Biographies et blasons des abbés de Cambron

Ce travail se base sur une étude de Monsieur Jean-Philippe Lahouste, membre de la Société d'Histoire de Comines-Warneton, intitulée "L'Armorial des Abbés de Cambron repris dans le recueil de Dom Noël ; analyse et étude héraldique" ainsi que sur le livre de Clément Monnier "Histoire de l'abbaye de Cambron" dans Annales du cercle archéologique de Mons, t. XVII, 1884, p.1-21, travail basé sur un ancien manuscrit des 17è-18è siècle, copie originale du recueil du moine Marcq Noël. Cette copie est toujours propriété des descendants de la famille "du Val de Beaulieu" (Famille Ullens de Schooten).

Ce travail reprend les dessins et les blasonnements faits par le Cercle Heraldus sur base de la copie des planches d'armoiries coloriées reprises dans le travail de Monsieur Lahouste.
Il n'est pas tenu compte des ornements extérieurs au blason.
Les dates reprises à côté du nom des abbés sont celles de leur élection jusqu'à la fin de leur charge.

L'écu armorié de l'abbaye de Cambron est visible, comme ceux d'autres abbayes, dans l'armorial du Nord et dans l'histoire et la monographie de Cambron.
Monnier en fait une description précise :
"un écu représentant un arbre dont le tronc est plongé dans l'eau; trois poissons sont placés de chaque côté du tronc; le champ qui rappelle l'eau est d'argent; l'arbre de sinople; les poissons sont d'azur et le chef, qui forme l'air, est de gueules"

Pour cette desription, il se base sur la dernière copie manuscrite du recueil mais surtout sur la représentation de l'abbé Le Waitte puisqu'il place la mitre de l'abbé au timbre de l'écu et le bâton pastoral en pal, par derrière, avec une banderole en dessous portant l'inscrition "Mersus Emergo" (Submergé, je surnage). La banderole représentée dans les deux copies du recueil de Dom Marcq Noël porte l'identification de la situation géographique de l'abbaye "Cambro". La devise est donc une émanation tardive due à l'abbé Le Waitte et reprise par la suite.

Plusieurs abbés ont choisi de s'identifier aux armoiries de l'abbaye. Ils sont au nombre de sept. Plusieurs autres blasons sont restés muets. Dom M. Noël n'a pas pu les retrouver. Ce n'est pas pour cela qu'ils n'existaient pas !

L'armorial reprend les blasons jusqu'au 34ème abbé (Farinart). Une copie ultérieure reprend les blasons de deux autres abbés (Libert et Noël)

Blason de l'abbaye

"D'argent au chef de gueules, chargé d'un arbre de sinople brochant sur le tout, accosté de six poissons d'azur, trois à dextre posés en bande rangés en pal et trois à senestre posés en barre rangés en pal"

 

1) Fastré de Gaviamez (1148-1156)

 Nous n'avons pas trouvé de blason

Né au château de Gaviamez dépendant de Lombise. Sa famille appartenait à la noblesse féodale du Hainaut. Fastré décida à, l'âge de 15 ans, de se rendre à Clairvaux où il fut reçu dans l'ordre de Cîteaux par St-Bernard.  Il fut envoyé, avec 12 religieux, pour diriger le monastère dès sa fondation.  Il le dirigea durant 8 années.  Il rejoint le pape Alexandre III à Paris pour y traiter de la canonisation de St-Bernard.  Là, il fut atteint par la fièvre et mourut le 21 avril 1163.  Il fut enterré à Cîteaux.

2) Gérard de Bourgogne (1156-1164)

"D'azur à trois bandes d'or à la bordure de gueules"

 

Originaire, comme l'indique son nom, de la Bourgogne, il était proche parent de St-Bernard.  Il était prieur de Cambron lorsqu'il fut élu abbé en remplacement de Fastré. Il résigna ses fonctions en 1164, peu de temps avant de mourir.  Il fut enterré au cimetière commun, derrière le choeur de l'église.

3) Daniel de Grammont (1164-1196)

"De ... à la croix haute perronée de 3 marches de …"

Issu d'une famille noble de Grammont.  Il n'aimait pas porter le titre d'abbé ; il s'intitulait dans les actes publics de son adminstration "humble ministre de l'église de Cambron".  Il continua les constructions du monastère et augmenta la dotation de l'abbaye. Il obtint du pape Alexandre III des lettres confirmant les acqusitions tant en biens qu'en élémosyne jusqu'en 1173.  Il aida la comte de Hainaut dans ses préparatifs pour la croisade. Il mourut le 20 janvier 1196 et fut le premier à être inhumé dans le chapitre.

4) Bauduin I de Tournai (1196-1221)

"D'azur à la tour ouverte ajourée de 2 ouvertures, d’argent "

Né à Ath ou Tournai. Dès son élection, il se concilia l'estime des seigneurs et des princes.  Ce fut, notamment, par considération pour lui que, dès 1196, Ubalde de Louvignies, sa soeur Mathilde, son épouse et son fils Alard, léguèrenet une partie considérable de terres, à la condition d'obtenir une sépulture à Cambron et d'être recommandés dans les prières de la communauté.  En 1202, il se rendit utile dans les préparatifs de l'expédition du comte de Hainaut en terre sainte. il publia les indulgences papales et les offrandes des fidèles.  Il mourut le 3 décembre 1221. A la fin du 17ème siècle, on conservait encore à Cambron un tronc en fer qui avait servi au dépôt des aumônes, à l'époque de cette croisade.

5) Siger ou Sohier de Gand (1221-1233)

"De sable au chef d’argent"

(armoiries de Gand-Vilain)

Il serait né au château de Gand, à la cour de Bauduin, comte de Flandre, père de Bauduin de Constantinople.  Attiré à Clairvaux par la réputation de St-Bernard, il y remplissait les fonctions de prieur, lorsqu'il fut choisit pour être abbé de Cambron.
Une tradition populaire rapport un événement tragique qui serait arrivé sous le gouvernement de Siger de Gand, en 1125. Un seigneur de Lombise (Beaurepaire) assistait à la messe dominicale célébrée par un moine de Cambron, dans l'église de Thoricourt. La levrette du seigneur s'étant approchée de l'autel et distrayant le célébrant, celui-ci lui appliqua une chiquenaude sur le museau. Le seigneur s'estimant insulté, tire son épée et perce le religieux.  Le coupable possédait assez de richesses pour payer le sang répandu.  Il acheta son pardon, selon les moeurs de l'époque, en cédant un bois qu'on nomme le "bois de l'occis".
En 1225, Siger obtint du pape Honorius, une sentence donnée à Latran, frappant d'excommunication ceux qui frapperaient les religieux de Cambron. Siger de Gand mourut le 26 mars 1233.

