JKA-F Info                              14    -    MAI 2005


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5. Jean Coulon.

Jean Coulon, 5 ° Dan JKA, nous a quitté. C’était le 1° mai que la dame à la faux accomplissait sa triste besogne…  Si un karatéka méritait le titre de pionnier, c’était bien Jean. Son passé est très révélateur de sa personnalité. En 1944 à l’âge de 18 ans, il gagna, au péril de sa vie, l’Angleterre et s’enrôla dans les forces belges. Là, il se débrouilla pour être incorporé dans les forces spéciales et fut soumis à des entraînements militaires démentiels. Très discret sur cette période, il avait tiré de ces évènements une certaine philosophie, une façon de relativiser les choses. 

Souvent il se moquait gentiment d’un certain type de champions au cou très enflé et au verbe haut, il disait « j’aurais bien voulu les voir à l’œuvre il y quelques années »…

Cependant, il respectait les karatékas sérieux, ceux qui s’entraînent dur, quelque soit leur niveau.

Au retour de la guerre, pas très riche, il se mit à la boxe dans l’espoir de devenir pro.

Ce fut quasiment chose faite, quand en se rendant au gymnase, il tomba par hasard sur un cours de judo, l’un des tous premiers qui se donnait en France. 

Ce fut le tournant de sa vie, il se rendit à de nombreuses reprises à Paris et continua sa progression en judo jusqu’au grade 3° Dan. Une fois de plus, c’est le hasard qui traça son destin. Il se trompa de salle  et entra dans un dojo de karaté parisien. Les professeurs étaient Senseï Kasé et Henry Plée. A cette époque, Jean pratiquait souvent le kumité, alors que les règles d’arbitrage n’existaient pas et que le contrôle était une notion très approximative. De l’ancienne génération, il n’aimait pas beaucoup la compétition,  il préférait le jyu kumité en club car là il n’y a pas de yamé. 

En 1968 il rencontra Senseï Miyazaki et lui resta fidèle jusqu’au bout.

Ce n’est qu’en 1998 que Jean dû se résoudre à cesser de donner cours. Ses genoux eurent raison de sa volonté.

Durant toutes ces années il forma un nombre impressionnant de ceintures noires et d’instructeurs de club. Une bonne partie du Hainaut, jusque Blaton, la Flandre Occidentale, le Nord de la France, tous les clubs présents sont des élèves directs ou indirects  de Jean. Je n’en citerai que quelques uns : Tournai, Courtai, Wevelgem, Harelbeke, Herseaux, Lille, Wattrelos, Roubaix, Derlijk etc.

Ses funérailles, en présence des autorités communales, des associations de résistants et d’anciens combattants, du représentant du Président de la JKA Francophone, de plusieurs instructeurs de Karaté, dont Senseï Sawada K, furent empreintes d’émotion et de respect, car ce n’est que ce jour là que son passé militaire fut mis au premier plan.

Sans le dévouement de Jean Coulon, les fédérations actuelles n’auraient pas eu l’implantation quelles connaissent aujourd’hui.

                                                                                                                      Hoedt J-P.

 

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