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LES AMÉNAGEMENTS HYDRAULIQUES

 DE L’ABBAYE DE VAUCLAIR

(XIIe – XVIIe SIÈCLE)

 

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Thérèse Preux

 

 

 

Les fouilles de l’abbaye de Vauclair[1], fondée en 1134 par Bernard de Clairvaux, sont connues du public par de nombreux articles et la place qu’y tint le Père Anselme Dimier.  Mais une synthèse sur le système hydraulique découvert n’a été présentée nulle part, sinon sous la forme d’un mémoire universitaire resté inédit à ce jour[2].  Un tel constat et l’importance reconnue de ce chantier dans l’archéologie françaises justifient la publication d’une vue d’ensemble sur le sujet dans les Actes du Congrès tenu à Noirlac en 1986, destiné à faire le point sur les fouilles cisterciennes européennes et à honorer la mémoire de ce moine.

 

Les archives se rapportant aux bâtiments de Vauclair sont rares et peu explicites, comme pour nombre d’abbayes. Et les lieux réguliers ont eu à subir une série de destructions et de pillages du XIIIe au XXe siècle : mise à bas du premier monastère par les religieux eux-mêmes au XIIIe, passage des Anglais pendant la guerre de Cent ans, troubles des guerres de Religion, conflit franco-espagnol au XVIIe, démolition partielle à la Révolution, transformation en exploitations agricoles au XIXe siècle et bombardements pendant la Grande Guerre en raison d’un situation au pied du trop célèbre Chemin des Dames.  Comment s’étonner dans ces conditions de la disparition de la plupart des anciens bâtiments monastiques ?

 

En conséquence, les fouilles conduites pendant près d’un quart de siècle, de 1965 à 1988, par le Groupe Sources sous l’autorité des Pères Dimier et Courtois constituent le principal moyen d’information disponible. Mais leur durée n’a pas suffi pour dégager la totalité du site et de nombreuses interrogations subsistent, y compris sur son hydraulique. Aucun plan global regroupant la totalité des découvertes réalisées sur ce thème n’a en outre été dressé ; pour tenter de l’établir, il faut dépouiller systématiquement les rapports de chaque campagne annuelle.  Le défaut de cotes de nombreux canaux et les descriptions parfois laconiques suscitent alors de nouvelles difficultés.  Il convient d’ajouter encore l’obligation faite à l’auteur de ces lignes de travailler en seconde main pour ne pas avoir participé personnellement au chantier.

 

Si cette accumulation de traverses prive d’une connaissance complète et précise du système hydraulique de Vauclair, il reste cependant possible d’en proposer une restitution des grandes lignes.  Tel est le but de ces pages.

 

L’abbaye bénéficia de conditions naturelles assez favorables avec la proximité d’une petite rivière et de nombreuses sources : comment les cisterciens ont-ils réalisé leur adduction au cours des siècles ?  Qu’ont permis d’apprendre les fouilles sur les réalités de la distribution de l’eau dans l’enceinte du monastère : moyen de stockage, réseaux d’amenée et d’évacuation ?  Quelles étaient enfin les modalités de son utilisation, dans la vie quotidienne ou à des fins artisanales ?

 

 

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1. Vauclair, carte topographique (1904)

 

2. Vauclair, plan cadastral (1811)


 

I) LES CONDITIONS DE L’ADDUCTION

 

 

1.1    Le legs naturel

 

Le lieu-dit Curtmemblain où les moines s’installèrent est bien conforme aux sites cisterciens : une claire vallée orientée est-ouest où coule une petite rivière, l’Ailette (Nos 1, 3 et 4).  Le fondateur appela sa nouvelle fille, la quinzième, Vallis Clara, du même nom que l’abbaye-mère, Clara Vallis.  La première originalité de l’implantation de Vauclair tient au fait que les religieux délaissèrent d’emblée le cours d’eau pour s’établir 500 m plus au sud.  On ignore quelles raisons les ont poussés à agir ainsi.

 

Il est possible que le voisinage de l’Ailette ait déjà été occupé à leur arrivée.  Cette éventualité repose sur le texte de la charte de fondation selon lequel une église dite de Curtmemblain desservie par le prêtre Robert fut cédée à la communauté avec tous ses droits et dépendances[3].  Un habitat autour du sanctuaire aurait pu ainsi éloigner les moines en quête de calme et de solitude.  Mas les fouilles menées sur place n’ont retrouvé aucune trace de cette église et cette thèse n’a pas pu être vérifiée.  Une étude du terrain montre par ailleurs que la rive gauche de l’Ailette est inondable sur environ 50 m de large et que les remontées de la nappe phréatique sont fréquentes sur une plus grande étendue.  Ces faits ont également pu éloigner les cisterciens du cours d’eau.

 

Mais si l’une ou l’autre de ces hypothèses, ou les deux, ont réellement motivé une installation distante de l’Ailette, restait la possibilité d’un détournement.  Elle a également été écartée bien que le débit moyen de la rivière, environ 20m³/h, soit suffisant pour ce genre d’opération[4].  Il souffre toutefois d’une variation assez importante : le maximum se situe en mars avec 42 m³ et l’étiage en août avec 5 m³/h.  Cette irrégularité a pu faire hésiter les religieux, mais un étang de retenue aurait facilement résolu le problème.  Ou est-ce encore la différence d’altitude entre la rivière et l’abbaye, environ 85 m contre 90 au plus[5], qui les aura rebutés ?  C’est peu probable car les abbayes cisterciennes fournissent maints exemples de difficultés plus grandes aisément surmontées.

 

N’utilisant l’Ailette que pour y rejeter leurs eaux usées, les moines décidèrent – seconde originalité de Vauclair – d’alimenter leur monastère en captant quelques-unes des sources jaillissant sur le flanc nord du plateau de Craonne.  La nature géologique du site permet la superposition de plusieurs nappes d’eau, prises successivement dans les sables de Bracheux, le Cuisien et le Lutétien (n° 4).  Les réserves du Cuisien et du Lutétien inférieur sont les plus importantes et les plus exploitées parmi les terrains tertiaires.  Elles donnent naissance à de nombreuses sources dont beaucoup alimentent par gravité depuis longtemps les villages voisins. Captée par les moines, la nappe du Cuisien repose sur des argiles sparnaciennes qui forment la base de l’aquifère.  Elle peut être nourrie par les terrains supérieurs, notamment ceux du Lutétien inférieur qui constituent un réservoir d’une puissance de 25 à 40 m, doté d’un plancher composé d’argiles de Laon peu épais et même discontinu entre l’Ailette et l’Aisne.  La réserve du Cuisien génère des écoulements dont les débits assez faibles varient entre 0,16 et 2,20 l/s.  Le jaugeage opéré à Bouconvlle-Vauclair, à environ 4 km de l’abbaye, indique 0,5 l/s[6].  Ils coulent toute l’année, leur flux est peu variable et ils ne tarissent que très rarement.

 

Les cisterciens ont donc choisi d’en aménager plusieurs sourdant au sud-est de l’enceinte, à 800 m en amont[7].  Génératrice de courant entre ces sources et l’abbaye, une dénivellation de 15 à 25 m a également pu peser dans la décision.  Il a alors suffi de détourner les ruisseaux qui rejoignaient originellement l’Ailette, comme le fait aujourd’hui S1, vers l’angle sud-est des murs.  Les petits rus coulaient vers le monastère à ciel ouvert, entre deux parois d’argile (n°1).  A l’intérieur de l’enceinte, la déclivité du terrain a guidé le tracé du collecteur principal.  Elle atteint un maximum de 8 m entre l’étang de retenue et la porterie.  Assez forte entre celui-ci et l’aile orientale des bâtiments conventuels, la pente s’adoucit au-delà des lieux réguliers.


