AISNE
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Vauclair : une Exposition sur une
victoire de Jules César (1)
L’abbaye de Vauclair accueille une exposition
présentant la bataille de Bibrax en 57 avant Jésus-Christ. Elle opposa les
tribus gauloises à Jules César et se solda par la victoire de ce dernier.
« Nous sommes dans une région dont Michelet disait que l’histoire s ‘y est entassée. Nous avons le désir de ne pas nous consacrer uniquement à la première guerre mondiale » dit le Père Courtois en présentant l’exposition « Et la gaule devint Romaine » hébergée pendant de long mois dans une salle de l’abbaye de Vauclair.
Avec son
érudition reconnue, le Père Courtois remarque « Nous nous trouvons dans
le fameux triangle, Laon, Soissons et Reims. Toute l’histoire de la première
France s’est jouée là. »
Le génie de César
Cette permanence des évènements dans le secteur du Chemin des dames a longtemps continué. De nombreuses guerres s'y sont déroulées. René Courtois montre ainsi que les armées de César ont été suivies à Juvincourt par celles de Napoléon. L'offensive Nivelle en 1917 utilisant pour la première fois des chars qui avançaient alors à 5 km à l'heure s'est déroulée tout près de l'endroit où les Romains et les Gaulois s'affrontèrent.
Pendant
plusieurs mois, le père Courtois a accumulé les données pour raconter la
bataille de Bibrax survenue en 57 avant Jésus-Christ entre les armées de César
victorieuses et 100.000 Gaulois. Leur destin s'est joué près de la butte de
Mauchamp située entre Guignicourt et Berry-au-Bac. « La Gaule, ce sont
quatre-vingt peuples qui ne peuvent pas se sentir » résume l'historien avec
humour pour sonder cette époque dépeinte par les photos réalisées par Maurice
Coubard. Les illustrations sont complétées par des panneaux regorgeant de
petits textes courts. Le Jésuite ne cache pas son admiration pour le génie de
César qui a mis « La Gaule à genoux avec pas plus de 60.000 hommes ».
L'historien qui a bénéficié du support logistique du comité départemental du tourisme pour réaliser l'exposition est sans égal pour multiplier les remarques qui vont à contrario des idées reçues : D'abord, il met en avant la bonne qualité des routes gauloises et rappelle la suprématie de l'agriculture pratiquée par nos ancêtres par rapport à celle des Romains. Une vue montre d'ailleurs une curieuse machine harnachée à un cheval qui représente tout simplement une moissonneuse.
L'exposition, dans l'esprit de son concepteur, est aussi l'occasion de rendre hommage à l'oeuvre des pionniers. Les fouilles d'un ancien instituteur de Laon, Gilbert Lobjois sont illustrées par des textes et des plans.
« Un drame fondamental »
Le Père Courtois privilégie dans sa démarche l'option pédagogique. « C'est une forme de culture populaire » qu'il célèbre. Il déplore «un drame fondamental » l'absence d'une université dans l'Aisne qui prive ainsi le département de travaux des recherches d'étudiants. Même s'il note avec satisfaction que l'université de Reims choisit quelquefois l'Aisne comme cadre de ses travaux. Il juge que « l'enseignement de l'histoire est en crise. Autrefois sous la III République les élèves apprenaient en partant de la proximité ». Alors, à sa façon débonnaire et méticuleuse, il se transforme à travers cette exposition en un instituteur de jadis s'adressant à une classe formée par les visiteurs anonymes. D'ailleurs, il garde à l'esprit une méthode incontournable pour savoir si la leçon est bien apprise : « Une exposition qui se tient amène ceux qui la découvrent à revenir avec leurs amis ». Après ce travail de Bénédictin pour bâtir cette exposition « Et la Gaule devint Romaine », le Jésuite voudrait se consacrer à Saint-Marcoul, un abbé irlandais du Cotentin dont la chasse se trouve à l'église de Corbeny. Vingt-trois rois de France y sont venus pour bénéficier du pouvoir de guérir les autres. « La cérémonie faisait partie du sacre » considère le père Courtois habile à voyager dans les époques et à susciter l'étonnement. Les groupes sur demande peuvent profiter de son érudition pour aller à la rencontre de « Et la Gaule devint Romaine ».
Thierry de Lestang-Parade
Abbaye de Vauclair, exposition ouverte tous les jours de 14 à 18 heures au mois d’août, puis chaque dimanche de 14 à 18 heures. Visites pour groupes sur demande au tel. 03.23.22.40.87.
(1) Article du 26 août 2002 dans l’UNION par Thierry de Lestang Parade.