6) Bauduin II de la Porte (1233-1241)

"D'azur à la tour ouverte ajourée d’une ouverture ronde d’argent "

Sous son administration, l'abbaye obtint une bulle de privilèges accordée par le pape Grégoire IX, confirmant la règle de Cîteaux en vigueur à Cambron et les possessions légitimes canoniques acquises au monastère. Affaibli par l'âge et les maladies, il se déchargea  de sa dignité en 1241 au grand regret des religieux. Il mourut le 24 mars 1245.

7) Henri de Nivelles (1241-1250)

Muet

Cet abbé tire son nom du lieu de sa naissance. Il n'accepte ses fonctions qu'avec répugnance, d'abord par humilité, ensuite par crainte des orages politiques qui menaçaient le pays. Pendant les discussions entre la comtesse Marguerite de Constantinople et ses fils, les villes de Mons, d'Ath et de Chièvres se déclarèrent pour leur souveraine; mais le château d'Enghien lui opposa une vigoureuse résistance.  Les environs de l'abbaye furent le théâtre de luttes sanglantes.  Le monastère n'eut pas à souffrir de ces luttes mais ses fermes furent mises à contributions.  Le pape Innocent III continua l'oeuvre de son prédécesseur en punissant les méfaits commis envers l'abbaye et ses religieux.  Il conféra d'autres privilèges en interdissant aux princes et aux prélats de se fournir en victuailles pour l'approvisionnement de leurs maisons ou forteresses.  Il interdit également l'entrée des femmes dans le monastère ou ses dépendances.  Accablé par l'âge, l'abbé se retira et,à la demande des religieux, il se donna pour successeur Jean de Marbais.  Il mourut le 17 avril 1250.

8) Jean I de Marbais (1250-1270)

"D’argent à la fasce de gueules accompagnée en chef de 3 merlettes du même, rangées en fasce"

Né à Marbais, comté de Namur, il appartenait à la noble famille de ce nom. Le commencement de sa prélature fut troublé par des querelles suite à la mort de Guillaume de Dampierre au tournoi de Trazegnies en 1251. Il inspira tant de respect aux deux parties que le monastère n'en éprouva aucun préjudice. Il fortifia le petit monastère de Stapeldyck près de Hulst. En 1254, le pape Urbain prouva son affection aux religieux de Cambron en les plaçant sous sa protection et celle des Saints Pierre et Paul. Jusqu'alors, les ecclésiastiques de mauvaise vie étaient envoyés, par les chefs de diocèses, à Cambron pour y faire pénitence.  Par cet usage, l'abbaye perdait de sa considération. L'abbé réclama contre cette coutume et une bulle d'Alexandre IV, donnée à Latran le 11 mai 1255, l'exempta de la charge de recevoir des déliquants. Une autre particularité se rapporte à l'année 1258.  L'épouse de Thierry de Lens, morte en couches, fut enterrée à Cambron.  Alors que le cercueil était descendu dans la tombe, on entendit une voix qui criait : "Notre-Dame de Tongre, ayaez pitié de moi" ! L'épouse de Thierry était ressucitée.  Elle leur dit : "Reconduisez-moi d'où je viens".  D'où ? "Je viens de Tongre". On la retira du crcueil et les moines et l plupart des témoins de ce prodige se transportèrent à Tongre en pélerinage.
L'abbé mourut le 23 juin 1270.

9) Jean II de le Hestre (1270-1279)

"D’argent au chef de gueules à l’arbre d'or (?) terrassé du même brochant sur le tout, à 6 poissons d'azur, 3 à dextre posés en barre rangés en pal et 3 à senestre posés en bande rangés en pal"

* (?) Le sinople aurait-il viré à l'or au fil du temps ?

On ne connait pas le lieu de sa naissance et on ignore si son nom est celui de sa ville natale.  Cet abbé jouissait d'une grande considération lorsqu'il fut élu.  C'est grâce à lui que la comtesse Marguerite et la noblesse du Hainaut, gratifièrent l'abbaye de libéralités considérables. Il décéda le 8 novembre 1279.

10) Hugues de l’Escaille (1279-1288)

"D’or à trois lionceaux de gueules armés, lampassés et couronnés d'azur"

Issu de la noble maison d'Ecaussinnes.  Contrairement à l'usage, il conserva le nom de sa famille. Il était célerier ou receveur du monastère lorsqu'il fut élu abbé. Sous son adminstration , les biens de l'abbbaye reçurent d'importants accroissements. Il mourut le 1er décembre 1288.

11) Bauduin III de Boussu (1288-1293)

"De gueules à la bande d’or"

Issu de la noble famille de Boussu près de Mons. Dès son entrée en religion, ses supérieurs l'envoyèrent étudier à l'université de Paris sous le célèbre dominicain Saint Thomas d'Aquin où il reçut le grade de docteur en théologie de la Sorbonne.  Il fut digne de succéder à son illustre maître dans l'enseignement de cette science. On conserva jusqu'au 18ème siècle, dans la bibliothèque de Cambron, un monument de l'érudition de cet éminent théologien.  C'étaient des commentaires, en quatre livres, sur l'ouvrage relatif aux Saints Pères écrit par le fameux Pierre Lombard, maître de sentences.  On y trouvait aussi en manuscrit, ses "sermones de tempore et de sanctis et alios quosdam". Bauduin ed Boussu mourut en odeur de sainteté le 8 novmbre 1293 emportant les regrets de tous les religieux.

12) Jacques I de Montignies (1293-1308)

 "D’argent au chef de gueules à l’arbre d'or (?) terrassé du même brochant sur le tout, à 6 poissons d'azur, 3 à dextre posés en barre rangés en pal et 3 à senestre posés en bande rangés en pal"

* (?) Le sinople aurait-il viré à l'or au fil du temps ?

Cet abbé était le fils de jacques Plusquet, bourgeois de Coné et censier de Montignies. Après avoir exercé la charge de receveur de l'abbaye, il fut élu abbé en novembre 1293.  Il observa toujours rigoureusement la règle.  Par une bonne gestion du  temporel, il augmenta considérblement les revenus de la maison. Même lorsque l'abbaye se trouva entourée des forces françaises et flamandes qui entouraient le domaine, il conserva intactes les biens de la communauté.  Il institua à Cambron le jubilé du cntenaire qui fut célébré pour la première fois en 1300.  Il résigna ses fonctions en 1308 et mourut 7 ans après.

13) Nicolas I de Herchies (1308-1322)

  Muet

Il appartenait à la noble famille de Lens et d'Herchies.Il était prieur de CAmbron lorsqu'il fut élevé en 1308 à la dignité abbatiale.Il maintint dans sa rigueur la discipline monastique et se concilia l'amitié et la vénération des princes et des nobles. Il acheta à Mons, en 1316, un refuge à la rue de Nimy, près de l'égise Sainte Elisabeth, et le fit approprier pour les religieux qui s'y retiraient pendant les guerres si fréquentes à l'époque. C'est vers la fin de sa prélature que fut commis, en l'année 1322, un sacrilège contre l'image de Notre-Dame à l'abbaye de Cambron (*). Il en fut tellement affecté qu'il déposa la crosse peu de temps après ce crime.  Il mourut le 4 mai 1322.