 

3. Vauclair, carte géologique et situation de la coupe.

 

 

 

 

4. Vauclair, coupe géologique du site.

 


 

 

La nappe contenue dans le Thanétien sablo-argileux, alimentée par les eaux de pluie et de ruissellement, a aussi été exploitée par les nombreux puits creusés dans l’abbaye.  Cette réserve nourrit très peu de sources, mais s’épanche de manière diffuse en déterminant des zones humides voire marécageuses.  Sa présence à faible profondeur sur le site de Vauclair a même crée des problèmes pour les fondations de certains bâtiments ; ainsi la porterie du XIIIe siècle a-t-elle été élevée sur pilotis.

 

Difficile en conséquence de privilégier une hypothèse plutôt qu’une autre pour justifier les choix des moines.  Il est vraisemblable d’invoquer une combinaison de toutes ces données : un probable habitat à proximité, l’avantage des sources sur la rivière et la déclivité du terrain paraissent devoir expliquer la double originalité de l’implantation du monastère et de son système d’adduction d’eau.

 

 

1.2    L’œuvre des hommes

 

Dès la seconde moitié du XIIe siècle, les religieux construisirent en pierre un monastère qu’ils pensaient définitif, disposé selon le plan ordinairement suivi dans l’ordre de Cîteaux autour d’un cloître central, église au nord, aile des moines à l’est, bâtiment des convers à l’ouest, peut-être chauffoir, cuisine et réfectoire au sud (n°5).  Quelques fondations ont également été décelées vers l’hôtellerie de l’époque suivante.  L’arasement de ces lieux réguliers moins d’un siècle après leur construction par les religieux soucieux de disposer d’une abbaye plus vaste a fait disparaître tous ces bâtiments dont les fondations n’ont été remises au jour que de manière très fragmentaire.

 

Les installations hydrauliques ont subi le même sort et n’on subsisté que par quelques canaux, témoins des premiers travaux réalisés.  Pourtant les fouilles n’ont dégagé aucun système d’alimentation datable du XIIe. Les sources situées au sud-est de l’enceinte étaient-elles déjà utilisées ? Leur eau venait-elle se concentrer dans un étang de retenue ?  C’est possible, mais aucune preuve archéologique ne vient conforter ces hypothèses.  Le fait que la communauté ait essaimé à deux reprises, en 1142 et 1167, indique un effectif nombreux qui, concentré sur un espace réduit, devait susciter des besoins d’adduction d’eau propre et d’évacuation des eaux usées, forcément résolus par des installations appropriées dont, en fin de compte, on ne sait à peu près rien.

 

La campagne du XIIIe siècle vit une large reconstruction des lieux réguliers selon un plan agrandi, mieux adapté à une communauté florissante, et la mise en place de bâtiments d’accueil dans le secteur de la porterie et de l’hôtellerie (n° 5).  De nouveaux aménagements hydrauliques en constituèrent le complément naturel.  L’essentiel des trouvailles concernant l’eau date de cette époque.  On lui attribue les deux entrées percées dans l’angle sud-est du mur d’enceinte et tournées vers les trois sources exploitées (Nos 1 et 2).  Seul subsiste l’accès à l’extrémité orientale du mur sud de S2 et S3 réunies[8].  L’entrée de S1, à la limite méridionale du mur est, n’a pas été retrouvée, sans doute en raison des bombardements particulièrement violents subis par cette zone pendant la première guerre mondiale.  Le passage de S2 et S3 a 1,75 m de haut sur 1,20 m de large.  Des claveaux de pierre dessinent un arc en plein cintre dans sa partie supérieure.  Du sud de la baie part un petit canal maçonné destiné à faciliter le passage de l’eau.  Tourné vers les sources, l’aqueduc non couvert a 1,20 m de largeur et ne s’étend que sur 2,75 m de longueur.  A son extrémité sud, deux gros moellons placés obliquement dirigeaient le flux.

 

A l’intérieur de l’enceinte, les deux ruisseaux coulaient à ciel ouvert et alimentaient un étang de retenue grossièrement triangulaire d’environ 650 m² [9].  Le fond et les bords du réservoir, aujourd’hui hauts de 1,50 à 2 m, étaient formés d’argile.  L’eau exerçait sa poussée dans la pointe ouest de l’étang tournée vers les lieux réguliers.  C’est pourquoi les moines avaient fortifié cette partie comme une digue en maçonnant les parois du bassin qui atteignent là 2 m d’épaisseur à la base (n°13)[10] ; elles mesurent actuellement 3,67 m de hauteur.  Une plate-forme appareillée en quatre assises de 1,30 m en tout solidarise ces parois (n°8).  Le long des parements internes de la digue court un larmier encore bien conservé.  Deux installations visaient enfin au bon fonctionnement du système.  Des poutres de chêne disposées régulièrement au fond de l’étendue d’eau étaient percées d’encoches à intervalles réguliers.  Elles pouvaient ainsi recevoir un ensemble de planches verticales qui formaient un filtre et évitaient au déversoir inférieur d’être bouché par des feuillages ou autres débris.  Et les moellons disposés horizontalement au fond de l’étang étaient destinés à empêcher le courant de pousser les terres dans le collecteur principal.

 


 

 

 

5. Vauclair, plan général des bâtiments et des installations hydrauliques.

 

 

 

La pointe ouest de la digue offrait le passage à deux sorties d’eau (n°8).  L’une d’elles, reposant sur le niveau supérieur de la plate-forme, présentait une section de 0,27 m de côté.  Un mètre plus haut s’ouvrait le second déversoir de 0,29 m sur 0,19 m jouant un rôle de trop-plein.  A travers ces deux ouvertures, l’eau était entraînée dans un bief de 6 m de longueur accusant une pente d’environ 1 m.  Puis, à l’endroit où le liquide tombait dans le collecteur principal, les moines avaient aménagé une chute de plus de 3 m de hauteur dont la force motrice était utilisée par un moulin.  L’ensemble de ces installations est datable du XIIIe siècle par son appareil homogène, comparable à celui des bâtiments réguliers attribués à cette époque.

 

L’existence d’une alimentation contemporaine en eau claire est impliquée par l’étendue des travaux engagés pour l’évacuation des eaux usées ; mais les fouilles menées à l’intérieur de l’abbaye n’ont apporté que peu d’informations sur ce point.  Les quelques tuyaux de céramique découverts en place dans le petit ruisseau nourri par la source S3 à environ 500 m au sud-ouest de l’enceinte permettent d’étayer cette hypothèse (n°1).  Les éléments relevés mesurent 0,53 m de longueur et ont une forme légèrement conique.  La largeur maximale constituée par l’extrémité femelle atteint 11,5 cm, laissant à l’eau un passage de 8,5 cm.  Tournée vers l’abbaye, l’embout mâle présente une largeur totale de 7 cm et un diamètre intérieur de 5,5 cm (n°6).  Ici et là, des traces de mortier apparaissent et laissent supposer la gaine maçonnée d’une conduite sous pression.  Mais il est actuellement impossible de dater ces tuyaux, coupés de tout contexte archéologique ; et leur lien avec les canalisations de céramique découvertes à l’intérieur de l’enclos (n°7) n’est pas établi.  Pour en apprendre davantage sur une probable adduction d’eau potable, il faudrait pratiquer des sondages en aval et en amont des conduits repérés.  Les fouilles réalisées ne permettent pas en tout cas d’en apporter la preuve.

