Philipp
Melanchthon (1497-1560)
Petit neveu de l'humaniste Johannes
Reuchlin, Philipp Schwarzerd naît à Bretten (Allemagne) en
1497 ; il étudie aux universités d'Heidelberg et de Tübingen. À
l'âge de 12 ans, sur les conseils de son oncle, l'humaniste et hébraïste
Johann Reuchlin, il change son nom en Melanchthon (équivalent grec
de Schwarzerd, qui signifie «terre noire»). Devenu en 1518
professeur de grec à l'université de Wittenberg, son cours
inaugural suscite l'intérêt de Martin Luther, dont il subit si
profondément l'influence qu'il entame des études de théologie et
obtient le diplôme de bachelier en théologie l'année suivante. Il
devient et restera le principal disciple de Luther.
En 1519, il écrit l'Apologia
pro Luthero. Ses Loci communes rerum theologicarum (lieux
communs de théologie, 1521) constituent le premier ouvrage de théologie
luthérienne. Ils contribuent par la force de leur argumentation et
de leur logique à la diffusion de la Réforme. Melanchton les
remaniera plusieurs fois tout au long de sa vie (1533, 1543, 1559).
Durant la réclusion
de Luther au château de Wartburg, il le remplaçe comme
porte-parole de la Réforme à Wittenberg. En 1526, il devient
professeur de théologie et est chargé, avec vingt-sept autres délégués,
de la réunification des constitutions des Églises réformées
allemandes. Principal représentant de la Réforme à la diète
d'Augsbourg en 1530, Melanchthon prépare le texte de la Confession
d'Augsbourg, formulaire de vingt et un articles de foi, rédigé
en commun avec Luther. Le ton de cet exposé était si conciliant
qu'il étonna même les catholiques.
Il rédige son Apologie
(1531) et le Traité sur le pouvoir et la primauté du pape
(1537) et devient le chef de l'Église luthérienne à la mort de
Luther.
Melanchthon était un
homme de compromis, conciliant et diplomate ; il était animé d'une
volonté de conciliation entre le protestantisme et l'Église
catholique, de même qu'à l'intérieur du camp protestant, mais
cette attitude fut jugée hérétique par des luthériens de stricte
obédience. La division s'aggrava lorsqu'il préconisa le compromis
avec les catholiques afin d'éviter la guerre civile. Il imposa la
tolérance dans le domaine de la doctrine évangélique : pendant un
certain temps, il toléra la plupart des rituels en usage, considérés
comme adiaphora (en grec, «choses indifférentes»), des éléments
sans grande importance qu'il valait mieux accepter que combattre.
Melanchthon mourut à Wittenberg en priant pour que «l'Église soit
une dans le Christ» et paré du titre de Praeceptor Germaniae
(en latin, «instituteur de l'Allemagne»).
il a tenté d'aplanir les divergences entre les différents courants
de la Réforme et même entre protestants et catholiques.
Melanchthon est l'exégète
et le fondateur de la dogmatique protestante luthérienne.