(*) En avril 1322, Guillaume, un juif converti, est accueilli dans la salle des hôtes de l'abbaye de Cambron. Il est bien vu des autorités puisque le comte de Hainaut, Guillaume 1er, a accepté d'être son parrain et de lui donner son nom. Sur le mur de la salle existe une peinture de la Vierge tracée à l'aide de simple traits.  A la vue de ce portrait, Guillaume transperce de sa lance, par cinq fois, l'image sainte.  C'est en tout cas l'accusation portée contre lui; mais il nie farouchement.  Sans preuve bien établie, Guillaume n'est pas inquiété jusqu'à ce qu'un ange, puis la Vierge apparaissent à Jean Flamens, un forgeron d'Estinnes.  Celui-ci provoque le converti en duel qui tourne à l'avantage du forgeron. Condamné au supplice du feu, Guillaume avoue son méfait avant de mourir. (Gérard Waelput "Les juifs à Mons au Moyen Age")

14) Nicolas II Delhove (1322-1328)

 "De gueules billeté d’argent à quatre losanges aboutées en bande du même"

Ce sont les mêmes armes que son père Gilles Delhove sauf qu'il plaça quatre losanges au lieu de trois.

Né à Mons , il fut élu abbé de Cambron le 8 avril 1322. Quatre ans plus tard, sous son administration, l'auteur du sacrilège de Cambron reçut son châtiment.  En mémoire de cet événement, on, institua à Cambron une procession solennelle le troisième dimanche après Pâques. On reconstruisit à Cambron, une chapelle à l'endroit où était peinte l'image qui avait été l'objet des fureurs du juif sacrilège.  L'abbé Nicolas Delhove mourut un an environ (1328) après l'exécution du juif.  Il avait à peine réunit quelques matériaux pour la construction de la chapelle de Notre-Dame.

15) Ive de Lessines (1328-1329)

"Fascé de gueules et d'or chargé d’une clef d'argent"

Il était le fils unique de Jean Desprez, dit Quieuvrain ou Quiévrain, châtelain de Lessines. Quoi qu'il fut seul pour perpétuer le nom de sa famille, il prit, à la mort de son père, l'habit religieux à Cambron. Il était prieur du monastère lorsqu'il remplaça l'abbé Nicolas Delhove en 1328.  Il fit jeter les fondations de la chapelle de Notr-Dame.  Grâce aux offrandes abondantes qu'on y déposait, le sanctuaire fut bientôt achevé. En 1328, l'abbaye reçut l'autorisation de faire célébrer l'office divin à haute voix, mais portes fermées, en temps d'interdiction générale du pays. il mourut le 9 mars 1329.

16) Jean III de Mons (1329-1339)

 "D’or à trois chevrons de sable"

Cet abbé, né à Mons, avait occupé plusieurs charges honorables dans la maison conventuelle lorsqu'il fut élevé à la prélature, en 1329, par les suffrages unanimes des religieux. Sa prudence et sa piété lui valurent l'estime de Jeanne de Valois qu'il aida beaucoup de ses conseils. A l'aide des offrandes de cette princesse, épouse de Guillaume 1er, comte de Hainaut, Jean de Mons put achever la chapelle de Notre-Dame. Pour reconnaître ces bienfaits, il s'empressa, au décès de Guillaume 1er, en 1337, de se joindre à l'évêque de Cambrai pour conduire le deuil. Peu de temps après, le comtesse Jeanne se retira à Fontenelles pour s'y faire religieuse.  Ce fut l'abbé de Cambron, délégué par l'abbé de Clairvaux, qui reçut ses voeux.  Il lui donna le voile sous lequel elle devait finir ses jours. 
A la même époque, les frères convers travaillèrent beaucoup à agrandir les fermes, les sols boisés furent défrichés et livrés à la culture. Il mourut le veille de Noël en 1339.

17) Bauduin IV de Resignies (1340-1353)

Muet

Cet abbé appartenait à une famille noble.  Il fut élu en 1340 par la communauté, sous la présidence de l'abbé Fusni, délégué de Clairvaux.  Il n'accepta sa charge qu'avec répugnance, car il voyait avec peine les malheurs qui farppaient le pays. Il condamnait les grandes richesses qui mettaient son monastère en opposition avec les principes de la règle de Cîteaux. A cause des guerres et des interdits dont le Hainaut fut l'objet, et par suite de l'absence e l'évêque de Cambrai, qui était alors à Paris, sa bénédiction fut retardée jusqu'en 1341, on dut même recourir pour cette cérémonie à un prélat étranger, le cardinal de Naples. Cet abbé fit preuve de fermeté dans une circonstance où l'intérêt moral du monastère était engagé.  Il tint tête au pape Benoït XI qui lui avait proposé d'admettre dans sa maison un clerc nommé Brongniart, dont la vie était peu édifiante. Le pape, considérant son silence comme un refus, s'adressa à l'official de Cambrai.  Dans cet intervalle, Brongniart étant décédé, l'abbé eut à se féliciter d'avoir prouvé qu'il voulait préserver ses religieux d'un homme dangereux.

18) Jean IV d’Enghien (1353-1364)

 "Gironné d’argent et de sable de 10 pièces"

Sous cet abbé, on fit venir un vigneron de France pour planter et cultivr le vignoble du monastère et ceux du voisinage.  On manque de détails sur son administration : on dit simplement qu'il régit pendant environ onze années la maison avec économie et qu'il rechercha l'amitié des grands. Craignant la haine et la colère d'Albert de Bavière, il résigna ses fonctions et se retira à Clairvaux où il serait mort le 17 mai 1364.

19) Jean V Esquelin (1364-1375)

Armes de l'abbaye

Cet abbé élu en 1364 était très charitable et très hospitalier. Il administra le monastère pendant onze ans.  On n'a conservé de lui que le souvenir de sa mort tragique.
Un manuscrit rapporte qu'un fils du comte de Hainaut était venu à Cambron pendant la semaine Sainte de 1375, accompagné de gens à sa discrétion et capables de toute entreprise.  Il y avait séjourné pendant 3 ou 4 jours lorsque, plein de ressentiment contre l'abbé, il saisit l'occasion d'accomplir ses desseins criminels. Le prélat se trouvant seul, le matin, aux écuries de la Porte-d'en-Haut, le seigneur et ses complices lui coupèrent la gorge et lui portèrent plusieurs coups. On ajoute que le principal auteur de ce meurtre assista aux funérailles dans la crainte que son absence ne fit planer des soupçons sur lui.  Quelques temps après, il vint faire amende honorable au monastère et implorer son pardon.  Il périt en mer peu de temps après, en allant à la guerre de Frise.