 

Cette deuxième campagne de travaux s’est arrêtée vers le milieux du XIIIe siècle à cause de difficultés financières : l’inachèvement de la nef de l’église et le défaut complet d’aile sud des lieux réguliers en sont la principales manifestations.  L’absence de lavabo dans le cloître traduit aussi cette situation dans les aménagements hydrauliques.

 

Au XIVe siècle, les problèmes s’accrurent. Sous l’abbatiat de Guy de Colligis (1345-1362), les Anglais pillèrent et incendièrent le monastère qui fut réparé par son successeur, Jean Colleret[11].  Des rénovations furent aussi réalisées sous Marin Berthain (1522-1562)[12], peut-être même certaines modifications au réseau hydraulique.  En 1590, quand la communauté refusé d’adhérer à la Ligue, les Laonnois brûlèrent et dévastèrent la ferme de Hurtebise appartenant aux religieux et s’attaquèrent à quelques constructions à l’intérieur des murs de l’abbaye.  Vers 1650 enfin, Vauclair connut les assauts des Espagnols.  C’est probablement pendant ces siècles d’insécurité que la grande entrée d’eau percée à l’extrémité orientale du mur sud fut réduite à un petit passage de 0,35 m sur 0,45 m pour que nul ne puisse pénétrer dans l’enceinte par cette voie.  Cette nouvelle ouverture fut le point de départ d’une canalisation couverte qui se dirigeait vers l’étang sur environ 4 m de longueur.  Au-delà de cet aqueduc, l’eau s’écoulait à la manière d’un simple ruisseau.

 

A partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, Vauclair fut le théâtre d’un certain renouveau révélé par les sources écrites.  Claude de Kersaliou, abbé de 1627 à 1653, inaugura cette période par l’établissement de la stricte observance.  En 1659, le traité des Pyrénées ramena la paix dans la région et Robert Péan (1654-1679) entreprit des travaux de restauration[13]. Il se poursuivirent jusqu’à la Révolution puisqu’existait encore dans le chartrier de l’abbaye inventorié par Matton en 1885 une liasse aujourd’hui perdue de devis de réparations datés des années 1696 à 1789[14].  Cette époque a donc vu des remaniements que les fouilles ont constatés dans les lieux réguliers, l’hôtellerie et le réseau hydraulique.  Il semble qu’on puisse lui attribuer la construction d’un bâtiment dans le prolongement de l’aile des moines, d’un logis pour les hôtes et d’une cave contiguë à la façade occidentale de l’aile des convers (n°5).

 


 

6. Vauclair, tuyau de céramique.

 

 

 

7. Vauclair, conduits en terre cuite.

 


Un nouveau moulin peut être daté de la même époque.  Le collecteur principal fut alors l’objet d’importantes reprises ; des canaux furent désaffectés, d’autres mis en place.  Un talus épaulant la digue par le nord fut rapporté, unique modification connue attribuable au XVIIe siècle concernant le réseau hydraulique.  L’installation d’une nouvelle adduction d’eau potable est cependant probable.  Plusieurs conduits de terre retrouvés à l’intérieur de l’abbaye sont datables d’après le XIIIe ; mais rien ne permet de préciser davantage et beaucoup d’éléments font défaut pour avoir une connaissance globale de ce réseau.

 

Peu avant la Révolution, l’abbaye comptait encore dix-sept religieux[15], et il y a tout lieu de penser qu’elle fut alimentée en eau jusqu’à leur dispersion.  Sur le cadastre de 1811 et la carte topographique établie en 1904, le cheminement des sources et l’étang de retenue sont encore bien visibles (Nos 1 et 2).  Mais les paysans qui occupèrent les lieux ensuite mutilèrent largement le patrimoine cistercien en réemployant les matériaux de l’époque monastique.  Les terribles bombardements de la Grande Guerre achevèrent la ruine de ce qui subsistait encore et notamment de la magnifique aile des convers.

 

En somme, les bouleversements de toutes sortes, destructions répétées et remaniements multiples du site et des bâtiments sont tels que seule une partie du réseau d’adduction d’eau datable du XIIIe siècle et modifié au XVIIe a été révélée par la fouille.

 

 

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II) LES RÉALITÉS DE LA DISTRIBUTION

 

 

2.1 Les installations de stockage

 

Plusieurs puits, des citernes et un puisard disséminés çà et là assuraient le stockage.  Les puits constituent le moyen le plus simple et le plus économique de se procurer de l’eau potable.  Ils ont pu servir alors que le système de distribution n’existait pas encore ou s’il était défaillant.  Sans doute les deux ont-ils été utilisés conjointement.  Les puits P1, P2, P3, P4, P6 et P7 ont été découverts lors des fouilles[16].  Il faut y ajouter P5 qui n’a jamais été enfoui (n°5) et P8, non précisément localisé mais connu par des témoignages oraux.  Tous sont étroitement liés à des bâtiments : P1 et P2 à la porterie, P3 à une bâtisse à l’est de l’église Saint Martin, P4 et P5 aux pressoirs, P6 à l’hôtellerie, P7 à l’infirmerie et P8 aux lieux réguliers.  Chacun répondait donc à un besoin ponctuel en eau pure.  Le diamètre de trois d’entre eux, P1, P2 et P6, est de 0,80 m ; de forme ovale, P7 atteint 1,70 m.  Seule la profondeur de P4, environ 3 m, a été relevée ; elle s’explique par les données géologiques du site.

 

Ces puits ne sont pas tous contemporains : ils se sont succédé au gré des besoins de la communauté.  Le plus ancien, P6, est datable du XIIe siècle et de Vauclair I.  Au XIIIe , la seconde campagne de construction dota le monastère de trois nouveaux puits, P3, P4, P7 et peut-être P1, alors qu’elle désaffecta P6 en élevant un bâtiment sur son orifice.  P2 pourrait avoir été mis en place à la fin de ce siècle ou résulter de travaux consécutifs au raid anglais de 1359.  P5 et P8 ne sont pas datables ; mais P5, jamais remblayé, n’est sans doute pas très ancien.


 

  

                       9. Vauclair, collecteur principal                                                8. Vauclair, pointe intérieure de la digue de l’étang.

 


Pour P1, P4 et P7, l’arrêt de l’utilisation ou le remblaiement survinrent entre 1450 et 1550.   Existe-t-il une relation entre leur désaffectation et la mise en place d’un réseau de distribution d’eau potable ?  Trop d’informations manquent pour répondre.

 

Trois citernes ont été mises au jour, C1 dans le cloître, C2 au sud-est des lieux réguliers et C3 à l’ouest du bâtiment des convers (n°5)[17].  De forme circulaire, C1 et C2 ont respectivement 2 et 4 m de diamètre intérieur.  La première est peu profonde et sa dernière assise repose à 2,30 m de son arase supérieure ; son fond non dallé permettait à l’eau de monter à l’intérieur comme dans un puits.  La profondeur de la deuxième n’a pas été relevée. Les canaux qui alimentaient C1 ont totalement disparu ; seuls leurs accès tournés vers le nord-est et le sud-est sont encore visibles dans la cavité. Ils collectaient peut-être l’eau de pluie ruisselant des toits de l’aile des moines.  Les voies d’eau débouchant sur C2 sont connues sur quelques mètres.  Façonnées en pierre, elles offrent un passage de 0,50 m sur 0,60 m. L’une des canalisations fouillée sur toute sa longueur, présente une extrémité protégée par une grille métallique ; était-ce un drain collectant l’eau stagnant à cet endroit ?  La présence d’un point d’eau dans le cloître est attestée dans la plupart des abbaye cisterciennes.  Il peut s’agir d’un puits ou d’une citerne mais le plus souvent c’est une fontaine abritée sous un pavillon.  Les fouilles n’ont pas révélé l’existence d’un tel lavabo aux abords de l’emplacement habituel du réfectoire[18].  C2 était peut-être utilisée par l’infirmerie qui se trouve à une dizaine de mètres au nord-ouest.  La datation de C1 reste incertaine – XIIIe siècle ? – et C2 peut être attribuée à la fin du XVIe.  La troisième cavité, logée entre le collecteur principal, le canal A et un mur du XIIe, ne doit son interprétation comme citerne qu’à l’accès d’un petit canal dans sa paroi orientale et à son fond dallé.  De forme irrégulière, sa longueur et sa largeur maximales atteignent respectivement 3,30 m et 1,50 m.  Mais sa faible profondeur peut sembler mal compatible avec un emploi de stockage.

