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UNE DESTINÉE NOUVELLE

Peut-on imaginer ce que fut, au Chemin des Dames, le premier instant qui suivit la dernière explosion et l'ultime coup de feu ? Restait-il à ce moment un seul oiseau pour pépier timidement ou un brin de verdure pour frémir de joie ? Peu de régions de France se retrouvèrent aussi radicalement ravagées.  C'est un vrai paysage lunaire que vont découvrir les pre­miers habitants revenus plus une maison, plus de che­mins, plus de champs Rien que des trous d'obus encore fumants, au milieu des barbelés tordus ! Et par­tout, comme une sinistre brume invisible, cette odeur d'ypérite qui subsistera longtemps.

 

Ce n'est pas le lieu de décrire ici la tragédie de ces merveilleux villages du Chemin des Dames aux si jolis noms : Chermizy, Ailles, Chamouille, Neuville... beau­coup seront rayés de la carte, tels Ailles, La Vallée­Foulon, Courtecon, Chevreux, etc.  D'autres seront reconstruits ailleurs comme Cerny ou Craonne. Il serait d'une élémentaire justice d'évoquer un jour, dans le détail, le calvaire de leurs habitants durant la guerre 1914-1918 et, la paix revenue, leur dure condition de vie dans des abris provisoires.

C'est à eux, à eux tous et à leur inlassable labeur, que nous devons ce miracle : avoir patiemment effacé toutes les blessures du terrible conflit pour refaire du Chemin des Dames un merveilleux coin de France tout empreint de beautés naturelles et d'harmonie. Un coin de France auquel on offre aujourd'hui la chance d'une destinée nouvelle. Cet éternel lieu d'affrontement est appelé à devenir un lieu de paix et de souvenir *, un lieu ouvert à toute l'Europe d'aujourd'hui où l'on apprend que si l'on veut promouvoir la paix du futur, il ne faut jamais se dérober au souvenir de l'histoire.

 

Le plan d'eau de l'Ailette et de la Bièvre que le Conseil géné­ral de l'Aisne a implanté au bas du versant nord du Chemin des Dames offre à ce vieux canton de Craonne, si souvent à l'épreuve, une chance nouvelle d'avenir.

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