  20) André de Pape (1376-1394)

 "D’azur à deux clefs d’argent en sautoir sur une crosse d’or en pal"

 Avant son élection, cet abbé se nommait André de Bruxelles : on en a conclu qu'il était né dan cette ville.
Il ne parvint que difficielemnt à la dignité abbatiale à cause des dissentions entre les religieux et son monastère.  N'ayant obtenu qu'une médiocre majorité des suffrages, il se rendit plusieurs fois en Avignon où résidait l'anti-pape Pierre de Laon.  Enfin, le comte de Flandre et le duc de Bourgogne le recommandèrent au pape Grégoire XI, résidant alors en Avignon, qui le confirma dans sa dignité.  Il fut béni dans cette ville par l'évêque du diocèse.  On lui donna le surnom "du pape", à cause des demandes qu'il dut faire auprès du souverain pontife pour obtenir sa nomination. Il entra à Cambron le 16 juin 1376.
On lui attribue plusieurs travaux à l'église et à d'autres édifices du monastère.  Il fit reconstruire à neuf toutes les chambres du dortoir.  Il porta leur nombre à septante, nombre égal à celui des religieux de cette époque. Il obtint du seigneur Wautier de Castellin de Landelies, le droit perpétuel d'extraire du territoire de cette ville, les ardoises nécessaires pour courvrir tous les édifices de l'abbaye, sans payer aucun frais.

21) Jean VI de Lobbes (1395-1415)

 Armes de l'abbaye

Né à Lobbes d'une famille de cultivateur, il ne quitta son village que pour entrer à Cambron.  Son mérite personnel lui avait valu les fonctions de boursier et de prieur avant de le faire élire à la dignité abbatiale en 1395.
Pendant les vingt années qu'il gouverna la maison, celles-ci furent troublées par des difficultés politique qui surgirent en Hainaut, sous le duc Albert, le comte Guillaume IV et Jacqueline de Bavière.
L'abbé Jean désirant achever la chapelle de Notre-Dame de Cambron et y attirer les offrandes et les pélerins, obtint de l'évêque de Cambrai des indulgences.  Mais les guerres de Jacqueline de Bavière empêchèrentl'abbé de réaliser ses projets.  Il résigna ses fonctions en 1415 et mourut cinq ans après, le 13 des calendes de mai (20 mai 1420).

22) Nicaise Ninem (1415-1449)

   "d'azur chargé d’un N d'argent posé sur une crosse en pal du même"

Cet abbé naquit au village de la Hamaide. Lorsqu'il fut élu en 1415, il occupait la charge de prieur de Cambron.  Doué de beaucoup d'esprit et d'activités, il se fit aimer de tous. Le 7 juillet 1415, il assista à la bénédiction de l'aglise Saint-Julien à Ath, par Jean de Lens, évêque de Cambrai.  Quelques années après, pendant que la peste ravageait la France et les Pays-Bas, il institua à Cambron, la confrérie Saint-Eloi.   
Assistant en 1448 au chapitre général de Cîteux, il y sollicita que Cambron fut compris au nombre des sept monastères privilégiés, en vertu de la bulle du pape Alexandre VI. Il mourut le dernier jour d'avril 1449 et fut enterré au chapître.

23) Jean VII Hoston (1449-1464)

"Ecartelé.  Aux I et  IV, d’argent chargé de deux pinceaux (ou balais) d’or en sautoir, aux II et III, d’azur"

Né à Mons, d'une honorable famille, il avait les charges les plus élevées du monastère lorsqu'il fut élu abbé en 1449. Son élection eut lieu en présence de Wautier d'Assche, abbé de Villers, de Thomas, abbé d'Aulne et de l'abbé d'Hasnon, délégués de Philippe le Bon, duc de Bourgogne et comte de Hainaut.   
L'intervention de ces prélats et de l'autorité civile, constatée alors pour le première fois dans l'élection d'un abbé, indique que la règle de Cîteaux avait été modifiée sous ce rapport.  Son élection fut confirmée par le pape Nicolas.  A son avènement, l'église du monastère réclamait des travaux pour des sommes importantes.  Dans l'état de gêne où se trouvait la communauté, l'abbé pria Philippe le Bon de solliciter du pape Pie II, des indulgences pour ceux qui visiteraient la chapelle de Notre-Dame et qui contribueraient, par des dons, aux réparations du monastère.  Le pape lui octroya une bulle datée des nones (7 mars 1450); elle accordait une indulgence plénière à ceux qui, le troisième dimanche après Pâques, étant absous en confession, viendraient dans l'église de Cambron et y feraient des offrandes.  L'abbé Hotton avait obtenu du pape la dispense de se rendre à Rome tous les huit ans. Il mourut le 10 juin 1464 après quinze ans de fonctions abbatiales.

24) Guillaume Dieu (1464-1501)

"D’or chargé d’une crosse au pied fiché de gueules en pal, la hampe spiralée d'argent et de gueules, accostée des lettres A et W.

L'élection de l'abbé Hotton montrait déjà l'immixtion du pouvoir civil dans la nomination des abbés, celle de Guillaume Dieu en offre un autre exemple.  L'abbé de Cîteaux et M. d'Aubie chargés de recueillir les suffrages se rendirent à CAmbron où les opérations eurent lieu le 7 juin 1464.  L'ambition et la cupidité avaient déjà pénétré dans l'ordre de Cîteaux et l'intérêt de la religion n'était plus le seul guide des religieux.  On était loin de ces jours où Fastré voulait se soustraire à la dignité abbatiale. Le 2 janvier 1473, l'abbé Guillaume assista, avec plusieurs autres prélats, à Valenciennes, aux funérailles d'Isabelle de Portugal.  En 1476, il prit part à l'assemblée qui fut tenue à Mons pour traiter des affaires de la guerre à cette époque.  L'abbé de Cambron prenait part à des cérémonies tant religieuses que politiques.C'est ainsi que le 15 janvier 1491, il signa avec l'évêque de Cambrai, l'cte de dédicace d'une chapelle à l'abbaye de Saint Ghislain et assista à la translation du corps de Saint Ghislain. L'abbé Dieu jouissait d'un grand crédit près des seigneurs et se trouvait en correspondance avec eux; il était honoré dans l'amitié de Charles le Téméraire, de l'Archiduc Maximilien, des évêques de Tournai et de Cambrai et d'un grand nombre d'abbés.  Il n'en était pas moins modeste. Après avoir régi le monastère pendant trente-six ans, l'abbé Guillaume Dieu succomba à une attaque d'apoplexie le 13 novembre 1501.

L'abbaye de Cambron compte ici trois siècles et demi d'existence et a déjà été gouvernée par vingt-quatre abbés.  Elle est arrivée au comble du progrès matériel et moral : ses richesses sont considérables, son influence est très grande et la place qu'elle va occuper dans le régime politique du Hainaut, sera des plus distinguées.  C'est de cette manière que les abbés de Cambron firent partie des Etats du Hainaut.