 

Une autre cavité, dont les caractéristiques sont assez proches des citernes C1 et C2, a été découverte dans le bras sud du transept de la seconde abbatiale (n°5)[19].  Son rôle de réserve d’eau est peu probable, il s’agirait plutôt d’un puisard.  Ses parements intérieurs maçonnés descendent à 1,80 m de profondeur sur le sol en place.  De forme tronconique, la cavité présente un diamètre interne de 1,36 m au niveau de l’assise de base et seulement 0,70 m à l’entrée.  Deux canaux provenant du nord débouchaient à la hauteur de l’assise supérieure.  L’un en terre cuite a été retrouvé sur un mètre de longueur et l’autre en plomb ne subsistait que sur 1,50 m.  Ce puisard brise une partie des fondations du chevet de la première église et son orifice se trouve au niveau de la circulation du XIIIe siècle.  Ces deux caractéristiques font penser à une installation de cette époque.  On sait que certains rites pratiqués pendant l’office, tels le lavabo ou les ablutions, nécessitent un système d’évacuation d’eau le plus souvent assumé par une piscine.  Ce problème a pu être résolu à Vauclair par le puisard.   Mais il pourrait s’agir également d’un puits creusé pendant a campagne du XIIIe pour fournir l’eau destinée aux constructions et transformé en puisard à la fin des travaux par l’adjonction de deux canalisations.  Là encore, la disparition de l’église prive des informations indispensables.

 

 

2.2 Les systèmes de distribution et d’évacuation

 

Le réseau d’adduction n’est connu que très partiellement.  Des tronçons de terre cuite découverts dans l’abbaye peuvent être interprétés comme des vestiges épars.  Mais aucune constatation archéologique ne permet de raccorder les voies d’eau retrouvées dans l’enceinte à celle mise au jour 500 m au sud-ouest et qui a peut-être approvisionné le monastère.  Des conduites de céramique, nommées TC1, TC2… TC8, ont été relevées dans tous les secteurs de l’enclos, sauf aux abords de la porterie (nos 5 et 7)[20].  Ainsi dans la zone du moulin du XVIIe siècle circulent TC1, orientée nord-est/sud-ouest, et TC2 sur un axe est-ouest (n° 13).  A l’ouest de cet atelier, TC3 traverse d’est en ouest un des bacs interprétés comme éléments d’une tannerie.  TC4 est le seul canal de terre cuite repéré dans les lieux réguliers ; orienté sud-est/nord-ouest, il court dans la partie occidentale de la première abbatiale.  C’est dans le secteur de l’hôtellerie que les vestiges de ces canalisations sont les plus importants.  Ainsi TC5 traverse-t-il selon un axe nord-est/sud-ouest deux bâtiments destinés aux hôtes et interrompt-il le cours du canal P avant de rejoindre le puits P4.  On ignore si le tronçon qui se prolonge vers le nord-ouest à partir de P4 est la suite de TC5.  TC6 converge vers TC5 en coupant l’angle nord-est du bâtiment des hôtes élevé au XVIIe siècle.  Se dirigeant comme TC5 selon un axe nord-est/sud-ouest, TC7 traverse l’un des bâtiment de l’hôtellerie et se heurte au mur cernant les pressoirs. Au sud-est du vivier, TC8 a, semble-t-il, détruit l’extrémité nord-est du canal de pierre S.  Les rapports de fouilles évoquent très rapidement deux autres conduits, au nord des lieux réguliers et sous le colombier.

 

 

10. Vauclair, collecteur principal et canaux X et E, coupe sud-nord.

 

 

On constate aisément la difficulté de toute classification de ces conduites à cause de découvertes trop disparates sur le terrain et de descriptions trop laconiques dans les rapports.  On peut néanmoins distinguer deux types de tuyaux techniquement différents. Ainsi, certaines canalisations sont-elles enrobées de mortier, comme TC4 et TC7.  Cette mesure garantissait l’étanchéité, indispensable pour une conduite sous pression.  TC1, TC2, TC5 et TC6 ne sont pas pourvues d’un tel enrobage et leurs tuyaux sont nus.  Les quelques dimension relevées indiquent d’autre part des modules variables.  Les éléments de TC5 ont 0,33 m de long et 3,5 cm de diamètre intérieur ; ceux de TC7 atteignent 0,56 m et 7 cm.  Ces mesures sont assez comparables à celle de la conduite située hors de l’enceinte.  Beaucoup plus réduits, les tuyaux de TC2 avaient une longueur de 0,15m et une section de 5 cm. Les rares photographies de ces canalisations montrent que les joints reliant les éléments ne sont pas identiques.  On ignore si ces types variables ont été utilisés en même temps ou marquent des époques différentes.  L’absence quasi-totale dans les rapports de descriptions de ces joints et des structures rencontrées ne permet que très rarement de déboucher sur des datations.  Ainsi seuls TC1 et TC2, qui paraissent contemporains de l’établissement du second moulin, sont-ils attribuables au XVIIe siècle.  De même, la fonction de ces canaux et le sens de circulation de l’eau ne peuvent pas être restitués.  Seul le sens d’emboîtement de TC2, photographié, montre que l’eau y coulait d’est en ouest.  La façon dont l’eau était disponible dans les bâtiments échappe complètement. Aucun système de vasque ni de robinetterie n’a été repéré lors des fouilles, si ce n’est un petit robinet exposé actuellement dans le musée mais qui semble plus adapté à un tonneau qu’à une conduite.

 

Les mêmes difficultés de datation et d’interprétation concernent la plupart des canaux de pierres rele­vés, témoignant de la densité du réseau hydraulique de Vauclair (n° 5). Le plus souvent couvertes de dalles de pierre, ces voies d’eau ont une largeur intérieure moyenne d’une vingtaine de centimètres.  Ainsi les fouilles n’ont-elles pas pu établir de lien entre les caniveaux G et H qui prennent naissance dans l’angle nord-est du moulin et le collecteur principal ou le canal F circulant à quelques mètres (n° 13). Contemporains du moulin, G et H appartiennent à la seconde moitié du XVIIe siècle[21]. Dans le secteur des tanneries, subsiste un mur le long duquel court le petit canal I datable du XIIIe par son appareil[22].  Dans l’hypothèse où le mur appar­tiendrait à un bâtiment, I était-il destiné à recevoir les eaux pluviales ?  Était-ce un égout ?  Dans les lieux réguliers, six portions de canaux ont été dégagées : J, K, L, M, N se trouvent au sud du cloître et O circule dans la partie ouest de la première abbatiale[23].  Façonnées en pierre selon des techniques inégales, aucun d’eux n’a pu être interprété. J, K et L sont datables du XIIe siècle et O semble postérieur au XIIIe. Vers l’hôtellerie, P et Q, datables des campagnes des XIIe-XIIIe, longent selon un axe grossièrement nord-sud les murs des deux bâtiments[24].  Avaient-ils le même type d’utilisation applicable à I ? La trajectoire de P a été interrompue par la mise en place de la canalisation de céramique TC5.  L’embouchure de R est encore visible et sa pente accusée vers le collecteur principal indique que l’on est en présence d’un égout; sa datation n’est pas établie.  Un peu plus à l’ouest existent aussi S, T et W[25].  S paraît avoir été amputé vers le nord-est par la voie d’eau TC8.  Au sud de la porterie, le canal de pierre W recouvert de dalles calcaires a été successive­ment brisé par le collecteur principal, par E puis par Y. De ces trois canaux, aucun ne peut déboucher sur une interprétation et seuls T et W sont datables du XIIe siècle. A quelques mètres à l’est des pressoirs, U et sa dérivation sont maçonnés en brique[26].  Cette caractéristique pourrait indiquer une mise en place tardive mais leur datation n’est pas assurée et leur rôle n’a pas pu être restitué. Les deux questions restent également sans réponse pour V qui se trouve au sud des installations artisanales.


