Mon adieu aux
Mirages.
Ce petit rapport d'une journée mémorable à
Weelde, quand les premiers Mirages désaffectés y atterrissaient, est bien
très spécial. C'est le témoignage spontané d'un jeune
spotter, qui appartenait à ce temps-là au groupe de spotters qui s'appelait les
Red Lion Spotters, qui a été établi dans une période où le premier
spotterscorner officiel en Belgique a été créé à Kleine Brogel. Lisez son récit
et vivez encore une fois ce qui se passait dans les coeurs de tous ceux qui
étaient présents ce jour-là.
Mon récit commence où cela se termine
(provisoirement) pour les Mirages. Car je n'avais jamais pensé que j'allais
prendre part de si près à la fin de cet appareil magnifique. Parce que l'adieu
officiel au Mirage avait déjà eu lieu à Bierset au mois de septembre, et que je
ne pouvais pas être présent par suite de certaines circonstances, c'était pour
moi la chance unique pour recueillir une dernière image de cet avion
remarquable.
Pour certains parmi nous peut-être
franchement ridicule, pour moi un MUST, parce qu'il s'agit de respect, ce que
ces quelques uns ne comprennent alors pas.
Donc l'adieu ... avec trois autres "Red Lions" je partais ce lundi matin, le 10
janvier 1994, vers l'aérodrome de réserve de Weelde.
Plus qu'on s'approchait de Weelde, plus nous regardions vers le haut, la météo
comme vous le savez.
Une fois arrivé sur place c'était notre intention de trouver un endroit
tranquille, où nous pouvions observer paisiblement. A notre étonnement, le long
de la route se trouvaient des tableaux indicateurs pour nos spotters, ce qui
était naturellement une surprise agréable.
C'était l'idée de qui?? Notre pensée allait unanimement à l'homme qui nous avait
déjà rendu service à plusieurs reprises. Pensons uniquement à la première
journée des spotters en Belgique, au premier coin des spotters à Kleine Brogel
et à Florennes ... ou l'avez-vous déjà oublié?
Pour cette raison par cette voie encore une fois merci "Kee Bee'er".
Arrivé à l'endroit prévu pour les spotters, le terrain semblait plutôt un peu
marécageux. Vite encore réveiller quelques habitants pour demander si notre
voiture pourrait être garée sur la partie sèche, ceci pour éviter le pire. Les
Mirages peuvent bien être considérés comme des "Mud Movers", nous ne le
sommes de préférence pas.
Quelques minutes après notre arrivée on recevait des renforts d'un cinquième et
même d'un sixième "Red Lion", qui plus tard pendant la journée faisait
clairement entendre qu'il était présent.
La base endormie se réveillait petit à petit, la tour mobile, les extincteurs,
les échelles pour le personnel et les bâches de protection, apportés en quantité
suffisante pour accueillir dix Mirages.
Après quelques instants, encore plus de monde se montrait, des journalistes de
l'un ou l'autre journal, quelques voisins du nord et même la VTM (Vlaamse
Televisie Maatschappij).
Ces derniers étaient accueillis avec des slogans comme "je vais le dire Walter"
ou "Hey Super Mike."
La tension montait tandis que la pression barométrique continuait à faire juste
le contraire.
Au lointain résonnait tout à coup le sifflement calme d'un appareil qui de son
côté était calme, un Fouga.
C'est "notre Dré" criait quelqu'un avec un dialecte campinois, et il pouvait le
savoir.
Les appareils photographiques étaient enlevés de leurs housses de protection,
les objectifs étaient montés et les batteries étaient vérifiées, nonde ... .
Heureusement Dré faisait encore un passage ce qui me donnait le temps de munir
mon appareil photographique de la tension nécessaire.
Quelques minutes après l'atterrissage du Whistling Turtle, MT-26, nous
entendions le bruit de quelques hélices vrombissantes ce qui faisait crier
quelques uns parmi nous à tue-tête "Tora Tora", en mémoire du 7 décembre 1941.
Heureusement, c'était moins grave car il s'agissait des Marchetti's qui allaient
reconduire les Mirage Drivers à Bierset pour un Last Flight
suivant.
Finalement, et en fait contre mon goût, deux Mirages apparaissaient au-dessus de
l'horizon, survolaient l'aérodrome et exécutaient un dernier Tactical Break.
Les roues étaient descendues, le dernier virage était entamé et je pensais:
est-ce maintenant la dernière fois que je les verrai à travers le viseur de mon
appareil photographique. A mon étonnement le rythme du moteur Atar 9C augmentait
soudainement, les roues étaient rentrées et le Mirage remettait les gaz, un
événement que tous les appareils répèteraient ce jour-là, et naturellement à la
grande satisfaction des spotters.
Mais l'inévitable allait et devrait avoir lieu. De nouveau le pilote prenait les
actions nécessaires pour le dernier Touch Down du BR-08.
D'une mauvais oeil nous observions l'atterrissage, le déploiement du parachute
de freinage et le déplacement de l'avion jusqu'à l'arrêt du moteur. Le premier
Mirage était maintenant prêt pour être remorqué vers le hangar qui était prévu
pour lui.
Pendant qu'on regardait comment le pilote du premier appareil était revêtu d'une
couronne de deuil, un journaliste nous demandait: comment savez-vous que tout
cela allait avoir lieu aujourd'hui et que cela signifie pour vous? L'homme sage
n'y a pas compris beaucoup, il le faisait pour son travail et nous ... oui
pourquoi? C'était peut-être une question de respect, de sentiment du devoir ou
pour le kick de la dernière fois?
Tout le monde aura certainement sa raison, la mienne vous la connaissez déjà.
Après l'atterrissage du dixième Mirage on commençait avec le remorquage des
appareils dans les hangars prévus. On se précipitait donc tous vers la porte
d'accès du dépôt où déjà beaucoup d'intéressés avaient pris place.
Le trafic sur la route publique était arrêté et le premier appareil
arrivait, le BR-08, qui traversait maintenant la route avec de l'aide extérieure
et qui entrait le dépôt vers son dernier lieu de repos provisoire. Les
autres appareils subissaient la même destinée.
Pendant un instant c'était tranquille parmi les "Red Lions" et en regardant les
Mirages disparaissants je leur disait: J'y suis présent moi-même, je vois que
cela se passe mais toutefois je ne peux pas le croire.
Bye bye Mirage!
Greetz, Geert.
Avec un grand merci à Geert Louies, l'auteur de cet article. |