25) Jean VIII Willaume ou Willelme (1501-1513)

"D’or chargé de deux branches écotées de sinople en sautoir portant dans les quartiers les initiales J.W.; en chef, un agneau de sable tenant dans sa dextre une hampe de gueules ? et en pointe, trois trèfles de gueules"

Né à Hulst, en Flandre. Il fit sa profession à l'abbaye de Cambron. En 1501, il devint abbé de Cambron par l'appui de m'Archieduc Maximilien.  En 1506, il fit construire au milieu du grand étang, une maison, dite de plaisance, contenant, au rez-de-chaussée, une salle, une chambre, une bibliothèque bien garnie et une salle de récrétion digne d'un seigneur.  Cet édifice fut démoli en 1576 par l'abbé d'Ostelart, pour des motifs sérieux.  En 1512, Maximilien logea dans cette maison.  Pour remercier l'abbé de son hébergement et, sans doute, pour jeter plus de considération sur la sanctuaire de Cambron, l'Archiduc fit octroyer la mître aux prélats du monastère.  Cette faveur fut confirmée par une bulle du pape Jules II. La vie de ce prélat fut plus mondaine et dissipée que conforme à la règle monastique.  Jean Willem songea, non sans raison, au salut de son âme, déposa la crosse en 1513 et se retira dans sa cellule.  Il mourut accidentellement deux ans après, le 23 avril 1515, atteint par une pierre tombée de la muraille de son jardind e plaisance !  Il fut enterré au chapitre.

26) Alard du Bois (1513-1534)

Armes de l'abbaye

Alard du Bois naquit à Erbisoeul, près de Lens.  Il avait été, comme beaucoup de ses prédécesseurs, prieur, lorsqu'il remplaça Willem en 1513.  Il fut nommé par l'Archiduc Maximilien. Il était d'une humeur agréable.  Il conserva sa gaieté jusqu'à son extrême vieillesse.  En 1514, il obtint du pape divers privilèges, tels le pouvoir de relever les suspensions, des interdits et des excommunication, des censures, sentences et peines ecclésiastiques, des voeux parjurés, des voies de fait contre les religieux, des jeûnes, des heures canoniques, des cas réservés à l'heure de la mort.  L'abbé Alard du Bois gouverna le monastère pendant dix-neuf ans, avec autant de bonté que de prudence.  Il transféra au troisième dimanche après Pâques, la procession solennelle de la Vierge qui se faisait antérieurement au jour anniversaire du combat de Jean de Flamand contre le Juif. Il fut parrain de quatre cloches dans l'église de Lens en 1527.  Il résigna ses fonctions le 2 février 1534.  Accablé par l'âge, il se livra, dès lors, exclusivement au service de Dieu.  Il édifia ses frères par une vie pieuse.  Il mourut le 20 octobre 1535.

27) Jean IX Floerbecq (ou de Florbecq) (1535-1543)

"De sinople au chef d’argent chargé d’une rose de gueules barbées de sinople et d’une merlette de sable"

Jean de Florebercq naquit à Ath de parents honorables et fortunés.  Il était bachelier en théologie et remplissait les fonctions de confesseur au couvent de Fontenelle*.  Il fut proposé par son prédécesseur pour le remplacer dans la dignité abbatiale qui fut ratifiée par Charles-Quint.  Il acheta pour l'abbaye, une crosse en argent doré, que l'on dut vendre en 1681, pour faire des réparations aux bien situés en Flandre. Il mourut d'hydropisie le 22 juin 1543.    

* En Seine-Maritime

28) Quentin du Belloÿe (1543-1548)

Armes de l'abbaye avec une crosse d'or brochant sur le tronc

Il naquit à Meslin près de Ath, de parents peu fortunés.  Il avait rempli plusieurs fonctions dans le monastère, notamment celle d'économe et probablement celle de prieur.  Il fut élu le 6 août 1543, à peine âgé de 29 ans.  Il signala sa prélature par d'importantes constructions.  Ce jeune abbé, qui avait montré beaucoup d'activité et de prudence, fut enlevé par la mort après cinq ans de prélature, le 29 décembre 1548.   

29) Jean X Anthoine Dentelin (1549-1551)

"De gueules chargé en chef de deux clochettes d'or et en abîme d'un fer à cheval du même"

Né à Cambron, il était le fils d'Antoine qui mourut en 1541, après avoir été, pendant quarante ans, cuisinier du monastère.  Jean avait été économe de la maison et, âgé de 52 ans, lorsqu'il fut élu abbé le 28 janvier 1549. L'aménité de son caractère inspirait le respect.  Il n'était en fonction que depuis un an et onze mois lorsqu'il succomba à une phtysie, le 7 mars 1551.  

30) Gédéon des Fosses (1551-1564)

"Ecartelé. Aux I et IV, d'argent au chevron de gueules, accompagné de trois merlettes de sable ; aux II et III, d'argent à trois lionceaux de sable, armés d’or"

Il était né à Gand de l'ancienne et noble famille Van der Gracht qui existe encore.  Entré dans l'ordre des ermites de Saint-Augustin dans sa ville natale, il était professeur de théologie et fut nommé cinq fois prieur.  Un peu plus tard, il avait été choisi pour être le confesseur de Marie de Hongrie, gouvernante des PAys-bas.  Il était à la cour de Bruxelles en 1551, lorsque la Reine Marie envoya à Cambron, Louisd e Blois, abbé de Liessies, en qualité de commissaire pour l'élection de l'abbé.  Comme les moines de Cambron ne pouvaient fixer leur choix, il proposa à la reine de nommer le chanoine Van der Gracht. Elle accepta et lui annonça elle-même sa nomination.  Il lui répondit : "Où sa Majesté m'envoie-t-elle ?  Au sépulcre des abbés !"  En effet, les trois derniers abbés de Cambron n'avaient eu qu'une courte prélature. Arrivé au monastère en 1551, il ne fut pas bien accueilli de tous les religieux; il était étranger à l'ordre et on craignait qu'il n'en rétablit la règle dans toute sa rigueur.  Cette règle y était relâchée par suite de la succession de plusieurs abbés en peu de temps. Il dut donc réformer des abus et ramener les religieux à l'observation des anciens statuts, mais il dissipa bientôt la répulsion que les moines avaient éprouvée à son égard : ses avantages extérieurs, ceux de son esprit, l'aménité de son caractère et la douceur de ses moeurs prévalaient en sa faveur.  Il ne gouverna l'abbaye que pendant trois ans, néanmoins il améliora considérablement l'état de la maison.  Il paya beaucoup de dettes, fit bâtir le quartier des abbés et celui des étangers, acheta de beaux meubles pour le monastère, et offrit plusieurs châsses d'argent à la chapelle Notre-Dame.  Comme il en avait le pressentiement en quittant Bruxelles, l'abbé mourut le 15 octobre 1554.