 

11. Vauclair, évolution des installations hydrauliques aux XIIe et XIIIe siècles.

 

 

 

12. Vauclair, modifications des installations hydrauliques après le XIIIe siècle.

 

 

 

Le caractère fragmentaire des vestiges, les difficultés de datation et les imprécisions des relevés ren­dent aussi délicate toute tentative de restitution du réseau d’évacuation. Dès le XIIIe siècle, il s’organise autour d’un collecteur qui débute au bas de la chute d’eau installée sur l’étang (n° 11)[27]. Il traverse l’abbaye selon un axe grossièrement est-ouest en longeant les bâtiments par le sud, puis il franchit l’enceinte au sud-ouest de la porterie et rejoint l’Ailette sous la forme d’un simple ruisseau, comme le montrent les car­tes anciennes (nos 1 et 2).  Dans les lieux réguliers, il aboutit à la salle des moines dont il traverse les goutte­reaux est et ouest mais sans aucune trace à l’intérieur. Ce bâtiment a été dégagé avant les travaux du Groupe Sources et le sol actuel n’est manifestement pas celui d’origine. Le collecteur circule au sud du cloître et s’adosse au contrefort de l’angle sud-ouest de l’aile des convers.  Il n’est donc pas parallèle au pignon méri­dional des deux ailes occidentale et orientale, comme dans la plupart des abbayes cisterciennes.  Au sud, il longe le secteur de l’hôtellerie.  Au-delà du vivier, ses matériaux ont été enlevés probablement par les occu­pants des lieux entre 1792 et 1914.  Vers la porterie, ce collecteur ne subsiste plus que par sa paroi sud sur laquelle s’adosse plus loin le canal X d’évacuation du vivier (n° 10).  D’une largeur totale variant de 2,30 m à 2,60 m, le canal réserve à l’eau un passage moyen de 0,75 à 1 m de large, et 0,85 à 1,10 m de haut (n° 9). Flanqués d’un blocage, les parements de pierre taillée présentent à plusieurs reprises un profil incliné. De lar­ges dalles de calcaire ou de grès constituent le fond du conduit recouvert de pierres plates.

 

Les dérivations connues du collecteur principal, datables du XIIIe siècle, se trouvent toutes dans la moitié occidentale de l’enceinte; elles viennent toujours du nord (n° 11). Ainsi le canal A débute devant la façade du bâtiment des convers[28].  Son dernier tronçon visible est à quelques mètres à l’ouest du vivier; en aval, les fouilles ne l’ont plus repéré. Orienté sud-est/nord-ouest, il suit le parcours du collecteur auquel il est à peu près parallèle.  Le rejoignait-il au-delà du vivier ?  A offre un passage à l’eau de 0,50/0,60m de largeur pris entre deux parements rectilignes flanqués de blocage. Son fond est dallé et les pierres plates qui le recou­vraient à l’origine ont disparu presque partout.  Contemporain et si proche de l’égout, A n’a logiquement pas la même fonction.  Pourtant un petit déversoir ménagé dans sa paroi nord au sud-est du vivier est le témoin de son utilisation en tant que collecteur.  Il avait peut-être un rôle dans l’alimentation du bassin mais il n’aboutit pas à l’intérieur.  Ce secteur a connu beaucoup de bouleversements et une dérivation entre A et la réserve de poissons, invisible de nos jours, a pu exister autrefois.

 

Trois autres dérivations de moindre importance ont été dégagées. Le canal B orienté est-ouest enjambe A pour aboutir dans la paroi nord du collecteur[29].  Façonné en pierre, il offre à l’eau une section intérieure de 0,47 m de haut sur 0,21/0,23 m de large.  Son point de départ n’est pas connu : provient-il de la zone des pressoirs ou d’un bâtiment des hôtes ? Orienté nord-est/sud-ouest, le canal D est situé au sud du quartier des hôtes[30]. Il n’excède pas 0,15 m de côté à l’intérieur et n’était pas couvert.  Il enjambe le canal A et se pour­suit vers le sud-ouest, mais sa jonction très probable avec le collecteur n’a pas été dégagée.  Son point de départ n’a pas été fouillé; il se trouve logiquement dans le quartier des hôtes.  Le bâtiment édifié sur le canal D à une époque ultérieure a brisé son tracé vers le nord-est.  E, qui est étroitement lié au pignon méridional de la porterie du XIIIe, permettait probablement l’évacuation des eaux usées de ce bâtiment, mais sa jonction avec le collecteur est masquée vers le sud-est par le canal X d’évacuation du vivier et vers le nord-ouest par une cave, tous deux postérieurs[31].  Couvert de dalles plates, il mesurait environ 0,60 m de large à l’inté­rieur.  A ces quelques dérivations, il convient d’ajouter un petit déversoir aménagé dans la paroi sud du collec­teur à la hauteur de l’embranchement de A, qui permettait d’y précipiter directement les eaux usées.

 

A la fin du XVIe ou au XVIIe siècle, le collecteur fut l’objet de réparations, prouvées par l’usage de briques ou de moellons divers dans les parements droits et la pose de dalles plates dans le tronçon contigu au moulin. A l’est de la salle des moines, un mur coupe le collecteur désaffecté et remplacé par un autre au tracé ondulant (n°12). Celui-ci est couvert de bases de fenêtres et d’arcatures des XIIe et XIIIe siècles récupérées lors des réparations du XVIIe.  En aval du vivier, le collecteur est également désaffecté; le canal X d’évacua­tion du bassin s’adosse contre son flanc sud, seul conservé[32].  Il a pu dès lors prendre le relais pour ache­miner les eaux usées jusqu’à l’enceinte, mais à l’endroit où une jonction avec lui aurait pu exister une citerne tardive a été installée.  A-t-elle masqué des aménagements antérieurs ?  X, qui prend naissance dans la paroi ouest du vivier, n’est pas dégagé sur toute sa longueur, mais comme il suit le tracé du collecteur à l’ouest de la porterie, il est probable qu’il se dirigeait vers la sortie aménagée au XIIIe.  C’est le seul canal voûté retrouvé dans l’abbaye.  Cette technique a d’ailleurs nécessité le soutien d’un muret élevé le long de son flanc nord (n° 10) et, vers le sud, l’appui de la paroi méridionale du collecteur.  La hauteur intérieure de X varie de 0,70/0,80 à 1,40 m.  Il réservait à l’eau un passage de 0,40 à 0,50 m de large.  Ultérieurement, l’obturation de son accès dans le bassin a mis fin à son rôle d’évacuation du vivier, mais le canal a pu continuer son office de collec­teur.  X est datable de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle.

