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Bouconville-Vauclair : le jésuite et le photographe célèbrent l’abbaye

 

 

 

Le père René Courtois, jésuite et archéologue, âgé de 80 ans, est bien connu pour son érudition, sa connaissance presque intime du Chemin des Dames. Il est aussi poète.  L'ouvrage « Vallis Clara » (1) qui vient d'être présenté à l'abbaye de Vauclair en présence de plusieurs personnalités, démontre amplement sa sensibilité et son sens du mot vrai aiguisé par la méditation.

Imprimé à 1.000 exemplaires, ce livre est le témoignage d'une découverte de l'abbaye de Vauclair par un photographe d'origine chinoise travaillant pour le cinéma. La scène se déroule en 1994. A l'époque, Lin Hai Yui Suko, collabore à un documentaire d'Amalia Escriva dédié justement à l'abbaye martyrisée lors de la Première guerre mondiale et à celui qui demeure tout près, le père Courtois. Ce film également appelé «. Vallis Clara » a été plusieurs fois diffusé à la télévision. Entre les prises, Suko capture en noir et blanc l'atmosphère si particulière de l'abbaye fondée en,1134 par saint Bernard. Elle témoigne de l'extrême brutalité de la guerre mais semble aussi gagnée par l'étrange plénitude que connaissent les lieux de prière et de recueillement. Aujourd'hui, le photographe installé en France depuis 1985 estime « Vauclair est devenue pour moi une berceuse d'amour, J'y pense souvent».

 

Plus riche

 

Suko décide finalement de réaliser un livre et demande naturellement au père Courtois de réaliser quelques textes. Ils seront poèmes. Arrivé sur les lieux en 1966, le jésuite mesure plus que personne l'extrême majesté de l'abbaye. Depuis son arrivée, cinq cents bénévoles se sont succédé à Vauclair à l'occasion des fouilles. « Nous n'étions pas d'ici. Cela veut dire que nous avons regardé. Je n'ai jamais eu une âme d'émigré. Quand je vais quelque part, je m'installe ». explique le père Courtois. Le projet avance mais manque de financement.

Finalement, en attente d'un éditeur, le Crédit agricole et le conseil général décident de payer la parution d'un millier d'ouvrages (2) Cinq cents, en souscription, sont disponibles à l'abbaye de Vauclair. Deux cent cinquante exemplaires sont achetés par la banque et la même quantité par l’assemblée départementale qui veut approvisionner les collèges du département et là bibliothèque départementale de prêt.

 

 

Yves Daudigny, en présence du député, René Dosière, de Jacques Pelletier, ancien ministre et de Henri de Benoist, maire de Bouconville-Vauclair, souligne que la vocation du département n'est pas de se lancer dans la parution d'ouvrages. « Mais comment passer à côté de celui-ci ? » s'interroge le président du conseil général. Il remarque encore: « Quiconque a rencontré le Père Courtois sur ce terrain de foi en sort plus riche ».

 

Thierry de Lestang-Parade

 

(1) Vallis Clara, vallée claire.

(2) Le conseil général a participé financièrement à hauteur de 3.483 euros.

 

 

Deux Poèmes :

Pour permettre aux lecteurs d'apprécier les poèmes du père Courtois, nous en avons choisi deux, publiés dans le livre « Vallis Clara ». Ils reflètent bien, sans doute, l'émotion de l'auteur, infatigable amoureux de l'abbaye.

 

Val de clarté

Un jeune printemps cherche sa route

Entre giboulées et bourrasques.,

Les vieux murs de Vauclair s'étirent dans l'aube

Pour accrocher les premiers rayons d'un matinal soleil

Et se revêtir soudain d'une éblouissante clarté.

Vallis Clara... Clarté douce.

 

Un campement abandonné

J'aime voir les murs blessés de Vauclair

Se dresser dans le petit matin gris,

comme les vestiges d'un campement abandonné.

Durant six siècles, de l'aube au crépuscule,

de matines à complies, une communauté

de frères a cheminé en ces lieux,

s'obstinant au même itinéraire,

en route vers une autre cité : cette Jérusalem céleste,

que nous ne trouverons jamais

au bout de nos courses impatientes,

mais en chacune et chacun de nous.

 

 

Amalia escriva :

« Une figure exemplaire »

 

C'est elle qui a permis la rencontre du père Courtois et du photographe Suko en réalisant un documentaire sur l'abbaye de Vauclair. Amalia Escriva est aussi l'auteur d'un long métrage « Avec tout mon amour » réunissant à l'écran Dominique Blanc et Jeanne Balibar en novembre 2000. Elle voudrait tourner maintenant « Le frère manquant» avec Laurent Lucas et Christelle Prot. C'est elle qui, naturellement, a écrit la préface de l'ouvrage « Vallis Clara ».

C'est à la faveur de ses séjours chez ses grands-parents, à Villers-Cotterêts, qu'elle découvre plusieurs sites de l'Aisne, et notamment l'abbaye de Vauclair.  L'occasion pour elle d'apprécier un homme, le père Courtois qui la guide, lui transmet l'essence de ce lieu.

 

«Je suis très attachée à lui. C'est une des plus belles personnes que j’ai rencontrée » dit-elle à son propos. Elle ajoute également : « Il est devenu une figure exemplaire dans sa foi, son intégrité et son courage ».

 

 

 

Article dans l’Union – 11 décembre 2003

 

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