31) Jean XI Beghin (1555-1561)

Armes de l'abbaye

Né à Tournai, il fut élu abbé à l'âge de vingt-neuf ans en 1555.  Cette élection fut confirmée par Charles-Quint en date du 22 octobre 1555.  Cet acte fut un des derniers du souverain.  Immédiatement après son élection, il écrivit à l'abbé Louis de Blois qu'il était résolu à ramener la discipine pami les religieux.  Animé d'excellentes intentions, mais étant fort jeune, il manquait d'expérience. Il eut la faiblesse de confier à ses parents la direction du temporel de l'abbaye.  Il laissa dévaster les bois. S'étatn rendu à Hulst pour affaires, il fut atteint en voyage par la fièvre qui l'obligea de rentrer à Gand, au refuge de l'abbaye.  Il mourut à Gand le 3 septembre 1561.      

32) Guillaume Delcourt (1561-1572)

"De gueules au chevron accompagné en chef de deux étoiles à six rais et en pointe d'une rose tigée et feuillée, le tout d'or"

Né à Ath, de Nicolas Moreau et de Jeanne Berlant, qui occupaient la ferme de la Court.  Guillaume avait une aptitude spéciale pour les travaux des champs.  Aussi, à peine prêtre, fut-il choisi par l'abbé Jean Beghin pour devenir trésorier de l'abbaye.  Les voix s'étant portées sur Guillaume Delcourt, le nouvel abbé reçut sa nomination de la Duchesse de Parme, et sa confirmation par l'abbé de Clairvaux.  Le jeune prélat, à eine âge de trente ans, ami de la discipline comme son prédécesseur, se distinguait par son habileté pour les affaires.  Il était doué d'une grande fermeté.  Grâce à une bonne gestion, il rétablit l'ordre et les finances du monastère.  On le place à juste titre au premie rang des abbés de Cambron.  En septembre 1572, au moment où il avait l'intention de faire des travaux importants au monastère, il fut atteint par la goutte et d'autres infirmités; il succomba le 23 octobre âgé de quarante-trois ans.   

33) Robert d’Ostelart (1573-1613)

"D’azur à trois roses d’argent au chef du même à trois coquilles Saint-Jacques de sable rangées en fasce"

Cet abbé né à Ath, était le fils de Robert de Waudru d'Aix, familles honorables et forrunées. Le jeune Robert, aîné de 13 enfants, fit des étudfes au collège d'Ath et, les ayant terminées, il fut admis à l'abbaye de Cambron.  Dès qu'il fut prêtre, il reçut la direction des finances sous l'abbé Delcourt.  En 1572, lorsque son abbé s'était retiré à Ath, il parvint à envoyer dans cette ville, les archives du monastère, exposées à la destruction. Robert d'Ostelart fut élu abbé à l'âge de 27 ans en 1573, il fut confirmé dns sa dignité abbatiale par le duc d'Albe. En 1581, l'abbaye fut attaquée par une troupe de cinq à six cents gueux.  Après plusieurs assauts, repoussés par vingt-hui hommes, soldats et paysans ne possédant que quelques livres de poudre, l'abbé et ses religieux craignant pour leur vie et leur liberté, s'étaient retirés sur le faîte de l'église.  Là, le prélat n'espérant son salut d'aucun secours humain, supplia ardemment la Vierge, protectrice de sa communauté, de le délivrer.  A peine sa prière achevée, l'attaque, qui durait depuis trois heures, cessa tout à coup.  On vit alors s'avancer six chevaux de l'armée royale qui arrivaient de Lens.  L'aspect de ces soldats mis en fuite ceux qui brûlaient la Porte-d'en-Haut.  L'abbé d'Ostelart chanta un Te Deum pour remercier le ciel de sa protection et il institua la procession dite "des Gueux", le mercredi de Pâques.  Tout en continuant d'éteindre les dettes de la communauté, l'abbé avantagea le collège d'Ath.  Il y fit agrandir la chapelle et construrie des salles; l'une dite Saint Bernard, affectée au logement des élèves, et l'autre servant de classe.  En 1598, il baptisa au château de la Hamaide, le fils du comte d'Egmont, qui reçut les nomes de Charles-Chrétien. Devenu vieux et souffrant de la goutte, il se démit de sa charge de vicaire général de Cîteaux.  Il mourut à l'âge de près de quatre-vingts ans, le 1er décembre 1613, après une prélature de quarante ans et huit mois. 

 34) Jean XII Farinart (1614-1633)

"D’or chargé d'une aigle essorante de sable posée sur une terrasse de sinople, allumée de gueules, tenant dans sa dextre une rose de gueules; au chef d’azur chargé d’un croissant d’argent accompagné de deux étoiles du premier"

Il naquit à Chièvres et fit ses études au collège d'Ath.  Il fit sa profession religieuse à Cambron, le 2 juillet 1577 et il ne tarda pas à attirer sur lui l'attention de l'abbé par ses capacités et sa conduite.  Jean Farinart, docteur lauréat en théologie, reçut au monastère l'accueil le plus flatteur après avoir été élu à l'unanimité, le 6 janvier 1614. Il était estimé de l'Archiduc Albert, étant tombé dangereusement malade, il fut traité par le médecin de l'archiduc.  Ce praticien triompha du mal, secondé par le courage de son malade. A l'annonce de l'investissement de Condé par les Français, l'abbé s'étant retiré à Bruxelles, dans une maison achetée quelques années auparavant, sentant approcher son denier moment, réclama les secours de la religion et fit ses adieux à ses religieux.  Il expira le 3 juin 1633.

35) Jean XIII Coene (1633-1649)

Il était né à Tournai de parents distingués mais ayant essuyés des revers de fortune.  Il avait étudié la médecine avant son entrée en religion.  Il fit sa profession monastique en 1577, à l'âge de trente ans.  Il avait rempli ses charges de maître d'hôtel et de prieur à Cambron lorsqu'il fut élu coadjuteur de l'abbé. Le gouvernement général des Pays-Bas et l'abbé de Clairvaux le confirmèrent dans ces dernières fonctions, de sorte qu'à la mort de Farinart, il ne restait qu'à lui donner la bénédiction. L'abbé Coene ayant reçu de Clairvaux et de Cîteaux, des lettres qui le conféraient vicaire général de l'ordre, en remplacement de Jean Farinart, s'appliqua à maintenir la discipline dans sa juridiction.  Un induit pontifical l'avait autorisé, étant abbé, à exercer la médecine sauf la brûlure et la section.  Atteint de phtisie et sentant sa fin approcher, l'abbé fit écrire par le Père Courvoisier, un acte testamentaire qui désignait Antoine le Waitte comme le plus digne de lui succéder. Séjournet l'emporta car les courtisans comptaient sur l'or de l'abbaye et, le Waitte n'était pas homme à céder à leur désir.  L'anné Jean Coene décéda au refuge de Cambron à Bruxelles le 14 octobre 1649. 