 

En amont du vivier, le fonctionnement du collecteur est attesté par l’installation de nouvelles dériva­tions.  Ainsi dans le moulin du XVIIe, F se déverse dans le canal principal[33].  Il n’est pas connu sur toute sa longueur et son rôle n’est pas élucidé.  Le caniveau C, orienté nord-est/sud-ouest, circule au sud de l’hôtelle­rie[34].  Il n’a pas été fouillé intégralement mais vers le nord son déversoir où l’on jetait l’eau est en bon état de conservation.  C traversait A en le désaffectant et se dirigeait vers le cours du collecteur.  La jonction entre les deux voies d’eau n’a pas été dégagée mais elle est probable.  Ce petit canal d’une capacité intérieure de 530 cm3 était peut-être utilisé par la cuisine de l’hôtellerie.  Ces nouvelles installations ont entraîné l’abandon de canaux anciens.  Ainsi l’embranchement canal A-collecteur fut-il bouché à la fin du XVIe par un amas de pierres ou au début du XVIIe par le matériel des remblais.  Cela pose le problème, non résolu, de l’alimenta­tion du vivier à partir de ce moment-là.  Un bâtiment élevé sur le canal D interrompt son cours vers le nord­-est mais la construction a peut-être continué à l’utiliser pour elle seule.  Lié à la porterie, E est coupé vers le sud-est par X et vers le nord-ouest par une cave.  Ce collecteur est remplacé par Y qui part du pignon sud de la porterie pour se déverser dans le canal[35]; il présente une section intérieure large de 0,51 m et haute de 0,38 m. La dérivation B du XIIIe siècle ne semble pas affectée par ces remaniements et fonctionnait peut-être encore à cette époque.

 

 

*

 

 

III) LA VARIÉTÉ DES UTILISATIONS

 

 

 3.1. L’utilisation au quotidien

 

Elle est très mal connue. Ainsi au XIIe, seuls K et L desservaient peut-être les cuisines et le réfectoire (n° 11).  La méconnaissance des installations du siècle suivant est aussi grande puisque les cuisines n’ont même pas été retrouvées.  L’égout principal traverse bien cette zone mais ses relations avec l’extrémité sud présumée du premier bâtiment des convers et de la cuisine des moines, peut-être installée au XIIIe dans la partie la plus méridionale du second bâtiment des frères[36], ne sont pas décrites précisément dans les rap­ports de fouilles.  Les recherches n’ont pas permis de découvrir d’autres canaux ni aucune canalisation en céramique ni même de puits attribuables à cette époque dans ce secteur.  On ignore totalement comment les moines se procuraient l’eau propre nécessaire.  La cuisine des hôtes est longée par un petit canal ayant sans doute la fonction de collecteur; l’hôtelier puisait peut-être l’eau dans le puits P4.

 

Les travaux postérieurs apportent quand même quelques informations. Dans les lieux réguliers, les religieux utilisaient probablement l’eau de la citerne C1 et du puits P8 (n° 11).  La petite canalisation de terre cuite TC4, non datée et repérée dans la partie ouest de la première église, jouait-elle un rôle dans l’adduction d’eau claire ?  Le collecteur C était sans doute employé pour l’évacuation des eaux usées de la cuisine des hôtes, mais celle-ci était-elle desservie par la conduite de céramique TC5 ?  Utilisait-elle le puits P5 situé vers les pressoirs ?

 

 

Cette méconnaissance générale de l’utilisation quotidienne de l’eau est encore accrue par le fait qu’aucune fondation de lavabo n’a été retrouvée.  Les fouilles ont même conclu à son inexistence.  Quand on sait la fonction distributrice essentielle souvent jouée par cet édifice, on devine mieux les problèmes hydrau­liques posés par Vauclair.

 

 

Comme celui des latrines avant le XVIIe siècle, par exemple.  Les conditions nécessaires à leur instal­lation dès le XIIIe semblent réunies : le collecteur principal possède une section intérieure suffisante de 0,75 à 1 m de large pour 0,85 à 1,10 m de haut et il bénéficie d’un courant assez fort grâce à la pente naturelle du site.  Pourtant les fouilles réalisées aux extrémités de l’aile des moines et du bâtiment des convers du XIIIe siècle n’ont rien révélé.  D’ailleurs, le collecteur ne longe pas, comme il eût été normal, le pignon sud de l’aile des religieux mais passe dessous.  Les latrines n’ont pas non plus été retrouvées entre les deux bâtiments, mais il est vrai qu’en aval et en amont le collecteur n’a pas été mis au jour.  Trois fosses, datables des XIIe-XIIIe siècles et situées au nord-ouest de l’enceinte aux abords de l’église Saint-Martin, ont pu être des latrines; mais la distance qui les sépare des lieux réguliers oblige à ne pas y voir les aisances ordinaires des moines.

 

 

Dans la seconde moitié du XVIIe, un bâtiment peut-être destiné à servir de salle de travail fut édifié dans le prolongement de l’aile des moines (n° 11).  Dès lors, la pièce qui avait précédemment cette fonction a pu abriter des latrines dès cette époque, d’autant que le collecteur la traverse de part en part.  Cette hypothèse n’a pas pu être confirmée puisque ce bâtiment a été fouillé avant 1966 et que ses dispositions intérieures actuelles ne sont manifestement pas d’origine.

 

 

Autres interrogations avec le vivier retrouvé entre l’hôtellerie et la porterie (n° 5)[37].  Il se présente sous la forme d’un rectangle d’axe nord-nord-est/sud-sud-ouest.  Le côté sud fouillé sur toute sa longueur mesure 15,50 m.  Dégagée sur 25 m, la paroi orientale n’est que partiellement connue, comme son vis-à-vis ; les angles nord-est et nord-ouest n’ont pas pu être situés.  L’état de conservation est variable.  Le plus souvent, il s’agit d’un massif de maçonnerie de 1,25 m de large, composé d’un parement intérieur régulier flanqué d’un blocage.  Le fond du bassin est tapissé de dalles calcaires à environ 1,40 m de profondeur par rapport aux côtés en place.  Plusieurs niveaux successifs d’argile, de cailloutis et de sable posés sous le dallage assuraient horizontalité et étanchéité.  Les parois de l’angle sud-est n’ont que 0,50 à 0,60 m de large, celles du sud-ouest atteignent 2 m.  Cette particularité s’explique sans doute par la présence du canal X provenant de l’ouest et qui aboutit de ce côté. I l semble avoir eu la fonction de trop-plein du bassin.  Le petit déversoir permettant cet écoulement devait se situer dans la partie supérieure disparue du parement.  A une date postérieure, le passage entre le vivier et le collecteur a été obturé.  X étant daté fin XVIe ou XVIIe siècle, il faut supposer l’existence antérieure d’un autre trop-plein.  La datation du bassin n’est pas entièrement assurée, mais l’absence de tout matériau de réemploi dans ses murs laisse supposer une édification lors de la grande campagne de construc­tion du XIIIe.  L’eau provenait sans doute du sud du vivier où circulaient les principales canalisations alimen­tées par l’étang.  Mais les fouilles de cette zone très bouleversée après 1792 n’ont pas révélé la présence d’un système d’adduction.  Aucune arrivée de voie d’eau dans les parois du bassin n’a été retrouvée, mais certaines parties très endommagées ont rendu les recherches incomplètes.  Une des hypothèses les plus plausibles, non confirmée par les fouilles, consiste à supposer une dérivation du canal A desservant le vivier, disposition cependant caduque dès le moment où A ne fonctionna plus.

