Yves Berger

S’il y eut des « Berger » de la langue française, Yves fut de ceux là, un fou du beau phrasé, du subjonctif  imparfait, des belles lettres, de la littérature de haute voltige, exigeant avec lui-même dans ses œuvres comme il le fut avec les auteurs qu’il avait décidé de soutenir. Le sommet de l’art de l’écrit est sans doute atteint avec son roman « Le monde après la pluie ».

 

Yves Berger fut non seulement un auteur exceptionnel plutôt méconnu du grand publique, mais durant 40 ans il fut encore le Directeur Littéraire chez Grasset, un éditeur très convoité et intraitable, le faiseur des prix littéraires, un homme détesté par ces détracteurs — et il y en avait beaucoup— puis un critique littéraire craint par les auteurs.  Il était encore vice-Président de la sauvegarde de la langue française attaché auprès du Premier Ministre et du Ministre de la Culture en France.

 

Mais détrompez-vous, Yves Berger n’était pas du tout ce monstre décrié par ces ennemis. Comme l’avait si bien dit le journaliste Alain Bosquet, « Yves Berger est un homme aux deux visages », tantôt éditeur, chef d’orchestre à la main de fer, pape des prix littéraires, puis tantôt il redevient lui-même, c’est-à-dire un écrivain, généreux, amical, attentif, sensible, pouvant abréger une conversation quand il sentait monter en lui une émotion capable de faire briller ses yeux.  Bref, c’était un homme émouvant et précieux.

 

Son œuvre fut entièrement consacrée au Nouveau Monde, aux États-Unis des Amériques, plus précisément aux Peaux Rouges, aux vastes étendues originales, aux bisons sauvages, à la route mythique 66,  finalement à un monde intérieur qu’il avait forgé durant son enfance à Avignon devant les films de western projetés lors de la seconde guerre mondiale et à l’arrivée des soldats libérateurs, bref un Monde Nouveau empreint de liberté et de rêve.

 

Depuis lors, peu de chose l’avait détourné de sa passion pour cette terre. Pour preuve, au bout de 125 voyages, il remit le couvert avec un « Dictionnaire amoureux » des États-Unis d’Amérique alors que l’anti-américanisme n’était pas atténué après l’intervention armée en Irak.

 

Yves décéda à l’âge du 73 ans du cancer des os au matin du 16 novembre 2004

 

Romans (édités chez Grasset):

· Le Sud (prix Femina)

· Le fou d’Amérique

· Les matins du Nouveau Monde

· La pierre et la saguaro

· L’attrapeur d’ombres

· Immobile dans le courant du fleuve (prix Médicis)

· Le monde après la pluie

· Santa Fé

 

Essais:

· Boris Pasternak , Seghers

· Que peut la littérature ?, ouvrage collectif, 10/18

· Dictionnaire amoureux: États-Unis, Plon (Prix Renaudot de l’essai en 2003)

 

Albums:

· América, éditions André Barret

· Les lubérons (photo de Martine Franck), éditions du Chêne

· Les indiens des plaines, (coauteur Daniel Dubois), Dargaud

· La Nouvelle-Orléans, éditions du Pacifique

· La Galerie indienne du fou d’Amérique (lithographie original de Pierre Cayol, Alain Barthélemy, Avignon

· Louisiane: Entre ciel et terre (photos de Marc Garanger), Kodak et Contre-Jour

· L’Ouest sauvage (pour le texte littéraire), Denoël

· Cow-boys, Mythe et réalité (photos de Claude Poulet), éditions du Chêne