d’hirondelle que l’on ne trouve pas, apparemment en héraldique française. Le meuble le plus proche serait la merlette, annulet = anneau, fleur de lis = fleur de lys, rose = rose.


Source : Encyclopaedia Britannica, 2001

Système écossais : the Stodart System (1881)
Ce système est fondé sur l’utilisation de bordures de couleurs différentes, selon l’ordre suivant : or, argent, gueules, azur, sable, et ensuite de variations de la ligne de bordure selon l’ordre suivant : engrêlée, cannelée, dentée, etc.
Bordures in a fixed sequence of gold, silver, red, blue, black(3) ; then line variations of the bordure in a fixed sequence of engrailed, invected, indented; and so on.

Source : http://www.designsofwonder.com/?content=stodartsystem


2) En héraldique anglaise a mullet peut être percé, ce qui devient une molette. En héraldique écossaise, a star =-une étoile (comme en français), an estoile = une étoile dont les rais sont ondulés, et a mullet = une molette
3) The tinctures are : Or (gold), argent (silver), azure (blue), gules (red), sable (black), vert (green), and purpure (purple).


4. L’héraldique d’origine clanique

Contrairement à l’idée reçue, le tartan n’a pas été le premier signe d’identification des clans (cf infra). On se reconnaissait, on s’identifiait par le port sur le bonnet d’une pièce végétale (rameau de bruyère, feuille de chêne, rameau de pin, fleur, etc.) emblématique du clan. Ce fragment était maintenu en place par une broche ou une épingle.
Bien sûr, c’était un emblème « saisonnier », mais dans ce pays montagneux, l’hiver, chaque clan vivait quasiment en autarcie sur son territoire.
Cette tradition s’est perpétuée d’une autre manière, sous la forme de ce qu’on appelle en anglais le crest badge ou parfois clan badge, l’insigne clanique.
Les chefs de clan, devenus des lairds à partir des XVI ème et XVIIème siècles (correspondant aux lords d’Angleterre (même s’ils n’obtiendront pas le droit de siéger à la chambre des Lords !), avaient l’habitude de donner à leurs hommes un insigne métallique représentant le cimier de leurs armoiries. Cet emblème, marque d’allégeance de la part de celui qui le portait, se fixait au moyen d’une lanière de cuir fermée par une boucle. Quand il ne portait pas l’insigne, son propriétaire enroulait la lanière de cuir autour de l’insigne. Peu à peu, ce crest badge a pris la forme du cimier du chef entouré d’une bande de métal portant la devise du chef et d’une boucle.

Exemples d’insignes claniques :

Clan Gordon


Motto : Bydand (Remaining)

 

Source: http://www.scotclans.com/scottish_clans/clan_gordon/history.html

 

Clan Maclean


 




 

Clan Agnew


Crest: An eagle issuant and reguardant Proper
Motto: Consilio non impetu (By wisdom not by force)



Source: http://www.scotclans.com/scottish_clans/clan_agnew/history.html

 

Seul le chef et son héritier peuvent porter le cimier sans la ceinture métallique. En effet, ce cimier fait partie des armoiries du chef, elles sont donc sa propriété personnelle et non celle du clan.

Après la défaite de Culloden contre l’Angleterre (16 avril 1746), va s’exercer une répression féroce contre les Highlanders et leur mode de vie traditionnel, avec dissolution des clans, interdiction du tartan et même de la cornemuse. Cette bataille est à l’origine d’une émigration massive des Ecossais vers le Nouveau Monde.

Quoi qu’il en soit, le système féodal sera uniformément imposé au pays. Mais le crest badge deviendra un moyen de perpétuer l’esprit clanique. Aujourd’hui, il est parfaitement reconnu comme emblème héraldique, et à ce titre, est soumis à l’autorité du Lord Lyon.

5. Et le tartan dans tout ça ?

Les tartans ont toujours existé en Ecosse, cependant, les motifs étaient relativement simples, ne comportant généralement que deux ou trois couleurs. D’autre part, les teintures étaient à base de pigments naturels, essentiellement végétaux (baies, écorces d’arbres, racines, etc.), elles étaient donc limitées en nombre et liées au biotope. On devrait donc plutôt parler, au départ, de tartans régionaux. Mais comme chaque région était occupée majoritairement par un seul clan, on a fini par associer le tartan au clan en question.