 

 

A environ 12 m à l’est du bassin se trouve une petite glacière qui bénéficiait indirectement de l’ali­mentation en eau de l’abbaye[38].  L’hiver venu, il fallait prélever de la glace sur la surface du vivier afin de la conserver le plus longtemps possible à la belle saison.  La proximité des deux installations apparaît ainsi très fonctionnelle.  C’est une cavité circulaire d’environ 2,30 m de diamètre intérieur et profonde de presque 2 m.  La première assise repose sur le sol en place, un sable gris très fin.  Elle est cernée d’épaisses parois maçonnées dont la largeur varie de 0,80 à 1 m.  Dans la partie orientale, la mieux conservée, quelques pierres en décrochement constituent le seul témoignage d’une couverture voûtée disparue.  Des fondations qui s’éten­dent vers l’ouest pourraient être celles d’un couloir d’accès mais l’enlèvement des matériaux brouille les recherches.  Ses caractères techniques permettent de l’attribuer au XIIIe siècle.  L’homogénéité de l’abondant matériel retrouvé dans la partie inférieure laisse penser que le dépôt réalisé en une seule fois ou en peu de temps est datable de la première moitié du XVIe.  Mais l’époque de destruction de la voûte, logiquement anté­rieure, n’a pas pu être précisée par la fouille.

 

 

3.2. L’utilisation artisanale

 

De chaque côté du collecteur et de la chute d’eau aménagée au bas du déversoir subsistent des vesti­ges de moulins plus ou moins bien conservés, datables des XIIIe et XVIIe siècles (n° 13)[39]. Des substruc­tions du XIIIe ont été repérées au sud du bief.  Il s’agit d’un simple mur et d’un peu de matériel, difficiles à interpréter.  Au nord du collecteur existent deux murs connus sur une longueur d’environ 12 m, l’un parallèle et l’autre perpendiculaire à la voie d’eau.  Une ample cheminée, située quelques mètres à l’est du premier mur et au nord du bief, n’a été fouillée que partiellement.  La surface de feu, recouverte de tuileaux disposés de chant, trahit une période d’utilisation très brève.  L’époque de construction révélée par les techniques mises en œuvre peut être fixée au XIIIe siècle. Le mobilier recueilli sur cette zone date la destruction, vers la première moitié du XIVe.  Les liaisons avec le canal permettent d’inclure ces vestiges dans le contexte artisanal de l’étang, mais aucune constatation archéologique n’autorise à interpréter ce bâtiment.  Pourtant au pied d’une digue et d’une chute d’eau, on voit mal une autre installation qu’un moulin ou un atelier. La partie sud-est a ensuite été enfouie sous un épais talus de terre étayant la digue, mis en place dans la seconde moitié du XVIIe siècle.

 

Les deux bâtiments A et B découverts au sud de la digue remontent à cette époque. Ils sont construits sur le même axe que le collecteur général.  Distant d’une dizaine de mètres du canal, B n’a pas été complète­ment fouillé.  Ses dimensions, 7,80 x 5,20 m, sont assez réduites.  Faut-il y voir une dépendance de l’atelier A ?  Plus vaste, environ 14 x 9 m, celui-ci est étroitement lié au collecteur et s’adosse à sa paroi sud.  L’endroit où le déversoir s’interrompt pour faire place à la chute d’eau est aligné sur son mur oriental ; et le canal cou­lant à ciel ouvert sur toute la longueur de A n’est recouvert de dalles plates qu’à la hauteur de son mur occi­dental.

 

A est divisé en deux pièces.  On accède à la première située à l’ouest par un corridor plaqué contre le mur sud.  Une cavité carrée de 2 m de côté, profonde de 2,65 m et adjacente au bief, a été aménagée dans son angle nord-est.  Il est probable que ce renfoncement a logé une roue dentée mue par un arbre de transmission, lui-même actionné par la roue à aubes d’un moulin.  L’axe central nord-sud de la cavité se trouve à 3 m de la chute d’eau, distance normale pour laisser place à la moitié d’une roue à aubes.  La chute de plus de 3 m laisse envisager une roue en dessus.  Cette interprétation est étayée par la découverte d’un marteau à rhabiller les meules dont la présence s’expliquerait mal en dehors d’un moulin.  Trois conduites d’eau ont été retrou­vées dans la salle 1.  La canalisation de terre cuite TC1 circule dans l’angle sud-est de la pièce.  Les canaux de pierre G et H prennent naissance sur les bords de la cavité carrée.  G présentait à la fouille un déversoir rec­tangulaire pratiqué dans une base de fenêtre réemployée attestant son rôle de collecteur.  H se prolonge dans la salle 2 qui, délimitée par un mur de refend peu large, occupe un espace de 5,50 x 5 m dans l’angle nord­-ouest du bâtiment.  F, qui traverse cette pièce selon un axe à peu près nord-sud, n’est pas connu sur toute sa longueur; vers le nord, il se déverse dans le collecteur général.  Comme pour H, il semble impossible d’en donner une interprétation précise.  Ces canaux indiquent néanmoins que les activités artisanales du moulin nécessitaient de grandes quantités d’eau.  La salle 2 comptait également trois foyers dont l’utilisation est dif­ficile à restituer.  Servaient-ils à réchauffer les pains d’huile ?


 

13.  Vauclair, plan du secteur du moulin.

 


 

L’abbaye possédait en outre quatre moulins hors enceinte. L’un était mu par le vent sur la crête du Chemin des Dames, les autres par l’eau sur l’Ailette au lieu-dit la Vallée-Foulon.  Ceux-ci ont pu être en ser­vice entre les XIVe et XVIIe siècles, quand le monastère était privé d’installations à l’intérieur de ses murs.

 

Dom Guyton mentionne dans son Voyage littéraire[40] l’existence à Vauclair de deux pressoirs.  Les fouilles les ont mis au jour à l’intérieur d’une salle délimitée vers l’ouest par un mur prenant appui sur la façade occidentale de l’aile des convers (n° 5)[41].  Longue de 14 m et large de 5, cette cave abritait dans sa partie nord un petit pressoir à deux bras verticaux et dans sa partie sud un autre à quatre axes verticaux.  Le blocage de ces installations constitué de poutres massives entrecroisées et la base des axes ont été retrouvés.  Ces engins étaient très probablement destinés à presser les vendanges comme le confirme la proximité du cel­lier.  Le matériel découvert entre les poutres de bois date l’installation de la seconde moitié du XVIIe siècle, mais le mur périphérique remonte au XIIIe et laisse penser que ces aménagements en ont remplacé d’autres plus anciens.  Les relations entre ces ateliers et l’eau est manifeste puisque dans cette zone se trouvent deux puits, P4 et P5, et plusieurs canaux, U, V et TC5.  Ces vestiges ne permettent pourtant pas de savoir comment l’eau était utilisée.

 

Enfin, trois cavités empierrées et groupées au sud-est de la salle des moines pourraient appartenir à un atelier de tannerie (n° 5)[42].  Elles sont orientées selon un axe nord-ouest/sud-est.  T1 mesure 1,50 x 1,75 m; son fond non dallé repose à 2,10 de profondeur.  T2 a 2,75 m de large et son long côté est conservé sur 6 m; sa base non dallée ne s’enfonce qu’à 1,75 m à partir de ses assises supérieures encore en place.  Seule la partie méridionale de T3 a été repérée.  Elle présente un appareil assez soigné, comme T2.  Son fond était encombré par une couche compacte de cornes de bovidés.  Le même genre de déchets a été recueilli dans les remblais de T1, T2 et à leurs abords.  L’activité de tannerie exige pourtant de grandes quantités d’eau, mais aucune arrivée directe dans les parois des bacs n’a été décelée ni aucune relation avec le collecteur principal environ 30 m plus au nord.  On est réduit aux mêmes incertitudes pour dater ces installations.  Seule T1 peut être attribuée au XIIe siècle par les caractéristiques de son appareil très grossier.  T2 et T3, détruites en partie par la citerne C2 et ses canaux, sont antérieures au XVIIe.

