Document sans titre
IMPORTANCE DE LA SYMBOLIQUE

Les cisterciens croyaient en la symbolique des nombres; Saint Bernard déclarait :

"Que signifie donc ce chiffre 7 ? Je ne pense pas que personne parmi nous
soit assez simpliste pour croire que ces formules soient gratuites et que ce
nombre vienne ici par hasard."

                                                   Sur le Cantique des cantiques - Sermon XVI

Au cours des trois premiers siècles du 2e millénaire, la symbolique est quotidienne. Presque banale : elle est dans la pierre et régit l'art de bâtir, elle est dans le chant, dans la liturgie, dans la mystique.

L'homme du XIIe siècle est accoutumé à une iconographie qui puise sa source dans les bestiaires, dans les écritures; toute ordonnance numérique dans l'église lui est un livre ouvert.

Saint Bernard a beau vitupérer contre la débauche décorative, il ne peut changer la nature de l'homme d'alors qui, si on lui enlève l'image, n'en a pas moins soif de symbole, d'une autre lecture. Tout est interprétation. C'est le grand jeu du Moyen Age. Le symbole n'est pas un acte caché, il est signification, moyen de vision et traduction du divin. Il s'agit de contempler, de voir.

Le moine cistercien est adepte de la métaphore (comparaison sous-entendue).


LA SYMBOLIQUE DES NOMBRES

"Qui sait comprendre les nombres entre dans le plan divin. La sagesse divine
se reconnaît aux nombres imprimés en toute chose" 
                                                                                                     Saint Augustin

Saint Bernard parle des sept degrés de l'obéissance, de la confession, des quatre vertus, des quatre formes de la Trinité : unité divine. Les trois vitraux du chœur symbolisent la Trinité.
La lumière (unique) qui les traverse symbolise Dieu.

Le bâtisseur utilise le nombre d'or (= 1,619) pour étayer son bâtiment, formules arithmétiques et géométriques symptomatiques de cette conception médiévale selon laquelle ce qui existe dans le divin se manifeste dans la création.

Triple dynamique de chiffres dans l'art cistercien :

• les 3 resplendissant dans les chevets (vitraux du chœur)

• les 4 régissant le carré du cloître, le carré ou le rectangle de la travée

• Le 7 est le nombre sacré (1) le plus important après le 3 dans la civilisation orientale (ex. révolution lunaire 4 x 7 ; 7 sacrements ; 7 âges de la vie lunaire ; 7 péchés capitaux ; 7 nuances de l'arc-en-ciel, décomposition de la lumière en sept couleurs fondamentales (travaux de Newton) ; les 7 étoiles de la grande ourse …).

Travail, méditation, solitude, ascétisme…

Depuis l’éveil de la civilisation, les êtres humains d’exception ont souvent recherché dans ces approches les ressorts de la sérénité ou du salut.
Les moines bouddhistes, les chamans, les stylites, les cisterciens, les moines Zen, les yogi les ont pratiquées à des degrés divers.
Le parallèle le plus intéressant est peut-être à faire entre les moines cisterciens, très proches de nous par la pensée chrétienne qui baigne encore notre culture, et les moines Zen pourtant si éloignés géographiquement mais dont les pratiques sont si semblables.
Recherche de la sagesse, maîtrise de soi, vie simple et naturelle, disciplines et obéissances absolues et travaux physiques sont les composants essentiels de la vie de ces moines qu’il soient cisterciens ou Zen, pour la recherche de la sérénité, du nirvana ou le salut de l’âme.
Le raisonnement et l’intelligence ne sont pas nécessaires pour éveiller la sagesse qui sommeille en tout être ni pour acquérir l’éternité.
On trouve une illustration de cette foi en la sagesse innée ou acquise par une vie frugale et le labeur dans cette citation d’un constructeur anonyme de cathédrales : « ce que tu fais te fait »
(Le salut par les œuvres, au grand dam de Saint Augustin, Saint Paul et … Luther).
Ou encore cette pensée d’Origène (2) qui, au IIIe siècle, déclarait : « en toi se trouvent tous les dieux de l’Olympe… »
Et surtout dans cette parole du Christ rapportée par les évangiles : « Bien heureux les simples en esprit car le royaume des cieux leur appartient ».
______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

(1) « Six jours tu travailleras et au septième jour te reposeras» (Ex, 34, 21). Voilà l’origine de cette symbolique, un passage de la Bible .
(2) Origène : fils d’un père martyr, Léonide. Il naquit à Alexandrie. Tôt versé dans les écritures sacrées, à 18 ans il succède à Saint Clément pour enseigner le catéchisme et la théologie aux femmes et jeunes filles comme aux hommes. Il se mutile pour éviter tout scandale. Il fut excommunié par l’évêque Démitrius et récupéré par les évêques de Palestine. Il mourut sous la torture à Tyr en 253.

Retour sommaire
Retour page d'accueil