36) Jacques II de Séjournet (1649-1662)

Monsieure Lahouste a pu découvrir dans les collections du Fond "Van der Burch" au château-fort d'Ecaussines-Lalaing, une sculpture sur les vantaux d'un meuble reprenant les armoiries de l'abbaye et celles de l'abbé de Séjournet sans les guillochis, ce qui ne permet pas de déterminer les émaux et les métaux. Le blason de l'abbé de Séjournet est celui de sa famille.

Le blason de la famille est : "d'azur à trois fers de moulin d'argent"

Né à Ligne (Hainaut), il était le fils du Bailli de cette localité.  On a supprimé sa biographie dans l'histoire de l'abbaye écrite par le Waitte, soit parce qu'elle était trop flatteuse, soit parce qu'elle contenait des détails peu honorables pour l'abbé ou le monastère.  Quoi qu'il en soit, on trouve dans le manuscrit de Marc Noël que Séjournet, jeune religieux, fut envoyé à Mons pour y faire sa théologie morale par l'abbé Farinart.  Nommé ensuite chapelain à l'abbaye de la Cambre, il revint pour être maître d'hôtel à Cambron.  Il fut nommé abbé en décembre 1649 par l'Archiduc Léopold, gouverneur des Pays-Bas. Il administra la maison pendant douze années.  Il se proposait d'apporter des améliorations au monastère et à l'église mais les calamités publiques de l'époque l'en empêchèrent.  il dut se borner à faire rependre les cloches des deux sanctuaires de l'abbaye et placer deux jeux d'orgues.  Il était député aux Etats de Mons lorsqu'il mourut au refuge de cette ville, le 10 mars 1662.

37) Antoine Le Waitte (1662-1677)

Lecture : "De gueules au chevron d'or accompagné en chef à dextre d'une croissant et à senestre d'un oiseau, en pointe d'une étoile; le tout d'or"

Armoiries familiales : "De gueules au chevron d'or accompagné de trois croissants du même"

Naquit à Braine-le-Comte, le 29 septembre 1600, de Lucas, membre du Conseil du Hainaut et de Jeanne Laurent.  Antoine le Waitte avait presque achevé sa philosophie à Louvain lorsqu'il entra comme novice à Cambron en juin 1919.  Il prononça ses voeux en 1620.  Il cultiva les belles lettres dont il avait pris goût à l'université et, à l'âge de 25 ans, il eut la direction de la bibliothèque.  En 1638, le Waitte fut nommé directeur des religieuses de l'abbaye de Beaupré près de Grammont.  Il y resta quatorze mois.  Il fut ensuite rappelé à Cambron et nommé prieur en 1639.  N'ayant pas obtenu le suffrage de ses confrères pour remplacer l'abbé Jean Coene, le Waitte obtint, par compensation, la charge d'abbé de Moulins au diocèse de Namur pendant quatorze ans, jusqu'à la mort de Jacques Séjournet. Sa prélature fut difficile au spirituel comme au temporel mais, doué d'un caractère ferme et calme, il triompha des difficultés et trouva encore le temps de se livrer à l'étude.  Il est l'auteur de nombreux ouvrages et notamment "L'historiae  Camberonensis".  Vers cette époque, les environs de Cambron eurent à souffrir du passage des armées qui se disputaient nos provinces.  S'étant abrité au refuge d'Ath, il apprit que l'abbaye avait été ravagée pour le troisième fois. Il succomba à une fièvre catharrale le 4 octobre 1677.

38) François Libert (1678-1706)

"D’azur chargé d’un chevron accompagné en chef de deux étoiles et en pointe d’une croix potencée, le tout d’argent"

Naquit à Mons.  Il avait fait sa philosophie à l'université de Louvain lorsqu'il entra à l'abbaye de Cambron. Son mérite personnel lui valut d'abird les fonctions de maître d'hôtel au monastère.  Il fut nommé ensuite directeur des couvents d'Epinlieu, de Fontenelles, de Beaupré et de Flines.  Il fut installé dans son abbaye au commencement de juin 1678.  Les suisses qui occupaient l'abbaye pendant le siège de Mons, se portèrent tambour battant jusqu'à Notre-Dame de la Roquette à la rencontre de l'abbé.  Celui-ci les remercia mais il déclara qu'il lui était plus agréable d'être reçu par des religieux que par une garnisson qui avait dépouillé le monastère. La paix qui dura de 1678 à 1683 permit à François Libert de rétablir l'ordre dans la maison, de restaurer le monastère et d'acquitter les dettes contractées pendant les guerres précédentes. Sa longue prélature fut soumise à de rudes épreuves mais il en triompha par sa constance.  En 1683, la guerre s'étant rallumée, la communauté fut dispersée, quatre religieux partirent pour Cîteaux, deux pour Clairvaux, un pour Foigny, un pour Froidmont et deux pour Buzay.  Ces calamités n'exerçaient qu'une influence passagère sur l'abbaye. L'année suivante, les revenus réparaient déjà les désastres.  Vers la fin de l'année 1692, ils se dispersèrent à nouveau dans divers monastères n'ayant plus de ressources pour subsister à Cambron. Les armées s'étant éloignées en 1692, l'abbé Libert s'appliqua à réparer les désastres de la guerre et de remettre en vigueur les bonnes traditions. Pendant les vingt-huit années de sa longue et pénible prélature, de biens graves événements s'étaient succédé. L'abbé mourut au refuge de Mons le 20 janvier 1706.

39) Nicolas III Noël (1706-1714)

"Ecartelé.  Aux I et IV, de ... chargé d'une étoile de ... ; aux II et III, de ... chargé d'une hure de sanglier de ..."

Né à Cambrai en 1656.  Après  avoir été confesseur à Epinlieu, il devint prieur de l'abbaye de Cambron.  Il s'était concilié dans ses fonctions l'estime et l'affection de ses confrères; aussi, à la mort de François Libert, ceux-ci le choisirent-ils comme premier candidat. Sous sa prélature, l'abbaye eut à souffrir de nombreux assauts des armées. Nicolas Noël était homme pacifique, cherchant plutôt à se faire aimer qu'à se fire craindre.  Sa santé chancelante ne s'améliora guère pendant les huit années à la tête du monastère.  Il fut député aux Etats du Hainaut jusqu'à son décès.  Il mourut le 22 avril 1714.


40) Ignace de Steenhault (1714-1735)

Né à Bruxelles, il était fils du baron de Steenhault dont la seigneurie était située à vollezeele, entre Enghien et Ninove.  Il entra à Cambron sous l'abbé Libert.  On le choisit bientôt pour être lecteur en thologie et professeur de l'Ecriture Sainte à l'abbaye.  Après dix années d'exercice de ces fonctions, il devint sous-prieur et ensuite directeur aux abbayes d'Epinlieu et de Beaupré.  Après la mort de Nicolas Noël, il fut présenté en première ligne à cause de son savoir et de sa prudence.  Il fit planter plus de trente mille arbres autour de la maison, fit lever les cartes figuratives des biens du monastère et fit renouveler les protraits de ses prédécesseurs; il s'appliqua à fire régner la concorde dans la communauté soumise à sa juridiction.  On appréciait tellement sa sagacité et sa prudence que des étrangers venaient le prier de régler leurs différends dans les affaires difficiles.  La gouvernante des Pays-Bas s'était adressée à lui en 1712.  Il fit reconstruire le refuge d'Ath et presque toutes les fermes du monastère. A dater de 1727, il fut député aux Etats du Hainaut et il fit preuve d'une grande aptitude pour les affaires publiques. Après dix-huit années de prélature, il succomba à une hydropisie au refuge d'Ath le 18 août 1735.