Avec l’arrivée de pigments artificiels et le perfectionnement des métiers à tisser, les tisserands on commencé à diversifier les couleurs et à élaborer des motifs plus complexes, qu’ils transcrivaient sur des tablettes de bois (nombre de fils de chaque couleur). Cependant, il n’y a toujours pas de lien indissociable entre un clan et un tartan. Chacun portait ce qu’il voulait, sauf dans les régiments claniques, où les combattants étaient invités à porter « la livrée » (livery) du chef.

Après la défaite de Culloden (1746) les tartans seront interdits par une loi adoptée au Parlement et il faudra attendre 1785 pour que cette loi soit abrogée. Malheureusement entretemps, beaucoup de tisserands sont morts, les tablettes de bois ont été détruites ou se sont dégradées et une grande partie des motifs ont été perdus. Il faudra attendre 1822 pour que s’amorce une véritable renaissance du tartan, avec la reconstitution d’une partie des motifs anciens et la création de nouveaux motifs.

Répartition géographique des clans

Notons que le retour en grâce du système clanique (sous une forme très édulcorée !) ne s’est pas limité aux Highlands. Des familles des Lowlands qui n’avaient pratiquement pas connu cette organisation sociale sont aujourd’hui des clans comportant même parfois plusieurs septs (branches), les Stewart, par exemple. Idem pour les populations d’origine viking qui habitent les archipels du nord et de l’est, les MacLeod, par exemple.

La standardisation des tartans a d’abord été confiée plus ou moins officieusement à la Cour du Lord Lyon. Chaque clan ou titulaire d’un tartan pouvant le faire homologuer par les Registers de la Lyon Court.
Toutefois, en 2008, le Parlement écossais a adopté une loi créant le Scottish Register of Tartans, dont les missions sont de protéger, de promouvoir et de préserver le tartan en tant qu’institution.
Enfin, la Scottish Tartans Authority, est une association internationale destinée à unifier les pratiques non seulement des Ecossais d’Ecosse, mais également celles des descendants des émigrés écossais dans tout le monde anglophone (Australie, Canada, Etats-Unis, Nouvelle-Zélande).

Types de tartans

Outre les tartans claniques, il existe également des tartans de district, vraisemblablement la forme la plus ancienne, celle qui a donné naissance aux tartans claniques comme expliqué plus haut.Il y a également des tartans militaires, comme le célèbre Black Watch.

Black Watch Argyll & Sutherland
Highlanders Regimental Tartan

Source : http://www.clansutherland.org/FrTartans.htm

Black Watch Argyll & Sutherland
Highlanders Dress Tartan

Un même clan, une même institution peut avoir plusieurs tartans
• Le tartan dit modern, c’est en fait le tartan standard, généralement de couleurs vives.
• Le tartan dit ancient ou muted, de couleurs moins vives comme si on avait utilisé les pigments naturels d’autrefois.
• Le tartan dit hunting, utilisant des teintes propices au camouflage dans la nature.
• Le tartan dit dress, qui n’est pas nécessairement un tartan de cérémonie ! A l’origine, il était destiné aux femmes. Sa seule particularité, c’est qu’il contient du blanc (cf. le dress Black Watch).

Il y a également les Chiefs’ tartans, réservés à l’usage personnel des chefs de clan et à celui de leur famille et les Royal tartans, réservés à la famille royale.

Si l’utilisation abusive des emblèmes héraldiques peut donner lieu à des poursuites judiciaires, le port d’un tartan autre que celui /ceux de son clan est tout à fait toléré.

6. Bibliographie

Ouvrages
Bain’s, Robert, The Clans and tartans of Scotland, William Collin Sons& Co. Ltd, London and Glasgow, 1968
Hay of Hayfield, John (compiled by), TartanTapistery ( An Anthology of ScotlandPast Present Future), William MacLellan & Co. Ltd, Glasgow, 1961

Sites sur Internet
Association franco-écossaise, http://www.franco-écossaise.asso.fr/
Guide de voyage Écosse - Le Guide Vert Michelin, voyage.michelin.fr/web/destination/Grande_Bretagne-Ecosse
Scottish Tartans Authority: Hame, www.tartansauthority.com/
The Court of the Lord Lyon - Homepage, www.lyon-court.com
The Heraldry Society of Scotland, www.heraldry-scotland.co.uk/
The Scottish Register of Tartans, www.tartanregister.gov.uk/

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