 

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*   *

 

Les fouilles conduites à Vauclair ont apporté de multiples informations permettant une découverte à peu près entièrement nouvelle de l’hydraulique de ce site cistercien.  Mais la disparition de trop de vestiges et le défaut de datation de nombreux autres empêchent d’avoir une vision aussi complète et exacte qu’on aurait pu le souhaiter.  Plus que dans son bilan, c’est dans le type d’aménagement général que réside véritablement la particularité de la maîtrise de l’eau dans cette abbaye.

 

Faute de données suffisantes et précises, à cause de la démolition volontaire du premier monastère, le système hydraulique du XIIe siècle est pour ainsi dire complètement ignoré.  Les grandes lignes de celui du XIIIe sont connues.  Les moines mettent alors à profit trois sources jaillissant au pied du Chemin des Dames, à 800 m du monastère pour alimenter un étang à la digue encore conservée.  Par une chute de plus de 3 m actionnant un moulin, l’eau est précipitée dans un collecteur principal traversant l’abbaye selon un axe est­-ouest en longeant les bâtiments par le sud; suivant la pente naturelle, il rejoint ensuite l’Ailette après avoir franchi le mur d’enceinte près de la porterie.  Plusieurs dérivations et canaux ont été mis au jour mais la preuve de leur raccordement avec le collecteur n’ayant pas été rapportée, l’existence même d’un réseau de distribution n’est pas assurée à cette époque. Ont également été retrouvés plusieurs puits, un puisard, une gla­cière, des pressoirs, un vivier, peut-être un atelier de tannerie; mais l’emplacement des latrines reste inconnu.  Les troubles des XIVe, XVe et XVIe siècles entraînent la destruction du moulin situé sous l’étang, le remblaiement de trois puits et de la glacière, l’obturation partielle de l’entrée principale du réseau.  Mais l’hypothèse de la mise en place d’une adduction générale d’eau potable à la faveur d’une période de répit n’est pas à exclure.  De fait, les preuves de reprises datables de la fin du XVIe et de la seconde moitié du XVIIe siècle sont nombreuses : le collecteur principal est désaffecté en aval du vivier, en partie réparé en amont, de nouveaux canaux, des citernes et des pressoirs sont installés, un nouveau moulin construit près de l’étang.  L’essentiel restera en service jusqu’à la Grande Guerre. Souvent trop floues et sans réelles révéla­tions, cette chronologie et ces informations sont somme toute assez banales.

 

 

En fait, l’originalité hydraulique des moines de Vauclair est de ne pas avoir suivi le canevas cistercien ordinaire pour les monastères situés dans une vallée plane avec installation proche du cours d’eau voisin et simple dérivation utilitaire.  Ils ont préféré en l’espèce appliquer un autre système cistercien, celui des têtes de vallon avec captage de sources et création d’un étang de retenue.  La ou les raisons de ce choix fondamental quelque peu surprenant restent hypothétiques et il n’est guère probable qu’il soit un jour ou l’autre répondu à cette question.

 

 

En résumé, l’importance de l’abbaye, l’ampleur du périmètre fouillé et la durée peu ordinaire du chantier laissaient espérer de plus larges découvertes en matière d’hydraulique cistercienne. Contrairement à d’autres sujets, Vauclair se révèle décevant sur ce point.

 

 

 

 

Thérèse PREUX

 

 

 

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[1] Com. Bouconville-Vauclair, can. Craonne, dép. Aisne.

[2] Preux (T.), La maîtrise hydraulique des cisterciens, le cas de l’abbaye de Vauclair, Lille III, maîtrise, 1989, 164 p. ms., ill.

[3] « … altare de Curtmemblain quæ nunc Vallis Clara nuncupatur… », selon le cartulaire de Vauclair, Bibl. nat., ms. latin, 11073, fol. 1.

[4] Jaugeages effectués par la S.R.A.E.-Picardie sur l’Ailette à Chamouille en 1974 et 1975 : Caous (J.-Y.), Comon (D.), Données géologiques et hydrogéologiques acquises à la date du 31 décembre 1975 sur le territoire des feuilles topographiques Craonne-107 et Asfeld-108 (Aisne), B.R.G.M., 1976.

[5] 90 m est l’altitude maximale dans les lieux réguliers ; elle est de 95 m près de l’étang.

[6] Caous, Données…, tableau 18.1

[7] L’aménagement de l’une d’elles subsiste encore. L’endroit où jaillit S3 est en effet couvert d’une voûte de pierre non datée à ce jour.

[8] Rapport annuel des fouilles de l’abbaye de Vauclair, circonscription de Picardie, département de l’Aisne, commune Bouconville-Vauclair, année 1978, Direction régionale des antiquités préhistoriques et historiques de Picardie, Amiens.  Les autres rapports annuels cités ci-dessous peuvent également être consultés à la Sous-direction de l’archéologie, Paris.

[9] Rapport annuel… 1978.

[10] Rapports annuels… 1978, 1983.

[11] Gallia Christiana, t. IX, col. 635 : «  Johannes Colleret totus incubuit reparandis ædificiorum et prædiorum ruinis quæ Anglis sub decessore suo vastaverant ».

[12] Ib. : « Marinus Berthain, factus abbas anno 1522, basilicum auxit anno 1540 et locos regularia reparavit ».

[13] Ib., col. 636 « Robert Péan… abbatiam suam bellis civilibus attritam, ut primum potuit, reparavit, extinctus anno 1679 ».

[14] Matton (A.), Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790, Aisne, archives civiles, Laon, 1885, t. II, p. 39.

[15] Analecta cisterciensia, 1968,t. XXIV, p. 86-118.

[16] Rapports annuels…  1966, 1969 à 1974.

[17] Rapports annuels…  1966, 1975, 1984.

[18] Les fouilles ont conclu à l’inexistence d’une aile sud à son emplacement habituel dès le XIIIe siècle.

[19] Rapport annuel… 1966.

[20] Rapports annuels… 1972, 1975, 1978, 1980, 1986.

[21] Rapport annuel... 1978.

[22] Rapports annuels... 1975, 1976.

[23] Rapports annuels... 1968, 1974.

[24] Rapports annuels... 1972, 1973.

[25] Rapports annuels... 1980 à 1982.

[26] Rapport annuel... 1974.

[27] Rapports annuels... 1974, 1978, 1980 à 1982, 1984, 1985, 1988.

[28] Rapports annuels... 1980, 1981, 1984 à 1988.

[29] Rapport annuel... 1984.

[30] Rapport annuel... 1987.

[31] Rapports annuels... 1971, 1981, 1982.

[32] Rapports annuels... 1981, 1982

[33] Rapport annuel... 1978.

[34] Rapports annuels… 1986, 1987.

[35] Rapport annuel... 1982.

[36] Courtois (R.) et Groupe Sources, "Quinze ans de fouilles à l'abbaye de Vauclair, bilan provisoire (1966-1981)", Mélanges... Anselme Dimier, art. n° 212, t. III, vol. 5, Pupillin, 1982, avancent cette hypothèse p. 327.

[37] Rapports annuels…  1972, 1980, 1981.

[38] Rapports annuels… 1972.

[39] Rapports annuels… 1978, 1979, 1983.

[40] Dom Guyton, "Voyage littéraire…", Revue de Champagne et de Brie, 1877, t. II, p. 273-278 : "Les deux pressoirs sont parmi les plus beaux...".

[41] Rapport annuel... 1974.

[42] Rapports annuels... 1975, 1976.