41) Jacques III François (1735-1745)

Né à Soignie, il fut le seul moine de Cambron qui eut été admis à confesser les séculiers par les évêques de Cambrai, de Liège et de Tournai.  Il confessa en dernier lieu à Courtri et fut directeur du couvent des religieuses à Groeninghe. Il fut élu abbé le 10 octobre 1735.  Le nouveau prélat s'effarça de réaliser des économies.  Il réduisit notamment les dépenses de la table en supprimant les trois rations hebdomadaires de vin.  Mais les religieux savaient que les revenus de l'abbaye étaient considérables et ils voulaient vivre dans l'abondance.  Ils finirent par se considérer comme de grands seigneurs. Après dix ans de prélature et après avoir été pendant trois ans député des Etats du Hainaut, l'abbé françois mourut le 11 septembre 1745 au refuge de Mons.

  42) Léopold d’Esclaibes (1745-1771)

Fils du comte d'Esclaibes d'Hulst, il était né à Courtrai en 1699.  Après avoir été receveur des menues rentes de l'abbaye, il fut abbé le 29 septembre 1745 et nommé par lettres du roi Louis XV, datées de Versailles, le 12 novembre 1745.  Il était alors âgé de 46 ans. Il montra toujours la plus grande bonté pour ses religieux et il s'attacha à procurer le plus de bien-être possible.  Il joignait à une grande douceur de caractère, une politesse sans égale.  Sous sa règle, cette maison avait acquis tant de réputation que, pendant les vingt-six années de sa prélature, trente-six religieux furent admis à la profession. Malgré ses qualités, l'abbé vit bientôt s'élever contre lui un parti de mécontents.  L'intervention de l'autorité civile fit cesser les critiques des adversaires de l'abbé.  L'ordre fut rétabli dans la gestion du temporel et le reste de l'existence de l'abbé fut tranquille. Léopold d'Esclaibes qui, sous l'impératrice-reine avait été conseiller d'Etat et député aux Etats du Hainaut pendant 3 ans, mourut le 30 juillet 1771.

43) Malachie Hocquart (1771-1781)

Il était montois et avait été confesseur à l'abbaye de Ghislenghien.  Il était âgé de 56 ans lorsqu'il fut abbé de Cambron le 15 juillet 1771.  A cette époque, le temporel de l'abbaye était dans un triste état.  Hocquart, qui était scrupuleux et observateur de ses devoirs, avait été choisi pour rétablir l'ordre et la discipline qui se relâchaient dans la maison chaque jour davantage.  L'abbé Hocquart acquitta toutes les dettes de l'abbaye et n'en contracta pas de nouvelles.  Il allait entreprendre des ouvrages considérables, lorsque la foudre réduisit en cendres le clocher et la toiture et occasionna de grands dommages à la voûte de l'église; ce qui lui imposa de nouvelles et lourdes charges.  Néanmoins, et sans recourir à aucun emprunt, l'abbé fit reconstruire et restaurer plsueiurs églises, presbytères et fermes de l'abbye. Nous n'avons pas trouvé de blason pour cet abbé.

44) Florent Pépin (1781-1796)

Il fut le quarante-quatrième et dernier abbé de Cambron.  Il était né à Mons, d'une famille honorable de la magistrature, le 2 mai 1727.  Lecteur en théologie et ensuite maître des bois et boursier.  En 1772, il avait été choisi comme second candidat à la dignité abbatiale.  Homme actif et intelligent, il fut successeur de l'abbé Hocquart le 30 novembre 1781 à l'âge de 53 ans.  Quarante moines prirent part au vote. Il n'avait qu'un bien triste héritage à recueillir.  La communauté de Cambron était désunie par les désordres et les dissensions qui avaient leur source dans l'insubordination, l'orgueil et l'envie de certains moines.

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Bientôt l'abbaye sera exposée à des dangers extérieurs.  Joseph II, empereur d'Allemagne, imbu d'idées et de tendances novatrices, ne tarda pas à vouloir faire disparaître une de ces institutions qui, selon lui, n'étaient plus de son époque.  Le 17 mars 1783, il publia un Edit dans lequel il classait l'abbaye de Cambron dans la liste des couvents à faire disparaître.  Toutefois, l'ordonnance de cette suppression ne fut mise à exécution que cinq ans plus tard.  L'abbé de Cambron était membre des Etats du Hainaut et de la Chambre du Clergé.  Il opposa une vigoureuse résistance à l'empereur. Aucune des démarches qui fut faite à cette époque ne produisit de résultat.  Les religieux quittèrent le monastère de Cambron le 27 mai 1789 et se retirèrent en Hollande dans leurs vastes propriétés.  La Révolution des Patriotes les réintégrèrent le 21 décembre 1789 jusqu'au jour où le gouvernement autrichien étant revenu au pouvoir prit de nouvelles mesures d'expulsion.  C'est en 1797 que l'heure de la dispersion définitive sonna pour les moines de Cambron.

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Sources
Jean-Philippe Lahouste - "L'Armorial des Abbés de Cambron repris dans le recueil de Dom Noël; analyse et étude héraldique" - Bulletin bimestriel n° 222 - novembre 2004 du Cercle royal d'Histoire et d'Archéologie d'Ath
A. Speldoorn - photographies dans l'étude de J.-Ph. Lahouste
Marc Noël - Recueil : "Fondation de l'église & abbaije de notre Dame de Cambron, ordre de Cistiau, Diocez de Cambray Etc. Avcq abregé des Abbes & Prélatz, depuis le B. Fastré ptre, jusque & comprin M.D. , abbé dudit lieu..."
Monnier Cl. - "Histoire et monographie de l'abbaye de Cambron" - in 8° Mons 1876-1884 - 2 vol.
Dom Ursmer Berlière - "Monasticon Belge" (2 vol. - in 4°)
Brigode S. - "L'Architecture religieuse dans le sud-ouest de la Belgique" - t. I.C.R.M.S. 1950 - in 4°
Canivez J.-M. - "L'Ordre de Cîteaux en Belgique des origines (1132) au XXè siècle" - Forges (1926)
Delferière L. - "Le Cellier de l'abbaye de Cambron"- Annales fédérales, historiques et archéologiques de Belgique - 30e Congrès - Bruxelles 1935
Plancke R. -"Les catalogues de manuscrits de l'ancienne abbaye de Cambron" - Dufrasnes - 1938 in 8°

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